31/03/2010
Le Conseil d'Etat: la laïcité n'est pas une déesse à adorer
Fait inédit, le gouvernement n’avait pas demandé, comme à l’habitude un Avis au Conseil d’Etat, mais de lui trouver les moyens juridiques d’une interdiction du « voile intégral » « la plus large et la plus effective possible ».
C’est lui ordonner de travailler dans un certain sens et non lui demander de rechercher objectivement quelles sont les règles de droit.
C’est bien dans la logique du pouvoir actuel qui cherche à instrumentaliser le juridique à ses propres fins.
Mais c’est aussi une nouvelle manifestation de la façon bien française dont on confond le pouvoir d’une majorité avec l’intérêt général.
On tend à réduire la démocratie à l’exercice de la souveraineté, alors que cette souveraineté doit s’exercer dans le respect de la liberté de tous.
C’est l’éternelle tentation de la République absolue, néfaste tout comme l’était en son temps la Monarchie absolue.
Ceci dit la réponse n’a pas forcément correspondu à son attente, même s’il pouvait la prévoir, ne serait-ce qu’à la lecture de la plupart des dépositions de juristes devant la Mission Parlementaire.
Tout d’abord, voici la possibilité de la connaître directement, au-delà des résumés et des synthèses faites par les médias.
1° la synthèse effectuée par le Conseil lui-même:
http://www.conseil-etat.fr/cde/media/document/avis/resume_presse.pdf
2° les questions-réponses
http://www.conseil-etat.fr/cde/media/document/avis/fiche_questions_complete.pdf
3° lire le rapport
http://www.conseil-etat.fr/cde/media/document/avis/etude_...
SOURCE : CONSEIL D'ETAT
http://www.conseil-etat.fr/cde/fr/communiques-de-presse/p...
Il me semble qu’il faut retenir 3 aspects principaux dans cette réponse :
1° Le langage du Conseil d’Etat est toujours très feutré, euphémisé, etc, il est donc particulièrement important de constater que le Conseil écarte « RESOLUMENT » la laïcité comme fondement possible d’une éventuelle interdiction.
Toutes celles et ceux, dans la société civile, ou dans la société politique, du PS à l’UMP ne sont pas de cet avis, ne doivent pas se contenter de dire qu’ils ne sont pas d’accord (n’est-ce pas Vals, Copé et les autres)
Mais ARGUMENTER pour indiquer au nom de quelle conception de la laïcité ils ne sont pas d’accord.
Que l’on ait, enfin, un véritable débat, et non pas cette invocation religieuse de la déesse Laïcité, comme d’autres, en d’autres temps, invoquaient la déesse Raison ou la déesse Liberté.
A chaque fois, cela s’avère liberticide.
2° De même le Conseil estime que les notion de « sauvegarde de la dignité humaine » ou « d’égalité entre les femmes et les hommes » pourraient « difficilement » s’appliquer dans le cas présent.
Il est moins catégorique que pour la laïcité, mais il explique très clairement qu’il existe un débat interprétatif sur la notion de « dignité » (là encore, on ne doit pas s’en servir comme un terme fétiche).
Et que l’égalité femme-homme est « opposable à autrui » mais pas « à la personne elle-même ».
Il ne mentionne pas, sur ce sujet, un débat interprétatif, mais celui-ci existe bel et bien.
Je vous renvoie notamment à l’article de Valentine Zuber, publié dans Réforme du 11 mars :
« Pour une laïcité respectueuse de la conscience des femmes ».
3° Il indique, en allant le plus loin possible, selon ce que le gouvernement lui a demandé, ce qui pourrait être fait au nom de 2 aspects de l’ordre public : la « sécurité publique » ; la « lutte contre la fraude ».
On est loin des effets de manche de la Mission parlementaire, et de tant d’autres personnes !
Trois remarques :
-Sur France Inter ce matin, à propos de la décision du Conseil d’Etat, le journaliste a déclaré que le dernier mot reviendrait au Conseil Constitutionnel. Or le Conseil d’Etat parle de la Constitution ET de la Convention européenne des droits de l’homme.
Nationaliste bien français de faire comme si nous étions enfermés, prisonniers de nos frontières nationales. Il y a la Cour européenne : il ne faudrait pas l’oublier.
-Malgré tous les risques d’atteinte à la laïcité (puisque celle-ci ne justifie en rien….) et aux libertés publiques, le gouvernement semble décidé à tenter, une fois encore ! de récupérer les électeurs du FN, en proposant une loi, le plus tôt possible.
Il faut dire que c’est vraiment une priorité nationale, et que l’on n’arrive pas à trouver d’autres sujets, même en cherchant bien, où la France aurait quelques soucis, et sur lesquels Mrs et (les quelques) Mmes députés devrait plancher
-J’attends Stéphane Guyon sur ce thème NON CONSENSUEL.
Ce matin, il a dit quelques platitudes sur le jet privé à 118000 € du voyage à Haïti du Secrétaire d’Etat à la coopération.
C’est vraiment admirable comme risque de déplaire !
Mais quand il s’agit de prendre la dépense des libertés publiques menacées sur un sujet où la prise de conscience n’est pas unanime : la Libre pensée est là, pas les poules mouillées à la Stéphane Guillon.
Eh oui.
Quand à croire qu’il faudrait trancher entre Guillon et Besson, qu’être contre l’un ce serait être pour l’autre : alors là, c’est que l’on a vraiment rien compris à l’esprit de ce Blog.
09:34 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (5)
26/03/2010
Contre Stéphane Guillon et le relativisme intellectuel
Ce matin, je me suis levé du pied droit, ce qui est mauvais signe pour un gaucher !
Du coup, j’ai un peu la rage !
J’ai discuté ces derniers jours avec quelques amis à propos de la chronique de Stéphane Guillon sur France Inter, et c’était un dialogue de sourds.
Je pense que les Internautes français ont entendu parler de ce mini incident médiatique (mais, vous allez le constater, ce qu’il révèle n’est pas mince)
Pour les autres, je précise rapidement que Guillon se veut un « humoriste » et tient sur la radio « France Inter » une chronique de 5 minutes, les 3 premiers jours de la semaine, peu avant 8 heures.
Il arrive quelques fois à être drôle. Le plus souvent, cependant, Guillon débite des propos faciles, et assez souvent des attaques, des allusions en dessous de la ceinture, ou portant sur le physique des gens.
(Martine Aubry en a été victime, et ce qui m’a le plus peiné c’est que, vu la popularité du pseudo humoriste, elle s’est crue obliger de prétendre que cela l’avait faite rire).
Lundi dernier, Guillon jouait sur du velours : sa tête de Turc était Eric Besson, le Ministre de l’identité nationale.
Et tout y est passé : son lieu de naissance et ses origines, sa vie privée, son physique, mêlé au fait -juste mais qui n’était certes pas une idée originale !- que Besson avait remis en selle le Front National.
Je soutenais à mes amis que cette chronique était nulle et que ce n’est pas parce qu’elle s’en prenait à quelqu’un dont j’exècre la politique que cela changeait la donne.
On me répondait par la litanie « liberté d’expression, liberté d’expression,…. »
(L’affaire est un peu compliquée -mais tout dans la vie est compliqué !- parce que le directeur de France-Inter Hess s’est ensuite excusé auprès du ministre, et là je ne cautionne pas davantage :
La bande à Sarko, elle, est tout à fait pour « l’excès de caricature » dans certains cas, elle ne supporte pas la caricature dans d’autres.
Et que, de toute façon, le système est vicié à la base : c’est Sarko qui nomme les présidents des radio et télé du service public, ce qui est proprement scandaleux pour un pays qui se veut démocratique)
Reprenons le propos :
Je rétorquais : « diriez vous « liberté d’expression, liberté d’expression » devant des propos sexistes ou racistes ? »
Et là, on me répondait : « pas de relativisme culturel, pas de relativisme culturel. »
Cela m’a mit un peu en rogne.
Oui je sais, cela vous étonne beaucoup car vous me savez le plus charmant des hommes.
Mais c’est ainsi : je devais être levé du pied droit ce jour là, également !
Et comme, malheureusement, le temps était court, et qu’on en était aux stéréotypes, j’ai mis fin à la discussion en déclarant : « Fleury-Michon »
Fleury-Michon, vous savez c’est cette pub. où un personnage prétend : « Nous n’avons pas les mêmes valeurs ».
Quand je vous disais que l’affaire est compliquée : ce matin sur France-Inter, François Morel (comédien et humoriste, qui à la même chronique que Guillon le vendredi, et là c'est beaucoup plus fort, moyennant quoi, on en cause moins ensuite!)
Morel, donc, a indirectement défendu Guillon, avec talent, et cela m’a fait rire.
Guillon avait stigmatisé « les yeux de taupe » de Besson, il l’avait comparé à une fouine.
Morel a défendu vigoureusement ces deux animaux, injustement attaqués car ils n’ont rien fait qui soit susceptible de les comparer à l’action d’Eric Besson.
Première Morale de l’histoire :
1-on ne peut certes pas s’abstraire du contenu et tolérer n’importe quel contenu, sous prétexte que la personne attaquée agit de façon non estimable
2-surtout que le contenu n’est pas seul en cause : il y a la forme qui informe le contenu. Et par forme, j’entends quelque chose de complexe (encore !) où le talent est à prendre en compte.
(Le talent, la finesse, la malice un tantinet subtile, qui peut être méchante pourvu qu’elle soit bien envoyée, qu’elle vise juste et que ce ne soit pas du n’importe quoi, quand il s’agit d'un propos d’humoriste ou de pamphlétaire ;
La vigueur et la rigueur de pensée, le niveau argumentatif, la cohérence interne, quand il s’agit d’un discours sérieux.
Et dans tous les cas l’originalité, l’inventivité du propos)
3-le tout doit être corrélé au cadre dans lequel on parle (écrit, dessine, etc) :
il n’y a naturellement pas à avoir la même exigence pour des brèves de comptoir, des propos de table, et pour ce qui a beaucoup d’influence sociale, modelant les manières de penser, procure beaucoup d’argent et de notoriété à son auteur (ce qui est le cas avec Guillon).
Je voudrais revenir sur ce dernier point : faire dans la provoc facile, dire des trucs qui font jaser, induit des réactions outrées (là encore à géométrie variable : je ne prends pas partie contre les uns et pour les autres, j’examine)
Tout cela permet de faire parler de soi, d’acquérir notoriété médiatique… et finance.
Encore faut-il que sa provoc soit dans le sens du poil :
Guillon a attaqué Martine Aubry sur son physique, non pas maintenant, quand elle et ses amis ont gagné les élections régionales, mais quand le PS était au trente sixième dessous, quand tout le monde le brocardait.
En résumé : tenir des propos dégueu en hurlant avec les loups, ça peut rapporter gros.
Le personnage de Guillon (et ses semblables, il y en a plusieurs qui prospèrent ainsi dans notre belle République) possède un double aspect
Double aspect qui peut être symbolisé par les figures de Panurge et d’Erostrate.
Cette double figure, un sociologue belge, Claude Javeau, en parle fort bien dans un ouvrage intitulé Les paradoxes de la postmodernité (PUF, 2007)
Célèbre personnage de Rabelais, Panurge réussit à faire sauter par-dessus bord tous les moutons rassemblés dans un navire.
Panurge n’est pas un mouton, mais Panurge construit « le panurgisme », c'est-à-dire le comportement conformiste, suiviste, mimétique, quasi pavlovien.
Panurge méprise profondément les moutons qu’il manipule, qu’il conduit à se noyer dans la mer de l’insignifiance.
Mais le Panurge de Rabelais ne récoltait pas plein de blé pour sa construction de comportements stéréotypés. Guillon si.
Car telle est la société actuelle qu’elle célèbre les Panurge, les porte au pinacle.
C’est sans doute ce qu’on appelle « le progrès »
Ce que Condorcet croyait être la « perfectibilité » de l’homme
Citoyen d’Ephèse, au IV siècle avant notre ère, Erostrate incendia le temple d’Artémis pour voir passer son nom à la postérité.
Pour cela, il fut condamné à être brûlé vif et il fut interdit à jamais de mentionner son nom.
Manque de bol : on le trouve dans les dictionnaires ; il serait resté inconnu sans son crime.
Mais il a quand même payé sa célébrité d’un prix fort : sa vie.
Guillon ne sera pas brûlé vif, et (je l’espère !) son nom ne figurera pas dans les dictionnaires dans un siècle ou deux.
Mais il en a que faire, puisque ses bêtises lui procurent une célébrité immédiate.
Et que, contrairement à ce qui s’est passé avec Erostrate, beaucoup sont béats et téléchargent ses propos comme des malades
Et bien sûr c’est cela qui lui importe
Et il se dupe lui-même en se croyant un véritable humoriste.
Alors, il faut RESISTER et aux Panurge et aux Erostrate.
On peut rire de tout, si le rire est « intelligent ».
Ah « intelligent », voilà un gros mot lâché.
Les gens supportent mal que ce soit, pour vous, un critère de jugement.
Il vous accuse facilement d’être « méprisant ».
Moyennant quoi les Panurge et les Erostrate prospèrent
Alors, sachons que LE RELATIVISME INTELLECTUEL EST AUSSI GRAVE QUE LE RELATIVISME CULTUREL.
Que si Charlie Hebdo prétendait : « C’est dur d’être aimé par des cons » sans que l’on prétende qu’il soit « méprisant, on a encore beaucoup plus de raison d’affirmer : « C’est archi dur de vivre avec des cons…qui prospèrent et sont applaudis par les crédules»
Je vous l’avais dit : aujourd’hui, j’ai la rage.
10:21 Publié dans CONTRE L'OBSCURANTISME | Lien permanent | Commentaires (18)
17/03/2010
Le Haut Conseil à l'Intégration contre la loi de 1905
La poupée qui ornait mon doigt l’a quitté. Je peux donc en partie retaper normalement. Mais j’ai beaucoup de travail en retard, et notamment dans mes réponses aux mels reçus.
Que les chéris et les chéries (celles-ci seront servies en premier, vu mon sexisme bien connu) qui m’ont envoyé des mels patientent encore un peu…
En attendant, dans Le Figaro ce matin, il est annonçé : « Douze propositions pour renforcer la laïcité », par le Haut Conseil à l’Intégration, vous savez cette merveilleuse instance qui, en 2007, avait estimé que les Mexicains de 1859 avaient « imité » la loi de séparation de 1905, grâce à des visions prémonitoires !
Aïe, aïe, aïe, quand il est question de « renforcer » la laïcité, cela dénote déjà une vision quantitativiste qui privilégie un paramètre.
La laïcité étant un équilibre entre la neutralité-séparation, la liberté de conscience et l’égalité des appartenances religieuses et convictionnelles, ce n’est à un renforcement, mais à l’articulation elle-même qu’il faut travailler.
D’autre part, il est très révélateur que sous Chichi II (en 2007), comme sous Sarko Ier (en 2010) ce soit le Haut Conseil à l’Intégration qui soit chargé de rédiger des propositions sur la laïcité :
Autrement dit, la laïcité c’est un devoir pour les immigrés, leurs enfants, leur petits enfants, etc (jusqu’à combien de générations ?) implicitement considérés comme non intégrés.
Donc il faut les intégrer et les laïciser. Comme chacun sait : les « vieux » Français (pour parler comme Longuet !) sont laïques par essence. Pas besoin de leur chercher des poux dans la tête.
Et même les français pas si vieux que cela, mais d’origine hongroise (pour prendre un exemple au hasard Balthazar)
La vision que l’on a de la laïcité ressemble étrangement à la vision de l’identité nationale qui a présidé au fameux débat sur le sujet !
Sauf que, quand c’est l’identité nationale qui est traitée de cette manière, on trouve cela craignos, on s’insurge (avec raison).
Quand la laïcité est invoquée, cela devient beaucoup plus consensuel.
On ne proteste plus.
Dans la France aux racines catholiques, on a une merveilleuse laïcité qui réussit le miracle de la transsubstantiation !
Or, dans les proposition du HCI, il semble y avoir des propositions (je dis semble, puisqu’on est livré aux infos du Figaro et que Gaubert, le président du HCI refuse de donner de l’info aux journalistes) que le quotidien dit, lui-même, ÊTRE CONSIDEREES COMME DISCRIMINATOIRES PAR LA HALDE.
Comme, par exemple, l’obligation de ne pas porter de signes dits religieux pour les parents accompagnateurs de sorties scolaires.
Ce qui intègre, ce qui est laïque pour le HCI, c’est que ce que la HALDE qualifie de discrimination !
C’est quand même énorme, non ?
Par ailleurs, le HCI proposerait qu’ « en tant que représentants de l’ensemble des citoyens, les élus ne manifestent pas [au sein des assemblées] de manière visible leur appartenance. »
Quand je suis allé voter aux dernières régionales, il y avait des candidats d’un « parti chrétien ». Christine Boutin a créé le « parti chrétien-démocrate »
J’aimerais que le HCI m’explique comment un élu « chrétien » ou « chrétien-démocrate » pourra cacher son appartenance religieuse !
Mais ma demande est à côté de la plaque : Christine Boutin étant déjà « intégrée » (elle fait si délicieusement vieille France, que s’en est un plaisir !), le HCI ne va pas lui coller la laïcité dans les pattes.
Donc le HCI n’a sans doute même pas pensé un quart de dixième de secondes à ce genre de problème.
SA laïcité, elle est à sens unique !
A sens inique aussi !
« La loi de 1905 sépare l’espace public du privé mais ne dit rien sur l’espace civil. Elle n’avait pas anticipé la mutation de la société » affirme la journaliste du Figaro, Cécilia Gabizon.
Je reviendrai dans une autre Note sur ce qui semble un embrouillaminis conceptuel, que dénonçait déjà la Libre pensée dans sa déposition auprès de la Mission parlementaire.
(Encore une fois j’aimerais avoir le texte précis du HCI pour savoir, exactement de quoi il retourne)
Mais, dés à présent, il y a une contre-vérité et une naïveté dans cette affirmation.
La contre-vérité, si elle vient de la journaliste elle-même, est en soi pardonnable : elle n’est pas forcément spécialiste,
Tout au plus peut-on lui reprocher de ne pas savoir qu’elle ne sait pas.
Mais si ce sont des gens du HCI qui lui ont raconté cela, là ils débloquent grave.
Parce que si on veut être une instance officielle qui fait des propositions sur la laïcité, faudrait veiller quand même à avoir un peu de savoir sur la question.
A lire les bons livres (cf. ci après)
L’espace civil (qui semblerait être plutôt l’espace public de la société civile, mais pour certains, comme disait ironiquement Briand, « ce sont des mots qui peuvent écorcher les lèvres ») BIEN SÛR QUE SI, LA LOI DE 1905 S’Y EST INTERESSE.
Il suffit de lire (entre autre) mon magistral ouvrage : L’intégrisme républicain contre la laïcité (l’Aube, 2006) (qui, comme tous mes livres d’ailleurs, fait le ravissement des intelligentes et belles dames) pour être au parfum.
Elle s’y est intéressée, mais pas exactement comme le HCI s’y intéresse.
Les Parlementaires de 1905 ont refusé les amendements qui restreignaient la liberté religieuse dans le dit « espace civil ».
Les Internautes qui consultent ce Blog savent déjà (eux !) que l’amendement qui aurait obligé les curés à porter un vêtement civil dans le dit espace, a été rejeté.
Pourtant les arguments contre la soutane ressemblaient étrangement à ceux d’aujourd’hui contre les signes religieux.
Mais il n’y a pas eu que cela : sous le Concordat, les processions catholiques sur la voie publique étaient réglementées. Eh bien, la demande de maintenir ces limitations a été refusée : avec la loi de séparation les processions religieuses sur la voie publique sont devenues libres.
D’où ce que j’appelle la naïveté de la journaliste, qui croit sans doute que, puisque c’est le HCI qui s’occupe de la laïcité, le problème de la religion dans l’espace dit civil serait né avec l’islam (« mutation de la société »).
Eh non, le problème est récurrent depuis le XVIe siècle, et il a été constant au XIXe, et c’est la loi de 1905 qui l’a résolu dans le sens de la liberté.
Halte à la révision de la loi de 1905 !
19:37 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (7)
11/03/2010
Les "vieux protestants" sont de sacré traîtres: Halde à l'effarant laxisme de M. Longuet.
Je ne voudrais pas court-circuiter ma Note d’hier par une nouvelle Note (et n’oubliez pas de la lire, à la suite de celle-là), mais je signale que les journalistes ont bien tort de remonter au XVIIe siècle et au siège de La Rochelle pour démonter les propos de Gérard Longuet.
Point n’est besoin d’aller si haut dans le temps. A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, existait un antiprotestantisme, au moins aussi haineux que les propos arabophobes et/ou islamophobes d’aujourd’hui.
Le Courrier français, dans son n° du 25 novembre 1894, publiait dans toute sa 1ère page un dessin qui représentait 4 personnalités protestantes sur un gibet de potence.
La légende était : « Des protestants, des sans-patrie, des traîtres, en v’la pour de vrais ! »
Les articles de presse, les conférences, les brochures, les ouvrages sur le « complot protestant », « le péril protestant », etc ont fleuri.
Au début du XXe siècle, il a existé 2 quotidiens antiprotestants, dont le titre même est tout un programme : Le Pays, La Délivrance.
Etc, etc.
Il vaut la peine d’examiner de façon précise cet antiprotestantisme, « haine refroidie » car les stéréotypes haineux changent de cibles, mais pas tellement de structure argumentative.
Le matériau antiprotestant est riche dans ce domaine, et d’ailleurs Valentine Zuber et moi-même avons consacré tout un ouvrage à la question :
Une haine oubliée. L’antiprotestantisme avant le pacte laïque (1870-1905), paru en 2000 chez Albin Michel.
On décrit, on étudie, on décrypte et on livre notre conclusion dans le dernier chapitre : « Analyser les doctrines de haine pour mieux les combattre. »
Même que ce livre a été couronné par l'Académie françoise. Ce qui prouve 2 choses
- que l'Académie françoise n'est peut-être pas vraiment une Académie française. Y-aurait-ti-pas quelques sang mélé qui s'y seraient infiltrés (par exemple: Yourcenar ce n'est ni trés français ni très masculin, comme nom)?
- "Couronné", vous avez dit "couronné": Ah il est démasqué, le Baubérot: s'il a été couronné, c'est bien qu'il n'est pas un authentique Rrrrépublicain.
L'antiprotestantisme a été l'apanage de "grands esprits": Maurras et Barrés bien sûr, mais d'autres aussi:
Emile Zola (eh oui, Zola himself!) réclamait: que l'on se révolte contre la mainmise protestante sur l'Etat et la nation : "qu'ils s'en aillent!, écrivait-il, car nous sommes en France et non en Allemagne!"
Alfonse Daudet protestait contre ces protestants qui droguaient les jeunes-filles et les enlevaient pour les convertir de force, et les couper de leur famille,
des députés faisaient des interventions à la Chambre, etc
Et vous savez quoi ?
Un beau jour, ces accusations se sont faites plus rares, puis elles ont disparu sans que jamais les protestants aient véritablement prouvé qu'ils étaient innocents de tout ce dont on les accusait.
Alors, il est temps de réveiller un peu l'antiprotestantisme.
D'ailleurs Schweitzer, ce n'est pas vraiment un nom "gaulois"! C'est quelqu'un que l'on "accueille" généreusement (n'est-il pas né en Suisse?)
Alors Monsieur Longuet, soyez moins laxiste et lisez ce qui s’écrivait il y a un siècle : vous vous apercevrez qu’il est vraiment scandaleux que ce soit un « vieux protestant » qui dirige la HALDE !
Halte, non Halde à la traîtrise protestante!
08:41 Publié dans Laïcité et crise de l'identité française | Lien permanent | Commentaires (68)
10/03/2010
POUR UN REPUBLICANISME CRITIQUE
Bon, mon doigt m’handicape encore, mais je pense pouvoir reprendre normalement mes Notes, sur ce Blog, d’ici quelques jours.
Déjà celle là est plus consistante que les 2 dernières.
Car, en attendant cet avenir radieux (mes 10 doigts disponibles), je vous recommandee l’ouvrage d’une philosophe, Cécile Laborde : Français, encore un effort pour être républicain, qui va paraître, demain (c'est-à-dire le jeudi 11 mars) aux éditions du Seuil.
Certes, « demain est un autre jour », comme dit Olivia Ruiz, mais grâce au Blog, vous bénéficiez d’une présentation de l’optique de l’auteure, EN PREMIERE MONDIALE.
Vous êtes vraiment de vrais petits vernis.
En plus, c'est une optique enrichie par ma propre interprétation, à moi, personnellement.
Dites, vous êtes doublement, voire triplement, vernis :
- vous avez le beurre (l’indication du livre en avant première, aller ne lésinons pas, disons interplanétaire et n’en parlons plus) ;
- l’argent du beurre (l’interprétation gratos de bibi) ;
- et le sourire, sinon de la crémière, de Cécile Laborde (mais ça seulement si vous vous précipitez pour acheter le livre) !
Cet ouvrage prône un républicanisme critique.
La perspective de Cécile Laborde consiste à dépasser l’opposition du particulier et de l’universel, en montrant que les principes universels sont nés, et inscrits, dans des cultures spécifiques.
Il ne s’agit donc pas de défendre on ne sait quel étroit particularisme contre un grandiose universel mais :
- de savoir analyser les conditions d’élaboration et d’inscription de cet universel qui le particularise dans une culture ambiante (dans un stimulant Traité sur la tolérance, paru chez Gallimard en 1998, Michael Walzer en faisait déjà le constat)
- de rétablir l’égalité pour celles et ceux qui inscrivent ces principes universels dans d’autres contextes culturels, notamment les minorités religieuses.
Cécile Laborde récuse une approche idéologique de l’émancipation, où certains s’estiment déjà émancipés, libérés, et veulent imposer aux autres leur itinéraire émancipateur.
Cela revient à s’ériger en maître de morale, et donc adopter une démarche convictionnelle, légitime à ce niveau, mais qui transforme la laïcité en religion civile, quand elle prétend relever de la morale laïque, de principes républicains universels.
Elle met au centre de sa perspective la non domination, le fait de ne pas subir un pouvoir arbitraire et de ne pas être relégué dans une position sociale subalterne. Cela lui fait revisiter la notion de citoyenneté.
Bon, on peut avoir une discussion théorique avec Cécile Laborde, notamment sur la façon dont elle articule « domination » et « pouvoir ».
Mais, globalement, la perspective est extrêmement intéressante, et opère une sortie hors des impasses dans lesquelles les philosophes républicains se fourvoient
(Certes, c’est leur affaire, mais lo problémo est qu’ils veulent nous entraîner dans leur non-réflexivité, et ça, c’est « vachement craignos », comme Husserl l’indiquait déjà quand il avait été voir Platon dans sa caverne).
Vous savez quoi :
- vous allez toutes/tous vous précipiter demain (aujourd’hui ou hier, si vous lisez cette Note avec retard) dans les librairies, parce que la vente d’un livre, les 1ers jours de sa sortie induit la façon dont les libraires vont le mettre en avant ou pas.
- Vous n’allez pas vous déplacer pour n’acheter qu’un seul livre. Et donc, vous en profiterez, petits malins, pour acquérir également l’ouvrage de Myriam Revault d’Allonnes : Pourquoi nous n’aimons pas la démocratie ? paru en février.
Les 2 livres sont complémentaires, et vous allez apprécié (notamment) la réflexion de Myriam Revault d’Allonnes sur le pouvoir, et sur la spécificité du pouvoir démocratique.
C’était ma spéciale contribution : halte à LA journée de la femme. Vive la promotion, tout le long de l’année (et même au delà !), des femmes intelligentes.
Non mais.
12:40 Publié dans Laïcité et diversité culturelle | Lien permanent | Commentaires (2)
07/03/2010
LIBERTE + FEMINISME CONTRE FEMMES
MERCI DE RESTER FIDELE AU BLOG,
MALGRE MA DIFFICULTE (PROVISOIRE) A TAPER A LA MACHINE.
APRES LE BLOG D'UN AMI BELGE, JE VOUS RECOMMANDE LE BLOG D'UN AMI FRANCAIS (parisien même, mais No body is perfect!): LAURENT BLOCH:
Il nous incite à voir « Liberté », le film de T. Gatlif, autant le faire pendant qu'il est encore en salle :
http://laurent.bloch.1.free.fr/spip.php?article133
JE VOUS RECOMMANDE EGALEMENT L'ARTICLE DE WIDAD KETFI (in Le Monde, 7-8 mars): FEMINISTES CONTRE LES FEMMES
Il exprime très bien le caractère équivoque d'un CERTAIN féminisme actuel, plus enclin à combattre des femmes que des inégalités (criantes) bien françaises, au détriment des femmes.
W. Ketfi a 24 ans, elle est étudiante en journalisme. Souhaitons lui une très belle carrière et, dés à présent, retenons son nom.
17:04 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (2)
02/03/2010
Visitez le Blog d'Henri Goldman
Un vilain panaris m'empêche pratiquement de taper sur mon ordinateur!
En attendant d'être de nouveau opératinnel, je vousconvie à aller sur leblog de mon ami Belge H. Goldman,
qui parle de sujets fort proches de mon propre Blog.
19:36 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (5)