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31/01/2006

L'UNIVERSALISME REPUBLICAIN EN QUESTION

Très bientôt sur votre Blog favori: L'Universalisme républicain en question.

Dialogue avec Mme Dominique Schnapper

 

24/01/2006

La douceur totalitaire I

 

A vos magnetoscopes:

MARDI 31 JANVIER sur France 3 à 24H 45 (soit 0h45 du mercredi matin):

La Case de l'Oncle Tom: Sacrée laïcité

(un reportage passionnant sur la laïcité au quotidien dans la ville de Rennes)

 

UNE EXCLUSIVITE MONDIALE, INTERPLANETAIRE ET INTEMPORELLE

LA FRANCE DE 2006 VUE PAR UNE HISTORIENNE DE 2106

                           LA DOUCEUR TOTALITAIRE

                                                                           PREFACE

Tout le monde a entendu parlé du projet SARKF (Science-Avenir-République-Kolossale-Finesse) impulsé par le grand ministère de la Recherche et de la Technologie créé au cours de l’année 2006, suite à des manifestations de chercheurs. On sait que son but consistait, grâce aux belles découvertes du professeur Francis Blanche, à envoyer dans le futur, en 2106 exactement, une équipe de scientifiques volontaires pour découvrir l’avenir républicain, et ainsi aider la science à mieux le préparer. Cela nécessitait des calculs tout en 'finesse' pour assurer le retour des tempornautes (= explorateurs du temps), bénéficiant d’un financement 'kolossal' pour pouvoir être réalisé.

Hélas, comme chacun sait, bien que les crédits affectés à la recherche pour la période 2006-2086 aient été tous attribués à ce projet, nous étions financièrement très loin du compte. Ayant été choisi parmi les volontaires, au motif que je raconterai dans mon Blog ce que j’aurais découvert, je me désespérais devant un ordinateur-page blanche quand le ministre de l’intérieur (dont j’ai oublié le nom tant il est habituellement médiatiquement discret) reprit le projet à son compte. Il remplaça dans le sigle « République » par « racaille ». Il s’agissait en effet, pour lui, de faire franchir un pas décisif à la mixité sociale en faisant participer, à côté des élites scientifiques, des jeunes des banlieues particulièrement dynamiques.

Tout le monde ou presque applaudit. Même la Ligue des Droits de l’Homme Futur n’y voyait rien à redire. Mais l’ex directeur du programme,  un certain Monsieur Gauchet provoqua le désenchantement du monde entier en révélant que seul le billet aller était prévu pour les moins de 25 ans. Le brillant philosophe Alain Finkstallone eut beau expliquer que cela était une idée géniale qui favoriserait l’ascension sociale : si on donnait un billet complet à ces jeunes, déclarait-il, jamais ils ne se bougeraient pour s’élever dans notre magnifique société égalitaire. Le vulgaire ne compris pas cette pensée subtile et comme le vulgaire est nombreux et qu’il vote,  le dit ministre apparu (pour la première fois) à la télévision et annonça, avec son sourire charmeur, qu’estimant avoir donné assez de gages à la droite,  il remplaçait « racaille » par « ripoux » pour séduire aussi sa gauche. Le matin, en se rasant, expliqua-t-il, il rêvait d’être élu avec un score meilleur que l’actuel président (qui avait obtenu, rappelons le, 80% des voix en 2002). Il ajouta que la « finesse » étant sa qualité principale après la modestie, ce terme  allait sans dire et devait être remplacé dans le titre du projet par « organisation ». Nous eûmes ainsi le programme Science-Avenir-Ripoux-Kolossale-Organisation. « Enfin, voila un programme qui me plait » conclut, tout sourire, le ministre.

C’est ainsi que se réalisa le programme S.A.R.K.O. et que nous partîment scruter le temps. Là j’ai une bonne et une mauvaise  nouvelle pour mes amis Blogeurs et mes amies Blogeuses. Aller, je commence par la mauvaise. Figurez-vous qu’il n’est possible à aucun des tempornautes de vous faire part de la vie en 2106. On nous a obligé à avaler, juste avant notre retour, une puce électronico-amnésique qui fait que notre directrice  (Jeanne Moreau) a résumé le sentiment général en déclarant lors de notre retour : « J’ai la mémoire qui flanche ; j’me souviens plus très bien ». Cependant grâce à des soins intensifs, et en mettant en commun les quelques souvenirs flous qui affleurent, nous pouvons dire que des événements extrêmement importants semblent s’être produits en un siècle. Le plus considérable d’entre eux est sans conteste la réunification de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes et de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales en une Ecole Sociale et Pratique des Hautes Etudes Scientifiques (ESPHES), ce sigle simplificateur ayant été trouvé au bout de seulement dix années de travail acharné.

Mais il semble que quelques autres changements d’importance nettement moindre se soient également produits, comme la disparition de la France en tant qu’Etat et son intégration comme « province »  (certains l'appellaient : "La belle province 2" ou "le nouveaux Quebec", peut-être à cause de tendances séparatistes)d’une Union européenne allant jusqu’en Biélorussie, Ukraine et Turquie. Par ailleurs, la délégation s’est trouvée quelque peu décalée. Politiquement correcte, elle était blacks-blancs-beurs et paritaire femmes-hommes. Or elle a provoqué beaucoup d’étonnement : « vous en êtes restés au noir et blanc » nous a-t-on affirmé, « vous n’aviez donc pas encore inventé la télé couleur ? » Chacun de nos interlocuteurs était lui-même à la fois black blanc et beur, mais il apparaissait également jaune et vert. Ce dernier trait venait de l’apport de l’immigration martienne, importante dans les années 2070 et ayant d'abord posé quelques problèmes d’intégration aux Terriens de souche. Certains nostalgiques regrettaient encore  le temps où l'immigration était seulement terrienne et donc, disaient-ils, "ne posait vraiment aucun problème". "Les plombiers polonais, les Maghrébins, les Noirs n'ont jamais eu le moindre problème d'intégration m'a-t-on dit , c'est bien normal: ce sont des Terriens comme nous, ils nous ressemblent. Par contre les Martiens sont différents de nous, ils ont d'autres coutumes, leur religion est intergalaxique, ils sont spéciaux". Il me semble me rappeler avoir vu un film sur ce sujet intitulé : ‘Mars attaque vraiment’. Je suis également parfois traversé par d’autres souvenirs comme le fait que nous, tempornautes, n’apparaissions vraiment pas très malins avec notre parité hommes-femmes, dans un monde où six  à sept sexes différents co-existaient. Mais là, je me demande parfois si ce n’est pas mon hétérosexualité qui rêve…

Avant de passer à la bonne nouvelle, il faut que je n’oublie pas un menu incident. Le ministre de l’intérieur avait tenu à nous accompagner, pour « aller sur le terrain » précisait-il, et… nous l’avons ‘oublié’ quand nous sommes repartis. Le commandant de la fusée inter-temporelle, Monsieur Déclinologue expliqua qu’il n’avait pas voulu perturber la campagne électorale qu’avait entreprise le dit ministre. Mais certains le soupçonnèrent de dérive villepino-juppétiste, d’autant plus qu’il semble avoir fait cela avec "humour", mais sans "tendresse" excessive. D’autres le soupçonnèrent de travailler en fait pour un certain Laurent Plus-à-gauche-que-moi-tu-meurs. Ce dernier avait, en effet, aimablement proposé à la royale Ségolène d’être du voyage, lui assurant qu’il "garderait ses gosses pendant son absence". Au parti soc, en tout cas, certains en faisait tout un fromage[1]. Il y avait bien un certain François B. qui assurait en catimini à tous les journalistes qu'il rencontrait qu’il était le seul responsable de ce non-retour. Mais il voulait tellement toujours que l’on parle de lui comme le champion des opposants que personne n’y a véritablement prêté attention.

Et maintenant, pour finir cette préface, la bonne nouvelle : j’ai participé à la fin de la commémoration du bicentenaire de la séparation des Eglises et de l’Etat et, dans l’ivresse de la fête (car, cette fois, cela a été festif), j’ai réussi à subtiliser un manuscrit intitulé : « La douceur totalitaire », sous-titre « quand la France était un Etat-nation ; radiographie de la France au lendemain du centenaire de la loi de 1905 ». Son auteure ? Une historienne huitième titulaire de la chaire d’ « Histoire et sociologie de la laïcité », devenue une chaire de l’ESPHES. C’est un manuscrit inachevé, avec des parties rédigées et d’autres sous formes de notes. Les jugements portés sur notre merveilleuse République sont curieux, voire incompréhensibles (déjà le titre !). J’en avais d’ailleurs un peu discuté avec l’auteure que j’avais rencontrée quand nous étions tous deux à jeun, mais elle avait prétendu être retournée en 1906 avec, dans ses bagages, un ouvrage sur « la Belle  époque » écrit par un historien de 2006 ; ses interlocuteurs lui aurait témoigné d’une identique stupéfaction. Quoi qu’il en soit, je vous en livrerai un épisode chaque mois, en alternance avec les Notes habituelles[2]. Vous prendrez vos responsabilités en surfant sur le Blog à ce moment là. Internautes non avertis s’abstenir !

PS: Bon, on a bien le droit de diversifier un peu les genres littéraires...et il ne faut pas prendre cette préface pour autre chose qu'elle n'est: un moment un peu récréatif dans un Blog en général sérieux... et qui le redeviendra un peu plus dès la semaine prochaine. Que toutes/tous les internautes ne comprennent pas toutes les blagues contenues dans la dite "préface" est logique. Mais la plupart sont généralistes et compréhensible pour celles et ceux qui suivent un tant soit peu l'actualité, seulement quelques unes sont destinées plus spécialement à telle ou telle catégorie de Blogeurs/blogeuses (et différencié: acteur de cinéma, Francis Blanche s'écriait "quelle finesse, quelle Kolossale finesse" dans 'Babette s'en va en guere', réplique culte alors. Marcel Gauchet est, lui, l'auteur sérieux d'un ouvrage sur le 'désenchantement du monde'). Un Blog ne doit pas forcément obéir aux contraintes de la communication de masse. Sinon, quel est son intéret?

Quant au but de la préface, il consiste à précéder d'un peu d'humour quelque chose qui, sans cela, pourrait parâitre prétentieux: TENTER DE PARLER DE 2006 COMME ON EN PARLERA EN 2106. Fiction d'historien, mais manière de voir les problèmes actuels de façon décalée.



[1] De Hollande naturellement, vous l’aviez compris.

[2] Cf l’indication de ces Notes dans la Note qui suit celle-ci

18/01/2006

LES PROJETS DU BLOG EN 2006

ATTENTION, AUJOURD'HUI: 2 NOUVELLES NOTES SUCCESSIVES

Blogeuses et Blogeurs adorés, je vous ai affreusement lâché(e)s : au tout début de 2006, j’avais commencé une longue Note titrée : « Quelle approche de la laïcité », elle devait continuer par de géniales et rugissantes[1] considérations sur la « mauvaise année 2005 » et finir par indiquer les projets du Blog pour 2006. Et puis, interpellé sur la « Commission Machelon », j’ai préféré parler de ce sujet, la semaine suivante. Et aujourd’hui (cf. ci après et la Note suivant immédiatement celle-ci) je choisis de réfléchir sur ce qu’implique combattre la loi du 23 janvier 2005. J’ai, en fait, complètement oublié toutes les hautes considérations dont je voulais vous abreuver, et n’ai plus tellement envie d’y revenir. A la trappe donc, la mauvaise année 2005. Vive 2006, tout frais tout neuf, qui n’a pas eu encore beaucoup d’occasions d’être mauvais et faisons tout notre possible pour lui enlever toutes les occasions que nous pouvons de l’être. Non mais !

Pour un joyeux et fructueux 2006, voici quelques projets du Blog :

-         Réfléchir donc sur le refus de la loi qui veut imposer un enseignement positif de la colonisation. Heureusement, ce texte a suscité beaucoup de réactions et fait couler beaucoup d’encre. Le Blog va y apporter sa petite « note » personnelle dès aujourd’hui à partir des interpellations que j’ai reçues, et notamment de la suivante : « m’enfin, l’histoire n’est pas la propriété des historiens ! ».

-         Continuer la Saga de la séparation des Eglises et de l’Etat : en effet en décembre 2005, la loi est promulguée, OK, mais ce n’est pas fini pour autant : il va y avoir la « crise » des inventaires, les « cardinaux verts », l’acceptation des évêques puis le refus du pape qui va l’annuler, les élections de mai 1906 et le tandem Briand-Clemenceau pour faire face à ce refus, les nouvelles lois de 1907 et 1908 (si bien qu’il faudrait parler des lois de séparation…), etc, etc. Des Notes très sérieuses au niveau informatif. Une comédie dramatique pleine de suspens avec Judith Godrèche (j’ai un petit faible pour cette actrice, c’est permis, non ?) dans le rôle de la République, etc. Bref, des Notes passionnantes et instructives tout plein.

-         Des Notes imprévues, réactives suscitées par l’humeur du moment, l’actualité de la laïcité (au sens large), les réactions et les questions des internautes, etc

-         Plusieurs personnes se sont montrées un peu frustrées que, dans mon roman Emile Combes et la princesse carmélite, improbable amour (édition de l’Aube), si Emile et Jeanne occupent le devant de la scène, Mag et Carla restent dans l’ombre pendant longtemps. Il y a eu des manœuvres d’approche dont on voit le résultat qu’à la fin du livre. Comment Mag et Carla se sont-ils séduits ? Des petits curieux veulent le savoir. Ne reculant devant aucun sacrifice je vous raconterai, en exclusivité, quelques épisodes de leur rencontre.

-         Et enfin, la grande nouveauté du Blog 2006 : un manuscrit inédit en exclusivité mondiale. Figurez vous que j’ai fait partie de la Mission Science-Avenir-Ripoux-Kolossale-Organisation (dite mission S.A.R.K.O., je vous expliquerai pourquoi ce sigle étrange qui, a priori, ne doit rien vous dire !) qui, comme vous le savez, est allée explorer le temps et à atterrit en 2106 : là j’ai découvert le manuscrit d’une historienne, écrit juste après la célébration du bicentenaire de la séparation des Eglises et de l’Etat, et portant sur l’état de la France juste après le centenaire, c'est-à-dire, si mes calculs sont justes, la France en 2006, précisément. On se demande bien pourquoi, ce manuscrit s’intitule : La douceur totalitaire. Quoi qu’il en soit, je l’ai précieusement ramené avec la navette retour (où il y a eu un incident que je vous compterai) et j’en commencerai la publication dès le MARDI 24 janvier. Attention, amoureux du politiquement correct tous azimuts s’abstenir.

Cela vous plait-il ? I hope so.

Et encore une dernière fois : bonne année.

PS : le Blog continue a bien se porter : plus de 200 visites chaque jour. Merci à celles et ceux qui établissement des liens à partir de leurs propres Blogs ou Sites. Merci aussi à celles et ceux qui font marcher le « bouche à oreille ».

2ème PS : réponse à Achtungseb (4ème commentaire sur la Note à propos de la Commission Machelon. J'ai déjà inséré une réponse au commentaire de "Jo" au début de la dite Note et remercié, en PS, Stella de son intéret  pour le Blog : ces remerciements valent aussi  pour le professeur Hoerni et toutes celles et ceux qui me font d'aimables commentaires laudatifs qui sont autant d'encouragements à continuer à passer du temps pour rendre ce Blog le plus vivant et le plus intéressant possible) : bien sûr, il ne s’agit pas de reprocher au journaliste de Charlie Hebdo le fait même de ne pas con,naître scientifiquement cette période. Par contre, me semble insupportable le fait qu’il se soit érigé en GRAND INQUISITEUR et ait flingué idéologiquement J.-P. Machelon à cause du TITRE de l’ouvrage de ce dernier, sans se soucier en rien de savoir si ce titre correspondait à la réalité historique.

Je ne vois pas la différence entre ce journaliste et les députés qui ont voté la loi de février 2005 sur l’enseignement positif de la colonisation. Et protester contre la bêtise inquisitoriale des politiques en laissant les journalistes faire exactement la même chose n’est pas possible. L’ignorance crasse, ce n’est pas de ne pas savoir : c’est DE NE PAS SAVOIR QU’ON NE SAIT PAS. C’est de vouloir IGNORER qu’il y a du savoir et qu’on ne peut pas juger un livre d’histoire quand on a aucune connaissance du sujet (en plus, il est très probable qu’il ne l’a même pas lu), c’est de tout réduire à un jugement idéologique sommaire. Je le dis et le répète : ce mépris du travail intellectuel est pour moi objet du plus profond mépris et les gens qui font cela mériteraient de passer sur des ponts qui s’effondrent (car mal faits) puisqu’ils croient que l’idéologie dispense du savoir. Je m’explique d’ailleurs plus longuement là-dessus dans la Notre qui suit « Un nouvel obscurantisme », dont l’objet est précisément d’expliquer ce qui différencie l’opinion et la savoir et ce qu’implique, à mes yeux, de combattre la loi du 23 février 2005.



[1] Il y a là une « private joke » pour mes ami(e)s. Les nouveaux  la comprendront quand ils sauront que mon totem éclaireur était « Grillon génial et rugissant ». Voila !

10:40 Publié dans EDITORIAL | Lien permanent | Commentaires (2)

UN NOUVEL OBSCURANTISME

A propos de la loi du 23 février sur  l’enseignement
 Du rôle positif de la colonisation

Pourquoi il faut combattre cette loi

Comment se mitonne la démarche historienne

(l’exemple de Jules Ferry)

 

 

    L’article 4 de la loi du 23 février 2005 suscite beaucoup de remous. Rappelons qu’il demande d’enseigner « en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord » et d’accorder « à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit ».

   Les parlementaires s’aperçoivent qu’ils se sont embourbés et cherchent à sortir de ce mauvais pas sans trop avoir l’air de se déjuger. Outre que cela ne va pas être facile, puisque c’est l’abrogation pure et simple qui est demandée par beaucoup d’historiens et de juristes (pour ma part j’ai signé 3 pétitions allant dans ce sens à partir de démarches un peu différentes), cette affaire mérite une réflexion d’ensemble sur notre rapport à l’histoire et au politique.

   Car si les historiens ont été choqués dans la pratique même de leur métier, le risque consiste -pour la plupart des citoyens- à s’indigner surtout moralement de cette injonction à souligner le « rôle positif » de la colonisation peu de temps après le moment où des généraux  ont officiellement admis avoir pratiqué la torture en Algérie. Pourtant, le texte aurait parlé d’un « rôle négatif », le problème (à mes yeux) resterait analogue : Les parlementaires ont allègrement outrepassé leur fonction en  confondant la connaissance et les jugements de valeur.  Peut être même est-ce encore plus grave : en fait,  des initiatives de ce type prouvent  que, dans ces milieux (rappelons le retard à l’allumage de la protestation socialiste), on nie implicitement la consistance propre de la démarche de connaissance en sciences humaines, on réduit tout à l’opinion.

   D’ailleurs, je peux très bien comprendre que l’on se méfie à priori d’une distinction trop forte : les historiens ne vont-ils pas cacher leurs options derrière leur savoir ? La question peut, fort légitimement, être posée. Trois personnes m’ont fait une remarque identique que l’on peut résumer ainsi : « Mais enfin, l’histoire n’est pas la propriété des historiens ». Je pense qu’il faut absolument, dans cette campagne, ne pas se contenter de réclamer l’abrogation de cet article 4 mais expliciter un peu ce qu’est la démarche de connaissance en histoire. Je vais le faire de façon non abstraite, à partir de mon objet d’étude propre : la laïcité.

 

   Mais avant, il faut quand même rappeler pourquoi il est indispensable de combattre vigoureusement l’article 4 de la loi du 23 février 2005.

   Cela a commencé par des causes qui étaient moralement incontestables  avec, notamment, la loi du 13 juillet 1990 (dite loi Gayssot). Elle a créé un délit de négation des crimes de génocide. Bien sûr, on ne peut qu’approuver l’intention. Mais se faisant, on est passé de la pénalisation de la diffamation raciale (et de l’appel à la haine raciale) à un autre registre. On a laissé croire que le jugement moral pouvait englober la recherche historique et que l’on pouvait dire autoritairement, à partir de ce jugement moral, ce que l’historien doit chercher et trouver, selon la formule d’une des pétitions récentes.

   Reste, comme le pense une autre pétition, que la loi du 23 février franchit un pas supplémentaire important et encore plus inadmissible. La loi Gayssot avait fixé un cas limite,  la nouvelle loi impose un contenu. Cela est très grave, quelque soit le contenu fixé.

      Malheureusement, en votant cette loi, les députés ont été, à leur insu, les révélateurs d’une dérive typique de la démocratie, devenant une démocratie absolue. En effet, sous la monarchie absolue, le sujet n’avait pas à exprimer une pensée personnelle, globalement on pensait pour lui, c’est pourquoi d’ailleurs la liberté de conscience n’était pas reconnue, sauf un ‘fort interne’ dont on faisait tout pour qu’il intériorise les normes politiques et religieuses établies. En démocratie, par contre, le citoyen est co-responsable de la conduite du pays. Il vote, choisit ses représentants, exprime son point de vue. Il peut et même, en fait, il doit donc avoir un avis sur tout ce qui est important. Mais longtemps a fonctionné une sorte d’aura du savoir et de prétention des porteurs de ce savoir à avoir toujours raison ou presque. C’était ce que l’on a appelé la « République des Universitaires ». N’en n’ayons pas la nostalgie.

 

   En effet, l’outrecuidance des spécialistes, des experts a été critiquée et les journalistes ont joué (jouent toujours chaque fois que ce néo-cléricalisme affleure) un rôle fort utile en dévoilant la faillibilité des clercs (quitte à devenir eux-mêmes de nouveaux clercs, parfois responsables de nouveaux conformismes, mais cela on en parlera une autre fois).

   Pour ce qui concerne l’histoire, les historiens eux-mêmes ont insisté, avec raison, sur  les limites de l’objectivité historique (critique du « scientisme » du XIXe siècle et du début du XXe siècle). La vulgarisation s’est étendue, d’abord grâce aux médias de masse et aujourd’hui avec internet ou n’importe qui peut écrire sur n’importe quel sujet. Les moins de 25 ans ne s’en privent pas, ils ont créé des millions de blogs. Moi-même qui, paraît-il, ait dépassé depuis quelque temps déjà cet âge…

   Dans tout cela, il y a du progrès, beaucoup de progrès et ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Mais il n’en reste pas moins que l’opinion et le savoir ne sont pas la même chose et que de plus en plus on méconnaît cette distinction essentielle. Et, justement, l’ère des médias de masse, du multimédia, d’internet, fait, qu’à mon sens, le problème de l’instruction en général et de l’école en particulier, n’est plus (s’il l’a jamais été) de transmettre un savoir encyclopédique (forcément plus ou moins dépassé) mais d’apprendre à trier entre les offres d’ « information » multiples, presque infinies maintenant grâce au Web, et dont la qualité va du pire au meilleur (le meilleur étant, vous l’aviez deviné, votre Blog baubérotesque chéri !!).

 

   Trèves de plaisanterie. Je voudrais, le plus concrètement possible, raconter comment, je travaille comme historien (puis après, si cela vous plait, je vous raconterai comment je passe de l’histoire à la sociologie) pour expliquer que le problème n’est pas un problème de « propriété » mais une distinction nécessaire entre mémoire et histoire, et même entre récit historique établi et démarche historienne. Des choses fort savantes on déjà été dites la dessus par Pierre Nora, Paul Ricoeur, etc, j’y reviendrai peut-être ; mais, pour le moment, allons en cuisine, voir comment se mitonne le plat historique.

   Prenons l’exemple d’un personnage emblématique de la laïcité française : Jules Ferry. Il lutte contre les congrégations enseignantes et prend (en mars 1880) deux décrets dans ce sens, le premier contre les jésuites, le second imposant aux congrégations de se faire enregistrer.

   Personne n’obtempère et à l’automne 1880, 271 établissements  congréganistes sont fermés au milieu de troubles : portes barricadées des établissements ouvertes à coup de haches par la troupe, cellules de moines forcées, gendarmerie à cheval, bagarres avec des blessés, arrestations, excommunications de Procureurs de la Républiques et de commissaires par les « autorités ecclésiastiques », etc. La presse relate ces événements hautement conflictuels et sa consultation est, encore aujourd’hui, intéressante pour savoir comment ces événements ont été vécus.

   Ce vécu s’est transformé en mémoire et, pour certains, en vérité historique : dans les conférences que j’ai données, j’ai eu parfois d’aimables interlocuteurs qui, avec des jugements de valeurs différents (suivant qu’ils étaient laïques ou catholiques militants) me citaient cela comme « preuve » que l’établissement de la laïcité a été fortement conflictuel. Et, avouez que, quand il ne s’agissait d’historiens professionnels, qu’ils connaissent ces faits  était l’indice d’une incontestable culture historique.

   OK il y a eu du conflit, c’est indéniable ; mais l’historien ne peut pas se contenter de cette idée établie. Il doit passer des journées entières aux archives, à prendre connaissance et à faire l’analyse critique des sources disponibles, etc. Et aussi (surtout), il doit aborder tout cela d’une manière professionnelle, en artisan compétent.

   C’est pourquoi, exprès, avant même de mentionner l’utilisation d’autres sources que la presse, je donnerai un exemple de la différence d’approche : au contraire de la culture médiatique actuelle, l’historien doit être autant sensible au non-événement qu’à l’événement. Ferry n’applique pas les décrets à toutes les congrégations masculines, il ne les applique (au contraire de ce que fera Combes 22-23 ans plus tard[1]) à aucune congrégation féminine, bien qu’elles n’aient pas davantage obtempéré que leur collègues masculins.

  Ce genre de non-événement peut être signalé par la presse, mais il s’agit d’une information non médiatique qui ne peut donner lieu à de gros titres ni à une iconographie. J’ai vu des dessins d’époque représentant l’assaut donné à un établissement congréganiste dans des expositions ou des livres qui se veulent savants ; mais comment représenter ce qui ne s’est pas produit (mais aurait pu se produire) ? Ferry a limité le conflit. L’historien doit être un analyste du non-événement.

   Et, le plus classiquement du monde, l’historien va consulter des archives. Celles de Jules Ferry, conservés dans la charmante petite ville de Saint-Dié dans les Vosges (je vous recommande son Festival annuel de géographie et son gewurztraminer), sont pleines d’enseignement.

   Un exemple : environ un an plus tard, le ministre reçoit une synthèse alarmante des rapports des différents inspecteurs d’académie chargés de surveiller les anciens établissements congréganistes, notamment ceux des jésuites (considérés comme les plus dangereux). Ils se trouvent désormais tenus par des laïcs (=non prêtre ou religieux) catholiques, des prêtres séculiers (=non religieux), des évêques. Mais « partout l’ancien personnel enseignant a réapparu (…) partout le directeur légal n’est jamais qu’un directeur fictif, l’autorité réelle appartenant toujours (…) à un père jésuite ». Au total : « Nulle part, rien n’a été changé, ni dans les aménagements intérieurs, ni dans les bibliothèques et livres classiques[2], ni dans les procédés et méthodes d’enseignement ». Conclusion : « Nous sommes de nouveau joué ». Il y a « nécessité de faire quelque chose ».

   Ce « quelque chose », qu’on ne se permet pas de préciser au ministre, est de façon très plausible, l’abolition de la loi Falloux, l’interdiction de l’enseignement privé. Or Ferry se refuse à en arriver là, il estime l’enseignement privé nécessaire pour éviter tout monopole d’Etat qui pourrait aboutir à l’imposition d’une idéologie d’Etat. Il enterre donc le rapport. Aujourd’hui, un petit malin l’enverrait à un journaliste, ce rapport serait publié et… Ferry déstabilisé, peut être obligé, sous pression, de prendre des mesures plus dures même s’il les trouvait impolitiques. Mais ce n’était pas ainsi que les choses se passaient alors et c’est pourquoi Ferry a pu être Jules Ferry. Le rapport a dormi, bien au chaud, en attendant que les historiens le déterrent, tels des princes charmants réveillant des belles au bois dormant par de doux baisers !

L’enterrement de ce rapport n’est pas resté sans effet : après s’être dispersés par petits groupes, les congréganistes réintègrent progressivement leurs locaux les années suivantes. La mémoire a retenu le souvenir du conflit. L’histoire doit aussi prendre en compte sa limitation, le fait qu’il est loin d’avoir été un conflit global et permanent.

 

La suite bientôt (et cette fois, ce sera vrai !)

Deux info(s) :

-         Comment J. Ferry a opéré et réussi la laïcisation de l’école publique ? ce que j’ai raconté dans cette Note et beaucoup d’autres choses (notamment quel est le contenu de la morale laïque qui fut enseigné), vous le trouverez dans mon livre : La morale laïque contre l’ordre moral, Le Seuil, paru en 1997.

-         Pour prolonger la réflexion sur la démarche historienne et la citoyenneté, les problème que pose le recours à l’historien comme expert, etc je vous recommande l’ouvrage collectif dirigé par Guy Zelis (et relu par sa femme dont il ne nous dit pas le prénom), L’historien dans l’espace public, l’histoire face à la mémoire, à la justice et au politique, édition Labor, 2005.

 

 

 

 

 



[1] Cf. les Notes de la catégorie Emile Combes

[2] Qui disaient du mal de la Révolution française et de la République

11/01/2006

COMMISSION MACHELON SUR LA LAÏCITE

ANNONCES

1) Je donne une conférence ouverte au public (à Paris)

Le 20 janvier à 20 heures, au FIAP- Jean Monnet, 30 rue cabanis, Paris XIVe

LAÏCITE, FEMMES, RELIGION

LA LAÏCITE EST-ELLE UN GAGE D'EGALITE?

2) Mercredi 18 janvier: 2 nouvelles Notes sur le Blog:

-Les nouvelles rubriques du Blog en 2006

-Comment lutter efficacement contre la loi

de février 2005 sur l'enseignement positif

de la colonisation?

3) Réponse au commentaire de Jo (bas de la présente Note) : Il ne faut pas avoir peur de la liberté. En 1905 (cf Les Notes sur les Impensés du Centanaire) existait la peur de l'Eglise catholique, justement parce qu'elle avait un pape à sa tête et qu'elle semblait une armée en bon ordre de marche...pouvant donc d'autant plus facilement marcher contre la République que l'Etat abandonnait sa surveillance avec la loi de séparation. Au contraire les Républicains d'alors louaient l'islam et le protestantisme qui leur paraissaient des religions nettement moins "cléricales". Maintenant certains ont tendance à penser juste le contraire et à avoir peur de la diversité musulmane ou protestante. Or la peur est toujours mauvaise conseillère: la liberté de religion, garantie par le droit européen et international  est inséparable de la démocratie et le droit commun permet de sévir quand des délits prétendent se parer d'une couverture de liberté religieuse.

***

DEUX REMARQUES ET QUATRE QUESTIONS

A PROPOS DE LA COMMISSION MACHELON

Le 21 octobre dernier, le Ministre de l’Intérieur qui, en France, à la charge des « cultes » (désignation juridique pour parler des religions) a confié au professeur Jean-Pierre Machelon , qui est un éminent juriste et historien des institutions européennes, la mission de former une Commission pour examiner la loi de 1905. Cette Commission a été constituée et rendra son rapport en juin prochain.

Comme beaucoup de journalistes (et autres personnes) m’interrogent sur cette Commission, il me semble que le mieux est de donner ici ma position personnelle, ainsi tout le monde pourra facilement la connaître, et en discuter si besoin.

D’abord, deux remarques et, ensuite et surtout, quatre questions que je  me pose à propos de cette Commission.

Les deux remarques :

1) Pas de procès idéologique. Un seul exemple, Charlie Hebdo (30 novembre 2005) s’indigne de la nomination de Jean-Pierre Machelon comme président de la commission. Pensez donc, il a écrit un ouvrage intitulé : La république contre les liberté ?, ce qui prouve à l’évidence, pour Charlie, décidément devenu beaucoup plus bête que méchant,  qu’il est un antilaïque ! Réaction typique de l’indignation moraliste primaire. L’auteur de l’article, dans sa béate ignorance crasse, dans sa volonté d’imposer une histoire républicaine politiquement correcte n’a jamais passé une journée aux archives et ne sait pas, ne veut surtout pas savoir, que les faits relatés par Machelon dans cet ouvrage sont tout à fait réels.

Un exemple, au tournant du XIXe et du XXe siècle, c’étaient des juristes catholiques qui réclamaient la constitutionnalisation des droits de l’homme et des républicains bon teint qui l’ont obstinément refusée. Dans leur lutte contre les congrégations, ils écornaient les droits de l’homme et voulaient pouvoir le faire. Charlie est donc dans la défense obscurantiste de la légende dorée pour enfants sages et dans le refus de la démarche de connaissance. « Et pourtant elle tourne » déclarait Galilée…

Conclusion : Il ne sert à rien de lutter contre la loi de février 2005 (sur les « aspects positifs de la colonisation : on en reparlera très bientôt), si on ne lutte pas, en même temps, contre le nouveau négationniste du savoir.

2) Il faut donc laisser la Commission effectuer son travail en paix et se tenir à distance de considérations idéologiques et électoralistes : « Sarko » est, bien sûr, l’homme à abattre dans la perspective de la prochaine présidentielle. Cela ne doit pas, si on recherche une démarche de débat démocratique de qualité, disqualifier a priori le travail de la Commission et faire que quelque soit son résultat, qu’elle dise blanc ou noir, on soit forcément contre.

Cela n’empêche nullement la réflexion et pour ma part, je me pose quatre questions à propos de la Commission

1)  La loi de séparation des Eglises et de l’Etat a été unanimement saluée lors du centenaire comme un élément fondamental de la République. Même ceux qui ont proposé un « toilettage » ont assuré, à de nombreuses reprises, qu’il s’agissait de modifications qui n’en altéraient nullement l’esprit mais opéraient des adaptations nécessaires un siècle après. Le fondement de la loi : l’article 1 (liberté de conscience et libre exercice du culte sous les seules restrictions de l’ordre public) ; l’article 2 (qui met fin au Concordat et au système dit des « cultes reconnus ») et l’article 4 (qui respecte l’organisation propre de chaque Eglise) ne sont nullement mises en cause…sauf que, l’article 2 n’est toujours pas appliqué sur tout le territoire de la République. En Guyane (cela paraît loin, vu de métropole, mais cela fait partie de la France au même titre que Paris !) c’est une Ordonnance datant de 1828, qui a force de loi : le catholicisme est là un « culte reconnu »,  et les prêtres sont salariés par l’Etat. Rien n’oblige à la perpétuation de cette situation.

En Alsace-Moselle, le catholicisme, le judaïsme et le protestantisme sont des « cultes reconnus » et les « ministres du cultes » sont salariés par l’Etat. La situation est plus complexe puisqu’il y a là maintien du Concordat signé en 1801 entre le pape et le premier Consul, Napoléon Bonaparte. Changer la situation implique des négociations. Mais le paradoxe est qu’alors que d’autres pays ont renégocié (et allégé) leur Concordat après Vatican II (l’Espagne, l’Italie, le Portugal par exemple), en France la situation semble bloquée, on ne veut surtout rien changer. Va-t-on « modifier » la loi de 1905 et laisser tel quel le Concordat de 1801 ? Avouez que cela serait fort de café ! On peut, sans être forcément partisan d’une uniformisation immédiate et complète, estimer que c’est surtout là qu’il faut entrer dans un processus de changement. AVANT DE SONGER A « MODIFIER » LALOI DE 1905, IL FAUDRAIT PEUT-ETRE SONGER A MIEUX L’APPLIQUER.

2) Il va se poser à la Commission un problème de méthode. La célébration aseptisée du Centenaire a eu, nous l’avons vu dans ce Blog, de nombreux impensés. Mais je ne prétends pas les avoir relevés tous et par exemple je n’ai pas eu l’occasion d’indiquer que la loi a été critiquée au moment même où elle a été votée comme étant parfois imprécise et, plus grave encore, comportant certaines « contradictions ». Or ce sont précisément ces caractéristiques qui se sont révélées, à l'épreuve du temps, faire la force et la solidité de la loi. D’autant plus que les contradictions n’en sont pas vraiment si on lit attentivement le texte. Ainsi le fait que dans l’article 2, celui-là même qui dit qu’on ne reconnaît, salarie et subventionne aucun culte, on prévoit des aumôneries payées sur fonds publics pour les lieux clos (prisons, hôpitaux, etc). Et ensuite, on met à disposition gratuitement des milliers d’églises pour l’exercice du culte. Cela signifie clairement que, quand il y a risque de contradiction, le principe de liberté de culte l’emporte sur le principe de non subventionnement. L’important est que les Eglises (= les religions) ne soient officielles, ne redeviennent pas des institutions publiques. En ce sens, aider à la construction d’un lieu de culte, pour que les gens disposent d’un endroit décent pour prier, est structurellement différent du fait de salarier un « ministre du culte ».

D’ailleurs, dés les années 1920, il y a l’érection de la grande Mosquée de Paris qui s’effectue, sous l’égide d’ Herriot, le maire radical de Lyon, laïque considéré comme intransigeant (il a, en tout cas, tenté d’appliquer la loi de 1905 en Alsace-Moselle quand il est devenu président du Conseil) avec une subvention de la ville de Paris et une autre de l’Etat.

Donc je suis en plein accord avec la méthode proposée, dès 2003, par Guy Coq : il ne s’agit pas de nier les problèmes que rencontrent notamment les protestants dans l’application (administrativement durcie ces dernières années) de la loi de 1905 et ceux que peut avoir les musulmans qui n’ont pas toujours des mosquées décentes à leur disposition, mais avant de vouloir modifier la loi, il faut bien s’assurer que les problèmes qui existent ne sont pas solubles dans le cadre de la loi (des lois, puisqu’en fait, il y a eu des lois complémentaires en 1907 et 1908) et de la jurisprudence subséquente.

POUR MA PART, JE SUIS LOIN D’ETRE PERSUADE QU’UNE SOLUTION SATISFAISANTE DES PROBLEMES QUI SE POSENT RECLAME UNE MODIFICATION DE LA LOI.

3) La loi de 1905 n’est pas, contrairement à ce que l’on a dit de façon assez plate, un « compromis ». En effet, elle est d’abord une loi de rupture en ceci qu’à partir de 1905, l’identité nationale ne comporte plus de dimension religieuse et les religions n’ont plus rien d’officiel. La loi de 1905 est d’abord une victoire de la laïcité, ne l’oublions pas (et le recours au terme de « compromis » peut nous faire croire que c’est un match nul). Voila pour le contenant. Ensuite le contenu lui, établit un équilibre et notamment met à égalité la liberté de croire et de ne pas croire. Sans en rien sacraliser la loi (et c’est pour cela que je ne ferme pas la porte à son examen par une Commission de « Sages »), il ne faut pas oublier qu’elle instaure un équilibre fragile, ce que j’ai appelé un « pacte laïque » sur des questions qui sont toujours très passionnelles.

Si on estime nécessaire de faire des modifications, il faudra donc soigneusement veiller à trouver un nouvel équilibre, qui soit (autant que le précédent) acceptable par tous. Ce n’est pas facile et, si elle s’engage dans cette voie, je souhaite vraiment « bon courage » et « bon travail » aux membres de la Commission pour y parvenir.

En particulier, il faudra veiller à ce que l’équilibre entre les convictions philosophiques non religieuses et les religions soit maintenu, voire (sinon cela ne vaut pas le coup de changer) amélioré. DONC ATTENTION A BIEN RESPECTER L’EXIGENCE D’EGALITE.

4) Enfin, il y a un problème de « timing ». La Commission doit rendre son rapport en juin. Mais quand : début ou fin juin ? Si son rapport est publié juste avant la coupure des vacances et que des mesures (de type réglementaire par exemple) sont prises pendant l’été, ne sera-t-on pas frustré d’un débat démocratique ?

S’il est logique qu’une Commission réunissant des personnes compétentes et qui, le plus souvent, travaillent ces questions à plein temps fasse des propositions, il faut qu’entre le temps des propositions et celui de la décision, il y ait un moment de débat démocratique où les différents points de vue puissent s’exprimer et où l’on puisse réfléchir aux propositions qui sont faites. Trois temps donc. Un court-circuit entre ces trois temps serait fort malencontreux. DONC UN DEBAT DEMOCRATIQUE EST NECESSAIRE ENTRE LE RAPPORT DE LA COMMISSION ET D’EVENTUELLES DECISIONS.

Voila, en gros, ce que j’ai répondu à des journalistes qui m’interviewaient sur ce sujet. Qu’en pensent des internautes qui visitent le Blog ?

(d’ici la fin de la semaine : la seconde partie de la Note sur « Quelle approche de la laïcité »)

 

PS: Merci beaucoup Stella, pour votre commentaire et votre intéret.

20:30 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (5)

04/01/2006

QUELLE APPROCHE DE LA LAÏCITE ?

BILAN DU BLOG EN 2005, L’APPROCHE DE LA LAÏCITE QUI Y EST DEFENDUE, LA «MAUVAISE » ANNEE 2005, LES PROJETS DU BLOG POUR 2006.

1) Bilan du Blog en 2005 :

Ce Blog a été créé à la fin de 2004 dans l’optique de la célébration du centenaire de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Il ne devait pas forcément continuer ensuite. Il s’agissait, pour moi, d’utiliser les nouveaux moyens de communication offerts par internet  pour pouvoir exposer de façon plus souple et plus directe que par les médias (et de façon complémentaire) quelques idées sur la laïcité. Cela de façon double : vulgariser un savoir et prendre part à un débat.

Il s’agissait aussi d’une aventure  et certains m’avaient mis en garde : les blogs étaient un moyen pour des ados d’exposer leurs état d’âme qui ne convenait guère à un professeur ni sur le plan de l’efficacité ni sur le plan de (disons) la dignité  de la fonction professorale(ce second point n’était pas forcément dit explicitement, mais transpirait des propos tenus).

Je n’ai jamais pensé que la fonction professorale nécessite une relation verticale ; par contre pour l’efficacité je me disais : on verra bien. J’ai eu la réponse. Après le démarrage de fin décembre (24 visites), le Blog a tout de suite rencontré un certain impact puis qu’en janvier 2005 il dépassait déjà les mille visites. Au total il y a eu 3675 visites pour le premier trimestre ; 7973 pour le second, 9661 (malgré les vacances) pour le troisième… et 17372 pour le dernier trimestre, chaque mois établissant un nouveau record de visites : 4974 en octobre, 5143 en novembre.
Décembre était le mois de vérité : la date anniversaire étant le 9 décembre,  une baisse pouvait intervenir ensuite. Il n’en a rien été et le record a été pulvérisé avec 7255 visites. Soit un total de 38681 visites pour l’année. Même si cela signifie que l’élan du centenaire continue (pour ma part, j’ai encore beaucoup d’interventions en janvier), c’est un signe très encourageant, une obligation à continuer ce Blog au-delà de l’année du centenaire, puisque visiblement il intéresse et qu’il touche un public d’internautes à la fois large et régulier : 2697 visiteurs pour les 5143 visites de novembre et 4354 visiteurs pour les 7255 visites de décembre. On peut donc tabler sur une moyenne d’environ 2 visites par mois pour chaque ami(e) du Blog. Ces visites sont  approfondies : les pages du Blog sont longues, or environ 12000 pages ont été lues chaque mois de septembre à novembre et 23783 pages en décembre.

Les statistiques ne sont pas tout ; d’autant plus que je m’attends quand même à une certaine retombée et à un rythme de croisière en 2006. Deux autres raisons me poussent à continuer ce Blog.

D’abord, il semble, avec les « Impensés du Centenaire », avoir trouvé un langage pas trop universitaire, un peu ludique et cependant sérieux au niveau de ce qui est transmis, un langage qui convient bien à l’instrument qu’est le Blog, mais aussi à ma manière d’être. Et je vous préviens : en 2006, j’ai envie de m’amuser tout en vous prenant très au sérieux.

Ensuite, et surtout, je trouve que 2005, de façon dominante, n’a pas été une bonne année pour la France et une année pas terrible non plus au niveau du monde. Je vais y revenir à la fin de cette Note. Or ce Blog constitue un engagement citoyen. Il veut, à son niveau, contribuer à un débat démocratique qui a un besoin urgent que mille fleurs s’épanouissent.

2) Quelle approche de la laïcité ?

Le Blog défend une certaine approche de la laïcité, celle qui veut commencer par une démarche (objectivante) de connaissance AVANT d’en arriver à l’engagement citoyen.

Dans une perspective de connaissance, on peut définir sommairement la laïcité comme un ensemble de pratiques sociales référées à certains principes.

Je tiens à commencer par cette perspective de connaissance (les pères fondateurs de la laïcité ne se réclamaient-ils pas de la science et de la raison ?). Et c’est là que prend sens le sous titre du Blog. Je m’en suis déjà expliqué mais, périodiquement, un nouvel internaute me questionne à ce sujet, trouve ce sous-titre insupportable, prétentieux, tout ce que vous voulez. J’ai, bien sûr, un ego très surdimensionné. Au-delà de ce vilain défaut, le sous-titre du Blog veut tout de suite annoncer la couleur : une chaire (en Sorbonne) ; bigre de bigre : les internautes  sont prévenus ; ils vont trouver avant tout, dans ce Blog,  la vulgarisation d'une démarche de connaissance pour parler de la laïcité. Quant au fameux « la seule chaire » qui fait tiquer certains : c’est d’abord un constat : il n’existe qu’une chaire et qu’une maîtrise de conférences (à ma connaissance) spécialisée dans la laïcité en France, je ne demanderais pas mieux qu’il y en ai 10, 20, plus. C’est aussi, bien sûr, une pierre lancée dans le jardin de ceux qui parlent (notamment) de l’histoire de la laïcité sans avoir jamais passé une journée aux archives et lu des documents de première main.

Rassurez vous, cela ne prétend à aucun monopole interprétatif. J’aime trop le débat pour cela. Mais il se trouve que l’année 2005 a montré l’importance citoyenne de la revendication de cette démarche de connaissance avec la loi de février dictant aux historiens comment ils doivent enseigner la colonisation. Cette loi n’arrive pas ex-nihilo : elle est le summum d’un nouvel obscurantismeles jugements moraux (quels qu’ils soient, ils sont mauvais en plus dans ce cas précis, mais même quand ils sont bons, ce n’est pas mieux au niveau de la démarche elle-même) prétendent suppléer à la connaissance : or c’est précisément cela le moralisme. Nous y reviendrons bientôt.

Pour le moment, précisons un peu la définition donnée de la laïcité, elle comporte deux éléments en interaction étroite : des pratiques sociales et un référentiel symbolique. Nier l’importance du « référentiel symbolique » (= la référence à certains principes) serait faire du marxisme primaire (cela ne se pratique plus beaucoup explicitement mais il peut y avoir des restes…) mais nier ou minimiser les pratiques sociales, ce qui est dominant aujourd’hui, y compris chez d’anciens marxistes, signifie avoir une approche essentialiste, et souvent finalement parareligieuse.

Cette dernière approche se marque par le fait qu’à chaque examen critique de pratiques sociales laïques, on vous répond : « mais ce n’est pas cela la laïcité » ou « mais ce n’est pas la vraie laïcité ». Et, alors, on oppose une laïcité idéale, fonctionnant dans le pur ciel des idées, aux religions réelles, et/ou à d’autres réalités sociales. Cela s’est beaucoup pratiqué quand on opposait un communisme idéal au capitalisme réel ou une démocratie idéal au communisme réel. On truque le jeu de manière à être à tous les coups gagnant. On est dans le premier degré, tout comme les fondamentalismes que l’on prétend combattre.

Comment repérer les personnes qui, souvent à leur insu, se trouvent englués dans cette approche essentialiste ? A leur manière de parler de la laïcité et notamment, à la façon dont ils répètent, ce stéréotype qui traîne dans toutes les poubelles : on n’a pas le droit (sous peine d’être un traître à la laïcité) d’ajouter un adjectif au mot laïcité.

Mais non, espèces de gros bêtas, mettre tous les adjectifs que l’on veut n’est en rien attenter à l’honneur de la laïcité : la laïcité n’est pas un sacré  (elle "n'est pas un nouvel Evanglie", selon l'expression de de Jules Ferry) que l’on profanerait en lui ajoutant un adjectif. Et ce que l’on indique ainsi, ce sont des pratiques sociales de la laïcité. Ainsi, une pratique de la laïcité peut être plus ou moins « ouverte », pour prendre l’adjectif qui fait le plus débat, mais cela ne signifie pas non plus que plus elle est « ouverte » mieux elle serait. Car à force d’être trop ouverte, elle peut perdre toute consistance dans ses références propres. Et, surtout, ouverte à quoi ? L’adjectif est à préciser[1]. Bref, comme vous le constatez, on entre là dans une argumentation qui va tenter d’être rationnelle et l’on quitte le régime de l’excommunication pour cause de blasphème.

Pour ma part, je préfère examiner les pratiques sociales de la laïcité par les termes de « laïcité inclusive » ou de « laïcité exclusive ». Il s’agit de ce que les sociologues appellent des « idéaux types » (= des sortes de portraits robots) et les pratiques sociales sont plus ou moins inclusives ou exclusives. Car toujours, dans une situation donnée, différentes conceptions de la laïcité s’affrontent ; telle ou telle référence est privilégiée.

La laïcité est toujours l’enjeu d’un débat social. C’est dans le cadre de ce débat, et pour délégitimer ceux qui ne pensent pas exactement comme eux, que certains refusent tout adjectif accolé à "laïcité" tout en ne se privant pas, eux (les petits coquins !), d’en utiliser allègrement un, puisqu’ils parlent tout le temps de « laïcité républicaine » (ce qu’Hervé Hasquin et de nombreux laïques belge dénoncent comme une captation française de la laïcité). D’autres répliquent alors, par un autre stéréotype, ramassé dans une autre poubelle, la laïcité disent-t-ils « a aussi ses intégristes ». Et quand vous êtes traité d’ « intégriste de la laïcité », votre parole est également délégitimée, sans que l’on examine vraiment votre argumentation

Ne soyons donc pas dans le premier degré, et commençons par une analyse froide (même si, le Blog n’étant pas un cour en Sorbonne, je la colorie un peu).

Donc diverses pratiques sociales laïques. En quoi sont-elles laïques ? On pourrait dire (en première réponse) : parce qu’elles se réclament de la laïcité. Et ce n’est pas faux. Mais il faut aller plus loin et déconstruire cette référence laïque. Car nous trouvons de la permanence et de la variation. Il me semble (mais c’est une hypothèse de travail) que l’on trouve trois éléments relativement permanents, ou plutôt (car on ne s’y réfère pas de la même façon suivant les période, les pays, les situations,…) relativement récurrents et déjà présents dans le premier exposé systématique sur la laïcité, celui de Ferdinand Buisson[2] :

-         la non domination de la religion sur l’Etat, les institutions et la société civile
-         la liberté de conscience, de culte, de religion et de conviction non religieuse

-         l’égalité entre les différentes religions et les religions et les convictions.

Mais on peut ne pas se référer à la totalité de ces 3 paramètres (ainsi Maurice Allard était, affirmait-il en 1905, beaucoup favorable à la liberté de conscience qu’à la liberté de religion et c’est encore le cas aujourd’hui de certains ; d’autres sont fort peu sensible, au contraire, à l’égalité des convictions non-religieuses et des religions) ; d’autre part il existe  d’autres paramètres qui sont invoqués, mais de façon moins générale, moins récurrente (ainsi on parlera moins, aujourd’hui, de la science qu’il y a un siècle. Par contre on invoquera beaucoup plus l’égalité homme-femme et l’élargissement du troisième paramètre à la lutte contre toutes les discriminations).

Cette déconstruction de la référence à la laïcité en trois éléments, permet de ne pas se borner à reproduire le discours des acteurs sociaux. Des pratiques sociales peuvent relever de la laïcité sans utiliser le terme ; des pratiques sociales peuvent se réclamer de la laïcité et relever, pour l’historien et le sociologue, aussi d’autres notions : la sécularisation, le régalisme, la religion civile, etc[3]

Vola pour la démarche de connaissance. On pourrait en rester là, étudier la laïcité uniquement dans le cadre d’une démarche de connaissance. C’est ce qu’on appelle la « recherche fondamentale ». Mais dans les sciences dures comme dans les sciences biologiques ou environnementales, il y a aussi la « recherche appliquée », la transformation du savoir en un objet social. Et là, le chercheur devient lui-même un praticien social.

Dès que l’on accepte d’être interviewé par les médias et de répondre à leurs questions, le plus souvent "engagées", de jouer un rôle d’expert, etc on est, plus ou moins, dans un court-circuit entre sa compétence propre et sa pratique sociale, ses choix d’individus et de citoyen.

Certes, il y a un lien entre les deux dans la mesure où l’on tente d’utiliser sa compétence pour effectuer les meilleurs choix possibles, mais il y a toujours des critères autres que la connaissance qui entrent en jeu. Et, comme citoyen, on n’examine pas seulement les différentes représentations possibles de la laïcité, on privilégie l’une d’entre elles, que l’on pense être la meilleure. Mais si on n’oublie pas ce que l’on a appris par la démarche de connaissance, on saura :

1)      que l’on est là dans la pratique sociale engagée, acteur au milieu d’autres acteurs,

2)      que sa vision est une vision en situation, opérée dans un certain contexte

3)      qu’il faut donc, périodiquement, passer sa conception des choses au crible de la démarche de connaissance

Et, comme l’indiquait Max Weber, la démarche de connaissance implique d’affronter les « faits désagréables », de ne pas sélectionner ou privilégier uniquement ceux que l’on peut interpréter dans un sens qui conforte sa propre opinion.

Le débat, les objections, les critiques, les points de vue autres sont très féconds pour ne pas s’enfermer dans le dogmatisme de ses idées propres.

4)      que ses choix relèvent aussi d’une stratégie : ainsi je suis partisans d’une « laïcité inclusive » parce que je pense, non seulement qu’ainsi elle est plus tolérante, mais aussi (et peut-être surtout) qu’ainsi elle est plus intelligente, elle a de meilleures chances d’être hégémonique et dynamique, créative. C’est ce que racontait déjà La Fontaine dans le chêne et le roseau. Celles et ceux qui défendent une laïcité – chêne multiplieront les imprécations contre les « adversaires » de la laïcité, en élargissant le cercle des adversaires à tous celles et ceux qui ne comprennent pas la laïcité comme eux, et qui, ainsi, la mettraient en danger. Je pense qu’ils contribuent à mettre la laïcité en danger avec leur laïcité bloc, peu résistante aux intempéries, leur laïcité pas assez subtile, pas assez intelligente.

Je sais bien, on  va (encore) me trouver très présomptueux de critiquer l’inintelligence, car ce serait se mettre du côté des intelligents. Je répondrais

1)      que le combat pour tenter d’être intelligent est un combat de tout instant, jamais gagné et dont la condition sine quoi non est justement de ne pas se croire intelligent une fois pour toutes.

2)      Que ce combat est nécessaire et que c’est un piège de la société marchande de le disqualifier :  la consommation de masse, l’extension à la culture et à l’éducation de la marchandisation et de sa logique massificatrice implique d’avoir une société d’individus d’intelligence très moyenne (et qui ont renoncé aux efforts à faire pour devenir plus intelligents).

3)      Que le summum de la duperie est ce que j’appelle le moralisme : des jugements moraux sommaires, péremptoires et qui ne seront pas passés par la prise de distance avec le premier degré, les « témoignages » pris pour argent comptant et non mis en perspective, les soi-disant « bonnes » émissions de télévision gobées tout crues, etc, etc. De plus en plus ce moralisme tente de disqualifier celles et ceux qui cherchent à ne pas être dans le premier degré.

Bon ce n’est pas tout cela : vous êtes bien sympas mais j’ai des chapitres de thèse à lire et à critiquer, des cours à préparer, des tonnes de lettres et de mels en retard, des recherches sur le feu. Bref, j’ai « fait plus long » que je ne pensais au départ. Donc, la suite la semaine prochaine…


[1] Ceci dit, le terme de « laïcité ouverte » est socialement bien accueilli quand les gens ont l’impression que les militants laïques ont une pratique sociale plus ou moins « fermée », « sectaire », etc. Bref certains prétendent que la laïcité est ignoblement attaquée, tout simplement parce que EUX sont mis en question, leur virulence s’explique en bonne part ainsi.
[2] Je renvoie là à mon sublimissime ouvrage Laïcité 1905-2005, entre passion et raison (Le Seuil 2004) qui vous en dira beaucoup plus : non mais, vous n’allez pas tout savoir sans rien payer, quand même !

[3] Là encore, c’est expliqué en long, en large, en travers, dans le sublimissime ouvrage cité note 2 : décidément, qu’attendez-vous pour le (re)lire…quitte après, pour vous détendre, de (re)lire, mon roman  Emile Combes et la princesse carmélite, improbable amour, la plus belle des histoires de princesse aux éditions de l’Aube.

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02/01/2006

VIVE 2006, ANNEE LAÏQUE

2005 EST MORT, VIVE 2OO6 ET QUE CE SOIT UNE ANNEE LAÏQUE

LE BLOG A PULVERISE SON RECORD DE VISITES EN DECEMBRE; IL CONTINUE.

PREMIERE NOTE DE 2006, MERCREDI SOIR 4 OU JEUDI MATIN 5 JANVIER.

ET NORMALEMENT DEMAIN MARDI 3, UN REBOND DANS LIBERATION

En attendant, faites un petit tour pour lire (ou relire) quelques Notes du Blog

TRES BONNE ANNEE

19:35 Publié dans EDITORIAL | Lien permanent | Commentaires (2)