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30/08/2006

CRITIQUE DE LA SOCIETE ET LAÏCITE

EXTENSION DU DOMAINE DE LA LUTTE… LAÏQUE.

C’est la rentrée, occasion habituelle de faire le point, et de présenter quelques projets. Le Blog ne doit pas se routiniser, sous prétexte de son (relatif) succès et si j’ai parodié, en sous titre, un roman à succès, c’est pour indiquer l’orientation qui va être de plus en plus celle de ce Blog au cours de l’année 2006-2007. Orientation qui signifie une vision de la laïcité dont je vais déjà parler dans cette Note. Auparavant, juste un petit rappel. J’ai créé ce Blog fin 2004, dans la perspective du centenaire de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Les internautes ont été au rendez-vous, plus nombreux que je ne le pensais au départ, ce qui m’a conduit à le continuer après l’année 2005. Et si cet été a vu logiquement le nombre de visites diminuer, depuis le début de la semaine dernière ces visites ont de nouveau dépassé les 100 par jour. Merci aux internautes qui  visitent régulièrement le Blog et merci à celles et ceux qui contribuent à son dynamisme par leurs remarques, leurs questions, leurs contestations.

Les Notes liées au centenaire de 1905 se sont poursuivies en 2006, avec notamment : « Les nouveaux impensés » qui parlent des événements de 1906 à 1908, peu traités de façon générale lors du centenaire, et qui pourtant ont eu une importance décisive étant donné que la loi de 1905 n’a pas pu être appliquée comme prévue.

Comment les laïques ont-ils réagis face au durcissement catholique imposé par le pape ? Pour beaucoup, ils avaient déjà fait un grand nombre de « concessions » (trop selon certains). Fallait-il en faire de nouvelles, ou répondre au durcissement catholique par un durcissement équivalent ?

Sans plaquer l’histoire sur l’actualité, on comprend facilement qu’il existe certaines analogies entre la situation de 1906-1908 et celle d’aujourd’hui où des laïques intransigeants affirment que si l’on commence à faire des compromis, ensuite cela ne s’arrêtera plus.  Il est donc très important d’examiner de la façon la plus objective possible, et sans tordre la réalité historique, ce qui s’est passé alors et comment les laïques ont finalement gagné. On verra qu’ils ont gagné en refusant d’être intransigeant ou laxiste et en inventant des solutions intelligentes alliant fermeté sur l’essentiel (pour eux) et grande souplesse sur l’essentiel (pour les catholiques). Subtil non ?

Les Notes sur ces « nouveaux impensés » vont continuer (en gros) jusqu’à l’hiver 2006-2007. Non seulement elles montreront qu’il faudrait parler DES lois de séparation (au pluriel), mais elles vous parleront d’un dialogue qui s’est organisé peu après la séparation entre « libres-penseurs » et « libres croyants ». Un tel dialogue serait bien nécessaire actuellement et il vaut d’autant plus la peine d’indiquer comment il s’est déroulé alors que cet épisode est fort peu connu.

Par ailleurs, des actes de colloques qui ont eu lieu en 2005 vont être publiés et je signalerai les choses qui me paraîtront les plus intéressantes.

 

Mais le Blog ne saurait se limiter à l’après 1905 ou à l’après centenaire. Des le départ, ses Notes se fondaient sur une conception de la laïcité que je vais maintenant un peu expliciter. Je partirai d’une anecdote : dans les conférences que j’ai faites, en 2004-2005, une des questions qui est revenue régulièrement concernait l’attention régulière portée par les médias à l’action de Jean-Paul II, à la médiatisation très forte de sa mort et de l’élection de son successeur. Cela était considéré par certains comme « contraire à la laïcité ». Je ne sais si vous vous rappelez, mais il est exact qu’à un moment on a eu une overdose ! Il n’empêche, ce point de vue témoignait d’une façon très restrictive de considérer la laïcité ET la société.

 

Deux erreurs étaient, le plus souvent, commises.

D’abord, première erreur, derrière la question posée, se profilait l’idée (parfois exprimée explicitement d’ailleurs) que les médias d’un pays laïque ne devaient pas (ou presque pas) donner d’information touchant à la religion. Or seul un pays totalitaire fera silence sur un certain type d’information. La laïcité implique de ne pas imposer (explicitement ou subrepticement) une (ou plusieurs) religion(s), de respecter la liberté de conscience de chacun, bref de tenter d’être le plus objectif possible dans le domaine religieux, comme dans le domaine politique et d’autres domaines. Elle n’implique nullement de faire silence sur l’actualité religieuse.

Nous sommes donc renvoyés du contenu à la FORME  et là, certes, il y aurait beaucoup à dire. Mais c’est une seconde erreur que de critiquer la manière dont le système médiatique dominant (et les médias réels y collent plus ou moins) rend compte de l’actualité (et des faits de société) uniquement quand il s’agit de religion. Il serait dérisoire d’être critique face au traitement de l’actualité religieuse et de se montrer une véritable grenouille de bénitier médiatique sur les autres traitements de l’actualité.

En effet, y compris dans l’overdose, Jean-Paul II a été traité (globalement, bien sûr, et en tenant compte des spécificités du personnage) comme une star des médias, et presque parfois comme une vedette du show-biz. Si on accepte, à son insu, le fait que la télévision notamment traite l’ensemble de l’information comme un vaste show-biz, si on ne fait pas la critique du message publicitaire, des injonctions dominantes données par la télé (qui reste le média dominant et dont la forme de penser -et de non penser- influence les autres médias), alors on est dans une vision très rabougrie de la laïcité.   C’est vision à la fois inefficace et non pertinente.

C’est une vision très inefficace de la laïcité  en ceci que la critique concernant la religion sert de cache-sexe à un conformisme sur tout le reste et que la laïcité se marie très mal avec le conformisme. Il est d’ailleurs dérisoire de penser que les médias vont fonctionner de façon différente sur la religion et sur les autres domaines de la société.

C’est une vision non pertinente de la laïcité car cette vision fonctionne selon le schéma « deux poids, deux mesures ». En fait, il s’agit là plus d’anti-religion que de laïcité. Ma Note de la semaine dernière sur « Culte de la personnalité et laïcité » a cherché à donner une vision de la laïcité où celle-ci est l’absence d’un  sacré social, imposé explicitement ou implicitement, ce qui me semble être le corollaire du respect de la liberté de conscience, mais est peut-être plus difficile à réaliser que certains le pensent.

 

J’ai pris un exemple qui me semble important, qui comporte de multiples aspects sur lesquels je compte revenir. En effet, pour le pire comme pour le meilleur (aussi), les agents du système médiatique  sont aujourd’hui des clercs confrontés à ce que Guy Debord appelait « la société du spectacle » (à celles et ceux qui ne connaissent pas l’œuvre de Debord, je signale un passionnant article de Guy Scarpetta dans le dernier n° du Monde Diplomatique d’août 2006). C’est donc cette société là, où le spectaculaire est étroitement relié à la marchandisation des relations sociales, y compris de l’intime, et où la distinction public privé est, de fait, complètement bousculée, qui doit être l’objet d’un regard critique, cherchant à être le plus lucide possible.

Le Blog va donc tenter de s’orienter aussi dans cette direction, dont il a d’ailleurs donné déjà quelques éléments (ses Archives en témoignent). C’est pourquoi j’ai parlé d’extension du domaine de la laïcité.

 

D’autres Notes traiteront de la laïcité à un niveau international, pour incorporer les expériences d’autres pays à la réflexion sur la laïcité en France, et aussi ailleurs.

Sans parler de l’imprévu : l’intérêt d’un Blog est de pouvoir être très réactif et de tenir compte de l’événement.

Alors, en avant pour de nouvelles aventures…. Et si ce Blog vous plait (un peu, beaucoup, passionnément, à la folie) signalez le à vos amis et amies. Merci d’avance.

12:15 Publié dans ACCUEIL | Lien permanent | Commentaires (3)

01/11/2005

BLOG, CENTENAIRE ET AUTRES JOYEUSETES

D’abord, hip hip hip hourra, record largement battu pour la consultation de ce blog : 4974  en octobre (précédents records : septembre : 4383 et juin : 4162). Pas mal pour un blog sérieux qui n’est pas celui d’un ex-premier ministre ou d’une beauté se montrant en photos parée comme au jour de sa naissance !

Il faut dire que la commémoration bat son plein, sans tambour ni trompette mais à partir du riche réseau associatif en France métropolitaine (j’étais à Caen il y a peu, cf d’autres déplacements ci après), Outre-mer (j’ai présidé à Saint-Denis de la Réunion un passionnant colloque sur « la laïcité dans l’Océan indien ») et à l’étranger (depuis 5 semaines je suis allé à Tallahassee, capitale de la Floride, Montréal, New York, Sofia -sans voir Sylvie Vartan, hélas-, Moscou et Berlin ; en novembre j’irai à Tokyo, en décembre à Bruxelles et Bratislava).

Ensuite, quelques nouvelles du roman Emile Combes et la princesse carmélite, Improbable amour (l’Aube) : il est signalé dans le numéro de novembre de Ca m’intéresse parmi les 3 livres à lire pour le centenaire de la séparation des Eglises et de l’Etat, il est également signalé dans le mensuel de nos amis laïques belges  (n° d’octobre) Espace de liberté (qui comporte également une bonne critique de mon autre ouvrage : La Laïcité à l’épreuve, religions et libertés dans le monde) ; je le présenterai sur FR3 le vendredi 11 novembre à 18 heures 15 dans l’émission Un livre un jour. J’ai donné des interviews à Vingt minutes et à France-Info mais je ne sais pas encore quand elles paraîtront. A suivre

Enfin, notez sur vos tablettes :

-         les 4-5 novembre à Nîmes le colloque : « Un siècle pour vivre ensemble, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat a 100 ans », au Carré d’Art (organisé par la Ligue des droits de l’homme, le cercle Condorcet, le Cercle Crémieux, le Service  Incroyance et Foi de l’Eglise catholique, la Société d’histoire du protestantisme). Renseignements : catherine.bernie-boissard@wanadoo.fr

-         le lundi 7 novembre à 20h,  au Forum-104, 104, rue de Vaugirard, 75006 Paris (tel 0145440187), je donne une conférence : « Dans la république laïque, quel espace pour le religieux ? » (Attention, c’est payant car il y a une collation)

-         du 10 au 12 novembre, les fameux ENTRETIENS D’AUXERRE. Pour une fois il ne sera pas question de la séparation et de l’avenir de la laïcité (on en a parlé l’an dernier et je vous recommande les Actes parus aux éditions de l’Aube) mais d’un autre sujet très important : Disposer de la vie, disposer de la mort. Renseignements : collographe@club-internet.fr

En attendant ces différentes festivités, voici  juste après cette petite Note, LE 7èME IMPENSE DU CENTENAIRE DE LA SEPARATION/ La séparation et l'Outre-mer. Et je vous convie à  surfer pour relire les 7 Notes sur Combes (cf. catégorie Emile Combes. Je rappelle que le Blog se déroule à l’envers et donc cela commence par la septième  et finit par la 1ère !) et les 2 Notes sur Les Débats à la Chambre, ensuite relisez tous les impensés, et cela vous fait pratiquement un (excellent, bien sûr !) ouvrage gratuit sur le processus de la séparation, avec en plus le terrible suspens sur les prochains impensés ! Comment arrivez-vous encore à dormir ?

N'oubliez pas non plus si vous travaillez dans une université, dans un IUFM, au CNRS ou équivalent, en france ou ailleurs, si vous animez une association, ou simplement si vous etes intéressé(e) que vous pouvez participer au débat lancé par la Déclaration internationale sur la laïcité ET SIGNER LE TEXTE, FAIRE DES REMARQUES, etc. Cliquez sur la catégorie "Monde et laïcité" pour avoir le texte de la Déclaration. Envoyez vos observations et votre signature à declarationlaicite@hotmail.fr et faites connaître ce texte.

Dernier conseil : ne soyez pas égoïste : signalez ce blog à vos ami(e)s, qu’ils en profitent également.

10:05 Publié dans ACCUEIL | Lien permanent | Commentaires (4)

24/10/2005

25000 VISITES

Quatre nouvelles importantes pour les amis et les amies du blog.

Le roman. Les 25000 visites. Le 6ème impensé. La Déclaration sur la laïcité.

Première critique du roman : quand on publie un livre qui n’est pas lancé comme une marque de savon ou un détergent, quand on ne fait pas partie du réseau de la gauche ou la droite/caviar, on attend avec impatience, des critiques de votre « œuvre »  (votre chef d’œuvre !!!) dans les médias, car pas de médias et vite le livre part aux oubliettes : il y a tellement de publications ... Si les critiques arrivent au bout de 3 mois, il y a fort à parier que le bouquin est devenu difficile à trouver en librairie.

Bon,  cela c’est le schéma général. Il y a quelques exceptions. Ainsi, comme Laïcité 1905-2005 entre passion et raison s’est bien vendu et qu’il y a la dynamique du centenaire de 1905, on le trouve toujours assez facilement, en tout cas dans certaines librairies parisiennes et de province, malgré le grand nombre de livres sur le sujet. Donc si vous ne l’avez pas encore acheté, réparez vite cet impardonnable oubli (THE big péché contre la laïcité !).

Mais un roman, c’est un autre rayon dans les librairies, et là on ignore le centenaire. D’où l’importance de la critique. Plusieurs sont prévues, mais certains attendent la date anniversaire, ce qui fera bien tard. Donc je me réjouis sans vergogne que Le Figaro Littéraire ait ‘tiré’ le premier et, moins d’une semaine après la sortie de Emile Combes et la princesse carmélite, improbable amour (Aube), ait consacré à « mon » roman un substantiel et élogieux compte rendu, qui, j’espère, va faire école.

Cet article, écrit par la critique Astrid de Larminat,  commence par poser la question : « Qui sait que le ‘petit père Combes’, strict dans ses mœurs aussi bien que dans ses convictions républicaines, a séduit sans le vouloir une jeune princesse carmélite alors qu’il avait près de 70 ans ? ». Elle raconte alors le contexte politique (la lutte contre les congrégations) et les début de « l’idylle » qui « gagnera au fil des mois en profondeur et en intensité ».

Ensuite, elle explique en gros qui je suis et le fait que j’ai écrit ce roman, « cette charmante liaison » à partir d’archives et continue ainsi : « Baubérot campe une période charnière de la République, celle qui prélude à la séparation des Eglises et de l’Etat , quand radicaux et socialistes aspiraient à une époque « où la libre pensée, appuyée sur la doctrine de la raison, pourra suffire à conduire les hommes dans la pratique de la vie » selon les propres termes  de Combes, qui n’était pas un positiviste obtus loin de là. Il se définissait même comme un philosophe spiritualiste. Baubérot cite, malicieux, ses recommandations sur l’attitude à adopter vis-à-vis de l’islam dans les colonies. A découvrir… »

Enfin, A. de Larminat ajoute : « Roman historique précis, nuancé, parsemé d’anecdotes et de propos véridiques –on découvre les positions de Jaurès et de Clemenceau sur ces questions- mais aussi roman discrètement engagé, ce récit des luttes intraitables menées contre le catholicisme, considérées à l’époque comme nécessaires pour défendre la république et la liberté, nous amène bien entendu à méditer sur la place des religions dans la France contemporaine. N’est-ce pas le moins que l’on puisse faire en cette année du centenaire de la loi de 1905 ».

Si après cela, vous n’avez pas envie de lire le livre, c’est vraiment à désespérer des valeurs de la République… Et l’ayant lu, faites votre propre commentaire sur le blog.

Le Blog a 10 mois…et a déjà reçu 25000 visites. Créé fin décembre 2004,  le blog a eu un peu plus de 1000 visites par mois jusqu’à fin mars, à approché les 2000 visites mensuelles en avril et mai, dépassé les 4000 en juin, maintenu le cap pendant les ‘vacances’ avec plus de 5000 visites en juillet-août (il est vrai que chacun de ces mois avait 31 jours !), établi son record en septembre avec 4363 visites, et continué sur sa lancée en octobre : 3686 visites pour les 23 premiers jours du mois, ce qui signifie que le record de septembre a toutes les chances d’être égalé et même battu (il suffit qu’il y ait 100 visites par jour, contre une moyenne de 150 jusqu’alors).

Je m’en réjouis d’autant plus que la création du blog avait reçu un accueil divers parmi mes collègues, profs du supérieurs. Certains ont trouvé qu’il s’agissait d’une très bonne idée, d’autres se montraient plus réticents devant cette porte ouverte hors de l’univers scientifico-universitaire. Moi-même, j’ai commencé par diffuser des textes de fond assez ‘académiques’ (que l’on peut toujours consulter en naviguant sur le blog), et je crois me mettre peu à peu dans l’ambiance plus décontractée et perso des blogs, tout en gardant son ambition de diffuser des choses sérieuses.

Qu’en pensez-vous ? Souhaitez-vous une évolution du blog après la date fatidique des 9-11 décembre  (les jours centenaires de la loi de séparation) ? Laquelle ? Toutes les idées réalisables par un non-doué de l’informatique seront les bienvenues…

En tout cas, merci à toutes celles, tous ceux qui apprécient ce blog, continuez à le faire connaître, parlez en à vos ami(e)s.

Sixième impensé : la laïcité de 1905 se préoccupait déjà de tenues ostensibles mais avait donné une autre réponse à la question. Bien sûr, ce n’est pas « neutre » de ressortir cet aspect bien ignoré de l’élaboration de la loi. Il n’empêche, il est plus ‘objectif’ de l’indiquer que de le cacher. Bien sûr, la situation n’est pas la même qu’aujourd’hui. Bien sûr, c’était la rue et maintenant c’est l’école. Bien sûr, il ne faut pas se servir du passé comme un argument péremptoire d’autorité. OK. Mais quand même, lisez ce 6ème impensé et vous allez être frappé je pense (comme je l’ai été moi-même) par la similitude de certains arguments. Mais je ne vous en dis pas plus, sinon : « bonne lecture ».

La Déclaration internationale sur la laïcité. Vous la trouverez  en cliquant sur la catégorie « Monde et laïcité ». Je rappelle qu’elle est destinée à être signée, d’abord  les universitaires (au sens large), ensuite par les responsables associatifs (également dans un sens large), enfin par tous les êtres humains (ces animaux bizarres qui ne marchent pas à quatre pattes, vous avez du déjà en entendre parler)  . Je suis prêt à parier ma chemise que vous entrez au moins dans une des 3 catégories ! Signez en envoyant un mel à declarationlaicite@hotmail.fr en indiquant vos nom et prénom, votre nationalité,  votre institution ou association de rattachement (même si vous ne l’engagez nullement en signant, c’est juste pour vous situer).

Aller, bisous aux dames et cordiale poignée de main...à ceux qui n'ont pas cette chance!


 

 

 

 
 

 

 
 

09:00 Publié dans ACCUEIL | Lien permanent | Commentaires (1)

20/09/2005

CONTRE LE NATIONAL UNIVERSALISME

POUR UNE LAÏCITE CRITIQUE

En 1886, au moment de la laïcisation de l’école publique, était créée la « section des sciences religieuses de l’Ecole pratique des Hautes Etudes », chargée d’étudier les religions à partir d’une démarche de connaissance, de la démarche critique propre à toute étude universitaire, scientifique. Que de bruits et de fureurs : on ne peut pas étudier les religions ainsi affirmaient beaucoup de catholiques influents : où on vit sa religion et on est pour, où on ne la vit pas et on est contre, pas de neutralité, pas d’objectivité possible (l’historien Emile Poulat raconte ce vif débat dans son livre Liberté, laïcité, La guerre des 2 France et le principe de la modernité, Cujas-Cerf, 1987). En 1986, nous avons fête le centenaire. J’étais alors le président de la section, j’ai invité toutes les familles de pensée… et elles sont venues, y compris des personnalités religieuses. Tout un chacun acceptait le principe d’une démarche critique et objectivante pour l’étude des religions.

Mais il ne semble pas qu’il en soit de même en France pour la laïcité. Quand ma chaire d’ « Histoire et sociologie de la laïcité » a été créée, en 1990, certains intellectuels ont déclaré alors : « la laïcité, cela ne s’étudie pas, cela se vit », adoptant une attitude proche de celle des catholiques de 1886, indice de leur rapport religieux à la laïcité, devenue une « religion civile ». J’ai souvent entendu des phrases analogues, et encore récemment, à propos de l’étude du fait religieux. OK pour une étude du « fait religieux » selon les démarches des sciences humaines, mais pas question que la même approche critique soit faite de la laïcité. J’ai même réentendu, telle quelle, la fameuse phrase : « la laïcité, cela se vit, cela ne s’étudie pas », indice qu’elle doit circuler, telle un stéréotype. Et il en est de même, chez les mêmes, de la « République » Il y a quelques semaines, alors que je participais à une université d’été d’une organisation de gauche, une personne, membre du « Conseil scientifique de cette organisation », faisait, comme si j’étais alors, forcément, un partisan du « modèle anglo-saxon », sous prétexte que j’avais une approche critique du « modèle républicain » (français). J’ai rétorqué que l’on pouvait être critique à l’égard de tous les modèles. Mais j’ai bien senti qu’une telle énonciation comportait un parfum de blasphème…

Pourtant une telle démarche critique est bien nécessaire car dans les propos de mes interlocuteurs, il y avait un formidable vice de forme : un modèle laïco-républicain idéalisé était opposé à un modèle anglo-saxon où la critique était parfois poussée jusqu’à la diabolisation. Et toute réalité ne correspondant pas au modèle idéalisé (et il y en avait pléthore,  dans l’histoire et aujourd’hui), tout ce qui étaient des contre exemples des propos péremptoires énoncés, tout cela ne pouvait être prise en compte car, alors, ce n’était pas la « vraie » laïcité ni la « vraie » République. Ce qui signifiait qu’à la limite, la  laïcité et la République ne correspondaient à aucune réalité empirique, n’existaient que dans le pur ciel des idées… Si on parle de laïcité idéale, République idéale alors il faut comparer avec un modèle anglo-saxon lui-même idéal. Il faut comparer l’idéal avec l’idéal, le réel avec le réel, sinon on truque, on se donne bonne conscience (une bonne conscience française, bien chauvine !) à bon compte.  

Et en fait, le discours ne pouvait pas complètement  rester dans le pur ciel des idées, alors quelques exemples soigneusement choisis étaient donnés comme preuve… alors que pour d’autres, il y avait déni de réalité. Autrement dit on choisissait les « bons » exemples quant il s’agissait de la France et les « mauvais » quant il s’agissait de l’Amérique et de l’Angleterre.

Quelle naïveté : ceux qui Outre-manche et Outre-atlantique font l’inverse aboutissent facilement au résultat inverse. Et chacun peut se conforter dans son chauvinisme, croire que son modèle est universel à lui tout seul. Ne vous laissez pas impressionner par de tels tours de passe-passe, par ce terrorisme intellectuel.

Attention au national universalisme, au national républicanisme où l’exaltation de la République est une manière déguisée d’exalter la France, de mettre entre parenthèse tout esprit critique. Ainsi un de mes interlocuteurs a pesamment expliqué que dans le système anglo-saxon, tous les individus étaient égaux, mais il y avait des gens plus égaux que les autres. Bien sûr, mais quels propos boomerang ! Un baril de lessive en cadeau à celle ou celui qui me démontre qu’il en est autrement en France !

. La laïcité implique l’esprit critique. On l’affirmera bien fort et on prétendra lutter, à partir de là, contres les « intégrismes ».  Mais cela signifie la possibilité de critiquer ce qu’est concrètement la laïcité, sinon la laïcité est sacralisée et l’obscurantisme n’est pas loin. Dans mon ouvrage Laïcité 1905-2005 je parle d’ailleurs de cette tension nécessaire et importante entre l’idéal laïque et la laïcité réelle. Quand l’invocation de l’esprit critique ne sert qu’à délégitimer l’adversaire et à se justifier soi-même, on se trouve exactement dans le même schème idéologique que celui que l’on dénonce. Alors, bien au chaud, on se conforte entre gens du même avis, et on voue aux gémonies tous les autres, ces laïco-traitres !

Ce qui est particulièrement significatif, c’est que ce sont celles et ceux qui accusent très facilement des musulmans de « double discours » qui sont, en fait, dans ce double discours total. Comme si, en étant des obsédés du « double discours », ils parlaient d’eux même sans en avoir conscience.

Quand on étudie la laïcité, il faut essayer d’avoir la même rigueur, de faire le même travail d’archive et d’enquête, d’opérer la même objectivation, le même travail de conceptualisation aussi,  que dans n’importe quelle discipline scientifique. Si j’aime beaucoup parler de la laïcité hors de France c’est précisément parce qu’on ne cherche pas là, à idéologiser immédiatement mes propos, à savoir si je défends une « laïcité ouverte » ou une « laïcité républicaine ». Non, on m’attend sur le sérieux de mon argumentation, sur la minière d’administrer la preuve, sur ma capacité à rendre compte de mon objet d’études. Et alors, là, les débats sont passionnants.

Cet esprit critique, cette démarche d’objectivation n’empêchent pas, par ailleurs, l’engagement et le débat d’idées. Il en est au contraire le soubassement. Mes opinions ne se confondent pas avec mon savoir. Elles ont leur part de subjectivité et correspondent en partie à mes expériences personnelles, à mon individualité propre. Mais ces opinions se nourrissent de ce savoir et peuvent évoluer en fonction de lui. La laïcité critique est aussi une tension enrichissante entre le savoir et l’opinion. Les 2 sont légitimes, à condition de ne pas les confondre.

Au bout du compte DEUX  ECUEILS sont à éviter : croire qu’il ne peut pas exister de démarche objectivante, d’objectivité relative (comme la richesse est relative et cependant gagner 8000 € par mois, ce n’est pas pareil qu’en gagner 800 !), croire à une objectivité absolue. L’histoire doit être la plus objective possible, mais elle est toujours une tension entre la science et la fiction. C’est (notamment) pour cela qu’après avoir écrit des livres « savants » je publie maintenant un roman

Dans ce blog, Note après Note, je tente donc de mettre en œuvre cette démarche de laïcité critique. Et manifestement, il y a du répondant puisque un peu moins de 9 mois après sa création, il a reçu plus de 18000 visites. Depuis 10 jours, le nombre de visites varie entre 129 et 162 chaque jour. Merci.

On continue ? OK.  A bientôt alors pour le troisième des quinze impensés du centenaire de la séparation... Comme vous le verrez, il est une illustration parfaite du propos d'aujourd'hui. En effet, il vous montrera que, qu'on le déplore ou que l'on s'en réjouisse peu importe, la loi de séparation ne se situe pas dans la ligne de l'universalisme abstrait dit "républicain" et c'est pour cela qu'elle put pacifier le conflit des "deux France".

A très bientôt 

22:30 Publié dans ACCUEIL | Lien permanent | Commentaires (2)

18/09/2005

LAÏCITE CRITIQUE

Je vous avais annonçé la Note "Laïcité critique" pour ce dimanche 18 octobre, mais j'ai un travail fou et ce sera plutôt mardi 20.

En attendant, pour vous consoler, lisez les deux premiers impensés du centenaire. Vous allez vous demander quels sont les 13 autres et le suspens sera tel que vous aurez du mal à dormir (attention, cela va durer jusqu'au 9 décembre où Hercule Poirot dévoilera le 15ème impensé!)

09:22 Publié dans ACCUEIL | Lien permanent | Commentaires (0)