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31/03/2011

Le débat sur la laïcite: "INTELLEC-TUEL"!

« CE DEBAT EST UN DEBAT INTELLECTUEL »

Jean-François Copé

Voilà, je suis de retour… avec plein de travail sur les bras. Je vous rédige une Note samedi 2, avant le «  débat »  de l’UMP (l’Union pour un mouvement populiste !) qui semble se réduire comme une peau de chagrin au fur et à mesure qu’il suscite moult réactions

Pour vous faire patienter, et aussi pour ne pas (trop) avoir à me répéter, voici les textes de 2 articles, publiés l’un dans le Nouvel Observateur (N° 2420 du 24 au 30 mars), l’autre dans Libération (N°9291 du 29 mars). Le contenu de ces 2 textes (où il y a quelques redites, mais : « cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage », comme le disait Madonna à Lady G.) sera donc supposé acquis (mais, rassurez-vous, il n’y aura pas d’interro écrite !) et nous pourrons approfondir à partir de là.

1er article :

UNE LAÏCITE ETHNICISEE

En se focalisant sur l’islam et en appliquant à lui seul le terme de laïcité, on tourne le dos à l’esprit de la loi de 1905, qui était une loi de pacification

Le Nouvel Observateur.– Le mot « laïcité » est devenu une espèce de mantra. Tout le monde aujourd’hui s’en réclame, même ceux qui l’ont jadis combattue. Comment expliquer cette conversion ?

Jean Baubérot.– Quand il y a un usage inflationniste du terme laïcité, c’est toujours pour masquer autre chose. A la fin du 19e et au début du 20e siècle, c’étaient les partisans d’Emile combes qui s’en servaient pour combattre le catholicisme et pourchasser les congrégationnistes… De même aujourd’hui, ceux qui veulent renouer avec cette laïcité de combat utilisent le mot comme un terme politiquement correct pour habiller leur agressivité envers l’islam. Dans la bouche d’une Marine Le Pen, laïcité veut clairement dire : aucune visibilité de l’islam. Position qui n’est pas tenable si on respecte l’égalité entre les religions. On n’a jamais interdit aux catholiques les JMJ… La loi de 1905 a même libéralisé les processions dans l’espace public. C’est donc trahir l’esprit qui avait prédominé en 1905 et qui était un esprit de pacification. 1905, c’est la loi de Briand et de Jaurès, qui reconnait la liberté de conscience, et non la loi de Combes.

N.O. – Quel était le contexte de sa naissance ?

J. Baubérot.– On allait vers un conflit extrêmement violent entre les deux Frances. Deux visions s’opposaient alors : d’un côté, la France « fille aînée de l’Eglise », avec le baptême de Clovis et toute une conception catholico-centrée d’un héritage identitaire de la nation ; et de l’autre côté, la conception laïque, plus universaliste, qui pensait la nation comme une projection commune vers l’avenir. Ce qui me frappe aujourd’hui, c’est que dans les discours de Nicolas Sarkozy, même quand il essaie d’intégrer un relatif pluralisme et de donner un strapontin aux racines juives ou à celles des Lumières, fondamentalement, il renoue avec la conception de la France catholique du 19e siècle, en faisant comme s’il y avait une identité essentiellement héréditaire, immuable durant les siècles. Surtout, il lui enlève toute dimension conflictuelle. Quand, au Puy-en-Velay, il mentionne les racines juives à côté des racines chrétiennes, il omet de dire qu’il y a eu les pogroms du Moyen-Age, l’exclusion des juifs au 14e siècle… Autrement dit, sa vision du passé est une vision idyllique, sans conflits ni discriminations. Si bien qu’à l’écouter, on finirait par se demander pourquoi il a fallu inventer la laïcité ! C’est pourtant bien parce que l’identité de la France était éminemment conflictuelle qu’il a fallu trouver les moyens de rassembler tous les Français. A savoir la séparation des Eglises et de l’Etat ainsi que la neutralité de cet Etat. Ce que j’appellerais une « neutralité arbitrale », qui n’est pas une ignorance des religions, mais qui vise au contraire à faire respecter la liberté de conscience.

N.O. – Pensez-vous que la pratique et le discours actuels du pouvoir rompent avec cette tradition de neutralité ?

J. Baubérot.– On peut s’interroger, en effet, dans la mesure où une France laïque doit aller de pair avec une conception dynamique de l’identité, rassembleuse de la diversité des Français. Avec Nicolas Sarkozy, on est plutôt dans la « chrétienté positive », ou la « catho-laïcité ». Mais il y a une autre dérive que je constate depuis plusieurs années et qui biaise forcément le débat. En confiant en 2007 au Haut Conseil à l’intégration le soin de faire des propositions sur la laïcité, on a tout d’un coup réduit la laïcité à une condition d’intégration pour les immigrés, notamment non-européens, musulmans... On l’a ainsi ethnicisée. Si l’on voulait sincèrement restaurer la laïcité, il faudrait au contraire retrouver son sens global. L’euthanasie, par exemple, est un problème de laïcité, de même que l’était la loi Veil sur l’avortement. On touche à la question de la séparation entre la norme juridique et les normes morales de certaines religions. Mais en se focalisant sur l’islam et en appliquant à lui seul le terme de laïcité, on oublie complètement son ampleur, de sorte que les musulmans se sentent à bon droit stigmatisés.

N.O. – Plus d’un siècle après sa création, faut-il modifier la loi de 1905, comme certains le suggèrent?

J. Baubérot.– Qu’entend-on par-là ? Stricto sensu, il faudrait parler des lois de séparation, puisqu’il y a eu trois lois complémentaires, en 1907 et 1908, ainsi qu’un certain nombre d’amendements. Parfois on se demande si les politiques ont les ont lus en totalité … Le problème, c’est que leurs propos sont investis d’idéologie. Il faut en tout cas se prémunir de deux dangers : l’un qui consisterait à faire de la loi de 1905 un dogme intangible, quelque chose de « sacré », comme l’a dit Eric Besson ; l’autre qui viserait à modifier le texte pour redistiller de l’officialité religieuse dans la République. Au fond, le meilleur service à rendre à la laïcité, ce serait d’abord de la délivrer des contingences électorales !

Propos recueillis par Marie LEMONNIER

Entracte :  Je participe lundi 4 (veille du dit débat) à 18 heures, à une table ronde sur « Faire vivre la laïcité aujourd’hui » au siège du PCF, 2 place du Colonel Fabien, 75019 Paris.

2ème ARTICLE

 LA GAUCHE DOIT REFUSER LA LAÏCITE IDENTITAIRE DE SARKOZY….

Jean Baubérot

Le débat actuel sur la laïcité, impulsé par Sarkozy et Copé constitue une nouvelle version du débat sur l'identité nationale. Initiative habile, jusqu'à l'intrusion de Marin Le Pen, car les partis de gauche ont du mal à se démarquer dès que la laïcité se trouve invoquée. 

Longtemps, en effet, elle a été un marqueur essentiel de la gauche. Puis elle a semblé consensuelle. Maintenant c'est la droite et l'extrême droite qui se veulent ses meilleurs « défenseurs ». On ne peut s'en tenir à une dénonciation morale de la "laïcité lepénisée". Il faut décrypter l'usage dominant du mot "laïcité" et construire un discours de gauche cohérent, capable de contre-attaquer.

 

Qu'est-il arrivé? En mai 2003, le Rapport Baroin, « Pour une nouvelle laïcité », prenait acte de la fin du conflit des deux France et prônait déjà un déplacement vers une laïcité « culturelle et identitaire ». La laïcité devait devenir une « valeur de droite ». On sait qu'ensuite une seule des propositions de la Commission Stasi a été retenue. 

Depuis 2007, c'est le Haut Conseil à l'Intégration qui fait despropositions sur la laïcité. Cette dernière se réduit ainsi à être le passeport que de 'nouveaux Français' devraient acquérir pour revêtir l'identité française. Les questions qui concernent l'ensemble des Français sont exfiltrées de la laïcité.

 

Sarkozy radicalise la perspective: de la basilique du Latran à la cathédrale du Puy-en-Velay, que ce soit seulement l’ « héritage culturel de la chrétienté » qui soit magnifié ou qu'il soit aussi fait allusion à d’autres « racines », en fait c’est la même antienne.

Le passé de la France, vu par son président, est idyllique. Inquisition, pogroms, croisades, guerres de religion, révocation de l’Edit de Nantes, sujétion des musulmans dans l’Empire colonial : de tout cela il n’est jamais question. Ironie involontaire, Sarkozy précise qu’ « il est dangereux d’amputer sa mémoire ».  Sous la « laïcité positive » se cache la chrétienté positive !

 

A son insu peut-être, Sarkozy délivre un message subliminal : comme on vivait bien en France avant que l’islam n’en devienne la seconde religion!

Pour « conserver »  cet héritage », la laïcité qui doit s’imposer à l’islam est donc  bien plus que le respect des lois et la tolérance civile, c’est l’assimilation à une identité patrimoniale non conflictuelle imaginaire. Tâche impossible : les musulmans apparaîtront toujours en déficit de laïcité.

 

Pour « réenchanter la gauche » et reprendre l’initiative il nous faut clairement refuser cette « nouvelle laïcité culturelle et identitaire » pour, de nouveau, recentrer la laïcité sur ses fondamentaux et sur l’Etat laïque.

La laïcité a comme finalité la liberté de conscience et la non-discrimination pour raisons religieuses. Les moyens qui visent ces finalités sont la séparation des religions et de l’Etat et la neutralité arbitrale de ce dernier. La laïcité est un principe politique, non une donnée identitaire passéiste.

Elle organise un vivre ensemble qui nous projette vers un avenir commun. Elle a une toute autre ampleur que son sens actuel dominant où dès que l’on dit « laïcité » on pense, en fait, « islam » !

 

De nouvelles libertés doivent être explicitement rattachées au combat laïque, séparant la loi civile de normes religieuses et morales particulières.

Au XIXe siècle, celui-ci a notamment signifié le droit de mourir sans enterrement religieux si cela était contraire à ses convictions. Aujourd’hui, c’est, analogiquement, droit de mourir dans la dignité par la possibilité de l’euthanasie si on estime que la souffrance extrême ne fait partie de son sens de la vie.

Au XIXe siècle, le combat laïque a permis de rétablir le divorce, aujourd’hui il s’incarne dans le droit au mariage entre personnes de même sexe,… 

Ces nouvelles libertés ne contraindront personne : comme pour la loi Veil, on peut prévoir une clause de conscience.  Elles dérangeront peut-être certains, dans un premier temps du moins.

Mais la laïcité signifie aussi qu’il n’existe pas d’ordre symbolique intangible ; chaque époque doit construire sa propre vision des limites, sinon le pantalon resterait toujours interdit aux Françaises !

 

De même, il faut reprendre le combat pour l’égalité entre les différentes religions et autres convictions, à l’encontre d’une laïcité à géométrie variable, pratiquant de plus en plus le grand écart.

Quelques engagements clairs doivent être pris en cas de victoire en 2012 : retirer au Haut Conseil à l’Intégration le dossier de la laïcité car c’est implicitement discriminatoire, refonder la HALDE et relier laïcité et lutte contre les discriminations,...

Sinon le pire va bientôt venir : une situation où Marine Le Pen paraîtra plus laïque que la Ligue des droits de l’homme ! On pourra toujours s’en scandaliser. En fait, l’impuissance de la gauche en sera autant responsable que les dérives de la droite.

 


 

19/08/2010

Les dits "souchiens" et la France aux mille visages

Sarkozy a de la suite dans les idées : il  a été un admirateur de Bush junior, du temps où celui-ci était président, et il est en train de faire en sorte que son quinquennat soit aussi calamiteux pour le France que celui de son homologue l’a été pour les USA !

Mais point n’est besoin, pour le Blog, de s’appesantir sur le sujet, beaucoup de medias, nombre de personnalités politiques, même à droite le signalent.

C’est qu’en plus d’être éthiquement très dangereux, son positionnement est assez suicidaire politiquement pour son camp : l’électorat centriste est dérouté, voire dégoutté, et comme, par rapport au discours inflationniste les résultats obtenus seront forcément « décevants », le Front National jubile.

C’est d’ailleurs, ce qu’il y a de moins compréhensible dans cette affaire : ne pas avoir compris que la manière dont le débat sur l’identité nationale a été conduit et le ‘bon’ score du FN aux régionales étaient liés.

Ou alors, il faut, pour en être réduit à de telles extrémités, que le péril dans la demeure soit encore plus grave qu’on ne le suppose, et qu’aussi bien la campagne électorale de Balladur de 1995 que celle de 2007 cachent des secrets encore plus lourds que ceux révélés par Médiapart et quelques autres.

 

Mais plus encore que les événements actuels, c’est leur sous-sol qui m’intéresse. Car des Pays-Bas à l’Italie, pour s’en tenir à l’Europe occidental, sourde cette inquiétude de ceux que Gigi 3 appelle les « Souchiens ».

Empiriquement, les dits souchiens n’existent pas, mais symboliquement ils sont en train de se construire comme catégorie socio-culturelle dans nombre de pays.

Et je pense qu’il faut dépasser la réaction morale, qui rend leurs propos détestables, pour les écouter, les comprendre, et pouvoir leur parler, même si ce n’est vraiment pas facile.

Il faut aussi dépasser cette réaction morale pour ne pas laisser une catégorie de la population au bord de la route, l’abandonnant aux sirènes fallacieuses de toutes sortes.

 

Cette écoute est un peu moins difficile d’une part quand on est sociologue, et donc habitué à retenir ses jugements de valeur dans l’exercice de son métier, ensuite quand il s’agit de personnes d’un autre pays, et donc que l’on est moins directement impliqué, même si les problèmes sont très semblables.

C’est pourquoi je souhaiterais que les personnes qui seraient étonnées, scandalisées ou intéressées par mes propos, lisent le chapitre que j’ai consacré, dans mon ouvrage Une laïcité interculturelle. Le Québec avenir de la France (L’Aube, 2008), aux habitants d’Hérouville.

(« Hérouville : discours « anti », identité rebelle », c’est pages 57-78 du dit livre ; en 20 pages on peut aussi davantage décrypter les choses).

Hérouville, avec son refus des « accommodements raisonnables », est l’exemple type de « souchiens ».

Mais on retrouve une mentalité analogue ailleurs.

 

Pour nous en tenir à la France, celle-ci a vécu, en un demi siècle un changement considérable. Les manuels scolaires de géographie de la fin des années 1950 la décrivent encore comme le second empire colonial du monde, après le Royaume Uni. Et les mappemondes mettent en violet tous les territoires « français ».

D’autre part, dés l’école primaire, on enseignait que les « blancs » habitent en Europe, les « jaunes » en Asie, les « noirs » en Afrique… noire, etc

(entre parenthèse les dits manuels qualifient de « blancs » tous les habitants de l’Afrique du Nord, les subdivisant ensuite entre « Européens » et « musulmans »)

 

Cinquante ans après, ces deux certitudes se sont effondrées : la France est devenue un pays de 550000 Km2 et une nation qui n’est plus que « blanche » et doit consentir à des « abandon de souveraineté », dans le cadre d’une Union européenne aux contours flous et au fonctionnement peu démocratique, pour pouvoir continuer à exister dans un « monde globalisé ».

Monde où les nouvelles puissances s’appellent Brésil, Chine, Inde, etc

 

Croire que des mutations aussi importantes, dans un laps de temps historiquement aussi court, peuvent s’accomplir sans un profond désarroi d’une partie de la population serait faire preuve de naïveté.

Le raidissement actuel face à la « diversité » (mot, nous allons en reparler bientôt dont l’usage est très ambiguë) me fait penser à la panique qui a saisi les bons Républicains à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, quand les femmes ont commencé à investir quelques lieux d’autorité, sinon de pouvoir.

C’est pourquoi je vous propose, pour la rentrée une série de Notes sur le dit problème des dits « souchiens ».

 

PS : Parmi les commentaires de la Note du 11 août, celui signé « Belles de Jour » me demande, mi sérieusement mi avec humour, de préciser « la manière dont (je) considère les femmes ». Patience, ce sera fait !

 

 

           

06/04/2010

la partialité du Rapport de la Mission Parlementaire sur le voile intégral....dévoilée!

Quand on étudie le rapport présenté par la Mission parlementaire sur le voile intégral et les différentes auditions, on fait une surprenante découverte dont je voudrais vous faire part, amis blogueurs.

Cela d’autant plus qu’une loi d’interdiction est toujours à l’ordre du jour.

 

La Mission indique que « le principe de laïcité est en lisière du débat ». Il s’agit d’un « principe moteur dans la construction de notre vivre-ensemble » Il « oblige l’Etat mais aussi les citoyens ».

André Rossinot, maire de Nancy, auteur d’un précédent rapport est cité : « la laïcité est d’abord un idéal avant d’être une norme juridique ». Cela permet à la Mission d’effectuer une distinction.

En effet, reconnaît-elle, à « l’unanimité des professeurs de droit auditionnés » ont affirmé que « le port du voile intégral dans l’espace public n’est pas, en soi, une atteinte au principe de laïcité juridiquement parlant ».

 

Cette formulation alambiquée, permet de dégager de la laïcité juridique non mise en cause par le port du voile intégral (les « individus sont libres de manifester leurs convictions religieuses ou spirituelles à partir du moment où ils respectent autrui ainsi que l’ordre public »),  une autre laïcité, « la laïcité au sens philosophique du terme », « l’esprit du principe de laïcité » qui serait, selon la Mission, « manifestement malmené ».

Car la Mission interprète la laïcité avant tout comme « la neutralité de l’espace public » alors qu’elle est aussi la séparation, la liberté de conscience et l’égalité entre citoyens.

 

Cependant, pour promouvoir son point de vue, la Mission dite « d’information » ne cite que les personnes auditionnées qui ont défendu l’interdiction, sans rien rapporter des auditions de représentants d’associations laïques importantes et de personnalités qui ont soutenu la position inverse.  

 

Ce choix partial est d’autant plus significatif qu’une parlementaire de la Mission, Sandrine Mazetier a déclaré lors d’une audition : « Je trouve intéressant que les associations laïques  aient des approches aussi claires et aussi divergentes sur [la] question » du voile intégral.

 

 

Mais la Mission fait silence sur ces divergences et, à lire le rapport, on peut croire qu’un point de vue unanime s’est dégagé.

Il est d’ailleurs intéressant de constater qu’à part le Grand Orient, les associations laïques pour l’interdictions sont récentes :

à une exception près, elles ont été créées après 1989 et donc dans l’optique d’un conflit entre la laïcité et un certain islam. Elles ont d’ailleurs relativement peu de membres chacune, mais leur nombre peut faire illusion.

Les associations laïques « historiques », quantitativement nettement plus importantes  refusent une interdiction faite au nom de la laïcité.

 

Les citations faites par la Mission pour affirmer que la « laïcité philosophique » est « malmenée » sont parfois vagues : « L’interdiction du port du voile intégral (…) doit être prononcée au nom de notre ordre public laïc (sic), qui garantit les libertés individuelles et préserve les opinions d’autrui » déclare Hubert Sage[1]

Elles connotent une conception de la laïcité « exception française » et une interprétation à la rigueur de la loi de 1905.

« C’est notre République, notre Etat de droit, notre laïcité qui se trouvent attaqués. Or le principe de laïcité est inscrit dans la Constitution (…). Nous devons être fiers de ce principe de laïcité qui est propre à la France », affirme Yvette Roudy, ancienne ministre socialiste, tandis que le journaliste[2] Antoine Sfeir renchérit : « la loi de 1905 est parfaitement claire et sépare de façon tranchée, la sphère publique et la sphère privée », tout en indiquant que la laïcité « doit être généreuse, ouverte, partagée. »

(il y a là une confusion entre l’espace public et la sphère publique, qui se rapporte aux institutions)

Quant à Patrick Billaud, vice président du Grand Orient de France,  il se situe dans l’optique d’une laïcité de foi civile : « dans l’espace public, la liberté individuelle  doit s’exprimer dans les limites culturelles de la communauté nationale à une période donnée. »

Tout ce que je viens de citer est extrait du rapport.

 

D’une manière générale, les partisans d’une interdiction insistent

-         sur la conception française de la « citoyenneté », « la montée des communautarismes », l’importance de mettre l’accent sur ce qui « rassemble (…) plutôt que sur ce qui, en accentuant les divergences, détruit le contenu même de la citoyenneté » (Philippe Foussier, Comité laïcité  République) ;

-         sur « l’invasion de la sphère publique par des signes religieux » alors qu’il faut « pouvoir continuer à penser librement sans publicité religieuse agressive » (Yves Pras, Europe et laïcité). Jean-Michel Quillardet (Observatoire international de la laïcité contre les dérives communautaires) affirme, de son côté : «la vision d’une burqa dans la rue porte atteinte à ma propre liberté de conscience. » 

 

L’exposé le plus radical est celui de Pascal Hilout, de Riposte laïque, qui affirme que « des pratiques sociales, dites islamiques, issues des enseignements du Coran et de Mahomet, ont peu de respect pour les êtres » et ajoute: « il faut tout refuser aux musulmans en tant que groupe communautaire et tout garantir aux musulmans en tant qu’individus et citoyens ».

 

Il s’agit une paraphrase du propos de Clermont-Tonnerre sur les juifs en 1791[3]. Comme il est très souvent cité, cela vaut la peine de donner quelques précisions.

On peut noter qu’en 1791 cette conception ne s’appliquait nullement aux catholiques (Constitution civile du clergé) et qu’elle s’est accompagnée à l’égard des juifs d’un double jeu caractéristique de l’attitude dite « républicaine » envers les minorités.

Elle réclame que leurs membres se comportent en individu abstrait, tout en ayant (implicitement) souvent une attitude « communautariste » à leur égard : contrairement aux autres, les juifs ne furent pas autorisés à prêter le serment de citoyenneté comme individu mais seulement à titre collectif représenté par une délégation composée du rabbin et des dirigeants.

 De plus, les juifs ont dû s’organiser collectivement pour arracher leurs droits.

 

Plusieurs groupements laïques « historiques », tout en se montrant hostiles au port du voile intégral, ont estimé impossible de l’interdire au nom de la laïcité.

Pour l’Union des familles laïques[4] « le principe de laïcité doit rester  cantonné à la sphère de l’autorité publique : l’étendre à la société civile serait un contresens et reviendrait à l’affaiblir » (Marie Perret)[5].

Marc Blondel, de la Fédération de la libre-pensée, partage cet avis, et ajoute une vigoureuse défense des libertés publiques : « Les dictatures ont toujours voulu imposer des modes vestimentaires. » L’interdiction du voile intégral (sauf dans des lieux comme l’école publique et pour les agents du service public) « est attentatoire aux libertés individuelles et démocratiques. »

Pour Blondel, la laïcité n’est pas « un art de vivre -elle s’apparenterait alors à une religion- mais un mode d’organisation politique des institutions. Elle vise, par la séparation des Eglises et de l’Etat, à distinguer institutionnellement le domaine de l’administration et des services publics de celui de la vie privée des citoyens. (…)

Il appartient aux femmes et à elles seules de déterminer leur comportement. »

 

Selon Jean-Michel Ducomte, président de la Ligue de l’enseignement, il ne faut pas recourir à une loi, texte «d’exorcisme (…) à la rédaction improbable et à l’application incertaine ».

« Bien plus ajoute- t-il, il ne s’agit pas d’une question de laïcité. »

Ducomte précise : « la Turquie kémaliste a édicté de nombreuses interdictions, notamment sur le terrain vestimentaire. Je ne suis pas sûr qu’une logique d’interdiction portée au bout des canons ait été de nature à faire changer la société turque. » « Oh que si ! », l’interrompt le député Jacques Myard.

Ducompte conclut alors : « Dans l’histoire, quand la laïcité a été altérée, c’est souvent que l’armée est intervenue. J’avoue que, dans ma conception, la  laïcité va avec la démocratie. Une démarche laïque ne saurait être liberticide. »

 

Cet intervenant a précisé qu’en fait le port du voile intégral ne relève pas de la laïcité, « c’est une question de sécularisation ». Et il s’interroge sur « l’aptitude de la société française à ‘digérer’ certaines situations ».

Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’homme, reprend la perspective de la sécularisation : « le phénomène du voile intégral reflète-t-il la montée de l’intégrisme ou est-il plutôt l’expression d’un sursaut désespéré face à une large sécularisation des sociétés de culture islamiques ? » 

En France, pour ce qui concerne les « jeunes filles issues de l’immigration » « le pourcentage de filles qui font des études longue augmente, de même que le pourcentage de femmes qui sont autonomes financièrement. Enfin la fécondité des femmes diminue. Ces données sont incompatibles avec la thèse de l’augmentation de la mainmise de l’intégrisme islamiste ».

Le port du voile intégral témoignerait alors avant tout « d’un mouvement de crispation face à la sécularisation ».

 

Des personnalités qui sont considérées comme le fer de lance de la « laïcité républicaine » se sont montrées réservées ou hostiles à une loi.

Henri Pena-Ruiz se demande « quelle loi, et avec quels attendus ? La question est difficile au regard du régime des libertés publiques et la laïcité ne peut être invoquée sinon par l’affirmation du primat de la loi commune à tous sur les lois particulières à des communautés, en ce que ces lois peuvent consacrer des formes d’assujettissement. »

Pena Ruiz conclut qu’il faut « étudier la possibilité d’un dispositif soigneusement pesé ».

Caroline Fourest, après avoir dressé un tableau de « l’islam politique » estime « qu’adopter une loi interdisant le port du voile intégral serait faire un cadeau à la propagande intégriste. L’argument de la liberté ne doit pas être utilisé, au risque de la faire passer pour un instrument de lutte contre les libertés individuelles. »

On irait alors « vers une laïcité autoritaire qui produirait plus d’effets pervers que d’effets positifs ».

Rien de ce que je viens de citer ne se trouve dans le rapport

(je ne vous ai pas mis de citation de ma propre intervention, je l'ai déjà publiée en intégralité dans ce Blog)

***

Il s’est donc manifesté diverses conceptions de la laïcité dite « philosophiques », aboutissant à des positions divergentes sur la nécessité d’établir une loi. C’est ce que cache le rapport de la Mission.

La situation n’est pas sans analogie avec la période 1899-1904 dont il a déjà été question dans ce Blog.

Des arguments analogues à ceux de cette époque sont invoqués pour durcir la laïcité française contre une partie de la population. Un engrenage risque de s’instaurer. Mais le cercle de celles et ceux qui, pour des raisons diverses, s’inquiètent ou s’opposent à ce durcissement s’est élargi.

 

 



[1] Au nom de l’Association des Libres penseurs de France, petite association dissidente de la Fédération Nationale de la Libre Pensée, créée en 1995.

[2] Et vice président de l’Observatoire international de la laïcité contre les dérives communautaires

[3] « Il faut tout refuser aux juifs comme nation et tous leur accorder comme individus. »

[4] Cette dernière association disant « clairement non » à une interdiction au nom de la laïcité, tout en se prononçant pour une loi d’interdiction car « le voile intégral est le symbole intolérable de la soumission des femmes ».

[5] Le « principe de laïcité » apparaît là, avant tout comme un principe de neutralité.

 

 

11/03/2010

Les "vieux protestants" sont de sacré traîtres: Halde à l'effarant laxisme de M. Longuet.

Je ne voudrais pas court-circuiter ma Note d’hier par une nouvelle Note (et n’oubliez pas de la lire, à la suite de celle-là), mais je signale que les journalistes ont bien tort de remonter au XVIIe siècle et au siège de La Rochelle pour démonter les propos de Gérard Longuet.

 

Point n’est besoin d’aller si haut dans le temps. A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, existait un antiprotestantisme, au moins aussi haineux que les propos arabophobes et/ou islamophobes d’aujourd’hui.

 

Le Courrier français, dans son n° du 25 novembre 1894, publiait dans toute sa 1ère page un dessin qui représentait 4 personnalités protestantes  sur un gibet de potence.

La légende était : « Des protestants, des sans-patrie, des traîtres, en v’la pour de vrais ! »

Les articles de presse, les conférences, les brochures, les ouvrages sur le « complot protestant », « le péril protestant », etc  ont fleuri.

Au début du XXe siècle, il a existé 2 quotidiens antiprotestants, dont le titre même est tout un programme : Le Pays, La Délivrance.

Etc, etc.

 

Il vaut la peine d’examiner de façon précise cet antiprotestantisme, « haine refroidie » car les stéréotypes haineux changent de cibles, mais pas tellement de structure argumentative.

Le matériau antiprotestant est riche dans ce domaine, et d’ailleurs Valentine Zuber et  moi-même avons consacré tout un ouvrage à la question :

Une haine oubliée. L’antiprotestantisme avant le pacte laïque (1870-1905), paru en 2000 chez Albin Michel.

On décrit, on étudie, on décrypte et on livre notre conclusion dans le dernier chapitre : « Analyser les doctrines de haine pour mieux les combattre. »

 

 

Même que ce livre a été couronné par l'Académie françoise. Ce qui prouve 2 choses

- que l'Académie françoise n'est peut-être pas vraiment une Académie française. Y-aurait-ti-pas quelques sang mélé qui s'y seraient infiltrés (par exemple: Yourcenar ce n'est ni trés français ni très masculin, comme nom)?

- "Couronné", vous avez dit "couronné": Ah il est démasqué, le Baubérot: s'il a été couronné, c'est bien qu'il n'est pas un authentique Rrrrépublicain.

 

 

L'antiprotestantisme a été l'apanage de "grands esprits": Maurras et Barrés bien sûr, mais d'autres aussi:

Emile Zola (eh oui, Zola himself!) réclamait: que l'on se révolte contre la mainmise protestante sur l'Etat et la nation : "qu'ils s'en aillent!, écrivait-il, car nous sommes en France et non en Allemagne!"

Alfonse Daudet protestait contre ces protestants qui droguaient les jeunes-filles et les enlevaient pour les convertir de force, et les couper de leur famille,

des députés faisaient des interventions à la Chambre, etc

 

Et vous savez quoi ?

Un beau jour, ces accusations se sont faites plus rares, puis elles ont disparu sans que jamais les protestants aient véritablement prouvé qu'ils étaient innocents de tout ce dont on les accusait.

Alors, il est temps de réveiller un peu l'antiprotestantisme.
D'ailleurs Schweitzer, ce n'est pas vraiment un nom "gaulois"! C'est quelqu'un que l'on "accueille" généreusement (n'est-il pas né en Suisse?)

 

Alors Monsieur Longuet, soyez moins laxiste et lisez ce qui s’écrivait il y a un siècle : vous vous apercevrez qu’il est vraiment scandaleux que ce soit un « vieux protestant » qui dirige la HALDE !

Halte, non Halde à la traîtrise protestante!

 

 

24/12/2009

IDENTITE NATIONALE, LAÏCITE, et "VOILE INTEGRAL": le DERAPAGE

« Entre Carla et moi, c’est du sérieux » : ainsi s’exprimait qui vous savez, il y a un an. Entre vous et moi, avec ma Note d’aujourd’hui, « c’est du sérieux » !

D’abord je reproduis l’intégralité de ma tribune, parue dans Le Monde (n° daté du 22 décembre).

Certains l’ont lue, pas d’autres. Et même ceux qui l’ont lue sont priés de la relire : il y aura interro écrite bientôt ; et si vous n’avez pas la moyenne,…

Voici cette tribune:

Identité nationale :

Pour une laïcité de sang froid

 

La représentation de l’identité française est sous jacente dans beaucoup de débats politiques.

En soi, poser la question n’est pas incongru. Mais Nicolas Sarkozy la traite uniquement sous le biais de l’islam, réduit à une religion d’immigrés récents, ce qui est faux.

 

Le Président a mis la laïcité au centre de nouveaux problèmes.

Il faut alors lui donner toute son ampleur. En fait, depuis plusieurs siècles, la question politico-religieuse se trouve au cœur de l’identité française.

Avec l’Edit de Nantes (1598), la France dissocie citoyenneté et appartenance religieuse. En révoquant cet Edit (1685), elle réunifie, au contraire appartenance nationale et religion.

Le ‘conflit des deux France’, qui traverse la Révolution française et se prolonge au XIXe siècle, met aux prises deux représentations de l’identité nationale :

-         l’une qui conçoit la France comme « la fille aînée de l’Eglise (catholique) »

-         et l’autre pour qui son  identité ne comporte pas de dimension religieuse ; elle est fondée sur la Déclaration de 1789.

 

Sept régimes différents se succèdent alors. Cette instabilité est due au dilemme Monarchie/République liée aux deux représentations divergentes de la France.

Mais ce dissensus ne disparaît pas avec le Ralliement des catholiques à la République (1892) : désormais, on oppose « la République des honnêtes gens » à celle des minorités « factieuses » juive, franc-maçonne, protestante.

La Croix adopte le drapeau tricolore, mais y fait figurer l’effigie du Sacré Cœur. L’affaire Dreyfus s’inscrit dans ce contexte.

Et, ensuite, au tournant du siècle, la recherche par certains républicains d’une « laïcité intégrale », qui vise le dépérissement de la religion elle-même.

En 1902, le politologue Anatole Leroy-Beaulieu montre, dans son ouvrage : Les doctrines de haine, l’antisémitisme, l’antiprotestantisme, l’anticléricalisme, comment, des deux côtés, on refuse le statut de « vrai Français » à ses adversaires.

 

Pourtant, si les haines de la droite nationaliste sont assumées, la transformation de l’anticléricalisme en doctrine de haine est contraire à l’idéal républicain.

Clemenceau le proclame à la tribune du Sénat : « Je repousse l’omnipotence de l’Etat laïque parce que j’y vois une tyrannie. Pour combattre la congrégation, nous faisons de la France une immense congrégation. »

Et Aristide Briand prône une laïcité « de sang froid ».

 

Ces propos montrent la double rupture que représente la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 :

-         rupture envers toute conception où l’identité politique de la France aurait une dimension religieuse ;

-         rupture avec la visée de la « laïcité intégrale » et du gallicanisme d’Etat, qui est plus une religion civile qu’une véritable laïcité. Séparée de la sphère politique, la religion devient un libre aspect de la société civile, dont les lois libérales de la IIIème République ont favorisé le développement.

 

Cet aspect dialectique n’a pas été assumé. Cela arrangeait les deux camps de présenter la loi de 1905 comme une « loi de combat » :

du côté catholique, on pouvait ainsi se prétendre « persécuté » et, du côté anticlérical, faire croire que la victoire était complète.

Cependant la (relative) Union Sacrée de 1914 aurait été impossible en 1904 et, en 1946, la République est devenue constitutionnellement « laïque » alors que la gauche et le MRP démocrate chrétien se partageaient le pouvoir.

 

La représentation de l’identité nationale devenait-elle consensuelle ?

Non, car les laïques militants estimaient toujours que « deux jeunesses » apprenaient, dans « deux écoles » (la publique et la privée), deux visions différentes de la France.

En 1965, le dirigeant laïque Jean Cornec écrivait que la loi Debré (1959) c’était « Vichy sous de Gaulle », et la pétition contre cette loi avait recueilli plus de 10 millions de signatures.

La laïcité, invoquée essentiellement sur cette question, restait le marqueur d’une identité de gauche.

 

Pourtant, quand celle-ci, parvenue au pouvoir, a voulu intégrer l’école privée sous contrat dans un grand service laïque de l’éducation nationale (1982-1984), l’opinion publique n’a pas suivi.

Après Vatican II, il n’était plus crédible de penser que les « deux écoles » enseignaient deux France différentes.

Si, comme dans toutes les sociétés démocratiques, des tensions existent toujours, le conflit des deux France a pris fin.

 

A partir de 1989, une autre laïcité s’emboîte sur celle de feu le conflit des deux France.

- Elle n’a pas la même historicité et s’enracine dans l’histoire de « l’Empire colonial » et de la décolonisation.

- Elle ne relève pas de la même géo-politique car elle n’est plus liée à un conflit hexagonal, mais à la peur d’une mondialisation « anglo-saxonne », des flux migratoires et de l’islamisme politique transnational.

- Sa construction sociale est différente : 15 ans d’ « affaires » de foulard très médiatisées ont précédé la loi « de laïcité » de 2004.

- Les forces politiques ne sont plus les mêmes : en 2003, le « Rapport Barouin » affirme que la laïcité est devenue une valeur de droite.

Elle est donc un nouvel enjeu politique, non plus dans l’opposition gauche-droite, mais comme instrument d’une surenchère où l’on vise à faire paraître son adversaire comme moins laïque que soi-même.

 

La laïcité est devenue une représentation consensuelle de l’identité nationale, mais sa vision dominante se lie à une identité frileuse, où (comme lors de la « laïcité intégrale ») la République se croit fragile, menacée.

Et alors qu’en 1905 Briand demandait à la France de rejoindre les pays où « l’Etat est réellement laïque » (il en citait une bonne dizaine),

en 1989 surgit le thème nouveau de la « laïcité exception française » que les « étrangers ne pourraient pas comprendre » !

 

En fait, tous les ‘anciens Français’ -y compris en Alsace-Moselle où les lois fondatrices de la laïcité française (loi Ferry sur l’école publique, loi de séparation) ne s’appliquent pas- sont considérés par essence comme laïques, tandis que les ‘nouveaux Français’ (les descendants d’immigrés) devraient prouver qu’ils le sont.

Certains d’entre eux, d’ailleurs, s’inscrivant dans la surenchère laïque, deviennent des alibis pour prôner une laïcité intégrale d’un nouveau type puisqu’elle ne s’applique qu’à une partie bien précise de la population.

 

Au même moment, le président de la République, au nom d’une « laïcité positive », veut « valoriser les racines essentiellement chrétiennes » de la France. Cela signifie remettre, sous couvert de patrimonialisation, une certaine dimension religieuse dans l’identité politique française.

Nous nous trouvons donc dans une dialectique inverse de celle de 1905.

Malheureusement, pour le moment, aucune force politique ne nous propose une laïcité « de sang froid ».

 

Ensuite, un point rapide sur le « voile intégral ».

Il arrive, en effet, 2 choses totalement imprévues de nos parlementaires chéris ; et qui, heureusement, engendre pas mal de malaise :

-         d’abord le débat sur le « voile intégral » est court-circuité par un débat de plus en plus nauséabond sur l’identité nationale (parce que ce débat s’effectue de façon complètement biaisée)

-         ensuite, fait totalement inédit, Copé ne tient aucun compte de la Mission parlementaire et entend déposer sa propre proposition de loi.

On ne peut mieux signifier à ses collègues, que l’on considère leur travail comme de la merde !

Que le Parlement, quand ce n’est pas l’exécutif qui le viol, c’est le chef de la principale formation parlementaire.

Et après, certains vont déplorer le développement de l’antiparlementarisme !

 

Sur le 1èr point, pas besoin de vous faire un dessein : la façon dont le débat sur l’identité nationale dérape, vous êtes au parfum autant que moi.

 

Posons nous donc la question : pourquoi Copé agit ainsi ?

Je vois 2 raisons principales :

 

D’abord Copé fait tout pour se placer (ne laissez pas votre grand-mère seule avec lui, Dieu sait ce qui pourrait lui arriver !), faire la nique à Xavier Bertrand (pas chaud pour une loi), etc.

C’est de la politique bassement politicienne.

C’est vraiment dégueulasse de traiter ainsi des problèmes importants.

 

Ensuite, la Mission parlementaire n’a sans doute pas donné ce que l’on attendait d’elle.

Pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayer : la façon dont les uns et les autres avons été auditionnés montrait un mahous  parti pris, …

Il n’empêche : beaucoup de personnes auditionnées se sont montrées hostiles à la loi. Notamment :

-         La plupart  des organisations laïques se sont prononcées contre une loi, et la plus « militante », La Libre pensée a été celle qui a dénoncé le plus le risque d’une dérive anti-démocratique

-         La plupart des juristes (5/6) ont été du même avis.

Et d'une manière générale, les 2/3 des 178 auditionnés (dont la plupart étaient à la fois contre le voile intégral et contre une loi:)

Tout cela ne génère pas un débordement d’enthousiasme !

D’où la manœuvre de Copé, qui met en avant la « sécurité » pour trouver un motif qui ne soit pas inconstitutionnel et/ou désavoué par la Cour européenne des droits de l’homme :

 

La sécurité : le « voile intégral » n’est pas spécialement visé. Pas du tout.

Non, non, ma brave dame, on n’y a même pas songé, c’est dire !

Au championnat du double langage, Monsieur Copé obtiendra la médaille d’Or.

 

Enfin, people comme vous êtes, les frasques de Tiger et la maladie nosocomiale de Johnny ne vous suffisent pas.

Vous voulez du beaucoup plus excitant !

Vous voulez savoir pourquoi je fais des fôôôtes d’orthographe.

Eh bien soit, d’autant plus que cela rentre en plein dans le sujet de ce Blog.

Vous le saurez avec la prochaine Note.

Vous le saurez dans 4 à 5 jours, sans faute.

« Sans faute ? » : «  Pas la peine, répliquez vous petits coquins : écrivez votre Note comme d’habitude ! »

 

BONNES FÊTES QUAND MÊME !

 

 

 

 

 

 

 

19/12/2009

Mouloud, l’intégration et l’identité nationale

 

 

Chers Amis,

Mon frère siamois a apprécié ma lettre à Nicolas Sarkozy. Il m’a dit : « Mouloud, tu dois bien avoir des idées sur les débats actuels. Pourquoi tu ne nous en ferais pas part ? »

« Jean lui ai-je répliqué, je ne veux squatter ton Blog. Tu sais, moi je suis plutôt habitué à une « humble discrétion », comme le susurre notre bien-aimé Président. » 

En fait, j’avais pas mal de copies à corriger, et cela ne m’enchantait pas de beaucoup travailler le week-end pendant qu’il irait courir le guilledou !.

Mais, il est un peu retors, mon frère siamois. Il m’a fait parler d’intégration et d’identité, et m’a donné ainsi envie d’écrire 2 ou 3 petites choses.

Il m’a promis également de ne pas abuser et de reprendre les rennes de son Blog dés la semaine prochaine.

 

L’intégration, bien sûr, j’en parle à mes élèves. Mais, curieusement, pas comme un certain Eric Besson. Cela vous étonne ?

Dans ma classe, on trouve des prénoms de toutes les couleurs.

Des prénoms dont les racines viennent d’Asie, et de Franche-Comté, d’Alsace et d’Afrique, de Bretagne et  de l’Europe de l’Est, de la Sicile, de l’Artois, de la Catalogne et du Portugal, des Antilles et de la Corse, et même des Etats-Unis, via la télé !

Tous ces gars et ces filles vivent en France, il leur faut s’intégrer à la société française, au monde des adultes et, en général, ils ne demandent pas mieux qu’y faire leur place.

Ils se demandent plutôt : Pourrais-je arriver à y avoir ma place ? Pourrais-je avoir un job, un logement, faire vivre une famille, bref : me permettra-t-on de m’intégrer ?

 

Je leur fais faire un pas de plus en leur expliquant qu’une société, ce n’est pas seulement la somme des individus qui la composent, mais surtout la qualité des relations qu’ils établissent ensemble, dans leur diversité multiforme (sociale, culturelle, professionnelle, religieuse,…).

C’est d’abord cela l’intégration (réciproque).

« Alors un grand bourgeois du XVIe avec chauffeur, qui ne prend jamais le métro, qui est habitué à ce que tout le monde soit à son service et n’a de relations qu’avec ceux qui lui ressemblent n’est pas très intégré ? » me demande Kim.

 

Je me suis entendu répondre : « Oui. Certes, pour certains, il est parfaitement intégré. Ou plus exactement, la question ne se pose même pas.  Mais, pour moi, effectivement, il a des efforts d’intégration à faire. »

Il faut dire que Kim, lui, il dirige une troupe de scouts, et il les fait crapahuter le week-end en de multiples endroits. Ses parents étaient des boat people, pourtant il serait particulièrement stupide de lui dire qu’il n’est pas déjà intégré.

Lui, il l’est parfaitement et j’aimerais bien que tous les élèves de la classe aient autant de sens des responsabilités et d’allan.

 

Mais, après leur avoir indiqué que l’intégration est l’affaire de tous, je leur dis aussi, que Monsieur le ministre me pardonne !, que l’intégration n’est pas la panacée universelle.

Une intégration absolue, cela donnerait des clones ! Développer son individualité est aussi important que s’intégrer.

Mes élèves se posent des tas de questions, ont des tas de révoltes, trouvent que plein de choses vont mal dans notre pays. Et je ne voudrais pas qu’ils renoncent trop vite à ces interrogations, à ces mises en questions.

 

On parle toujours d’intégration sans jamais dire ce que l’on entend par là.

Il existe, en fait, deux visions implicites de l’intégration.

 

La première est statique : elle prend la société à un moment donné de son existence. Elle s’appuie sur ses normes, ses habitudes, ses valeurs, sa façon de vivre,…et intime l’ordre à tout un chacun d’adopter cet ensemble.

Attention, je ne prétends pas qu’il serait mauvais être relativement intégré en ce sens là. Au contraire.

Je ne suis pas vraiment un anar, encore moins un nihiliste. Je sais que la vie en société comporte des automatismes, des règles, des routines, des petits rituels,…

Que tout cela n’est nullement à dédaigner.

Je tente même d’apprendre à mes élèves à maîtriser ces choses, sinon ils ne seront pas à l’aise dans la vie sociale ; ils se retrouveront marginalisés.

 

(Je m’aperçois d’ailleurs que le grand obstacle à cette sorte d’intégration, ce n’est pas l’origine culturelle, religieuse ou ethnique,

c’est « le tout télé » : la dérision systématique, le langage grossier, l’apologie de la violence et du spectaculaire érigés en norme par de pseudos comiques ou animateurs  grassement payés  qui deviennent des modèles implicites de réussite sociales, alors qu’ils sont tout simplement des concentrés de bêtise satisfaite.

C’est aussi, et cela va de pair,  le « tout people » : la production sociale de la superficialité, de l’insignifiance, du vide de sens, les anciens ragots et médisances de villages et de quartiers devant l’actualité planétaire.)

 

 Même si ces obstacles se trouvaient surmontés,  trop d’intégration statique produit de l’uniformité, de l’immobilisme et du conformisme social.

Elle est appauvrissante.

Il existe une autre façon de concevoir l’intégration : une façon dynamique où l’on passe (j’aime bien les métaphores : c’est pédagogique !) de la photo au cinéma ; où l’on considère la société dans son devenir.

Et là, l’intégration, c’est une dialectique entre la proximité et la distance. Pour faire bouger les choses, pour que la société soit en mouvement, il ne faut pas coller à l’ordre établi ni à la routine. Il faut apporter du neuf, sans être exclu pour autant.

 

Si une société reste immobile dans un monde qui change, elle ne tarde pas d’être à la traîne.

 

Une société n’est pas non plus un monde clos, replié sur lui-même.

Je suis historien, et depuis une bonne dizaine d’années les historiens insistent sur ce qu’ils appellent les « transferts culturels » :

Cette expression, un peu technique, signifie que chaque pays construit son identité nationale dans le cadre d’une circulation transnationale des objets et des idées, des cultures et des affects, avec de l’import et de l’export culturels, que chaque société modifie et adapte.

 

Une société est un ensemble qui a, de façon constante, des relations avec d’autres sociétés, de multiples échanges, pour le meilleur et pour le pire.

 

Et c’est là qu’en regardant et en écoutant ma classe, je me dis souvent qu’il y a une formidable aubaine à saisir pour la société française.

Dans ma classe, on trouve pratiquement le monde entier… francisé.  Quelle extraordinaire opportunité d’être ainsi, sur son propre territoire, en relation avec ce monde entier, dans une terre qui s’est « globalisée » !

Quel atout pour un pays d’avoir en son sein autant de personnes qui peuvent constituer des passerelles vers d’autres sociétés, d’autres cultures. Ouvrir la France vers l’extérieur, et ouvrir aussi l’extérieur vers la France.

Des médiateurs, des ambassadeurs : voilà un peu comment je considère mes élèves.

 

Mais je me dis aussi : la France, « ce cher et vieux pays » dont parlait de Gaulle, saura-t-il saisir cette chance ?

Quand est-il de sa capacité à intégrer ?

Va-t-il être un pays vieillissant, enfermé dans la nostalgie d’un passé qu’il considère comme glorieux, tourné sans cesse vers ses « racines », n’arrivant pas à regarder l’avenir en face ?

Ou va-t-il se propulser d’un passé (d’ailleurs multiforme) vers un avenir à construire ?

 

Les racines, le passé (qui n’est pas que « racines », mais comporte des phases historiques différentes), moi Mouloud, historien je vous le dis, c’est comme l’intégration statique : c’est bien si c’est relatif.

C’est comme (autre métaphore) quand vous conduisez votre voiture : il faut regarder de temps à autre dans le rétroviseur, mais pas tout le temps, mais surtout pas au dépens de la route qui est devant vous.

 

Alors, arrêtez tous, à droite, mais aussi à gauche, de convoquer les mânes des grands ancêtres, de nous raconter notre passé (idéalisé !). Parlez nous de l’avenir.

Projetons nous dans l’avenir.

Notre identité nationale, ce n’est pas ce que nous étions, c’est ce que nous allons être, tous ensemble.

 

Car la question principale, celle dont si peu de gens parlent, est peut-être celle là : la société française saura-t-elle profiter des possibilités nouvelles que lui offre la génération qui arrive à l’âge adulte ? Saura-t-elle s’intégrer à sa jeunesse ?

Saura-t-elle avoir une identité inclusive ?

Saura-t-elle faire que les plus entreprenants, les plus dynamiques (quelles que soient leurs origines) se sentent à l’aise chez elle ?

Sinon, ils partiront ailleurs.

 

Certains partent déjà, et j’ai d’anciens élèves talentueux qui, n’ayant pas trouvé en France la place à laquelle ils avaient droit, l’ont quittée.

La France saura-t-elle être attractive pour les jeunes ?

La balle est dans notre camp, nous les adultes, les déjà ou bientôt vieux.

 

Votre Mouloud.

 

PS/ si j’ai bien compris l’indication donnée par l’hébergeur, l’adresse est, depuis le 18 décembre passée de « blogspirit.com » à « mail.blogspirit.com » (et deviendra uniquement cette dernière adresse au 1er janvier 2010)

Cela donnerait : http://jeanbauberotlaicite.mail.blogspirit.com

Ai-je bien compris ou est ce que je me mets le doigt dans l’oeil ?

12/11/2009

Fiers d'être Français...et Mexicains!

ET VIVE LE HAUT CONSEIL A L’INTEGRATION

 

D’abord un petite suite (et fin) des nouvelles du Blog. Depuis que j’ai signalé (cf. le début  de ma dernière Note) que, dés le 1er de chaque mois, blogspirit m’indique 2 chiffres bien différents quant au nombre de visites et à celui des visiteurs, j’ai eu des échos divergents.

Certains disent qu’il leur arrive de consulter 2 fois le Blog le même jour, d’autres que 2 personnes (voire parfois 3, mais c’est assez rare) consultent le Blog à partir du même ordinateur.

Alors, ne tergiversons pas : les 17493 pages et les 7326 visites d’octobre correspondent à 10000 visiteurs selon les syndicats et à 2500 selon la police.

De toute façon, c’est nettement plus que le nombre de femmes en burqa (qui varie, lui, selon les estimations officielles de 367 à 2000).

 

Je demande donc, que dis-je, J’EXIGE qu’une Mission d’information parlementaire soit, de toute urgence, consacrée à l’étude de mon Blog pendant 3 ans (puisqu’elle s’occupe de la burqa pendant 8 mois, le ratio est correct, non ?).

Sinon, je deviens un salafiste radical, pour, enfin, que l’on me prenne en considération.

C’est vrai, quoi : y’en a marre de pas être considéré comme un danger pour la République, une menace pour la douce France.

Alors que je suis un péril national.

 

En plus, les témoignages recueillis par une enquête confidentielle des ex-RG donnent des résultats très inquiétants pour les « valeurs » suprêêmes de la mère patrie.

Les Internautes qui surfent sur le Blog sont à 50% des perturbateurs de droite et à 50% des perturbateurs de gauche.

De droite puisque l’échantillon, sélectionné selon la méthode des quotas, et atteint par téléphone portable durant les cinq dernières minutes, donne 120% d’insatisfaits de Nicolas Sarkozy.

De gauche, puis que le même échantillon, contacté de la même manière les cinq minutes suivantes, donne 120% d’insatisfaits du PS.

 

Alors, Messieurs et Mes (quelques) dames les parlementaires adorés, REVEILLEZ VOUS et sachez combattre les véritables risques mortels que court notre pays, sachez le sortir de la perdition où il s’enfonce.

Aux armes députés, formez vos bataillons,…. qu’un Blog impur abreuve vos sillons.

 

Ouf, ça fait du bien !

 

Mais, c’est pas tout ça : pendant que le superparlement auditionne à tout va, le superprésident n’est pas en reste et, par besson interposé, il identiténationalise à tout va.

Et dire qu’il existe sur terre des hyper malheureux qui n’ont pas la chance, la joie, le bonheur, l’extase d’être Français.

Quel cauchemar ce doit être.

Mais il faut avoir le courage de l’affirmer : c’est bien de leur faute et ils n’ont que ce qu’ils méritent

Un dicton, bien de chez nous, déclare en effet :

« Tout homme (et cela inclut même les femme, c’est dire si on n’est pas bégueule) a deux patries : son pays et la France »

Alors pourquoi des milliards d’êtres humains ont-ils renoncé à leur patrie françoise ?

Alors que nos Préfectures voudraient tant les accueillir à bras ouverts

Et itou pour nos Consultas et Ambassades.

 

Il n’ont pas encore compris ce qu’écrivait Régis Debray en 1989 (il y a 20 ans, au moment de la chute du dit « Mur ») : « Comme l’Homo sapiens est un mammifère plus, la république est la démocratie plus ».

Et je vous rassure tout de suite, il ne parlait ni de la République américaine, ni de l’Allemande, ou de l’Italienne.

Non, de la seule, de la vraie, de l’unique.

De, affirmait-il fièrement, « ce par quoi notre pays fait, en Europe et dans le monde, exception. » (Le Nouvel Observateur, 3011/89).

 

(Précision : j’aime bien Debray et je ne voudrais pas que l’on croit que je le réduit à cet article. Lisez sa revue Medium, elle est fort intéressante. Le problème est le significatif succès qu’a eu l’article précisé, qui a donc été le catalyseur d’un courant d’idées qui, lui, continue tel quel, même si son auteur a, lui, évolué)

 

Laissons donc à leur triste destin les mammifères qui n’ont pas atteint l’âge d’or de l’homo sapiens, et polluent notre belle planète

(car entre nous, il n’y aurait que des Français sur terre, à part les soirs où le PSG affronte l’Olympique de Marseille, il se produirait quand même moins de massacres. Evident mon cher Watson)

Laissons les pour nous occuper de notre National Identity

(Ça c’est en anglais pour tout de suite prévenir les fervents Républicains qu’ils doivent à la hâte quitter ce Blog…. si ce n’était pas déjà fait).

Parce que la National Identity concerne, au premier chef, the laicity. Et, plus précisément the specific french touch de la laicity.

 

Quand nous, scientifiques zimbéciles et zuniversitaires fumeux, loin de toute « réalité » (les députés de la Mission ne me l’on pas envoyé dire, cf. la Note du 28/10), on prend des « indicateurs » de laïcité[1], et on compare les différents pays

(Roberto Blancarte, et son équipe de sociologues latino-américains, l’ont fait pour la France et l’Amérique latine)

Vous savez quoi : la France n’est pas empiriquement (=concrètement) le pays le plus laïque

(Cela montre à l’évidence, que ces indicateurs ne peuvent être qu’archifaux, et qu’il faudra les changer jusqu’à ce que la France arrive en tête ;

d’ailleurs je ne sais pourquoi ces zigotos-sociologues ont eu le culot de « comparer » puisque -nombres de personnalités politiques dixit- la laïcité est une exception française à laquelle les Estrangers « ne peuvent rien comprendre »[2]

Et c’est sans doute parce qu’ils n’arrivent pas à comprendre qu’ils m’invitent si souvent pour en parler avec moi !)

 

- il y a des pays qui de n’ont pas du tout de Concordat, ni « cultes reconnus » ;

- il y en a d’autres où les subventions aux écoles privées sont moins fortes, voire riquiqui ou nulles ;

- il y a des pays où les fêtes religieuses chômées sont moins nombreuses, voire au choix des citoyens, etc, etc

- il y a même des pays où on ne reconnaît pas la validité des diplômes délivrés par le Saint-Siège,

C’est dingue, non !

Drôles de pays : des espèces de démocraties de mammifères moins, sans aucun doute !

 

Mais je vous rassure, on est quand même, et de très loin, laïquement les meilleurs dans l’Histoire du World.

Et je vais, dans cette Note et les prochaines, vous le démontrer derechef.

 

Une seule et unique condition pour rétablir la vérité : quitter les élucubrations, à dix millions de milliards de lieux de la « réalité » des zuniversitaires-zintellectuels, pour s’en tenir à la vérité établie des documents officiels, la seule qui compte.

Eux ne trompent pas, que non.

 

1ère leçon : L’Histoire.

 

En 2007, un organisme officiel, le Haut Conseil à l’Intégration, écrit au début d’un Rapport en vue d’établir une Charte de la laïcité : « Objet d’étonnement pour le monde, la loi [française] de séparation [de 1905] a suscité des émules et fait naître des imitations (…notamment) au Mexique »[3].

C’est beau, c’est grand, c’est limpide.

La France, institutrice des Nations.

Tiens Villepin et Sarko, quand ils auront fini de régler leur léger différent, devraient écrire ensemble un ouvrage sur le sujet.

 

Le monde entier en général et le Mexique en particulier ont assisté, interloqués, muets d’étonnement, à l’éclosion de notre laïcité chérie en 1905.

Et ils se sont précipités pour l’imiter.

Emules fervents de la France étonnante, ils se sont tellement précipités qu’à Mexico, ils ont séparé l’Eglise et l’Etat en …1859.[4]

 

Ça, c’est une sacrée imitation. Il faut reconnaître aux Mexicains, qu’ils sont, eux aussi, des « mammifères plus »… qui mériteraient presque d’être Français.

En effet, les Mexicains, en 1859, ont opéré de la manière suivante : ils se sont dit : « Imaginons ce que les Français vont faire en 1905, et… imitons les, sans plus attendre. »

Ils sont futés quand même, en buvant leur tequila !

Et ils viennent de fêter les 150 ans de la séparation mexicaine. Là, ils attigent un brin ; il aurait été plus poli de leur part d’attendre le bicentenaire de la loi de 1905, non ?

 

Mais il y a plus, car si intelligents soient-ils, les Mexicains, question subtilité, n’arrivent quand même pas à la cheville des habitants du pays de Descartes (mais non, halte à l’horrible calomnie, Kafka n’était pas Français).

Car, vous savez quoi,

Les Français de la IIIème République se sont dit eux :

« Puisque les Mexicains nous ont imités par anticipation en 1859, alors pour établir la séparation chez nous, il nous suffira d’imiter, à notre tour, l’imitation de la France faite, par avance, par le Mexique »

 

J’espère que vous suivez ce raisonnement sublime.

Si vous êtes largué, relisez le jusqu’à ce que vous compreniez le schmilblick, sinon gare à vous : Besson va vous retirer l’identité française si vous aviez l’aubaine d’avoir.

Si vous n’êtes pas Français, par contre, il est naturel que ce soit trop compliqué pour vous, alors consolez vous : c’est génétique, et rejoignez vite les autres mammifères, dans leur pôvres démocraties.

 

Donc pour les Français de France et de Navarre, je poursuis et donne quelques exemples :

En 1881, le Ministère des Affaires étrangères français demande à l’Ambassadeur du Mexique de lui communiquer les textes de loi mexicains portant sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Il justifie cette demande en lui écrivant : Les Français sont « impressionnés par les résultats merveilleux de cette législation ».[5]

Il n’a pas ajouté : « cette législation que vous avez, avec 46 ans d’avance, honteusement copié sur celle que nous ferons en 1905 ». Mais c’est par pure délicatesse.

 

Ceci écrit, les Français se sont dit : « On a tout le temps d’imiter les Mexicains, puisque, de toute façon, ils nous ont, par avance, imité. Donc, ne nous pressons pas. »

Et quand les Mexicains ont envoyé à Paris les textes donnant « les résultats merveilleux de cette législation », cela a fait le bonheur des souris…françaises.

 

Cependant, à partir de 1903, les Français ont senti qu’il fallait faire quelque chose : les Mexicains de 1859 avait imité les Français de 1905…et on arrivait presque à la date fatidique, source de l’imitation mexicaine

(J’espère que vous me suivez toujours. Je vous avais prévenu : c’est hypersubtil, puisque c’est Français)

Alors les Français du début du XXe siècle ont multiplié les imitations de leurs imitateurs par anticipation :

 

Une des premières, et des plus importante, proposition de loi de séparation, déposée par Francis de Pressensé, président de la Ligue des droits de l’homme, et co-signée par Aristide Briand et Jean Jaurès, se réfère explicitement à l’exemple du Mexique.

L’année suivante, en 1904, paraît l’ouvrage L’Eglise et les Etats trois exemples de séparation Belgique - Etats-Unis – Mexique.[6] de Pierre-Georges la Chesnais.

Le plan de son livre, bien diffusé dans les milieux républicains, notamment francs-maçons, en donne clairement l’orientation : il va du système de séparation le moins laïque au système le plus laïque.

La séparation à la belge ne s’affranchit pas vraiment du « cléricalisme » même si elle l’affaiblit.

La séparation américaine a fait œuvre de « liberté ». Mais une partie de la religion tente de devenir une « puissance politique » et l’auteur prévoit de futures luttes entre cléricalisme et anticléricalisme.

En revanche, la séparation mexicaine a résolu le problème clérical : une législation séparatiste « complète et vigoureuse » se trouve « appliquée sans difficulté».

 

Cette séparation mexicaine laisse au clergé « tous les moyens nécessaires pour qu’il puisse se consacrer exclusivement (…) à l’exercice de son ministère sacré. » La « règle générale invariable » est « la plus parfaite indépendance entre les affaires de l’Etat et les affaires purement ecclésiastiques. » Il s’agit donc, selon lui, d’une loi de liberté.

En voilà un qui avait fort bien compris à quel point les Mexicains avaient, par avance, imité la France !

 

A la suite de notre auteur, des leaders radicaux, comme Clemenceau, Pelletan et des francs-maçons considèrent « dans le ‘modèle’ mexicain un exemple pour la République française »[7]

 

Aristide Briand, le rapporteur de la loi, rédige un chapitre consistant sur les « législations étrangères ».

Il commence par les pays où existe une « religion d’Etat ».

Ensuite, il aborde les pays qui, comme la France, en sont au « stade » de la « demi-laïcité ».

Enfin, il « étudie (…) quelques pays d’Europe » et « plusieurs grandes républiques américaines » où « l’Etat est réellement neutre et laïque » et où « les Eglises sont séparées de l’Etat ».

 

Briand s’attarde surtout sur les Etats-Unis et le Mexique qui clôt son chapitre.

Son propos s’inspire largement de l’ouvrage de La Chesnais et conclut : « Le Mexique possède (…) la législation laïque la plus complète et la plus harmonique qui ait jamais été mise en vigueur jusqu’à ce jour. Il est délivré depuis trente ans de la question cléricale et a pu se vouer entièrement à son développement économique : il connaît réellement la paix religieuse[8]

 

Devinette : s’il faut parler « d’imitation » (ce qui est un mauvais terme pour les historiens qui, dans leur ignorance complète de la « réalité », parlent de « transferts culturels »[9]) : qui a imité qui ?

La France ou le Mexique ?

Il est bizarre, de chez Bizarre, qu’aucun document mexicain n’écrive : « Objet d’étonnement pour le monde, la loi [mexicaine] de séparation [de 1859] a suscité des émules et fait naître des imitations (…notamment) en France. »

Ce serait moins éloigné de la ‘vérité historique’ !

 

Mais la dite vérité historique n’a rien à voir avec le document sur la laïcité du Haut Conseil à l’Intégration, qui l’ignore superbement !

Et n’estime pas avoir le devoir de la respecter, préférant la déformer pour des raisons idéologiques dont nous allons reparler)

(en revanche le rapporteur de la Commission « voile intégral » propose un « devoir de réserve » pour les prix Goncourt »

Bravo, bravissimo mais c’est trop timide : supprimons carrément la liberté d’expression, au moins le gouvernement pourra, enfin, faire son travail et la France sera heureuse, puisque tous les mal pensant la quitteront !)

 

En attendant ce lendemain qui chante, « objet d’étonnement pour le monde », ce document du HCI est….absolument INIMITABLE

 

PS :  Question aux Internautes : quelles sont les RAISONS IDEOLOGIQUES de La Contre-vérité énoncée par le HCI ?  Car, bien sûr, il s’agit de cela.

Les paris sont ouverts.

Et vos commentaires les bienvenus

Prochainement sur ce Blog: la réponse et comment et pourquoi la laïcité française a CHANGE D’IDENTITE NATIONALE pendant la Vème République

2ème PS : consultez la vidéo de l’audition par la Mission Parlementaire du Collectif des Féministes pour l’égalité : http://www.assemblee- nationale.fr/13/commissions/ voile-integral/voile-integral- 20091028-2.asp



[1] Démarche habituelle en sociologie

[2] Dixit notamment F. Bayrou (La Croix, 12/4/07), mais il est loin d’être le seul.

[3] Haut Conseil à l’Intégration, Charte de la laïcité dans les services publics et autres avis, Paris, La documentation française, 2007, 192.

[4] Oui, ils fait cela en 1859, et la France, pas très contente de cette imitation précoce, leur à fait comprendre que l’on imite le « pays des droits de l’homme » qu’à ses risques et périls, et a…envahi le Mexique pour lui imposer un Empereur : Maximilien.

Mais, dans leur volonté farouche, d’imiter la France, les Mexicains ont vaincu l’armée française (à Puébla), puis exécuté l’Empereur et re-séparé l’Eglise et l’Etat en 1874.

[5] Cité par J.-A. Meyer, L’Amérique Latine, in J.-M. Mayeur et alii, Histoire du christianisme, tome 12, Paris, Desclée – Fayard, 1990, 965.

[6] P.-G. La Chesnais, L’Eglise et les Etats trois exemples de séparation Belgique - Etats-Unis – Mexique, Paris, Pages Libres, 1904.

[7] J.-P. Scot, ‘L’Etat chez lui, l’Eglise chez elle’ Comprendre la loi de 1905, Paris, Le Seuil, 2005, 321.

[8] Le Rapport de Briand est facilement consultable sur le site Internet de la Ligue de l’enseignement : www.laicite-laligue.org et je vous en avais déjà parlé (petits veinards !) dés 2005 sur le Blog.

 

[9] Cf. le texte stupide commis par votre très honoré serviteur : Transferts culturels et identité nationale dans la laïcité française, Diogène, 218, avril 2007, 18-27

05/11/2009

Nouvelles, Lévi-Strauss, Identité nationale

1)      Nouvelles du Blog

D’abord quelques nouvelles du Blog. Je l’ai dit et redit : je ne cherche naturellement pas l’audimat ! Ceci dit, le jour où il n’intéressera plus grand monde, je l’arrêterai.

On est loin d’en être là, pour le moment, et la rentrée s’est bien passée.

 

Blogspirit me donne 3 séries d’indications :

-les « visiteurs uniques »

-les « visites »

- les « pages »

En août, mois traditionnellement plutôt creux, 2021 visiteurs uniques ont effectué 5368 visites et lu 13367 pages.

En septembre : 2729 visiteurs, 6430 visites et 16235 pages

En octobre : 3092 visiteurs, 7326 visites et 17493 pages.

 

Voilà, vous savez tout, sauf que je m’interroge sur la notion de « visiteur unique » : cela doit correspondre au nombre des ordinateurs, mais avec plus d’un internaute utilisateur.

Si je dis cela, ce n’est pas QUE  pour préparer ma future candidature à la candidature pour désigner le candidat à la prochaine présidentielle, en dopant les statistiques.

Ou pour avoir le monopole de la pub de l’Oréal, encore que je le vaux bien !

Non, c’est à cause d’un phénomène qui m’intrigue.

 

Le 1er jour de chaque mois, le nombre de visiteurs et le nombre de visites est toujours très différent. Par exemple, le dimanche 1 novembre, blogspirit m’indique 144 visiteurs et 272 visites.

Cela fait presque 2 visites par visiteur ce 1er novembre. Je veux bien qu’il y ait des accros qui ne sauraient passer un happy day sans consulter 2 fois le blog, mais quand même !

Il me semble qu’il est plus vraisemblable que certains ordinateurs ont plusieurs utilisateurs et que le bouche à oreille fonctionne à la maison ou au bureau.

Mais, peut-être je me mets le digitus in occulo, comme disent nos amis Lettons.

Qu’en pensez-vous ?

 

Pour en finir avec les stat, je suis également réjoui par le nombre de « pages »

Il y a environ 2 pages ½ par visite, ce qui semble indiquer un réel intérêt (mais, là aussi, je ne sais pas exactement ce que cela recouvre, et suis preneur d’informations).

 

.Enfin, pour terminer par une congratulation réciproque, l’interactivité fonctionne bien : les commentaires sont, en général, tout à fait intéressants, même si (et je le regrette) je ne peux répondre à tous.

Mais j’ai noté pas mal de remarques ou questions lors de 2 dernières Notes, que je garde en mémoire, pour lancer une série de Notes qui va associer ce qui se passe avec la Commission parlementaire sur la burqa et le débat bessonien sur « l’identité nationale ».

C’est dans ce cadre plus vaste que je tenterai de répondre à ces remarques et questions.

 

2)      Autre nouvelle : Une présidente pour l’Europe

Je signale à celes et ceux que cela intéresse une initiative citoyenne :

Face aux vieux routiers politiques et bureaucratiques en lice pour la présidence européenne, soutenir quelqu’un qui apporterait quelque chose de neuf :

Mme Vaira Vike Freiberga, ex Présidente de la République de Lettonie (1999-2007) et vice-présidente du Groupe de réflexion pour l’avenir de l’Europe.

 

Exilée de son pays quand il était sous occupation soviétique, Mme Freiberga a séjourné en Allemagne, Maroc, Canada, ce qui lui donne une connaissance forte de diverses parties du monde. Elle a, entre autres, reçu le prix Hannah Arendt en 2005.

Pour en savoir plus et, si accord, signer la pétition :

http://www.unepresidentepourleurope.eu/

 

3)      Claude Lévi-Strauss

Juste un petit témoignage personnel : en 1986, j’ai été élu président de la section des Sciences Religieuses de l’Ecole Pratique des hautes Etudes.

C’était une vraie rupture car, d’habitude, le poste considéré comme plus ou moins honorifique, était réservé à des professeurs en fin de carrière.

Cela a donc fait grincer les dents de certains collègues. Mais j’ai pu compter dés le départ sur l’appui de Claude Lévi-Strauss, qui avait été longtemps professeur à la section et qui considérait certains de ses livres (notamment Tristes Tropiques) comme la mise en forme livresque de ses cours à l’EPHE.

Il m’a aidé lors du Centenaire de la section et, quand je le lui ai demandé, il a accepté d’envoyer des lettres au Ministère pour contrer telle ou telle décision fâcheuse.

 

4)      L’identité nationale :

Exemple typique de la méthode Sarkozy :

au départ l’idée est bonne (comme celle du Grand Paris ou de la réforme des collectivités territoriales, actuellement véritable usine à gaz, etc).

En effet, en 50 ans (ce qui est peu) la France a « perdu » son Empire colonial et est devenu un pays multiculturel.

Pendant des générations (encore pour la mienne), on avait enseigné aux petites Françaises et aux petits Français

-         et que « nous » avions le second Empire du monde (carte murale à l’appui, avec du violet montrant la France présente partout dans le monde)

-         et que les blancs habitaient en Europe, les jaunes en Asie, les noirs en Afrique et Océanie, etc

Cela marque !

En 50 ans, la France est passée d’une grande puissance impériale à un pays de puissance moyenne, dans un monde globalisé.

 

Si on remonte plus loin (et un de mes dada consiste à affirmer que, dans le présent, dans la réalité actuelle d’un pays, on trouve non seulement les fameuses « racines », mais surtout différentes strates historiques, qui pèsent toujours implicitement)

la France a été le centre, non pas du monde, mais de son monde, mettons sous Louis XIV. Le français était, par exemple, la langue de l’élite des différents pays.

En fait l’échec final de la Révolution (avec d’une part sa fuite en avant, où elle a sacrifié ses propres ‘fils’[1], d’autre part son retour en arrière qui a engendré finalement Napoléon Bonaparte) a été masqué par la mythologie de « la France pays des droits de l’homme »

Or, comme chacun le sait, ou devrait le savoir, les 1ères Déclarations des droits de l’homme ont été élaborés en Amérique anglaise et dans la jeune USA.

Jellinek a montré que chaque Article de la Déclaration de 1789 est la reprise, avec ça et là quelques modifications, d’un Article d’une des Déclarations américaines[2]

 

Sous la Troisième République,

-         d’une part les « droits de l’hommes » ne se sont pas appliqués à l’Empire colonial,

-         d’autre part, les lois sociales, les emplois publics (encore aujourd’hui pour certains d’entre eux) ont été réservés aux Français, alors même que de nombreux migrants participaient à la construction du pays.

Au XXe siècle, certains croyaient encore que chaque être humain avait deux patries : son pays et la France.

Et Joséphine Baker chantait : « J’ai deux amours, mon pays et Paris. »

La France a gardé longtemps l’illusion qu’elle était le nombril du monde.

Et certains continuent de croire qu’elle est universelle à elle toute seule.

 

Pendant la décolonisation, on a menti allègrement, on a bercé les Français de trompeuses illusions, envoyant les soldats du contingent se faire tuer pour une cause perdue d’avance.

Puis on a tourné casaque, sans vraiment s’expliquer.

Tout cela ne s’est pas évanoui du jour au lendemain.

Tout cela a laissé des traces, de nombreuses traces.

Tout cela fait partie des difficultés, des craintes, des peurs, dans la construction d’un avenir commun.

Et une mutation aussi profonde rend les tâtonnements, voire les tensions, inévitables.

 

Donc en parler n’est pas, a priori, une mauvaise idée, au contraire.

Tout comme ne pas se contenter d’un petit Paris, enfermé dans son périph, ou réduire les échelons administratifs ne sont pas de mauvaises idées.

Et comme la suppression de la pub sur le service public de télévision a été une bonne idée. Le Grenelle de l’environnement, etc.

Il faut reconnaître cela, si on veut affronter les défis sarkoziens. Ne pas faire la politique de l’autruche (pardon pour les autruches, car il paraît qu’elles ne se masquent pas du tout la réalité en s’enfouissant la tête dans le sable)

 

Mais voilà, comme toujours avec Sarko Ier, les bonnes idées sont toujours instrumentalisées, au service d’opérations politiciennes qui les dénaturent.

Et le PS, jusqu’à présent est incapable d’avoir soit des bonnes idées avant Sarko, soit (puisqu’il ne faut pas trop en demander !) de savoir trier entre la bonne idée et son instrumentalisation.

 

L’instrumentalisation du débat sur l’identité nationale : Patrick Buisson, le FN, le PS piégé (une nouvelle fois), les résultats juste avant les régionales, etc.

Vous savez cela aussi bien que moi. Pas la peine de faire un dessin !

Mais il y a un défi à relever.

Eh bien , on va le faire.

D’autant plus que le Blog n’a pas attendu, puis qu’existe déjà une rubrique « Laïcité et crise de l’identité française »

Vous pouvez déjà vous y repporter pour qvoir quelques bisquits dans le débat

Le Blog avait tout prévu!

Vous savez quoi ; c’est moi qui, en 2007, aurait du…. (je vous laisse deviner la suite !)



[1] Ce qui est le plus significatif dans la Révolution française, c’est que l’on n’a pas pu en mémoriser des héros positifs pour élaborer un récit fondateur. Les Révolutionnaires se sont autodétruits réciproquement. A comparer avec les pères-fondateurs de la Révolution américaine, héros positif du récit fondateur US.

[2] G. Jellinek, La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, Paris, 1902.