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29/07/2005

TREVE ESTIVALE

Bon, c’est la trêve estivale, sauf imprévu naturellement.

Mais je vous ai gâté ces derniers jours :

-un communiqué de presse sur mon roman plein d’amour, d’eau fraîche et de laïcité

-un scoop sur la commission Stasi

-une condamnation de la France par la Cour européenne qui vous, j’en suis presque sûr, vous avait échappé

-et un spécial bêtisier sur F. Venner qui parle de façon péremptoire d’un colloque dont il est clair qu’elle n’a pas lu une ligne et qui reproduit plein de stéréotypes.

Sans parler de toutes les Notes à lire et à relire sur l’école, la mort entre médecine et religion, l’Europe, les Etats-Unis, l’enseignement laïque de la religion, la notion de religion civile, la citoyenneté, la sécularisation, la télé, la laïcité dite « ouverte », la diversité culturelle, Emile Combes (pour mieux pouvoir ensuite apprécier le roman), les débats sur la séparation, etc, etc. Bref si après cela vous « bronzez idiot », votre cas serait désespéré. Mais, qu’à laïcité ne plaise, cela n’arrivera pas.

Pour vous détendre : lisez L’assassin du Père Noël de P. Very (un policier classique, publié par le livre de poche), vous verrez pourquoi (et nous en reparlerons).

Et sachez que, fin août, cela démarre sur les chapeaux de roue :

-le samedi 20 août après midi, à Villefavard (Hte-Vienne, canton de Magnac Laval), là où il y a eu l’Université de printemps sur la laïcité : j’introduirai Florence Rochefort qui parlera de « Femmes, religions, laïcité ».

-le vendredi 26 août après midi, je parle de la laïcité à l’Université d’été d’Attac à Poitiers

-le samedi 27 après midi, idem au colloque du CEMA à Amiens

-le dimanche 28, je participe à une table ronde sur « laïcité et universalisme » au colloque de la ligue des droits de l’homme à Cerisy-la-salle.

J’espère rencontrer des blogeurs/blogeuses sympa à ces différents endroits.

A j’oubliais : Bravo Guillaume pour le concours.

Bel été à toutes/tous.

23:45 Publié dans EDITORIAL | Lien permanent | Commentaires (3)

DU NOUVEAU DANS LE BETISIER

Les pires tchadors...
FIAMMETA VENNER, REINE DU BETISIER

Charlie Hebdo est le successeur d’Hara-Kiri, qui, dans les années 60, s’intitulait le « journal bête et méchant ». Il s’agissait en fait de ridiculiser la bêtise ambiante. Mais sans doute Fiammeta Venner a-t-elle pris au pied de la lettre ce  slogan car elle a publié, dans Charlie Hebdo, un article, méchant (ce qui n’est pas grave) et bête (ce qui l’est beaucoup plus).

Elle y dénonce comme anti-laïque, « le lobby de la liberté religieuse » (« le lobby », car bien sûr, pour elle, tous ceux qui défendent la liberté religieuse forment un vaste ensemble organisé, coordonné, ayant une action commune et défendre la liberté religieuse, n'est-ce pas , c'est contraire à la laïcité!). Cela commence par la dénonciation d’une association catholique « L’aide à l’Eglise qui souffre » qui défend un pasteur incarcéré un mois en Suède « pour s’être dit dans ses sermons indigné par la tolérance montrée par son pays vis-à-vis des homosexuels et des lesbiennes ». Sans doute la Suède, qui est un pays démocratique et respectueux de la liberté d’expression n’a pas mis ce pasteur en prison sans de très bonnes raisons et les propos étaient-ils réellement homophobes. Mais déjà je me demande si Mme Venner lit le suédois, si elle a lu les semons incriminés et si elle est vraiment apte à trancher de façon péremptoire sur cette affaire.

Mais il ne s’agit que  de broutilles, d’un petit hors d’œuvre. La suite est beaucoup plus probante : Mme Venner procède par glissement, par association d'idées sans aucune, mais alors aucune rigueur. La défense du « dogme intégriste » lui fait penser aux Etats-Unis où elle dénonce pêle-mêle la scientologie, la droite religieuse américaine, G. Bush et l’ »International Religious Freedom Act » de 1998, sans dire qu’en 1998 c’était Clinton qui était au pouvoir et que c’est lui qui a insufflé la politique américaine de défense de la liberté religieuse, politique qui est soutenue par des gens qui n'ont rien à voir avec la droite religieuse. Puis, toujours par association d’idées, elle attaque une autre association qui n'a rien à voir avec la première mais sur laquelle elle met implicitement tout ce qu'elle a écrit, l’Association Internationale de Défense de la Liberté Religieuse  qui serait donc vraiment néfaste puisqu'elle dénonce le fait que cette association est « tellement influente » qu’elle comprend dans son comité d’honneur Mary Robinson, Haut commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme.

Autrement dit Mary Robinson  se fait forcément avoir ; elle ne peut pas considérer que l’AIDLR fait du bon travail, que la liberté religieuse fait partie des libertés et qu’elle vaut la peine d’être défendue, elle ne peut pas exercer son "prochoix"! Non, forcément il y a de la manipulation quelque part, d’ailleurs le président du comité est le suppôt des sectes, l’intégriste bien connu Léopold Senghor, auquel s’adjoint d'autres intégristes : André Chouraqui, Jean Roche de l’Institut et plus de 10 professeurs d’université de différents pays.

Parmi ces professeurs, F. Venner en choisit un pour déverser sa vindicte, votre serviteur :  outre le fait d'être un diabolique membre du comité d'une association aussi horrible que l'AIDLR, « En 2001, dénonce-t-elle, il coorganisait  pour cette ONG un colloque à l’UNESCO (« Convergence spirituelle et dialogue inter culturel ») entièrement consacré à contester les lois antisectes ». Et elle continue, toujours par glissement sur l’ »approche ouvertement pro-secte » qui serait celle de N. Sarkozy.

Passons sur le fait que le colloque s’intitulait « Droits de l’homme et liberté de religion : pratiques en Europe occidentale », encore que si elle ne connaît même pas le titre du colloque ! Passons aussi sur le fait qu'elle parle "des lois antisectes", comme si chaque pays en avait.

Je « coorganisais » donc, mais avec qui ? Des sectes abominables sans doute ! Ne le répétez pas, il s’agit  et de la secte UNESCO, bien connue pour son intégrisme radical (ce fut le directeur général, M. Matsuura qui ouvrit la rencontre) et du Vice-président du Comité des droits de l’homme des Nations Unies (qui lui succéda à la tribune), autre association gangrenée jusqu’à la moelle. Naturellement, pour jeter le trouble dans l’assistance, les titres des séances étaient très manipulateurs. Ainsi pour ma part j’ai parlé au cours de la séance consacrée à « L’Europe occidentale et les religions historiques », formulation qui a fait que des esprits nettement moins subtils que celui de Mme Venner n’y ont pas vu l’emprise sectaire. D’ailleurs, comble d’hypocrisie et de fausseté, la question des "sectes" n’apparaît jamais dans mon exposé. Cela est la preuve irréfutable de ma culpabilité maniputatrice! Il y a eu , par açilleurs, deux séances sur les "pratiques nationales" où s'est notamment exprimé Margiotta Broglio, professeur à l'université de Florence et celui qui a modifié le concordat italien en 1984 pour enlever, notamment, la mention du catholicisme "religion d'Etat" (manifestement un coup du Vatican!).

 Mais, victoire, il a bien été question des sectes dans ce colloque et en ont traité des gens aussi pernicieux qu’Emile Poulat, de l’EHESS, Jean-Paul Willaime, de l’EPHE et Françoise Champion du CNRS. Autres dangereux membres du "lobby".

A propos du CNRS, (dont, effectivement, non pas moi comme personne, mais le Groupe de sociologie des religions et de la laïcité comme laboratoire, coorganisait le colloque) au secours, qu’est-ce que j’apprends? F. Venner serait boursière du CNRS. Non, détrompez-moi vite, cela ne se peut. Celui-ci a été qualifié par une association anti-secte de Centre National de Recrutement des Sectes (propos rapportés par une journaliste allemande qui n'en croyait pas ses oreilles!). Sûrement notre reine du bêtisier l’ignorait et, maintenant qu’elle le sait, elle va renvoyer au dit CNRS, avec le mépris qui s’impose, le montant de sa bourse.

D’ailleurs, par quelle aberration prétend-elle être "post-doctorante", c'est-à-dire rechercher un emploi dans cette université dont tant de membres font partie du diabolique « lobby de la liberté religieuse », manipulé par les intégristes et les sectes ? Vraiment, c’est à n’y rien comprendre.

Madame, reprenez-vous: votre place n’est pas à l’université, figurez vous qu’elle est peuplée d’has been,  qui ne racontent pas n’importe quoi et qui (si si cela leur arrive) vérifient ce qu’ils disent. Votre place est bien davantage dans une belle publication qui s’intitule Choc : elle est très gourmande du genre d’articles que vous rédigez. Et sachez que la presse de caniveau paye beaucoup mieux que l’université.

PS : je signale à l’honorable F.V. que j’ai collaboré à l’organisation Prochoice, il lui faut donc aussi démissionner de la direction de la revue française de cette association puisqu’il s’avère que, selon ses critères, celle-ci est  infiltrée par un intégriste sectaire.

La bêtise de F. Venner prêterait à rire si elle n’était pas, malheureusement, représentative d’une pensée où il faut être ou intégriste, ou pro-secte ou manipulé pour avoir un regard critique sur les lois françaises de 2001 (sur les sectes) et de 2004 (sur les signes religieux). DU COUP AUCUN DEBAT POSSIBLE ; AUCUNE PENSEE CRITIQUE ADMISE, que dis-je AUCUNE PENSEE TOUT COURT puisque tout l'article fonctionne sur un mode d'évidence, de reprise des stéréotypes qui traînent dans beaucoup de poubelles médiatiques. Pas de libre examen, pas de prochoix !!!

Mais, espèce d’imbécile (que j'espère) heureuse, ouvre les yeux, enlève tes boules quies et regarde un peu le monde : l’attitude dominante française est critiquée par des gens qui sont depuis longtemps des défenseurs des droits de l’homme et qui ont beaucoup plus de titre de noblesse que toi dans ce combat. Cela ne signifie pas naturellement, qu’il faut être forcément d’accord avec leur critiques mais qu’il faut la prendre en considération, y réfléchir, en débattre sereinement, être capable de sérieusement argumenter, DE VERIFIER CE QUE L’ON ECRIT, au lieu de publier des crottes qui étouffent toute pensée et de dire des mensonges. Je t’assure, reprends toi, ta bêtise me rend trop triste. Et tu sais, Fiammetta, les pires tchadors sont ceux que l'on a DANS sa tête.

 

27/07/2005

L'EUROPE QUE L'ON AIME...

La France condamnée
Il ne semble pas que cela fasse la une des medias ; raison de plus pour que votre blog favori (du moins je l’espère) vous donne la nouvelle : les juges de la Cour européenne des droits de l’homme ont condamné à l’unanimité la France pour n’avoir pas considéré comme de l’esclavage moderne le fait qu’une jeune Togolaise, Siwa-Akofa Siliadin, a été employée (et pas aux trente cinq heures !) sans aucune rémunération de 1994 à 1998.

Il est important de constater qu’en matière des droits fondamentaux la France n’a plus le dernier mot face à ses citoyens et habitants.

Et sachez qu’une association, fondée par deux journalistes courageuses et déterminées, le Comité contre l’esclavage moderne (31, rue des Lilas, 75019, Paris, tel : 0144528890, cotisation annuelle, 30 €) fait du très bon travail.
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Pour l'histoire de la Commission Stasi

UN « OUBLI » DE LA COMMISSION STASI

Rangeant divers papiers, je retrouve un mel du samedi 6 décembre 2003 à 12h06.

Dans ce mel je donne à la secrétaire de la Commission l’ajout d’un paragraphe au Rapport, ajout que j’ai proposé à la séance de la veille et qui a « été accepté par la Commission » ainsi que quelques propositions de modifications de formes.

Voici le texte de cet ajout :

« En de très nombreux lieux, le respect des règles du vivre-ensemble et, en particulier de la laïcité, est bien assuré au profit de tous. La Commission tient à rendre un hommage chaleureux à celles et ceux qui y contribuent activement, ne ménageant ni leur temps ni leur peine. Ainsi de très nombreux témoignages montrent qu’élus, enseignants, éducateurs, travailleurs médico-sociaux, animateurs d’associations très diverses et autres citoyens de toutes origines et convictions façonnent quotidiennement par leur présence et leur travail, une citoyenneté démocratique partagée. Ils ont droit, à ce titre, à la reconnaissance de la nation. »

Réponse de la secrétaire, le même jour :

« Merci pour ces très précieuses informations que j’intègre de ce pas… »

Le lundi 8, la Commission continuait la rédaction du Rapport

Le mardi 9, elle discutait de la future loi : à 12h30, nous étions 3 Curiace à ne pas la voter. Je suis resté seul en fin d’après midi

Le mercredi 10, le texte sur « les signes religieux ostensibles », voté la veille a été mis en forme

La nuit du 10 au 11, quelques personnes ont effectué les dernières corrections de style et d’orthographe du Rapport, celui-ci a été tiré.

Le 11 au matin, réuni autour du Président de la République à l’Elysée, la Commission avait entre les mains le Rapport final : mon ajout, ratifié par la Commission, n’y figurait pas.

Bien sûr un "vrai" oubli n'est pas impossible mais l'ajout dédramatisait un peu le passage sur les atteintes à la laïcité, et normalement il a du être intégré dès le samedi 6 décembre par la secrétaire, alors le doute, le terrible doute....

26/07/2005

Communiqué de presse: le roman de la rentrée

(d'autres notes suivront demain et apres demain, patience!)

Emile Combes et la princesse carmélite

Improbable amour

(roman)

En librairie le 14 octobre
Collection Regards croisés  240 pages

Alors que nous allons fêter le 9 décembre 2005 le centenaire de la dite « loi Combes », qui définit la séparation des Eglises et de l’Etat, Jean Baubérot nous offre un roman d’amour tout à fait surprenant entre son protagoniste et… une ravissante carmélite ! Une aventure sentimentale hors du commun qui se mêle à la marche vers la séparation, une histoire vraie, écrite comme un thriller par le meilleur spécialiste de cette époque.

L’ouvrage se présente comme un journal, celui d’Emile Combes, retrouvé par un professeur de faculté parmi ses papiers consignés aux Archives de Bordeaux. En défilant sa vie quasi au jour le jour, nous croisons les plus grands personnages et ténors de l’Etat (Briand, Clémenceau, Jaurès, Loubet, Waldeck-Rousseau…), nous avons tout loisir d’admirer la constance et le courage d’Emile Combes, tout en découvrant une histoire magnifique. La princesse Jeanne Bibesco, arrière-petite-fille du maréchal Ney, vient en personne, pieds nus, au ministère de l’Intérieur plaider la cause du Carmel d’Alger qu’elle a fondé et qu’elle dirige. « Tout dans le maintien de cette jeune femme évoquait une somptueuse beauté et une grande intelligence. » Voilà, c’est fait : le ministre est amoureux, et cette passion, complètement en contradiction avec sa vie de bon époux et père de famille, mais aussi de ministre chargé d’une des plus grandes causes qui soit – la réduction du pouvoir de l’Eglise – ne cessera plus de le hanter. Et la carmélite n’est pas en reste, même si tout le roman nous mène à cette question : jusqu’où va cet amour ?

Nous avons ici, avec cette très belle histoire où la réalité rejoint la fiction, un très bon roman historique.

Historien largement reconnu, Jean Baubérot est l’auteur, pour les publications les plus récentes, de La morale laïque contre l’ordre moral, Le Seuil, 1997 ; Histoire du protestantisme, 5ème édition, PUF, 1998 ; Une haine oubliée : l’antiprotestantisme avant le pacte laïque, (avec Valentine Zuber), Albin Michel, 2000, couronné par l’Académie française ; Religion, modernité et culture au Royaume-Uni et en France : 1800-1914, (avec Séverine Mathieu), Le Seuil, 2002 ; Histoire de la laïcité en France, 3ème édition , PUF, 2005 ; Laïcité 1905-2005 entre passion et raison, Le Seuil, 2004. Aux éditions de l’Aube, il est aussi l’auteur de De la séparation de l’Eglise et de l’Etat à l’avenir de la laïcité (avec Michel Wieviorka) : parution le 9 septembre 2005.

Info 26 juillet

De nouvelles Notes arrivent.

A très très bientôt

09:18 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (1)

16/07/2005

NOUVELLES

CANICULE !

Nous ne sommes jamais contents : on ne parle plus que de canicule. Pourtant en tapant sur mon ordinateur je regarde un coin de ciel bleu, et cela est fort agréable.

Mais peut-être nous avons peur de la canicule car cela nous rapelle de constants problèmes que nous voulons oublier,  et notamment la manière dont nous traitons les "vieux", "vieillards" (ces mots sont devenus eux-mêmes suspects: on préfère parler de "4eme age"!). Nous qui nous targons de "valeurs universelles", nous ferions bien de nous montrer attentifs à la façon dont d'autres civilisation honorent leurs "anciens". N'y aurait-il pas là un brin d'universel? L'Occident souvent donneur de leçons n'aurait-il pas quelque chose à apprendre? Nous sommes une civilisation qui a réussi ce paradoxe: allonger la vie et priver de sens la fin de vie: réussite matérielle (empirique, dans mon vocabulaire), faillite symbolique. N'est-ce pas un peu le fondement de nos problèmes?

Le Blog se met en quasi repos : cela signifie que normalement il n’y aura peu de nouveauté d’ici le début de septembre. Normalement, car, personne (et donc pas moi) ne peut prévoir ses envies, surtout si vous êtes nombreux à réagir à la nouvelle Note (« Télévision et laïcité »), qui est à suivre (la suite avant la fin de juillet, promis), peut-être cela donnera-t-il envie de continuer le dialogue, même en août. Mais quand même, à un rythme qui laisse un peu de place au farnienté.

C’est le moment de découvrir ou de redécouvrir des Notes déjà un peu anciennes. Bonne navigation. Permettez un petit conseil : dans la catégorie : « Dialogue avec un auteur », il y a une Note qui ne semble pas avoir obtenu le succès espéré. Il s’agit de la Préface que j’ai rédigée pour l’ouvrage de Pierre-Jean Brassac : Avec ou sans Dieu, Vingt étudiants en Europe : religions et laïcité. Editions Autrement, collection Passion complice. Je proposais de lire la Préface (gratis  sur le blog) puis de lire l’ouvrage et de faire des commentaires auxquels Pierre-Jean aurait pu répondre. Pour le moment, cela ne semble pas avoir eu grand écho. Mais il n’est pas trop tard : le livre est typiquement le genre d’ouvrage à emporter en vacance pour « ne pas bronzer idiot » : c’est à la fois un essais et un roman. Pour le reste, regardez dans le sommaire de "Catégories" et faites votre choix en fonction de vos intérets. ATTENTION: chaque rubrique "Catégorie" continet plousieurs Notes. Ainsi la catégorie "Monde et laïcité" comporte une première Note en anglais (pour les adeptes du regretté Wiliam) et ensuite, deux Notes en français. Donc si une Note ne vous intéresse pas, allez voir si les suivantes vous conviennent mieux. C'est gratuit de toute façon!

Sinon, du côté, « baubérotien » et alliés, préparez vous à une Rentrée en fanfare. Ce n’est pas pour rien que nous entrons dans la période ‘chaude’ de la commémoration (la loi de séparation, rappelons le, date du 9 décembre 1905).

Voici les principaux événements :

(sans parler de Laïcité 1905-2005 entre raison et passion, au Seuil, qui continue sur sa lancée, pour le tirage, on en est actuellement à 12000 exemplaires)

-         fin aôut-début septembre : parution de la 3eme édition du « Que sais-je ? », Histoire de la laïcité en France, aux PUF. La 2eme ne date que de 2003 pourtant. Mais j’ai retravaillé ce « Que sais-je ? » dans 3 directions

1)      pour l’ensemble de l’ouvrage : clarifier ce qui ne l’était pas assez dans le but d’être toujours mieux compris. L’ouvrage comportera donc des réponses aux objections qui m’ont été faites.

2)      accorder plus de place au processus de la séparation (débats autour de la loi et application malgré l’interdit papal de s’y conformer)

3)      actualiser la bibliographie en tenant compte des parutions les plus récentes.

-      le 9 septembre : parution aux éditions de l’Aube de l’ouvrage collectif (dirigé par M. Wieviorka et moi-même) De la séparation des Eglises et de l’Etat à l’avenir de la laïcité. Je viens de corriger les épreuves, je connaissais les différents textes, mais à les voir ainsi rassembler dans ce volume de plus de 350 pages, je dois dire que j’ai été impressionné. C’est une somme ! Et je crois pouvoir dire qu’à ma connaissance il n’y aura pas d’équivalent pour le centenaire.

On y parle de l’Amérique latine, du Mexique, des Etats-Unis, du Canada, de l’Algérie, de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Ukraine, de la Biélorussie, de la Russie, de la Turquie, de la Chine, du Japon ; Ai-je rien oublié ? Ah si, tenez, on y parle aussi de la France !...et de l’Yonne puisque la Rencontre, à l’origine de cet ouvrage s’est tenue à Auxerre. Auxerre n’a pas seulement une excellente équipe de football (elle a gagné la coupe de France), c’est là qu’Emile Combes, alors président du Conseil, a pris parti officiellement pour la première fois, pour la séparation. Remercions le Maire d’Auxerre, le Conseil général et le Conseil régional qui ont aidé financièrement ces Entretiens d’Auxerre exceptionnels, organisés par la Ligue de l’Enseignement et le Cercle Condorcet de l’Yonne, avec le concours scientifique du Groupe de Sociologie des Religions et de la Laïcité (CNRS-EPHE)

-     et il faudra attendre jusqu’au 14 octobre (mais l’attente est déjà un plaisir !) pour  pouvoir découvrir, toujours aux Editions de l’Aube, le roman du centenaire : Emile Combes et la princesse carmélite : Improbable Amour.  Allez, je suis brave : je vous donne en exclusivité mondiale  la 4ème  de couverture :

L’histoire est authentique : en 1903, Jeanne Bibesco, jeune princesse, prieure d’un carmel, plaide la cause de son couvent auprès d’un intraitable vieillard, Emile Combes, qui supprime les congrégations une à une. Le coup de foudre est réciproque et de leur rencontre naît un improbable amour, fort dangereux pour le président du Conseil qui continue son implacable politique anticléricale et met en route le processus de séparation des Eglises et de l’Etat.

Spécialiste internationalement reconnu de la laïcité à laquelle il a déjà consacré plusieurs ouvrages, Jean Baubérot, nous raconte, dans son premier roman, cette histoire où la réalité dépasse souvent la fiction. Choc des âges, des origines sociales et des cultures, solitude contrastée du pouvoir et du cloître, jalousie et scrupules, lutte entre passion et raison, attirance des contraires et difficulté de se comprendre, la relation entre Jeanne et Emile s’avère terriblement humaine dans une Belle Epoque où l’odeur du crottin voisine avec les premières automobiles. De plus, les événements politiques et religieux parfois dramatiques qui  parsèment cette histoire posent la question toujours actuelle : Qu’est-ce que la liberté ?

Les personnages du récit s’appellent Jaurès, Clemenceau, Waldeck-Rousseau, Loubet, Pelletan, Briand, Maria Combes (l’épouse), et, naturellement, le « Petit Père » et sa belle et mystérieuse princesse carmélite.

Voila, j'espère que cela vous tente!

Apprêtez-vous à de belles (j’espère !!) lectures.

Et en attendant : très bel été

PS: le 17 juillet: On me signale l'article de Fianmetta Venner dans un hebdo que je ne citerai pas pour ne pas lui faire de pub. C'est absolument affligeant et est typique du "penser télé" que je dénonce dans ma Note sur le sujet: à défaut de savoir analyser, on manie l'invective et on mélange tout. Dés que vous n'êtes pas d'accord, vous êtes un intégriste! ...ou manipulé par les intégristes. Ainsi donc je suis sous la coupe des"intégristes américains", c'est sans doute eux, Mme Venner, qui m'avaient fait écrire le texte pour "Pro Choix" que vous pouvez lire dans ce blog ("Laïcité et liberté de choix", c'est la 3eme Note de la catégorie "Point de vue")! Bravo la finesse de penser, Bravo la pensée 0 où il y a les bons et les méchants (un enfant de 5ans sait, lui, que c'est "pour rire"). Allez, je sens que, malgré ma promesse, vous allez avoir droit, bientôt à une nouvelle Note dans "le grand bétisier de la laïcité".

21:00 Publié dans EDITORIAL | Lien permanent | Commentaires (1)

Télévision et laïcité

 

Je me suis exprimé trop rapidement dans mon dernier édito du Blog. Et parler de la télévision et de la laïcité nécessite une Note spécifique.

D’abord il ne s’agit pas de faire de l’indignation morale et de dire la télévision est « mauvaise ». D’abord parce qu’une telle indignation peut empêcher d’analyser plus à fond les choses ; ensuite parce que s’il y a une critique à émettre, elle doit nous atteindre tous : en effet, que recherche la télévision ? Le meilleur audimat, la meilleure audience, et donc la grève de certains programmes constituerait une arme efficace pour changer les choses .

Ensuite, il y a un malentendu complet qui montre que je me suis exprimé trop allusivement. En effet, je n’ai pas voulu dire que la télévision imposait des contenus, et notamment des contenus politiques. Non, je ne pense pas qu’elle ait une influence directe à ce niveau et je suis bien d’accord avec mes honorables commentateurs :

- d’une part l’utilisation d’internet s’est montrée un outil efficace lors de la campagne du référendum et les partisans du « non » ont su beaucoup mieux l’utiliser que les partisans du « oui »

- d’autre part la « télé » peut produire un effet de « raz le bol » qui peut la rendre complètement contre-productive au niveau de la diffusion de contenus.

Et, de façon plus générale, on peut dire que les gens ne sont nullement des récepteurs passifs.
OK pour tout cela.

 

Mais, pour moi, le problème reste entier.

Car si la télé n’impose pas (en tout cas pas toujours, loin de là) des contenus de pensée, la télé tend à imposer une manière de penser, une façon d’appréhender les problèmes et elle tend aussi à réduire la réalité à ce qu’elle en dit en faisant comme si ce qu’elle passe sous silence n’existait pas (ou fort peu), à nous imprégner de ses critères d’évaluation de la réalité.

 

Pour me faire comprendre, je vais donner un témoignage : il me semble que la « meilleure » émission de télé que j’ai jamais faite a été, en 1997, un passage dans l’émission de Canal + « Nulle part ailleurs » pour présenter mon ouvrage La morale laïque contre l’ordre moral.

C’était une semaine où Jérôme Bonaldi présentait l’émission et il m’avait invité à déjeuner avec son équipe pour préparer ma venue. C’était déjà très bon signe, car d’habitude, il n’y a pas ce genre de préparation. Tout au plus, un contact avec « l’assistante » et après, sur le plateau, souvent autre chose que ce qui était convenu (j’ai un très mauvais souvenir de Michel Field spécialiste de ce genre d’entourloupe). Il y avait là, en plus de Bonaldi, 3 personnes dont une jeune femme, Alix je crois, extrêmement fine et auteure de romans policiers.

Jérôme me dit à un moment qu’il va me poser telle ou telle question. Je lui réponds que je les trouve bébêtes. Il me rétorque qu’il en est conscient mais que c’est ainsi que les téléspectateurs se posent le problème de la morale.

Je refuse cette réponse et je le lui dis nettement. Elle est inacceptable, lui dis-je, pour deux raisons : d’abord qu’en sait-il ? Certainement pas tous les téléspectateurs. Ensuite, à supposez même qu’une partie des téléspectateurs raisonne de cette manière, en posant ce genre de question, il va faire croire à tous que c’est ainsi qu’il faut raisonner. Je lui dis qu’à mon sens il n’est pas un simple reflet des téléspectateurs mais, à sa manière, un maître à penser, quelqu’un qui structure leur pensée.

Jérôme est un peu surpris : jamais personne ne m’a jamais dit cela me confie-t-il. Il accepte de se remettre en cause et nous faisons du brainstorming pour trouver de nouvelles questions qui nous paraissent intelligentes et, en même temps, correspondent aux nécessités de la « télé ».

Résultat 10 minutes d’interview (beaucoup pour l’émission, peu pour s’expliquer vraiment) qui, vu ce temps court et les contraintes de la parole de masse, ont été (à mon sens) le mieux possible. Mais, pour obtenir ce résultat trois heures de préparation pour 4 personnes + moi avait été nécessaire et il y avait eu, en outre, l’acceptation  (très rare)  par une « vedette » de la télévision d’une remise en cause. Et ce souvenir est l’exception qui confirme la règle.

 

Pour moi, cela reste une expérience exceptionnelle et la télévision habituellement c’est plutôt le contraire. Que de fois, juste avant une émission qui a pourtant la réputation d’être « sérieuse », le présentateur m’a glissé : « n’oubliez pas que la télé c’est avant tout du divertissement. ». Et du « spectacle » pourrait-on ajouter, ce qui fait que le spectaculaire est systématiquement privilégié et par la télé, et par nous car, réfléchissons, si jamais la télé nous présente les choses de façon calme, sans dramatiser ni faire peur et en tentant de rendre un tantinet compte de leur complexité, l’émission va moins nous impressionner, moins se trouver gravée dans notre mémoire que dans le cas inverse. Là encore, il ne s’agit donc pas d’être dans l’indignation morale.

 

Et si je parle de la télé, c’est parce qu’elle reste le média dominant. Bien sûr elle n’est pas seule en cause. Je me rappelle d’une émission de radio, à la même époque, toujours pour présenter le même ouvrage. Le présentateur avait, en direct, une enseignante qui veut commencer à expliquer ce qu’elle fait dans sa classe en matière d’éducation à la citoyenneté. Elle n’avait pas parlé depuis 25 secondes que le dit présentateur trouvait que c’était déjà trop. Il lui coupe la parole, lui demande : « Quelle est la première chose que vous apprenez à vos élèves ? »

 Réplique immédiate de la dame (qui ne manquait pas de répartie) : « la première chose que je leur apprend est que la moindre politesse consiste à ne pas couper brutalement la parole de celui qui parle ». Le présentateur a ri jaune, mais n’a pas changé ses habitudes pour autant.

 

Au delà de la politesse, c’est cette impossibilité de disposer d’un temps minimum pour argumenter, pour énoncer une idée, sans être arrêté dans son élan, c’est cette obligation de dire de l’immédiatement compréhensible à tous qui façonne une façon hégémonique et simpliste de voir les choses.
Et encore, tout cela date de 1997, les choses ont bien empiré depuis.

 

A ce que je viens de dire, s’ajoute les simplifications du classement. On classe les choses une fois pour toute et de façon tellement schématique que cela en devient faux.

Ce qui me frappe souvent, c’est d’ailleurs la rigidité et la fixité dans le temps de ces classements. Nous sommes, théoriquement, la société du scoop et du toujours nouveau mais très souvent l’information donnée date et date tellement qu’elle est devenue fausse. Les choses ont changé, mais on répète toujours la même chose.

 

Je pourrais continuer pendant des heures. J’espère cette fois m’être fait comprendre pour l’essentiel : c’est d’abord des schèmes de pensée qui sont imposés (non un contenu) et cela a directement à voir avec la laïcité dont l’idéal est la liberté de penser.

La liberté de penser suppose que le débat puisse être de qualité et qu’on ne soit pas réduit à l’exposé de pensées simplistes, à l’exposé d’un pour et d’un contre aussi excessif l’un que l’autre, sans qu’il soit possible d’exprimer l’ambivalence. Je vous assure que c’est de plus en plus difficile, même s’il ne faut pas renoncer.

 

Reste à tenter de trouver une explication à cette situation.

Premier niveau d’explication, basique mais qu’on aurait tort de négliger ou de sous-estimer pour autant : la télévision (quelle soit privée ou même publique) est fondamentalement une structure marchande qui doit fabriquer un individu standard pour pouvoir diffuser le même produit à des millions de ces individus. L’individualité, c'est-à-dire ce que l’individu peut avoir de spécifique, n’est pas de l’immédiatement consommable, communicable, et donc nuit à un bon audimat. Et si le propos un peu difficile à comprendre, s’il faut entrer dans une perspective originale, gare au Zapping… Le message télévisuel hégémonique est la publicité (qui là aussi structure en partie à votre insu votre façon d’appréhender les choses). On a joué à la vierge effarouchée quand P. Le Lay a déclaré qu’il vendait à ses annonceurs des tranches de « cerveaux disponibles ». Il avait au moins la justesse de dire les choses.

Il ne faudrait pas que la faillite sociale du marxisme rejette dans l’impensé l’analyse critique de la société capitaliste. OK, on n’a pas (encore ?) trouvé d’autre système social viable pour les sociétés modernes. Mais cela ne nous oblige pas à fermer les yeux. Sans oublier, bien sûr, que les sociétés communistes totalitaires où on a imposé et forme et contenu de pensée, c’est encore pire.

 

Second niveau d’explication : justement le fait que l’on a pas trouvé d’autre système social pour « gérer » les sociétés modernes. Celles-ci mettent tout le temps en contact des gens qui ne se connaissent pas et n’ont pas vocation à vraiment se connaître. Des gens qui rentrent en contact sur des points précis et limité et qui doivent souvent avoir un contact court et efficace.

D’où, effectivement, la nécessité d’une communication de masse qui, autant que faire se peut, mette entre parenthèse les individualités, permet l’im-médiateté, le temps 0, court-circuite donc les médiations et abolit le temps où l’on s’apprivoise (comme le dirait le vieux Saint Ex). Une communication standardisée, calibrée et qui rejette tout ce qui dépasse. Il y a un continuum entre « penser télé » et « penser énarque », même si le second type est beaucoup plus sophistiqué que le premier.

Et il m’est arrivé, à plusieurs reprises, d’avoir des entretiens avec de brillants jeunes gens, qui m’avaient demandé rendez-vous parce qu’ils souhaitaient faire une thèse sous ma direction. Mais, à chaque fois que je leur proposais un sujet de thèse, ils me récitaient leur savoir et me disaient : mais qu’y a-t-il à chercher ? Et il n’y avait jamais rien à chercher sur rien car ils n’arrivaient pas à concevoir le savoir comme troué. Et trouer le savoir est le début aussi bien de l’interrogation  existentielle que de la recherche et de toute découverte : savoir qu’on ne sait pas ; savoir mettre en question ce que l’on sait. Or, nous sommes peut-être dans une phase de bureaucratisation, de technicisation du savoir, de la production sociale à haute doses d’évidences de tous ordres… et c’est cela aussi qui menace la liberté de penser.

 

Il y a un troisième  niveau et peut-être un quatrième et puis la question : que faire pour que cela change un peu ?

Mais je ne vais pas tout dire d’un coup,… et puis j’aimerais savoir déjà ce que vous pensez de tout cela. Je ne prétends pas avoir fait le tour de la question. Alors réagissez et (à suivre).