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01/05/2011

La Palestine à l’ONU !

AUJOURD’HUI OU JAMAIS

La Palestine à l’ONU !

Le Proche-Orient est à la croisée des chemins. La poursuite de la colonisation israélienne de la Palestine a conduit les négociations de paix dans l’impasse. Le désespoir risque de provoquer l’éclatement d’une troisième Intifada. A l’heure où les peuples arabes reprennent en mains leur destin, seule une reconnaissance généralisée de l’Etat de Palestine dans les frontières d’avant la guerre de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, peut ouvrir une perspective nouvelle.

Or, le 24 septembre 2010, le président Barack Obama a proposé à l’Assemblée générale des Nations unies de « revenir l'année prochaine avec un accord qui amènera un nouvel Etat membre aux Nations unies, un Etat palestinien indépendant et souverain, qui vive en paix avec Israël ». Depuis, la plupart des Etats latino-américains ont reconnu cet Etat de Palestine.

 Le 21 avril, le président de la République Nicolas Sarkozy a fait part au président palestinien Mahmoud Abbas de son « soutien très clair aux efforts visant la création d’un Etat palestinien ». Et le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé estime que la reconnaissance de l’Etat palestinien est « une hypothèse qu’il faut avoir en tête », mais qu’ « il faut le faire avec l’Union européenne ». Laquelle s’est engagée, le 13 décembre dernier, à en faire autant « le moment venu ».

Ce moment est venu. Le président Mahmoud Abbas a entamé une tournée afin d’obtenir la reconnaissance de l’Etat de Palestine. En Israël même, des personnalités pour la plupart issues du Mossad, du Shin Bet, de l’armée et du monde des affaires ont rendu publique une « Initiative de paix israélienne » en faveur de  la création d’un Etat palestinien à côté de celui d’Israël.

Cette initiative a été suivie d’une pétition dans le même sens signée par une soixantaine de personnalités dont dix-sept lauréats du Prix d’Israël, une des plus hautes distinctions en matière d’art, de sciences, de lettres, des universitaires comme Zeev Sternhell et Yirmiyahu Yovel, la fondatrice du parti Meretz Shulamit Aloni.

Les signataires rappellent la résolution 181 de l’Assemblée générale de l’ONU du 29 novembre 1947, qui stipulait « la création d’un Etat juif et d’un Etat arabe indépendants », et reprennent plusieurs phrases de la Déclaration d’indépendance d’Israël du 14 mai 1948. Et ils ajoutent : « Nous avons regardé autour de nous, constaté ce qui se passe dans les pays voisins et nous nous sommes dit qu’il est temps pour les Israéliens de faire entendre leur voix. »

Nous saluons ces démarches et exhortons la communauté internationale à prendre enfin ses responsabilités : soixante-quatre ans après l’avortement du plan de partage de la Palestine qu’elle ne s’est pas donné les moyens d’appliquer, il lui revient d’assurer un règlement définitif, juste et durable fondé sur le droit international.

La France et l’Union européenne doivent prendre l’initiative en reconnaissant sans attendre l’Etat palestinien dans les frontières d’avant la guerre de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale et en appelant l’ONU à en faire de même sans délai.

Mais nous ne pouvons nous en remettre aux seules autorités nationales et internationales. Notre responsabilité de citoyens est aussi de mobiliser l’opinion pour qu’elle pèse dans ce sens. C’est pourquoi nous invitons les personnalités et les intellectuels de toutes origines, tendances et sensibilités  à se joindre à cet appel. Pour que la paix l’emporte sur la guerre. Pour empêcher de nouvelles tragédies. Pour assurer l’avenir des deux peuples vivant sur cette même terre.

 

Premiers signataires :

Jean Christophe Attias, directeur d'études à l'EPHE (Sorbonne)

Bertrand Badie, professeur à Sciences Po

Jean Baubérot, professeur émérite à l’EPHE (Sorbonne)

Esther Benbassa, directrice d'études à l'EPHE (Sorbonne)

Monique Chemillier-Gendreau, professeure émérite (Université Paris VII-Diderot)

Jean Daniel, éditorialiste, écrivain

François Gèze, éditeur

Gisèle Halimi, avocate, ancienne députée, ambassadrice de l'Unesco

Stéphane Hessel, ambassadeur de France

Daniel Lindenberg, professeur émérite (Université Paris VIII-Saint-Denis)

Roger Martelli, historien

Edgar Morin, sociologue

Pierre Nora, historien

Ernest Pignon-Ernest, artiste plasticien

Joël Roman, philosophe

François Salvaing, écrivain

Dominique Vidal, historien et journaliste

Déja plus de 1200 personnes ont signé.

Rejoignez les signataires.

http://www.petitions24.net/letat_palestinien_cest_maintenant.

28/04/2011

Refus du racisme et de la xénophobie

Appel pour un 1er mai de refus du racisme et de la xénophobie

 


 

RASSEMBLEMENT le 1er mai 2011, de 11h à 12h Pont du Caroussel. Paris 75001

 

Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram, 29 ans, profitait d'une journée ensoleillée. Il ne savait pas que des mains criminelles allaient le précipiter dans la Seine et mettre fin à ses jours. Les auteurs venaient de quitter le défilé du Front national.

Seize ans plus tard, les discours de stigmatisation, de discrimination et de rejet de l'autre ont fait tâche d'huile. Le Président de la République lui-même a osé montrer du doigt les Rroms en les accusant de délits qu'ils n'avaient pas commis, demander que les Français naturalisés aient moins de droits que les Français de naissance, valider l'équivalence lepéniste entre immigration et insécurité.

De loi Hortefeux en loi Besson, de traque des sans papiers en refoulement de demandeurs d'asile, de « débat » sur l'identité nationale en « débat » sur l'Islam et la laïcité, les gouvernants actuels ont pris la terrible responsabilité d'encourager la montée de l'intolérance et de la haine. A quelques mois d'échéances décisives, c'est le vivre ensemble démocratique qui est désormais menacé.

Nous, citoyens et organisations fidèles aux valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, ne supportons plus que la République soit ainsi défigurée, la laïcité instrumentalisée au service de la stigmatisation de millions de nos concitoyens, la xénophobie banalisée dans les propos de ministres et de députés qui prétendent parler en notre nom à tous.

Il est temps de dire notre refus de cette dérive dangereuse, de faire barrage à la lepénisation des esprits et des politiques. Oui, il faut barrer la route à l'extrême droite, barrer la route aux idées de haine qui ont tué Brahim Bouarram.

C?est pourquoi toutes les organisations qui, depuis le 4 septembre 2010, se sont réunies « contre la politique du pilori et contre la xénophobie » appellent à un rassemblement le 1er mai 2011, à Paris à 11h au pont du Carrousel et dans le plus grand nombre possible de villes de France :

* Pour rendre hommage à la mémoire de Brahim Bouarram et à toutes les victimes des crimes racistes

*Pour dénoncer les discours et les lois xénophobes qui mettent en danger les étrangers et discriminent les citoyens selon leurs origines ou leurs croyances

* Pour appeler à en finir avec tout ce qui, depuis des années, défigure la République.

Premiers signataires : l'ACORT, AC, ACTIT, AMF, ATF, ATMF, ARAC, l'ARDHIS, ASDHOM, AFASPA, ATTAC France, CCFD, Autremonde, CIMADE, CEDETIM-IPAM, CGT éduc'action, le collectif l'égalité d'abord, CRAN, CRID,Droit Au Logement, Droit solidarité, Emaus international, FASTI, la fondation Copernic, Fédération Générale des PEP, La Ferc-CGT, France terre d'asile, FSU, FTCR, GISTI, L'Inter-LGBT, LDH, MJS, Marche européenne, Mouvement de la paix, MRAP, RESF, le SNESUP-FSU, SNJ-CGT, SOS Racisme, SUD éducation, Syndicat des avocats de France, Syndicat de la magistrature, Terre solidaire, Union syndicale solidaire, USP, MPEF, UJFP

Partis politiques : Gauche unitaire, PCF, République et socialisme, la FASE, le parti socialiste, la gauche cactus, FG.PEP, Les alternatifs, le parti de gauche, le PCOF, MAN, EELV, La Voie Démocratique



 
 
 
 

19:47 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (20)

20/04/2011

Du crucifix et de l'urine

Quelques propos politiquement peu corrects :

Point n’est besoin, pour le Blog, de développer le fait qu’effectuer des menaces de mort, molester les gardiens d’un musée et détruire un tableau (2 en fait, mais il n’y en a qu’un dont on parle) est non seulement moralement condamnable mais constitue un délit passible de poursuites judiciaires.

Notre bien aimé ministre de la Culture l’a déjà dit, ainsi que les différents médias.

Le blog voudraitdonc dépasser ces réactions (qu’il partage) pour tenter de faire quelques remarques non lues ou entendues ailleurs.

Des propos un peu froids dans cette atmosphère d’indignation et de contre-indignation générale.

Que voulez-vous le Blog n’a pas une gueule d’atmosphère !

 

Premier point : cette affaire illustre une fois de plus la pluralité des conceptions du bien, qui est explicite dans les sociétés modernes. Relisons un peu John Rawls à ce sujet.  Mais je suis moins sûr que lui que cette pluralité soit vraiment nouvelle.

En fait, ce qui est (relativement)  nouveau, à une échelle historique s’entend, c’est que l’Etat démocratique et laïque accepte cette pluralité, cherche à ne s’identifier à aucune de ces conceptions, mais vise à exercer une neutralité arbitrale.

A ce sujet, la France n’est pas plus (ni moins) laïque que d’autres pays : cette œuvre est ancienne et avait  déjà été exposée ailleurs…. Avec parfois de virulentes polémiques comme en Australie.

 

Second point : Je viens de parler de « neutralité arbitrale » et, effectivement, ceux qui sont profondément choqués par cette œuvre et estiment qu’elle dépasse la liberté d’expression et de création  disposent de droits. On peut (c’est mon cas et j’indiquerai pourquoi) ne pas être du tout d’accord avec eux, mais respecter leurs droits.

Ils peuvent donner leur position dans divers lieux de l’espace public (sermons dans des édifices religieux, articles de journaux, sur Internet, interview dans des médias,…), faire des pétitions (ils ont d’ailleurs fait tout cela), porter plainte (je ne sais s’ils l’ont fait) pour demander à la justice si juridiquement il s’est effectivement produit un tel dépassement.

Ils peuvent même, s’ils sont déboutés,  porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme.

 

Bref, ils ne sont pas dépourvus de droits, ils ne sont pas « persécutés », comme certains le prétendent.

Ils sont simplement (comme lors de beaucoup d’autres situations) dans une contradiction typique de la société de communication de masse, et que leur violence et leur vandalisme n’a fait qu’exacerber : « Immersion Piss Christ » est une œuvre qui a 30 ans. Même exposée à Avignon, peu de gens en avaient entendu parler, et connaissaient le nom de son auteur, André Serano.

Maintenant et l’œuvre et l’artiste ont acquis une célébrité certaine !

 

Troisième point : l’indignation face aux réactions indignées est peut-être, chez certains, plus faux-cul qu’il ne le semble. Pour ce qui me concerne, je poserai la même question que celle que j’avais posée sur mon blog lors de l’affaire dite « des caricatures de Mahomet » :

Celles et ceux qui défendent cette œuvre avec passion sont-ils prêts à accepter  l’exposition d’une œuvre représentant une photo de Pasteur plongée dans un verre d’urine, ou une photo de Jaurès ou de de Gaulle ? (on pourrait continuer indéfiniment la liste : Zidane, Belmondo, Stéphane Guyon, Nolwenn –oh non, pitié, pas Nolwenn quand même !).

Bref si on trouverait cela insupportable pour Jaurès et de Gaulle, au nom de quoi trouve-t-on cela tout à fait normal pour Mahomet ou Jésus ?

 

Quatrième point : à ma connaissance, les médias n’ont pas indiqué si André Sérano a donné le moindre sens à son œuvre et n’ont pas cherché à en décrypter un.

Au XVIe siècle, des protestants réformés français sortaient des « vases sacrés »de certaines églises. Ils remplissaient le « saint ciboire » de « saintes hosties ». Et ils urinaient dedans aussi sec. Cela signifiait que, pour eux, ces objets n’étaient que « superstitions » et «idolâtrie ». Là, qu’a voulu dire l’artiste ?

Le climat du XVIe siècle était celui des guerres de religion et je ne suis pas contre le fait qu’on ait trouvé depuis des manières… disons plus subtiles d’exprimer son point de vue.

Mais l’œcuménisme (en religion, en politique, en tout,…) ayant versé souvent dans l’excès inverse, en croyant que dire un désaccord serait de l’intolérance, je me fais un Malin plaisir à rappeler ce fait, sous le fallacieux prétexte de poser la question :

Qu’a voulu dire l’artiste ?

 

Cinquième point : à propos de crucifix, il y a une photographie vue dans un journal quand j’étais jeune et dont le souvenir m’est resté. Il s’agissait du cardinal Spellman, archevêque de New-York qui, brandissant un crucifix, bénissait des bombardiers partant pour la guerre du Vietnam.

Le drôle était vicaire apostomachin de l’armée américaine et violemment anticommuniste. Déjà l’axe du Bien contre l’axe du Mal.

I’m desolated, mais cette photo m’avait profondément choqué. Cela me choque toujours. Et infiniment plus que celle d’Avignon.

Et les gens qui estiment que « l’honneur du Christ » est atteint feraient bien d’être un peu moins amnésique.

Ceci écrit, après avoir dû dire, pendant des décennies, qu’on ne fait pas de « la bonne littérature avec de bonnes intentions », il faudrait peut-être ajouter aujourd’hui que la provocation ne fait pas forcément une belle œuvre.

 

Sixième point : d’où ma question : à part mettre une photo de crucifix dans un verre de son urine, et photographier le tout, qu’est- ce que Serano a produit comme œuvre ?

Qui est-il ? Excusez mon ignorance, mais….

Là encore, on me permettra un souvenir perso.

C’était quelques années après la fameuse fatwa de l’imam Khomeiny. Salman Rushdie, qui était obligé de se cacher, vint à Paris. Les  invités étaient triés sur le volet et j’avais la chance d’en être. Plus excité que mille puces le Baubérot !

Alors, on passe dans plein de trucs et machins pour vérifier que personne ne porte d’arme (bien pire qu’un aéroport) et  on arrive dans une salle où le grand homme est déjà là.

Parmi l’auditoire, il y avait des gens qui étaient venus de l’autre rive de la Méditerranée, où (au péril de leur vie, eux aussi) ils avaient défendu Rushdie. Cela ne voulait pas dire qu’ils étaient totalement d’accord… et, dans la discussion, certains ont émis, gentiment, quelques critiques.

 

Comment ils se sont faits ramassés les gars. Rushdie a balayé leur argumentation avec une condescendance, pire un mépris, digne d’un aristocrate, d’un grand bourgeois ne supportant pas la moindre contradiction.

Et moi, je sentais dans ma tête, le héros de la liberté d’expression en train de faire pschitt,  comme une poupée gonflable qu’on aurait transpercée par une aiguille

(J’espère que vous admirez l’audace de la comparaison. Vous ais-je déjà dit que l’on pense à moi à l’Académie ? Oui, hélas, je me répète).

Bref, Rushdie est toujours pour moi un bon écrivain, mais il m’a administré la preuve, une fois de plus !, qu’avoir un quelconque modèle, signifie prendre le risque de se faire cocufié.

Maintenant, certains aiment cela et en redemandent. OK, mais je ne suis pas membre de leur confrérie.

 

 Septième et dernier point : je m’obstine : j’aimerais savoir ce que Serano a voulu dire : si c’est des Spellman et consort qu’il attaque, il peut peut-être le préciser un chouia, non ?

S’il s’agit du Christ lui-même : la photo qu’il trempe dans son urine est la représentation d’un homme en croix, mourant abandonné, dans la déréliction la plus totale.  Il y a même une notion théologique pour désigner cela : la kénose.

Alors, vous savez, du reniement de Pierre aux actuels Spellman, il en a vu bien d’autres.

 

PS : j’ai écrit cette Note, sans avoir accès à Internet (ah le Limousin profond dans la France profonde) donc avant de pouvoir lire les commentaires sur cette affaire à la fin des commentaires sur ma Note précédente (mais, pour tout vous dire, je me doutais un peu qu’il y en avait !).

Donc, vous avez d’amples compléments à ma Note qui sont déjà écrits. Profitez-en.

 

 

  

 

12:53 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (94)

15/04/2011

Français et musulman

Je vous donne ici la préface que j'ai écrite pour l'ouvrage de Jamel Khermimoun

Français et musulman. Pour en finir avec les idées reçues

Français et musulman et non pas « Français musulman » : la différence introduite par la petite conjonction « et » me semble plus importante qu’il n’y paraît. Elle a, en effet, une double signification. L’auteur de cet ouvrage, Jamel Khermimoun, est à la fois pleinement français et pleinement musulman. Deux aspects de son identité propre qui relèvent de deux sphères différentes, la sphère politique et la sphère religieuse. Et comme il existe des personnes qui sont Français et agnostiques, Français et juifs, etc il existe aussi des personnes qui sont musulmanes et indonésiennes, sénégalaises ou américaines. Tout comme il existe des catholiques qui sont irlandais ou vietnamiennes, ou des protestants anglais, ce qui n’empêche nullement d’être Français et catholique, ou protestant. Chaque être humain possède plusieurs identités et cela contribue à façonner son individualité spécifique.

Banalité qu’un tel rappel ? Oui certes. Et pourtant dans le contexte actuel, avec ses stéréotypes et ses « idées reçues », en un temps où l’intelligence finit là où commence la peur, ce rappel n’est pas inutile. D’ailleurs, sous la plume de l’auteur, l’affirmation « Français et musulman » est à la fois un constat et une revendication qu’il souhaiterait ne plus avoir à faire, qu’il cherche à dépasser.

Un constat : Jamel Khermimoun est né à Sarcelles ; il possède la nationalité française, il est donc un citoyen français comme un autre. Et comme chaque citoyen, il a son itinéraire propre. Il a effectué des études de géographie politique, culturelle et historique qui l’ont conduit à devenir, en 2006, docteur en Sciences humaines et sociales de l’Université de Paris-Sorbonne. Sa thèse a porté sur « Le département de Seine - Saint Denis : politiques urbaines du Conseil général et enjeux d’image du territoire ».

Ce thème a été élargi dans un ouvrage publié par l’Harmattan : Politiques urbaines et image du territoire, stratégies marketing et discours des acteurs en Seine – Saint-Denis. Plus généralement, les intérêts de recherche de Jamel Khermimoun portent sur l’identité de ce département, emblématique de l’aspect pluriculturel de la France d’aujourd’hui, la gouvernance et la politique urbaine, l’étude de certains quartiers, grands ensemble et l’impact de certaines innovations, comme l’implantation du Stade de France. Autant de sujets importants. Et après des études d’ordre académique, aujourd’hui il publie un essai.

On pourrait, dans un certain sens on devrait, s’arrêter là. Sauf que le titre même de l’essai Français et musulman Pour en finir avec les idées reçues montre qu’au niveau des représentations collectives dominantes la situation n’est pas aussi simple qu’elle devrait l’être. Une expression très proche de celle du titre, celle de « Français musulman » a longtemps été utilisée de façon restrictive. Quand la France était une puissance coloniale, elle a signifié une distinction, particulièrement forte en Algérie, entre des Français d’origine européenne habitant ce pays et ceux que l’on qualifiait également d’« indigènes musulmans », longtemps « sujets français », privés des droits de la citoyenneté, ensuite citoyens de seconde zone. Cette histoire pèse encore lourdement sur la France.

Le constat « Français et musulman » comporte donc forcément une part de revendication. S’il n’y a plus de déni officiel de citoyenneté, nous assistons aujourd’hui à une idéologisation et une instrumentalisation de la notion d’intégration. Cette notion d’« intégration » concerne tous les membres d’une société sans distinction d’origines ou de croyances. La nécessité pour chacun de s’intégrer est due au fait qu’une société n’est pas seulement la somme des individus qui la composent, mais aussi et surtout la qualité des relations qu’ils établissent ensemble, dans leur diversité multiforme (sociale, culturelle professionnelle, religieuse,…) et qui donne de la cohésion et de la dynamique sociales.

C’est d’abord cela l’intégration : un lien réciproque entre les individus et aussi entre la société et les individus pour bâtir ensemble un avenir commun. Cela suppose justesse et justice. La société doit favoriser l’intégration de ses divers membres. A juste titre Jamel Khermimoun insiste donc sur les réalités de la « désintégration » sociale dans « les banlieues de la République » et la perte de substance qui en résulte.

Et, par ailleurs, il existe un paradoxe qu’une des références de l’auteur, Emile Durkheim avait déjà relevé en son temps : deux menaces guettent la société : une intégration trop faible de ses divers membres, certes ; mais aussi une intégration trop poussée générant une « individuation insuffisante ». Chacun doit pouvoir posséder sa propre individualité, ne pas être uniquement une partie du « tout social ». Et donc l’intégration ne saurait être absolue et elle ne doit pas conduire à l’uniformité. Jamel Khermimoun a raison de récuser la problématique de « l’Islam est-il [ou non] soluble dans la République. » Il faut résolument adopter une autre perspective : l’individualité de chacun n’est pas « soluble » dans quoi que ce soit, y compris la République et c’est, grâce à cela, que chaque citoyen peut précisément apporter une contribution originale à la République.

C’est aussi à partir d’une telle optique que l’on peut poser le problème, tant rebattu maintenant, de la « diversité » culturelle et religieuse. Deux indications : D’abord, tout le monde est inclus dans la diversité de la France d’aujourd’hui. Il n’y a pas ceux qui seraient « issus de la diversité » et les autres (issus, eux, de je ne sais quelle normalité !). Ensuite, reconnaître l’existence, et l’importance, de la diversité signifie que l’on ne recherche ni n’exige de personne une intégration absolue à la société car une intégration intégrale serait destructrice de la personnalité de chacun et, d’autre part, serait néfaste pour la société elle-même car elle la figerait totalement.

Dans cette optique, être « Français et musulman » constitue donc un dépassement de la revendication pour devenir une qualité qui contribue à enrichir la société française. Comme le rappelle Jamel Khermimoun les « droits de l’homme [constituent] l’interface des civilisations », et à partir de là, en démocratie, un débat interprétatif peut avoir lieu sur les diverses interprétations convictionnelles des uns et des autres. De même, l’auteur nous présente diverses « questions de société » à partir de son point de vue.

Au-delà de salutaires rappels sur la distance, parfois structurelle, entre des principes affichés et le fonctionnement social réel, j’aurais, moi qui ne suis pas musulman, des accords et des différences sur certains sujets. Ainsi sur la laïcité je pense aussi qu’elle doit faire preuve de « souplesse sans déroger à ses principes » mais j’insisterais sur le fait qu’elle intéresse plus qu’« une poignée de pays ». Ce n’est pas l’objet ici de développer ces points. Je l’ai largement fait ailleurs. Le but de ma préface consiste à rappeler que le propos de Jamel Khermimoun possède une légitimité égale à d’autres points de vue, et qu’il contribue à un débat démocratique où chacun doit argumenter sans idéaliser ni diaboliser.

« Français et musulman », Jamel Khermimoun considère que les « musulmans nés en France et en Occident construisent désormais leur identité non pas à partir d’un modèle importé mais à partir d’un sentiment fort d’appartenance à la nation, qu’ils revendiquent en même temps que leur islamité. » Il veut apporter un éclairage de sa lecture des textes guidée « par l’esprit de souplesse et d’ouverture prôné par l’Islam. » Il faut écouter attentivement ce qu’il a à nous dire ; il faut savoir confronter son propre point de vue au sien, et entrer ainsi dans une démarche de dialogue qui, comme il l’écrit lui-même, pose de « réels enjeux » et soit capable « d’apaiser les esprits ».

09/04/2011

Pseudo-débat, voile intégral : la « laïcité apaisée » à la sauce UMP.

Mouloud Baubérot, journaliste à la nouvelle chaine radio-télé, France-Elysée Plus[1] a réalisé une interview exclusive très pluraliste (comme le veut son cahier des charges) avec 2 hommes qui représentent  2 sensibilités politiques très divergentes : la majorité parlementaire, d’une part, le gouvernement de l’autre. Ont répondu à nos questions, Jean-François L’éclopé, secrétaire général de l’Union pour un Mouvement Populiste, et  Claude Géant, ministre de l’InFérieur.

M. B. : M. Géant, après le pseudo-débat…

J.-F. L’Eclopé (interrompant de façon agitée) : apaisé !

M. B. : Pardon ?

J.-F. L’Eclopé : apaisé. Il faut dire « le pseudo-glorieux débat apaisé ». Vous êtes sourd ou quoi : en 3 heures30, mardi dernier, nous avons affirmé 176 fois que ce pseudo-glorieux débat était « apaisé ». C’était notre maître mot et tous les intervenants umpétistes ont rivalisé pour le sortir à toutes les sauces.

Quel complot médiatique généralisé de ne pas avoir fait la une sur cet apaisement !

 

M. B. : Rassurez-vous, M. l’éminent Secrétaire Général, nous allons réparer cette terrible erreur.

 Je disais donc, M. Géant qu’après le pseudo-débat magnifiquement apaisé, vous avez fait diverses déclarations controversées et vous publiez une seconde circulaire, après celle du Premier Ministre, sur l’application de la loi concernant le voile intégral. Pourquoi cette circulaire ?

 

Cl. Géant : Voyez-vous, on n’apaise jamais assez.

Tout en rendant hommage à l’action si amadouante de mon ami l’Eclopé, je me suis dit qu’il était nécessaire d’en « remettre une couche », et même plusieurs.

« Sans cesse sur le métier (politique), apaisez votre ouvrage » : tel est notre mot d’ordre et c’est la raison d’être d’une seconde circulaire. Il y en aura même une trente-troisième si la placidité, la rassérénassions et l’ataraxie ne sont pas totales dans le pays.

Voyez-vous, si la majorité parlementaire veut apaiser les esprits, le gouvernement lui cherche carrément à endormir les Français. C’est encore mieux, non ?

 

M. B. : Mais ne craignez-vous pas d’écorner ainsi la liberté religieuse. Le Conseil d’Etat a précisé qu’on ne pouvait pas interdire le voile intégral dans tout l’espace public, seulement dans certains lieux précis...

 

Cl. Géant : Nous l’avons déclaré cent fois et le répétons chaque jour : la loi interdit de se couvrir le visage, sans autre précision.  Il y a trop de motards dont le casque est très couvrant,… sans compter Mimie et Mickey à Disneyland,… 

Redisons- le encore, cette loi n’a rien, mais vraiment rien à voir avec la religion en général et l'islam en particulier. Je vais vous en donner une double preuve mirobolante. D’abord, nous avons consulté les responsables musulmans.

 

M. B. : Que vous ont-ils dit ?

 

Cl. Géant : Ils nous ont dit : « Nous sommes contre la loi, nous ne pouvons donc pas vous aider à rédiger la circulaire. Mais, par respect pour les institutions de la République, nous acceptons de vous recevoir. »[2]

Maintenant, si vous en êtes capable, comprenez à quel point notre politique est fabuleusement fabuleuse : à tous les coups, on gagne ! Si ces responsables avaient refusé de nous recevoir, nous aurions passé notre temps à dire qu’ils se mettaient en dehors de la République ; ils nous ont reçus, nous clamons sur tous les toits que nous avons élaboré la circulaire en dialogue avec eux. Lumineux, non ?

 

M. B. : C’est géant ! Et la seconde preuve est-elle aussi astucieuse ?

 

Cl. Géant : La seconde preuve est encore plus démente : le voile intégral, précise la circulaire, sera permis aux abords immédiats des édifices religieux.  Ainsi, c’est limpide, la religion n’a rien à y voir.

 

M. B. : Justement, ne pensez-vous pas que…

 

Cl. Géant : Mais ne comprenez-vous pas que c’est une circulaire qui combat le  communautarisme, la ghetthoïsation sociale des banlieues. Désormais, il y aura deux espaces publics dans la société civile : les espaces sans voile intégral, et les espaces avec, aux abords des édifices religieux.

Deux avantages : d’abord, il s’agit des édifices religieux en général : les femmes en nicab pourront se promener autour de tous les édifices religieux : Quel apaisement ! Quelle quiétude !

Ensuite, grâce à nous et à  l’instauration d’espaces religieux différenciés au sein de l’espace public, on pourra plus facilement convaincre l’opinion publique que le communautarisme est le premier des dangers. Bien des Français sont souvent  insouciants, plus intéressés par des vétilles comme l’emploi ou le pouvoir d’achat.

Des circuits touristiques iront de l’espace sans nicab à l’espace avec nicab.  Ce sera très cher, puisque ces femmes sont extrêmement  peu nombreuses en France. Et comme ces circuits auront une TVA à 153%, de l’argent rentrera dans le trésor public. Génial pour la béatitude, non ?

Enfin, désormais, les femmes en voile intégral ne sortiront que pour aller dans des espaces religieux. Ainsi on pourra tout le temps parler d’intégrisme, de non-intégration,...  Les obstacles à une bonne communication de notre programme d’identité nationale  seront levés.

J.-F. L’Eclopé (qui, depuis un moment, s’agite sur sa chaise, malgré le petit signe apaisant de Mouloud, lui indiquant qu’il aura son tour) :

 Bof,  mon cher Géant, votre politique d’exclusion est artisanale, particulariste ; nous à l’UMP, nous faisons beaucoup mieux en matière d’apaisement lénificateur.

En demandant que les femmes qui portent foulard ne puissent pas travailler dans les entreprises privées collaborant au service public, nous induisons une exclusion de masse car, parallèlement, nous privatisons ou sous-traitons à tout vat.  Donc pratiquement  presque toutes les grandes entreprises…

Pour un simple foulard, nous mettons ces femmes hors du marché du travail. Et le HCD, le Haut Conseil à la Désintégration, trouve que cette politique pondérée de quiétude paisible confine au Nirvâna.

 

M. B. : Mais n’est-ce pas contreproductif ? Certains disent qu’être dans le marché du travail est un facteur « d’émancipation », d’autonomie… 

 

L’éclopé : Précisément. Enfin, soyez logique : comment voulez-vous que la République émancipe ces femmes si elles s’émancipent elles-mêmes ?  Elles ne le font déjà que trop, privant ainsi notre République de son devoir émancipateur. Il y a là une véritable menace, vous en conviendrez.

 

M. B. : C'est-à-dire que…

 

L’éclopé : Comment, cher Ami musulman, auprès de qui je me suis fendu d’une si belle Lettre…

 

M. B. : Mais je ne suis pas musulman[3]

 

L’éclopé : Enfin, soyez sérieux, vous vous appelez Mouloud, c’est tout comme. Ne perturbez pas par du conflit, de la violence, la France umpétisée, ce long fleuve tranquille. Vous n’êtes qu’un agité.

 

Pendant ce temps Géant, écrit fébrilement sur le dos de son carnet de chèques. Mouloud se penche et lit : « Ne pas oublier d’annoncer que l’on va désormais servir du vin dans les cantines scolaires ». Mouloud lui demande : Vous en avez beaucoup en réserve, des annonces comme celles-là,

 

Très autosatisfait, Cl. Géant : Oh, j’en invente deux par jour pour plaire à mon Seigneur et Maître. L’Eclopé a beau dire ce qu’il veut, c’est moi le meilleur. Don Quichotte n’est qu’un nain comparé à moi-même personnellement.

 

M. B. : Nous pourrions continuer longtemps ce passionnant débat, mais l’heure tourne, alors, une dernière question : Tout cela n’a pas un petit parfum électoraliste ?

 

L’éclopé et Géant en chœur : Bien sûr que non, où allez-vous cherchez cette idée très bizarre et si peu apaisante ?

 

M. B. : Messieurs, permettez-moi d’insister : ce n’est vraiment pas en vue de la présidentielle de 2012 et de la candidature de Nicolas Sarko…

 

Géant : M’enfin je n’ai absolument aucun intérêt électoral dans cette affaire. La preuve, c’est que si le F.N. gagne, peu m’importe : l’autre a dit que j’en suis déjà « membre d’honneur ».

 

L’éclopé : Comment pouvez-vous croire une seule seconde que nous ferions passer nos intérêts avant ceux du pays ?

Il existe bien une véritable menace et notre Commandant Suprême se montre très inquiet. Il l’a déclaré lui-même solennellement  à la télévision, après les événements de Tunisie et de d’Egypte. Il craint une contagion générale des Révolutions du monde « arabo-musulman ».

C’est un danger très réel, et tous les rapports confidentiels le confirment : musulmans et non musulmans, en France, veulent plus de démocratie ; ils veulent plus de liberté, d’égalité et de fraternité, les bougres.  Il y a là un péril énorme pour nos « racines » qui, comme chacun le sait, remontent bien en deçà de 1789.

 

 

 PS: Denis, je comprends que vous ayez du mal à rire de la politique de l'UMP et du gouvernement. Mais si l'humour était une arme pour indiquer certaines choses, dégonfler les baudruches,  se moquer de "dame Bêtise" (ainsi que le chantait Brel) et dire que si le ridicule tuait, ... nous nous retrouverions, comme nos amis belges, sans gouvernement, mais pas pour les mêmes raisons.

Rassurez-vous: on va aussi en parler plus sérieusement. Mais j'ai, dés le début, annoncé la couleur: "Notes amusantes et savantes...".

 

2ème PS: Toutes mes excuses aux Internautes qui surfent sur ce Blog et vivent hors de France: ils ne comprendront peut-être pas toutes les allusions. mais ce qu'ils ont déjà compris, c'est à quel point les dirigeants français sont... disons peu ordinaires!

 

 

 

 

 



[1] Cette nouvelle chaîne remplacera  bientôt RFI et France 24 (lire le Canard Enchaîné du 6 avril)

[2] Information réelle

[3] Vous noterez  que l’Ami Mouloud dit qu’il est musulman, quand cela lui plait, et le contraire quand cela ne lui plait pas. C’est ce que les sociologues appellent le « free choice ».

19:06 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (55)

06/04/2011

Echec de J.-F. Copé : Le Concordat maintenu en Alsace-Moselle

APF. Le grand débat sur la laïcité, dirigé par Jean-François Copé vient de se terminer par un grave  échec de ce dernier, Secrétaire Général de l’UMP. Malgré son appel poignant, les umpétistes ont décidé de ne pas appliquer la loi de 1905 en Alsace-Moselle.

 

Pendant 23 heures 15 non-stop les délégués de l’UMP ont délibéré dans un bidonville de banlieue. J.-F. Copé, dans un discours fleuve de 4heures 53 minutes les a supplié d’appliquer la loi de 1905 en Alsace.

« L’Alsace est la seule région de France que nous dirigeons et la seule région de la France métropolitaine où la loi de 1905 n’est pas appliquée, si ce n’est par les musulmans et les protestants évangéliques » s’est-il écrié.

Il a rappelé qu’en ces temps de réduction des déficits publics, pasteurs, prêtres et rabbins d’Alsace-Moselle sont payés par l’Etat. »

Et il a terminé son propos par ces mots : « Cette situation insupportable doit prendre fin, sinon notre discours sur la laïcité apparaîtra pour ce qu’il est en réalité : de la poudre aux yeux. »  Cette belle péroraison a été salué par une heure quarante d’applaudissements unanimes.

 

Pourtant le vote qui s’est déroulé ensuite a vu une faible majorité -96,88%- se dégager en faveur du maintien du Concordat. Une surprenante raison a été invoquée : « On n’a plus qu’une région bien à nous, on se la garde. Donc on ne bouge surtout pas ! ». 

Une Commission mixte a tenté de trouver un compromis : le principe de la suppression du Concordat serait acté, mais son application n’entrerait en vigueur qu’en 2239. Las, un nouveau vote a donné le même résultat.

 

L’assemblée a même refusé, suprême injure faite au Secrétaire Général, de prévoir le non-remplacement d’un pasteur (prêtre, rabbin) sur deux partant à la retraite, dérogeant ainsi aux règles de la fonction publique mises en œuvre par Saint Nicolas (pourtant très populaire en Alsace).

Le « clergé concordataire doit bénéficier d’un bouclier social » s’est écrié un participant, sous le couvert de l’anonymat.

 La police recherche activement ce dangereux perturbateur gauchiste, mais, jusqu’à présent, pédale dans la choucroute.

 

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, J.-F. Copé nous a reçu dans son bureau orné, d’un côté, d’un masque de Zorro, cadeau de Mme sa mère, et,  de l’autre, d’une statuette de Bonaparte (authentique).

 « Cela n’est pas grave, nous a-t-il expliqué, car j’avais prévu un plan B ». Et le secrétaire général a sorti, du fond de son tiroir, en soufflant pour enlever la poussière,  26 propositions…. de la Commission Stasi.

« Nous en avons appliqué une en 7 ans, a-t-il rappelé en souriant. Il nous faut donc rester au pouvoir encore 175 ans pour pouvoir réaliser tout notre grand programme laïque. »

 

Nous lui avons demandé quelques précisions sur les propositions les plus significatives. Il nous les a énumérées bien volontiers :

« Interdiction de la coiffe alsacienne pour les usagers du service public, arrêt à la frontière de toutes les cigognes portant des signes religieux, suppression des prêches en allemand ou en dialecte, vérification qu’il n’y ait pas des figurines religieuses dans les galettes des rois et dans les kouglofs, réquisition de l’ensemble de la production viticole alsacienne afin de barrer la route au vin de messe », telles sont les mesures phares qui s’appliqueront désormais dans toute l’Alsace et « la laïciseront quoiqu’il arrive »

.

 « Non mais » ponctue M. Copé avec un coup de poing rageur sur la table, montrant ainsi qu’il ne s’en laissera pas compter par les factieux.

 

Convaincus à 108,9% mais voulant jouer les « avocats du diable » nous lui avons demandé  quel est l’intérêt de cette politique. « Mais vous ne comprenez donc rien, à-t-il, répliquer : en 2012 nous opposerons l’identitaire au social. Le social, ce gros mot, attire même le parti socialiste. Il y a là une très grave menace pour nos racines. »

Et le Secrétaire Général de prendre un exemple :

« Rendez-vous compte le PS veut limiter les salaires des dirigeants d’entreprises dont l’Etat est actionnaire à 330000 euros.  Outre le  problème humain (ils ne pourront plus aller à la cantine du CNRS, trop chère et devront se contenter tous les jours des carottes rappées du Fouquet), cela va complètement désorganiser  notre structure industrielle. »

 

Comme nous toussions discrètement,  nous avons vu les yeux de notre interlocuteur briller de colère. « Ecouter, même Le Monde, que ne nous est  certes pas favorable, tire la sonnette d’alarme .

 Dans son n° du 6 avril, il explique : cette mesure s’appliquerait au PDG de Renault, Carlos Ghosn (pour les intimes : OSS 000) qui gagne 1,23 millions d’€ (plus 8 millions de Nisan).

Vous vous rendez compte : Ghosn passerait d'un gain annuel de 9,23 millions à un gain de 8,33 millions. Impossible de joindre les deux bouts. Il démissionnerait aussi sec.

 Et comme l’indique « l’économiste Daniel Cohen » cité par le quotidien : « On risquerait de ne recruter à la tête de sociétés publiques que des seconds couteaux. » (Sic)

 

Nous frémissons à cette perspective. Nous imaginons Renault sans Carlos Ghosn, et sa double, sa triple vue pour repérer les espions en tous genres qui pullulent dans notre ex-compagnie nationale. Un troisième couteau n’y aurait vu que du feu.

Cela fait froid dans le dos !

Sans compter qu’avec cet état d’esprit, on finirait par se demander si ce n’est pas la qualité du travail collectif d’une entreprise qui fait sa réussite, alors que chacun sait bien que c’est l’espionnite de son PDG.

 

Mais, quitte à jouer l’avocat du diable, nous en rajoutons une couche : "Dans Le Figaro de ce matin, indiquons nous, il est dit qu’il règne actuellement à Renault un climat détestable : les cadres sont démoralisés, voire devenus paranoïaques."

Après nous avoir jeté un regard méprisant (qui signifie : vous n’allez quand même pas croire ce brûlot anarchiste), Copé se reprend et, suave, triomphe :

 « Quelle éclatante confirmation que ce que je viens de vous dire. A 9,23 millions d’€ d’argent de poche, Ghosn ne peut tout faire : surveiller à la fois les espions et les cadres de l’entreprise.  C’est bien la preuve qu’il faut qu’il gagne plus pour travailler plus. Et vive la laïcité » conclut l’éminent M. Copé

 

PS : Pourquoi mettre en scène Copé et non Sarko ? Votre Blog, toujours à la pointe du progrès, est déjà dans la campagne électorale de 2017 !

Le Blog reviendra sur certaines des 26 mesures (celles, notamment, qui vont contre l'intégration) et sur la circulaire concernant le port du voile intégral. L'"actu" m'oblige à travailler plus... gratuitement!

 

Retrouvez votre très fidèle et obéissant serviteur dans Respect'Mag:

 http://www.respectmag.com/2011/04/05/jean-bauberot-interv...


 

 

 

08:56 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (26)

05/04/2011

Guéant: "Il y a entre 60 et 120 millions de Français"

APF: Le Ministre de l'Intérieur vient de déclarer: "On estime qu'il y a en France, entre 60 et 120 millions de Français."

Nous lui avons demandé s'il ne pouvait pas donner une statistique un poil plus précise. Il a répondu: "Mais il s'agit déjà 'une statistique très affinée. La première fourchette donnait entre 30 et 150 millions de Français."

Questions: "Comment se fait-il que vous ne puissiez pas être plus précis?". Réponse: "Nous comptons les Français à partir de leur appartenance religieuse et comme il est absolument interdit, dans les recensements, de poser une question sur ce sujet, on aboutit forcément à des chiffres totalement fantaisistes"

Question: "Pourquoi alors indiquer de tels chiffres?" Réponse: "Le Président me demande de dire une grosse bêtise chaque jour. Si vous croyez que c'est facile... Mais je négocie avec lui le droit de ne dire que deux bêtises par semaine"

Question: "Vous prétendez  (discours du 4 avril) que les musulmans ont plus de droits que les religions déjà implantées en France en 1905, pouvez-vous donner un exemple?" Réponse: "Vous savez, qu'entre autres bêtises, j'ai proposé sur I-télé, le 24 mars, de défendre aux "usagers du services publics" de "porter des signes religieux." Eh bien, regardez les photographies des 6 représentants des principaux cultes qui ont refusé notre génial débat sur la laïcité (le Ministre nous montre la Une du Parisien du 30 mars), il y a que le musulman et le protestant qui ne portent pas de signe religieux distinctif. Comment voulez-vous que je réprime ces petits malins dans ces conditions? c'est un privilège abusif."

Question: "C'est aussi valable pour le protestant"... Le Ministre nous interrompt: "Mais pour les protestants, je peux toujours m'attaquer à la CIMADE..."

"Courage, Monsieur le Ministre" avons nous dit en le quittant "Nous penserons bien à vous en ces jours difficiles".

 PS: Pour celles et ceux qui ne sont pas au courant: Guéant a notamment déclaré (entre autres c.....) qu'il y a "entre 5 et 10 millions de musulmans en France" (lundi 4 avril à Nantes).

10:51 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (16)

02/04/2011

Mouloud Baubérot: Laïcité: Ne pas stigmatiser, même pour de bonnes raisons!

Moi, Mouloud Baubérot, à l’évidence, et comme tous les laïques authentiques, je me  réjouis profondément que, grâce à notre admirable superprésident, et au génial secrétaire général du Parti, la laïcité soit actuellement  aussi vigoureusement défendue contre les gravissimes  menaces qui pèsent sur elle.

Ce n’est pas parce qu’ils sont de droite et moi de gauche que je vais cracher dans la soupe 5 étoiles qui se prépare en cuisine pour le Grand Banquet Républicain du 5 avril. Au contraire, face au malaise et aux divergences de la gauche et du centre sur la question, je ne peux que chaleureusement applaudir.

La laïcité est un principe fondamental de la République. Comme l’a si bien déclaré notre très cher Eric Besson, la « loi de 1905 est sacrée ». Il faut donc élaborer des Chartes, des Lois, des Circulaires, des Déclarations parlementaires, des Poèmes pour les écoles,…  pour la sauvegarder et refuser impitoyablement toute atteinte sacrilège à cette loi. C’est la première raison.

Le « droit à la différence » ne doit surtout pas aboutir à la « différence de droits », ce  principe est consubstantiel à la République.  En dehors de lui il n’y a que communautarisme qui se met hors du pacte républicain. Il faut sauver la République du danger communautariste. Il y va de notre salut commun. C’est la seconde raison.

Il est donc insupportable que des gens puissent prétendre être citoyens français et ne pas respecter les règles élémentaires de la République qui viennent d’être énoncées. Je partage totalement l’impression de notre grand Ministre Claude Guéant : parfois, les Français ne se sentent plus chez eux en France. C’est une situation intolérable qui doit cesser. Troisième raison.

C’est donc à bon droit que mardi prochain l’UMP va solennellement réaffirmer les principes laïques, et nous seront tous en communion avec elle. Est-il possible, cependant, de faire respectueusement part aux participants de cette belle journée de mon léger malaise : le risque de stigmatisation n’est pas exclu.

Où, pas un seul ou deux mais les quarante-quatre Articles de la loi sacrée de de 1905 ne sont pas appliqués ? En Alsace-Moselle.

Où existe-t-il une différence de droits, précisément sur la laïcité qui relève pourtant de la définition même de la République (et pas seulement la loi de 1905, mais l’autre pilier laïque, la loi Ferry laïcisant l’école publique)?  En Alsace-Moselle.

Où des citoyens français vivent en dehors de ces lois républicaines  fondamentales ? Encore en  Alsace-Moselle bien sûr. A tel point qu’après avoir donné des sous pour la construction de ma mosquée, et avoir envoyé mes enfants à l’école laïque,  j’ai voulu admirer  les cigognes et je suis allé dans un village (charmant au demeurant) où j’ai découvert que le curé, le pasteur et le rabbin sont payés sur mes impôts et que des cours confessionnels de religion sont donnés à l’école publique. Là, je l’avoue, j’ai eu une réaction un peu primaire : je me suis dit : « Mais suis-je toujours en France ? »  

Alors, j’appelle chacun à la vigilance :

LE DEBAT SUR L’IDENTITE NATIONALE A ABOUTI A LA STIGMATISATION DES AUVERGNATS

LE DEBAT SUR LA LAÏCITE VA, LOGIQUEMENT, ABOUTIR A LA STIGMATISATION DES ALSACIENS MOSELLANS

PLUS AUCUNE PROVINCE FRANCAISE N’EST DONC A L’ABRI.

Certes, moi Mouloud, je ne risque rien, puisqu’en Alsace Moselle les musulmans sont séparés de l’Etat, n’ont pas de cours confessionnels à l’école et vivent donc conformément aux lois de la République. Mais sait-on jamais : à force de stigmatiser hier  les Auvergnats, aujourd’hui les Alsaciens Mosellans, demain les Limousins, après demains les Franciliens, etc., dans vingt, trente ans on risquerait même d’aboutir à stigmatiser l’islam.

Alors, afin que le débat sur la laïcité n’aboutisse pas à la stigmatisation, je vous propose que nous portions tous une petite cigogne sur notre veste, notre pull ou notre corsage le 5 avril prochain.

C’est la première mesure d’urgence.

Ensuite, comme il faut quand même régler les graves atteintes à la laïcité qui menacent notre si égalitaire lien social, je propose de charger le Haut Conseil à l’Intégration d’élaborer une Charte sur le « respect de la laïcité en Alsace Moselle »…. Et pas seulement dans les services publics.

L’application de cette Charte sera d’autant plus aisée que la région Alsace est la seule où l’UMP ait triomphé aux dernières élections régionales. Etant à majorité UMP, la population est donc très laïque et sera absolument ravie que l’on abolisse le « droit local » différentiel pour établir enfin les lois laïques. Pour la même raison, la collaboration du Conseil régional est entièrement acquise. Enfin, si un problème demeure, Monsieur Copé est tellement compétent en matière de laïcité, qu’il se fera un plaisir d’aller leur expliquer les choses sous les acclamations générales.

Ainsi, sans stigmatiser personne, la République ne sera plus en danger, la Laïcité sera sauvée et tout ira pour le mieux dans la meilleure des France.

Franchement, en attendant Copé qui (malheureusement) ne sera candidat qu’en 2017, ne verriez- vous pas votre ami Mouloud comme président de la République en 2012, lui qui sait si bien résoudre les problèmes et réconcilier les Français ?

Votre très humble, très dévoué serviteur (dans le civil, à moitié Limousin et à moitié Alsacien).