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30/08/2005

A LIRE

DEUX OUVRAGES A LIRE

SUR LA LAÏCITE

 

En attendant la parution le 6 septembre de la somme de 370 pages sur la laïcité passée et actuelle  (ou les éléments de laïcité et/ou de non laïcité) dans de très nombreux pays (Algérie, Amérique hispanique, Etats-Unis ? Chine, Turquie, Italie, Allemagne, Mexique, Ukraine, Russie, Canada, Japon, Union européenne….et quand même France) : De la séparation des Eglises et de l’Etat à l’avenir de la laïcité aux éditions de l’Aube (Collection Essais, ouvrage collectif : Les Entretiens d’Auxerre), deux petits ouvrages peuvent être lus avec profit :

 

D’abord, comme on n’est jamais si bien servi que par soi-même, je signalerai la réédition de « mon » Que sais-je ?: Histoire de la laïcité en France aux PUF : j’ai beaucoup retravaillé la seconde édition (et donc assurez vous que vous achetez la 3ème, celle de 2005 et non la 2ème, celle de 2003)  pour, dans les limites intangibles des 128 pages, accorder plus de place à la séparation de 1905 et à la période actuelle. J’ai aussi tenu compte de mes propres recherches et des travaux, assez nombreux dans l’optique du centenaire, parus depuis 2003. J’ai, enfin, tenté de répondre à des objections en clarifiant au maximum mon propos.

 

Ensuite, de Pierre Kahn, La Laïcité, aux éditions Le Cavalier Bleu, collection : Idées reçus. Effectivement, c’est bien un ensemble d’idées reçues que démonte de façon claire et pertinente P. Kahn. Certaines ont une validité partielle mais dites de façon péremptoire et univoque, elles ne correspondent pas vraiment à la réalité, d’autres sont fausses mais continuent pourtant d’être invoquées. Parmi les idées reçues démontées : « la laïcité est une idée typiquement républicaine », « la laïcité est une exception française », « la laïcité explique la déchristianisation de la France », « la laïcité d’aujourd’hui n’est plus la laïcité de combat des origines », « l’enseignement du fait religieux est impossible à l’école laïque », « l’islam est non soluble dans la laïcité », « L’Etat laïque ignore les religions ». C’est bien fait. La seule critique sera le fait que la bibliographie ignore des ouvrages importants parus ou réédités depuis 1 an (et alors non cités ou cités dans une édition plus ancienne).

 

Par contre, dans une prochaine note, j’expliquerai en quoi l’ouvrage d’Henri Pena Ruiz sur l’histoire de la laïcité (Gallimard) paradoxalement mais significativement adopte une perspective d’histoire confessionnelle, reprend l’optique de l’historiographie catholique traditionnelle. A bientôt donc.

12:00 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (3)

18/08/2005

TREVE ESTIVALE (suite)

Cher(e)s Ami(e)s,

Vous trouverez, à la suite de la Note "Bêtise versus démocratie", l'édito "Trêve estivale" avec les nouvelles de la rentrée.

Bonne navigation

09:49 Publié dans EDITORIAL | Lien permanent | Commentaires (1)

17/08/2005

Bêtise versus démocratie

LES RAISONS DE LA COLERE

Merci à Odile, à Pierre et Guillaume de leurs commentaires sur le dernier « grand bêtisier de la laïcité ». Pierre et Guillaume approuvent, Odile critique : c’est donc à elle que je vais tenter de répondre. Elle n’a pas lu l’article de F. Venner et donc ne veut pas se prononcer sur la véracité de ma démonstration, pourtant précise. Elle me reproche l’expression « espèce d’imbécile » et le fait même de parler de « bêtise », ce qui lui semble contraire au « débat démocratique ».

En fait, j’ai écrit « espèce d’imbécile (que j’espère) heureuse » et l’expression « imbécile heureux » n’est pas dénuée de tendresse. Je croyais précisément avoir maîtrisé ma colère en l’utilisant et en incitant F.V. à se reprendre. En effet, j’assume pleinement le diagnostique de « bêtise »  car le problème n’est nullement une divergence de contenu. J’ai des divergences avec  l’ouvrage d’Henri Pena-Ruiz Dieu et Marianne et cela n’empêche pas de le mettre dans ma bibliographie. A ce niveau, le « débat démocratique » est bien sûr souhaitable et je le mène volontiers.

 Mais le propos de F. Venner se situe à un tout autre niveau. Pour elle, si l’on ne partage pas sa conception de la laïcité on se situe obligatoirement dans la perspective d’une « nouvelle laïcité », « c'est-à-dire, précise-t-elle, d’une laïcité à l’anglo-saxonne » où « le lobbying exercé depuis des années par les intégristes chrétiens américains et des sectes (trouve) un terrain favorable » (sic !!).  Et, après cet amalgame injurieux et calomniateur, deux personnes sont citées comme exemple de cette optique diabolique : Nicolas Sarkozy et moi-même (resic !!)

Pour justifier un propos aussi aberrant, F.V. manie allègrement d'autres amalgames, des insinuations et mensonges. Je pense que cela principalement à de la bêtise. Mais si tout cela est maîtrisé, si les mensonges sont conscients, c’est aussi grave, non ?  Nous ne sommes pas dans un possible « débat démocratique » mais dans une FORME de pensée qui, soit par bêtise (mon interprétation) soit par mensonges conscients constitue une menace pour la démocratie. En effet, comment débattre dans de telles conditions (comme l'ont perçu Pierre et Guillaume). C’est cela l’important et c’est à cause de cela que je poursuis, moi,  le « débat démocratique », avec Odile et d’autres lectrices ou lecteurs du blog.

  

J’aurais voulu reproduire l’article que j’incriminais, les droits de propriété ‘intellectuelle’ m’en empêchent. Mais, Odile, de toute façon, la vérification aurait été partielle. Certes, on peut se rendre compte, à lire l’article, qu’il contient amalgames et insinuations non démontrées. Mais  il faudrait pousser plus loin pour connaître  les mensonges. Je vais donc être encore plus précis, me concentrer sur le passage où F.V. me met en cause à propos d’un colloque tenu à l’UNESCO en janvier 2001. La preuve de ce que j’avance : tout simplement le compte-rendu de ce colloque international, publié par la revue Conscience et Liberté (n° 61 et 62, 2001)[1]. En 8 lignes de moins de 50 signes chacune, on trouve 5 mensonges !
 

-         le colloque, selon elle, était « entièrement consacré à contester les lois antisectes ». Mensonge : ce colloque a traité de sujets très variés : la liberté religieuse depuis les apports du Conseil œcuméniques des Eglises et du Concile Vatican II, Christianisme et islam,  la jurisprudence européenne sur la liberté de religion, etc. Pour ma part, je suis intervenu à la séance « L’Europe occidentale et les religions historiques » et donc sur un tout autre sujet (où je traitais notamment de la liberté des convictions non religieuses et de laïcité). La question des « nouvelles convictions » (aspect beaucoup plus large que les dites sectes) a été abordée par E. Poulat (EHESS) et Fr Champion (CNRS) a traité la question (qui comporte plusieurs aspects) : « sectes et démocratie »[2]. Le mensonge veut faire croire qu’il s’agissait d’un colloque militant pro-secte alors que ce colloque a effectué un diagnostic analytique d'ensemble sur la situation européenne quant aux droits de l’homme et à la liberté de religion, avec une nette prédominance d’exposés d’universitaires. A lui seul, ce mensonge déconsidère tout ce qui est dit sur moi, mais il est loin d'être le seul.

-         le titre du colloque était, prétend-elle, « Convergence spirituelle et dialogue interculturel ». Mensonge qui, bien sûr, fait croire à une manipulation : un colloque « entièrement consacré à contester les lois antisectes » avec un titre qui n’a rien à voir avec le contenu du colloque !! Le titre du colloque était : « Droits de l’homme et liberté de religion : pratiques en Europe occidentale », ce qui correspond exactement aux différents sujets traités (le titre qu’elle donne est, en fait, le nom d’un programme de l’UNESCO, dans lequel le colloque était inscrit) et montre que, contrairement à ce qu’elle prétend, on est à l’opposé de la perspective : « la « liberté religieuse » enterra toutes les autres ».

-         Je serai, selon elle, un des « représentants français » de l’Association internationale pour la Défense de la Liberté religieuse (AIDLR). Mensonge : le « représentant » d’une association est un salarié ou un bénévole qui travaille pour cette association et est mandaté par elle, qui agit en son nom. Ce n’est pas mon cas. Je suis un des 6 membres français de son « Comité d’honneur (avec un membre du Conseil Constitutionnel, un membre de l’Institut, 2 autres universitaires et un avocat). En apparence, cette confusion n'est pas grave, sauf qu'ainsi elle insinue que je suis sous la coupe de cette association, fort honorable au demeurant mais qu'elle vient de  calomnier en insinuant,  ce qui est beaucoup plus grave, qu’elle fait partie « des ONG affiliées à la droite religieuse américaine, c’est à dire à des organisations aussi puissantes que la Scientologie ». Pur mensonge, pure calomnie, mais « calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose » : on insinue le doute, et on fait en quelque sorte que les victimes de vos calomnies doivent prouver leur innocence[3].   

-         J’aurais, d’après elle, « coorganisé pour cette ONG » le colloque dont il vient d’être question. Mensonge : le colloque était coorganisé par l’AIDLR et l’UNESCO avec la participation du Comité des droits de l'homme de l'ONU et  « la participation du Groupe de sociologie des religions et de la laïcité, EPHE-CNRS ». Il s'agit donc d'un laboratoire de recherche d’un Grand Etablissement de l’enseignement supérieur et du CNRS qui avait une responsabilité scientifique. Mais, bien sûr, il ne faut surtout pas donner cette information au lecteur/lectrice pour pouvoir le (la) tromper sur la nature et le contenu du colloque. F.V. ne cite AUCUNE institution universitaire (courageuse mais pas téméraire !)

-         Je serais, affirme-t-elle, « le seul « sage » à avoir voté contre le rapport Stasi ». Dernier mensonge : j’ai voté le rapport Stasi  dont je suis un co-rédacteur (cf. les Notes sur la Commission Stasi) et 25 des 26 propositions qu’il contenait. Je me suis abstenu, par contre, et j’ai été le seul à le faire, sur un second vote qui concernait la proposition de loi sur les signes ostensibles[4]. Il est clair que sans ce dernier mensonge F.V. ne pourrait m’accuser d’être le « chantre » (sic) d’une "laïcité à l’anglo-saxonne" prétenduement communautariste !

Comme on le voit les mensonges s'emboitent les uns les autres pour faire croire à des abérrations, et le comble c'est que que je pense qu'il s'agit de BETISE c'est à dire que F.V. se trompe elle-même (en même temps qu'elle trompe ses lecteurs) et se met dans une situation où elle croit à ses mensonges.

En effet,  ce cinquième point, la négation des 166 pages du rapport Stasi, la réduction des 26 propositions à la seule proposition de loi sur les « signes ostensibles », la confusion entre un vote contre et une abstention (même si celle-ci manifestait une opposition) me semble révélateur de la façon dont F. Venner travaille (si je puis employer cette expression !) : elle a une idée préconçue où quiconque n’est pas d’accord avec elle est forcément un suppôt de l’intégrisme et des sectes, elle sait tout à l’avance et ensuite elle illustre son a priori aberrant en prenant la réalité comme un réservoir d’exemples, susceptibles d’être tordus à volonté pour illustrer cette idée préconçue (au lieu d’étudier, d’analyser la réalité en ces multiples facettes), sans aucunement se soucier d’exactitude, de véracité des faits.Ce que j’ai appelé  trop gentiment des « glissements » dans ma précédente note forment, en fait, un ensemble de mensonges permettant insinuations  et calomnies.

Mais où F.V. prend-elle ses informations? Pourrait-elle, si elle avait la moindre aptitude à la recherche, les manipuler de façon aussi monstrueuese? Pour elle, il suffit d'utiliser des gros mots: "droite religieuse", "intégrisme", "secte": plus besoin de penser, plus besoin d'analyser les choses. C'est ce que j'ai appelé, dans une autre note : "penser télé". C'est même une carricature de la "pensée télé"!


Odile, comment dialoguer démocratiquement dans de telles conditions ?
Et aussi quel crédit accordé aux propos de F. Venner quand elle parle de l’islam ?
Et enfin, comment croire en la justesse d’une cause qui a besoin de tels mensonges pour être défendue ?
Or, au départ, F.V. défend de ‘bonnes’ causes : la laïcité, la démocratie, les droits des femmes. Ces causes  sont salies quand elles sont prônées de telle façon.

Clemenceau dénonçait, en 1904, la bêtise,  de ceux qui : "Pour éviter la congrégation, (faisaient) de la france une immense congrégation" . Remplacez "congrégation" par  "intégrisme et  "secte" et vous aurez la bêtise de F.V. et de tous ceux qui veulent mettre la France au garde-à-vous!

           Notes: 

(1) Lisez ce n° de Conscience et Liberté. Vous y apprendrez plein de choses intéressantes

[2] Je vous recommande l’ouvrage (portant le même titre) qu’elle a dirigé et qui comporte des analyses d’universitaires de nombreux pays (publié au Seuil).

[3] En 2001, le Comité d'honneur de l’AIDLR était présidée par L. Senghor. Depuis 2002, il est présidé par Mary Robinson, Haut Commissaire des Nations-unies pour les droits de l’homme. Son expert américain le plus consulté, Jérémy Gunn vient de publier un ouvrage (que je vous recommande chaudement) où il montre que la liberté religieuse aux USA n’inclut pas véritablement la liberté des athées (ce qui est l'exact contraire des accusations de F.V. contre l'AIDLR!! (Dieu en France et aux Etats-Unis,quand les mythes font la loi, Berg International, 2005). .

[4] Pourquoi une abstention et pas un vote contre ? Pour être rapide, disons que, contrairement à Mme F. Venner, je ne pense pas que la réalité se trouve divisée entre le absolument noir et le absolument blanc. Dans cette affaire complexe, j’ai jugé que les raisons pour lesquelles on voulait proposer une loi (défense de l’égalité homme-femme, de l’école, de la laïcité) étaient bonnes mais que le contenu de la loi proposé ne plaçait pas le marqueur au bon endroit (ce sont de comportements qu’il faut interdire et non le port de signes). Par ailleurs, que FV. daigne lire mon ouvrage Laîcité 1905-2005 entre passion et raison, elle pourra constater que jamais il ne question de "nouvelle laïcité", pour la bonne et simple raison que je pétends prôner une laïcité qui se situe dans la filiation de celle des pères-fondateurs (Buisson, Ferry, les auteurs de la loi de 1905,...)