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14/06/2010

La famous Pétition en débat, et la seconde liste des signataires

Je ne republie pas le texte de la pétition : « La France que nous aimons, vous la quittez », lancée mercredi dernier. Vous le trouverez dans les 2 Notes précédentes du Blog.
Avant de reproduire certains commentaires, de les commenter et de donner la deuxième liste de 100 signataires (si vous avez signé et que votre nom ne figure pas encore, ce sera pour la troisième, les 200 sont déjà dépassés), voici 2 ou 3 précisions sur les règles du jeu :

 

-pour le moment, 2 moyens pour signer :

l’espace commentaire du Blog, le mel declarationlaicite@hotmail.fr

A la demande de certains l’ouverture d’un site est envisagée. Mais il y a (de ma part) une double question de temps et de compétence

-la pétition est publiable en l’état sur n’importe quel site et blog. C’EST MÊME TRES RECOMMANDE !

On peut renvoyer aux 2 possibilités de signatures. On peut aussi recueillir directement des signatures. Le responsable du site ou du blog gère alors les commentaires et les signatures et donne la liste de ces dernières grâce aux 2 moyens indiqués.

-on peut aussi la tirer sur papier, avec la ou les liste(s) de signataires et la faire circuler, etc…

 

 

-aucune signature ne sera prise en compte s’il n’y a pas le nom et le prénom.

Au moins une autre indication est vivement souhaitée (engagement associatif, ou autre, profession, lieu d’habitation,…). Il m’a semblé en revanche que la mention d’un parti (que certains ont donnée) risquait de faire enlever à la pétition son aspect « société civile ». Mais j’hésite sur ce point.

Qu’en pensez-vous ?

-quelques non-Français, mais « Français de cœur », ou « très attachés aux valeurs de la France » ont signé : pourquoi pas : au début de la Révolution, n’importe qui s’affirmait attaché aux valeurs de la Déclaration des droits de 1789 pouvait devenir « citoyen français ».

 

Chacune/chacun a pu lire de nombreux commentaires sur le Blog. Parmi les commentaires reçus sur declarationlaicite@hotmail.fr voici une petite sélection :  d’abord les personnes qui signent avec des remarques critiques, ensuite celles qui ne signent pas et en donnent les raisons, enfin celles qui ne cachent pas leur enthousiasme.

 

I) D’abord voici des remarques critiques qui m’ont semblé très consistantes :

 

« Bravo pour ton initiative. Quelques remarques sur le projet de pétition, si c'est encore temps de faire des remarques, sinon, oublie-les.
1/ Le titre : pas très évident. Je suggère : "pourquoi quittez vous la France que nous aimons ?", ou bien "N'abîmez pas la France que nous aimons!" ou plus simplement : "la France que nous aimons".
2/ Sur la suppression de la Halde, peut-être dire un mot de la suppression associée du défenseur des enfants et de la CNDS[1]. C'est la question des droits de l'homme en général qui est en cause.

La CNDS notamment a eu à connaître des violences commises envers les étrangers expulsés et a en partie infléchi cette politique ainsi que des violences lors d'interpellations musclées dans les banlieues.
3/ Le dernier argument sur les élus des collectivités locales n'est pas du tout explicite
4/ Il manque me semble-t-il un quatrième point d'inflexion : le glissement progressif du judiciaire vers l'administratif dans de nombreux domaines, en particulier dans la loi sur l'immigration clandestine puisque cela constitue l'essentiel des dernières modifications.

De manière plus générale, c'est le caractère obsessionnel de la lutte contre les sans papiers et les loi sur l'immigration qu'il faudrait évoquer »

 

Commentaire J.B. :

Sur le 3), une note d’information a été ajoutée à la pétition.

Sur le 1), le titre est une paraphrase ironique de « La France on l’aime ou on la quitte » (cité dans le texte de la pétition), et donc il fallait qu’il soit le plus près possible, même dans la syntaxe, de cette phrase.  

Sur le 2) et le 4) : je n’ai pas voulu écrire une pétition généraliste (soit déjà faite, soit qui reste à faire) et longue sur l’immigration, l’ensemble des atteintes aux droits, ou sur l’établissement du défenseur des Droits avec l’ensemble des suppressions qu’il permet.

J’ai voulu cibler et relier deux « valeurs » que l’on est en train de nous VOLER sans vergogne :

 

 

-la laïcité : globalement, même si quelques signataires m’ont reproché d’avoir été trop élogieux à son égard, la Halde a défendu une conception de la laïcité qui me semble conforme à des moyens (neutralité et séparation) ordonnés à des finalités (liberté de conscience et égalité des citoyens), le projet de loi d’interdiction du voile intégral (même quand on est contre le port de ce voile là) malgré les avis des juristes (à la fois laïcité et liberté publique)

 

-l’égalité homme-femme : la contradiction flagrante entre les 2 projets de loi qui sont en même temps dans les tuyaux, celui de l’interdiction du voile intégral (où on crie très fort que c’est au nom de la dite égalité) et celui qui change le mode d’élection des élus des collectivités territoriales qui montre que l’on se fout royalement de cette égalité femme-homme

(la demande de précision montre qu’au moins j’apporte de l’info, puisque certains ne savaient pas que le changement de mode d’élection était calamiteux pour la parité)

 

Mais que la pétition soit aussi l’occasion de parler des différentes menaces qui pèsent sur « une certaine idée de la France », je suis totalement pour.

 

 

Dans cet esprit, voici 2 autres commentaires critiques consistants et bienvenus :

 

« J'aimerais, comme vous l'avez invité à le faire, apporter quelques remarques à votre pétition.

Soyez tout d'abord assuré que j'adhère sur tout ce que celle-ci contient, mais je trouve dommage que vous parliez de la Halde sans en faire de même pour les autres institutions qui seront fusionnées. Bien sûr, la pétition s'alourdirait si toutes les institutions devraient être présentées, toutefois, une attention spécifique à la CNDS serait largement appréciable.
Le rôle que cette commission porte est démocratiquement indispensable, surtout à l'heure d'une IGS/IGPN très peu saisie et très peu exigeante vis à vis des forces de police.

Je n'ai plus les chiffres en tête des saisines, ou des affaires effectivement traitées par l'IGS/IGPN, mais une rapide étude sur le Net à un moment où j'en avais besoin (cela date de l'année dernière : les choses auraient elles changées depuis? je suis sceptique) n'avait fait qu'empirer mes craintes : peu d'abus policiers sont dénoncés par les victimes, et une portion infime de ceux-ci sont réellement traités et sanctionnés.

La CNDS a elle élaboré en 2009 un rapport sur les abus et les dysfonctionnements des forces de police : elle met donc en lumière les faits qui ne sont pas dénoncés ou traités par l'IGS/IGPN.

Ce rapport de 2009 est largement détaillé, s'appuyant sur de nombreux exemples.

Ce rapport est selon mon avis dans la même lignée que le rapport d'Amnesty International de la même année, à ceci près qu'il est encore plus étayé et précis.

Cette commission critique a donc, du moins pour moi, fait preuve de sa réelle indépendance. Et comme le souligne Lionel Jospin dans un article paru dans Le Monde, cette fusion compromet largement sa liberté d'action et de réflexion. Assurer la liberté et l'indépendance de la CNDS, c'est aussi ça ma conception de la France.
Une dernière remarque, qui sort cette fois du débat sur la fusion dans un Défenseur des Droits : serait-il une bonne idée de réclamer la démission d'Hortefeux? C'est en tout cas mon avis. Cela dit, ce sujet pourrait faire à lui tout seul question d'une autre pétition. »

 

« Je suis d'accord pour signer cette pétition, mais j'aurais aimé qu'on y rajoute des éléments sur le fait que la CNDHS (je crois que le développé est commission nationale de déontologie et de haute sécurité, garante du respects des droits de l'homme par la police et la gendarmerie ait été dissoute, laissant le terrain à une inspection interne (boeuf carottes). On voit toutes les dérives possibles, notamment avec la garde à vue.

Bien d'autres sujets d'inquiétudes sur ces items: suppression de la défenseure des enfants; le décret CARLE intimant aux collectivités locales de financer les écoles privées quand les écoles publiques de la commune ne suffisent pas; réforme de la constitution non appliquée en ce qui concerne le référendum d'initiative populaire; suppression de fait du juge d'instruction indépendant, on ne leur donne plus de dossier; prise de pouvoir des média (nomination des présidents par le président de la république) Etc... »

 

II) Les personnes qui ne signent pas et en donnent les raisons :

 

« Je ne signerai pas pour deux raisons
  1) Je suis d’accord avec le “coeur de cible” la loi sur le voile intégral, mais pourquoi ne pas s’en tenir là, à ce compte il y a encore bien d’autres projets de Sarko qui ne me satisfont pas.  
2) Je ne comprends pas le sens de la rhétorique : “La France que nous aimons, vous la quittez ”: tu demandes quoi précisément ? Le changement de politique? La démission de Sarko ? Son exil ?  
Il semble qu’une pétition ne relève pas du pamphlet; elle doit avoir un objet précis et un but théoriquement atteignable. »

 

Commentaire J.B. :

-Le cœur de cible est plus complexe que celui indiqué, cf. mon commentaire précédent

-Non, je n’irai pas jusqu’à demander à Sarko de s’exiler à Saint Hélène. Cette pétition est d’abord une manière de dire : « Assez, l’instrumentalisation des ‘valeurs de la République’, leur invocation en même temps qu’elles sont foulées au pied, allègrement piétinées, c’est insupportable, la coupe est pleine. Vous prétendez que nous sommes ‘l’anti France’, or nous somme l’autre France. »

-L’objectif précis, ensuite, est de protester contre la suppression de la Halde et les 2 projets de loi dont j’ai parler dans mon 1er commentaire

 

« Le  "nous   aimons"  me  reste  dans  la  gorge   ,cela  fait Ségolène et  drapeau  au  petit  déjeuner,  la  France  d'aujourd'hui   est  une  province
de l'EUROPE,  c'est  cela  que  nous  devons  vouloir. Tout  le  reste,  très  juste. (Mais) ne  pas  jouer  le  jeu  de  l'amour  baveux. »

 

Commentaire J.B. :

D’abord, j’aime mieux « faire » Ségolène que Sarko : je renvoie à ce sujet à l’analyse de Gérard Noiriel : dans son livre A quoi sert l’identité nationale (Agone), il décrypte les discours des 2 candidats de 2007 et montre clairement que l’une est dans la tradition de Jaurès, et l’autre dans celle de Barres.

Certes la France fait partie de l’Europe, mais les enjeux dont il est question dans la pétition restent nationaux. Et je n’ai pas envie de me faire voler une conception universaliste de la France par ceux qui la défigurent. Le mieux ne serait-il pas l’ennemi du bien ?

 

III) Parmi celles et ceux qui ne cachent pas leur enthousiasme  (extraits) :

 

- « Je soutiens votre pétition qui relève avec des mots justes ce que je ressens contre la suppression de la Halde et le mépris flagrant des droits dans les cas que vous indiquez »

- « Je signe la pétition parce que je ne me reconnais plus dans mon pays, dans celui que j'ai fait aimer à mes élèves des quartiers Nord de Marseille. Non seulement je ne me reconnais plus mais j'en ai honte. »

- « En tant qu'enseignant et chercheur étranger mais d'origine française et très attaché à  la France et a ses valeurs, j'adhère avec enthousiasme a la pétition. »
- « Bravo pour la pétition, Je signe de deux mains »
- « Avec tous mes encouragements. Pour une laïcité qui entretient la vie pas une laïcité qui tue par étouffement. »

- « Belle et bonne initiative ».

- « Je signe la pétition. Je la diffuse à mon réseau féministe et universitaire ».

- « Je signe contre la suppression de la HALDE, contre l'interdiction de la burqa (de même contre l'obligation) pour des élections sur liste (et, mieux, à la proportionnelle) »,
-  « 
Merci pour cette engagement public sans compromis (ni compromission) auquel je souscris dans sa totalité »

- « Enfin une initiative plus que  consistante, à laquelle les citoyens républicains laïques ne peuvent que souscrire. Qu'elle s'épanouisse et que d'autres initiatives viennent en relais. Allez ! »

- « J'adhère en tant que citoyen laïque et républicain »

- « C'est une pétition courageuse, rafraîchissante. »
- « Je trouve désordre et malsain que des gens comme moi, d'origine étrangère, (qui, plus est sont: chef d'état : Nicolas Sarkozy; et ministre: Eric Besson) aient pu lancer par pur populisme et démagogie ce débat sur l'identité nationale. (Si des " franco-français" de l'extrême droite l'avaient fait : passe encore...!) »
- « Je suis musulmane "réformée", et je revendique ma pluralité culturelle: algérienne, française, ...j'ai eu vent de votre pétition par l'intermédiaire d'une liste d'information "politique", laïque, ... j'aimerais tellement qu'un- e musulman-e, lance aussi une telle pétition pour dire aux musulman-e-s qu'il y a bien d'autres façon de vivre sa foi, son engagement, ... »

- « Bravo pour le succès de la pétition... peut-être faudrait-il essayer de la publier comme une lettre ouverte dans Le Monde ou alors dans un journal comme Politis. »

- « merci pour ce coup de colère pétitionnaire »

- « Je signe pieds et mains joints »

 

Commentaire J.B. : MERCI : diffusez, propager, faites signer et débattre….

 

Et maintenant, une seconde liste de 100 signataires (cf. la première dans la Note du 11/06)

 

Roger Abovici, Directeur d’hôpital honoraire, citoyen laïque et républicain

Jean-Loup Amselle, Directeur d’Etudes EHESS

Nawal Badaoui, Coordinatrice, ancienne Conseillère municipale, Roubaix

Janine Baraton

Corentin Benaïssa

Miguel Benassayag, Langry

Sylvain Bergounioux, Directeur de Cabinet

Gilles Bernard, Restaurateur, Militant politique et associatif (FASE), Paris

Bernard Bier, Chargé de recherches, Paris

Alain Bonhomme, Haut fonctionnaire, Paris

Daniel Borrillo, Juriste, Université Paris-Ouest Nanterre, CNRS

Benkheulouf Boualem, Responsable associative, Aubervilliers

Jean Boulègue, Universitaire

Lionel Bourgeois, Avocat

Maryse Butel, Président section LDH, Lorient

Jacqueline Charretier, Président LDH, Uzès (34)

Mary Chebbah, Professionnelle dans le secteur artistique, Lyon

Michèle Cortot

Monique Crinon, Sociologue, philosophe

Jocelyne Dakhlia, Directrice d’Etudes, EHESS

Claude Dargent, Professeur et directeur du Département de sociologie, Paris VIII, Saint Denis

Jean-Pierre Dedonder, Professeur des Universités, ancien Président de Paris-Diderot Paris-7 et ancien Recteur de l’Université de Créteil

Pierre Delmas, Ingénieur retraité, Paris

Monique Dental, Animatrice du réseau féministe Ruptures

Christiane Dieterlé, Vice-présidente du Centre socioculturel de Tournon-sur-Rhône, Bibliste ERF

Claire Donnet, Doctorante

Olivier Doubre, Journaliste à Politis

Bernard Dreano, Président de l’Assemblée européenne des citoyens (HCA)

Françoise Dumas-Champion, CNRS

Marion Duteurtre, Militante LDH

Yann Fiévet, Professeur de Sciences Economiques et Sociales

Anne-Marie Foliquet, Paris

Marc Gaboriau, Directeur d’Etudes EHESS, Directeur de recherches CNRS

Michel Giraud, Chercheur CNRS, Université des Antilles et de la Guyane

Jérome Gleizes

Eric Goffroy, Islamologue à l’Université de Strasbourg

Christian Guérin,

Chantal Guichenu, Retraitée, Ondres (40)

Jean-Patrick Guillaume, Professeur d’Arabe à l’Université Paris III

Marie-Yvonne Guyon, Responsable d’une épicerie sociale à Limours (91)

Jean-François Havard, Maître de Conférences en Sciences-Politique, Université de Haute-Alsace

Pierre Hethener, Retraité, Marseille

Janine Hubaut, Professeur retraité, militante des droits de l’homme, Monteux (84)

Véronique Hummel, Journaliste, La réunion

Jalal Jallane, Paris, Artiste

Michel Jouvin, CNRS

Chachoua Kamel

David Koussens, Doctorant UQAM

Nadia Kurys

Barbara La Barbera, Conseillère municipale, Aubagne

Robert Launay, Professeur d’Anthropologie à Northwestern University

Stéphane Lavignote, Pasteur de la Mission Populaire, se réclamant du Christianisme social

Patrick Leclerc, Conseiller Général des Hauts de Seine

Nathalie Lejbowicz, Professeur de mathématiques

Clarence Lelièvre, Responsable SI, Bordeaux

Gilles Lemaire, Responsable politique

Anne-Marie Lepagnol

Jeannine Le Rhun, Maître de Conférences EPHE, PRODIG

Léna Li, Responsable SIG

François Licheterowicz, Youx (63)

Laurence Loeffel, Maître de Conférences, Lille 3

Martine Loyau

Chantal Marchand Bonivar, Militante des droits de l’homme, Beauvais

Michel Maric, Maître de Conférences, Université de Reims

Jean-Paul Martin, Maître de Conférences, Lille 3

André Mary, Directeur de recherches CNRS, CEIFR-EHESS

Christian Masson

Jean-Pierre Michel, Sénateur de la Haute-Saone

Gérard Moine, Militant associatif, Mulhouse

François Munier, Membre du CA du MRAP

Emmanuel Naquet, Historien

Claire Nancy, Consultante, membre LDH d’Antony

Jacqueline Oechner de Coninck, Artiste-peintre de la Onzième heure

Adriano Oliva, Chercheur et dominicain

Chama Perot, Paris

Evelyne Perrin

Claude Hélène Perrot, Professeur émérite Paris I

Jérome Picard, Fonctionnaire, Marseille

Toni Prima, Retraité Education nationale, Marseille

Daniel Roche, Professeur de Lettres en Khâgne

Annie Rouquier, Historienne (IA-IPR), Vauguenargues (13)

Pierre Ruscassie, Enseignant, membre du Comité de rédaction de Démocratie et socialisme, responsable politique Pyrénées-Atlantique

Valérie de Saint-Do, Journaliste

Malik Salemkour, vice-président LDH

Rachel Sarg, Doctorante, Université de Strasbourg

Catherine Saur, Retraitée du spectacle, Saint Denis

Céline Scavennec, Citoyenne

Nathalie Seghair, Libraire

Aurélien Sevin, Etudiant, Paris

Gilbert Tallent, Ingénieur de recherches, Portes (30)

Alain Ternot

Michel That

Nicole Trampoglieri, Enseignante,, Militante associative, attachée à la laïcité et aux pratiques solidaires

Raymond Trampoglieri, Ingénieur CNRS retraité (idem Nicole)

Marie-Claude Treilhou, Cinéaste

Pierre Tripier

Bernard de Veylder, Principal de collège

Léo Viguie

Kristina Wagner, Retraitée enseignement agricole

Valentine Zuber, Maître de Conférences, EPHE

 


[1] Précision de J.B. : Commission Nationale de Déontologie et de la Sécurité.

11/06/2010

Pétition: les 100 premiers signataires

Je ne vais certes pas me plaindre, mais je suis un peu débordé par le  succès de la pétition

Vous la retrouverez ci après (avec une note, demandée par plusieurs) et la liste des 100 premiers signataires (si vous avez signé et que votre nom ne figure pas, pas de panique: vous allez être dans dans la liste suivante car il y a déjà, en fait, plus de 100 signatures, mais je me suis arrété à ce chiffre rond pour la première liste)

Continuez à diffuser cette pétition, à la signer et à la faire signer. Merci pour les suggestions, les remarques, les critiques, j'engrange le tout et on en reparle très bientôt.

LA FRANCE QUE NOUS AIMONS, VOUS LA QUITTEZ

 

Citoyens, responsables associatifs, journalistes, universitaires, élus locaux, députés, sénateurs, étudiants, syndicalistes, médecins, artistes, libraires, retraités, etc, tous se lèvent pour dire :

 

La France que nous aimons, c’est celle de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 affirmant : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.» (Article 1er)

 

La France que nous aimons, c’est celle d’Olympe de Gouges, qui a complété cette Déclaration en l’écrivant au féminin : « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. » (Article 1er de la Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne, 1791)

 

La France que nous aimons, c’est celle de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat (1905), qui instaure la laïcité en supprimant les « cultes reconnus » (Article 2), et en proclamant : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes » (Article 1er).

 

Cette France là, nous sommes ses « citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion » (Article 1er de la Constitution).

 

 

Cette France que nous aimons, vous la quittez, hier par le calamiteux débat sur l’identité nationale, aujourd’hui par trois mesures dont la cohérence profonde ne nous échappe pas :

 

- La suppression de la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) qui, depuis cinq ans, a largement démontré son utilité et a acquis une notoriété dans la population française - et au niveau international - grâce à son expertise rigoureuse, à ses actions auprès des tribunaux, des entreprises, des administrations et à ses prises de position  juridiquement fondées et souvent courageuses. Son indépendance, son autorité, son efficacité, son identification auprès des victimes  se trouvent gravement menacées par son absorption dans un  organisme généraliste de Défense des droits, où « qui trop embrasse, mal étreint », et dont l’autonomie à l’égard du pouvoir n’est nullement assurée.

 

- Un projet de loi contreproductif d’interdiction du voile intégral dans l’espace public, élaboré au mépris des avis de juristes de toutes tendances, de l’opposition du Conseil d’Etat et contre les conclusions de la Mission d’Information Parlementaire elle-même. Ce projet de loi, insidieusement, change complètement la notion d’ordre public et constitue, à ce titre, un acte « attentatoire aux libertés individuelles et démocratiques » comme l’indique le  représentant de la Fédération nationale de la Libre pensée (auditionné par la Mission d’Information Parlementaire sur le Voile intégral, 16 septembre 2009). Il poursuit : « Cela s’inscrirait dans la logique actuelle tendant à restreindre toujours plus la liberté de comportement, la population se trouvant davantage surveillée, contrôlée, fichée. »

 

- Un changement du mode de désignation des élus des collectivités territoriales qui, au mépris de l’Article 1er de la Constitution  (« la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives »),  va produire une régression sans précédent de la parité femme-homme dans les Assemblées de ces collectivités. Cette future loi montre très clairement votre hypocrisie et le peu de cas que vous faites de « l’égalité entre les hommes et les femmes », en contraste flagrant avec ce que vous affirmez par ailleurs[1].

 

Citoyennes et citoyens de convictions très diverses, nous vous retournons  votre formule stigmatisante (« la France on l’aime ou on la quitte ») en vous affirmant : la France que nous aimons, vous la quittez. Cette France là, nous comptons bien la défendre pour pouvoir continuer à l’aimer et à ne pas nous retrouver mentalement étrangers dans notre propre pays.

 

***

 

 

Prière d’envoyer vos remarques, critiques, suggestions et votre adhésion à cette pétition à : declarationlaicite@hotmail.fr

En indiquant vos nom et prénom, et aussi, si possible, votre appartenance (voire responsabilité) associative et/ou votre profession, ainsi que toute précision que vous jugeriez utile (localité, etc. En revanche l’appartenance politique précise n’est pas souhaitable étant donné l’état d’esprit « société civile » de la pétition). C’est sympa de mettre au moins une précision (ne serait que votre lieu d’habitation)

 

Prière de diffuser largement la pétition par tous les moyens en votre disposition.

MERCI.

-          

 

100 Premiers Signataires :

 

Tamouz Al-Douri, Etudiant

Fatima Ali, Etudiante, Rennes

Daniel Adam, Philosophe, militant LDH

Alain Ansiani, Sénateur de la Gironde

Jean-Claude Aparicio, Militant des droits de l’homme, Istres

Florence Arnoux, Directeur d’hôpital

Jean Baubérot, Professeur émérite EPHE, responsable associatif

Jean-Christophe Béjannin, Antony

Corantin Benïssa

Tarek Ben-Hiba, président de la FTCR

Mohamed Ben Said, Médecin hospitalier, Eure et Loire

Mohamed Bhar, artiste, musicien

Gaël Biard, Etudiant, LDH Nantes, Citoyen du Monde

Jean-Louis Bianco, Député et Président du Conseil général des Alpes de Haute Provence , Ancien Ministre

Elisa Blanc, production et coordination scientifique ICI

Alima Boumédienne Thiery, Sénbatrice

Didier Bourg, Journaliste, président de la Fraternité musulmane contre l’antisémitisme

Karima Bounoua, Professeur d’Université, Association Mémoire de la Méditerranée

Naïma Bouteldja, journaliste et chercheuse

Anna Bozzo, Professeur d’Université

Nicolas Cadène, Responsable politique

Giordana Charuty, Directrice d’Etudes EPHE

Marguerite Cognet, Maître de Conférences, Université Paris Diderot

Collectif France Multiculturelle

Jean-Luc Combalizier, Profession indépendante, Bessages (30)

Nicole Constantin Levante, Psychologue, citoyenne laïque

Michelle Colmart Drouault, auteure, ancien travailleur social

Marie-Françoise Courel, Directeur d’Etudes à l’EPHE

Mathilde Courel, enseignante-chercheure

Evelyne Crison, enseignante, Correze

Jean-Paul Cruse, Journaliste indépendant

Michel David, réseau de compétence I+C

André Delcroix, Attac Roubaix-Tourcoing

Michèle Duchange, Massy

Jean-Pierre Duchange, Massy

Laurent Elghozi, Médecin hospitalier, Membre du Comité consultatif de la Halde

M’jid El Guerrab

Cherif Ferjani, Universitaire, Lyon

Sandra Fancello, Chargée de recherche au CNRS, CEMAf

Catherine Fieschi, Docteur en Sciences politique, British Council

Nathalie Flautre, enseignante, Archicourt (62)

Laurent Fourchard, Institut d’Etudes Politiques, Bordeaux

Bernard Frimat, Sénateur du Nord, Vice Présdident du Sénat

Lise Gagne-Iattoni, retraitée, Montréal

François Gèze, éditeur

Denis Gril, Professeur à l’Université de Provence, IREMAM

Jacques Gutwirth, Directeur de recherches émérite CNRS

Tessa Hammond, étudiante, membre LDH

Anne de Hauteclocque, Cadre, responsable associative

Gilles Holder, Anthropologue, CNRS

Rachid Id Yassine, Sociologue, Perpignan

Fouad Imarraine, Centre Malcolm X

Thierry Jobard, Libraire

Yves Jouffe, Sociologue, Santiago

Khalid Kheddouch, Ajdoint au Maire, Mairie de Graulhet (Haute Garonne)

Hélène Kozar, institutrice, membre de la LDH, Rouffignac Saint Cernin

Renée Koch-Piettre, Maître de Conférences à l’EPHE

Gilles Kuntz, Conseiller à la Métro, conseiller municipal Grenoble

Régis Ladous, Professeur à l’Université Lyon III

Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire

Michel Levante, Economiste, citoyen laïque

Yacine Leffad, Navigant professionnel

Martine Lelièvre, Saint Rabier (24)

Vincent Lelièvre, Professeur d’histoire, vice-président LDH de Périgueux

Anne-Claire Le Vaillant, Architecte PDLG

Daniel Lindenberg

Raphael Liogier, Professeur de sociologie à Science-Pô, Aix en Provence, Directeur de l'Observatoire du religieux

Hélène Lipietz, avocate en droit public

Jacques Lobjoit, Délégué Régional Aquitaine de la LDH

Nazim Mekbel, citoyen français

Akli Mellouli, Maire Adjoint Bonneuil, 94

Guy Michelat, , Directeur de Recherches CNRS.

Bruno Michon, Doctorant

Marie Miran, Maître de Conférences EHESS

Paul Oriol

Marco Antonio Palomino, avocat, Péruvien et ami de la France

Geneviève Pétaudon, COPAF, professeure d’histoire retraitée

George Pau-Langevin, députée de Paris

Denis Pelletier, Directeur d’Etudes à l’EPHE

Alix Philippon, ATER, Sciences-Pô, Aix

Ali Rahni, Educateur, membre du CMF

Yann Richard, Professeur à la Sorbonne nouvelle

Claude Rina Bsilio, Conseiller Municipal Saint Jean de la Ruelle

Joël Roman, Philosophe

Gilles Rouet, Professeur des Universités, Reims

Marie-Hélène Roumet, LDH section de Nantes

Nicole Savy, Membre Comité Central LDH

Claude Scemama, Chargée de mission Logement, Lyo

Marine Schaefer, Etudiante, Lyonn

Catherine Teule, Universitaire

Nadia Touhami, Québécoise et Française de coeur

Daniel Tollet, Ingénieur de recherches, Paris IV-Sorbonne

André Tréglia-Leadouze, Responsable associatif

Jean-Louis Triaud, Professeur émérite Université de Provence

Marie-Christine Vergiat, Députée européenne

Christophe Valia-Kollery, EPHE.

Anne-Martie Vierge, Retraitée Renault

Catherine Vivarelli, Doctorante à l’Université de Strasbourg

Georges Voix, retraité, membre LDH, Roubaix

Michel Zasadzinki, Nancy

 

 

 

 

 

 

-

 

 

 



[1] L'élection, comme plusieurs médias l’ont expliqué, se faisait jusqu'alors à la proportionnelle avec des listes où figuraient, obligatoirement, alternativement des hommes et des femmes. Là, ce sera le scrutin uninominal, ce qui jusqu'à présent a toujours été très défavorable aux femmes, certains partis préférant payer une amende plutôt que d'appliquer la loi sur la parité.



09/06/2010

Pétition: La France qu'on aime, vous la quittez.

JEUDI 10 A 14H14:

déja 65 signatures provenant de personnes très diverses, avec des accords enthousiastes, des remarques intéressantes, et même certains qui ne signent pas ont envoyé des critques, ce qui est tout à fait dans l'esprit de la pétition.

Je vais tenter de faire une synthèse et de vous mettre au courant d'ici le week-end. En attendant, juste une précision (à la demande de plusieurs) sur le troisième point: le mode d'élection des conseillers territoriaux (c'est important):

 

L'élection, comme plusieurs médias l’ont expliqué, se faisait jusqu'alors à la proportionnelle avec des listes où figuraient, obligatoirement, alternativement des hommes et des femmes. Là, ce sera le scrutin uninominal, ce qui jusqu'à présent a toujours été très défavorable aux femmes, certains partis préférant payer une amende  plutôt que d'appliquer la loi sur la parité.

 

Les personnes qui signent sont prièes de mettre leur nom et prénom, ainsi que si possible une caractéristique de leur choix (engagement associatif, profession, lieu d'habitation, etc).

 

Retour à ma Note d'hier mercredi 9:

Cela m’est venu tout d’un coup, hier soir tard, alors que je m’apprêtais à rédiger une nouvelle Note : une petite voix intérieure (la conscience ?) m’a dit : « imbécile heureux, ce n’est pas une Note qu’il faut écrire, c’est une pétition ».

Oui, je le sais fort bien : ce n’est pas du tout ainsi que l’on procède pour lancer une pétition.

On contacte d’abord des « personnalités » en vue, on soupèse soigneusement les termes pour obtenir leur accord, on passe beaucoup de temps à modifier le texte initial et,…

 …une fois les signatures de ces gens célèbres engrangées, on lance publiquement l’affaire et propose au menu peuple, aux « anonymes » pour parler comme certains, de se joindre à la première liste.

Ou alors, c’est une organisation, avec ses réseaux, ses adhérents, sa force de frappe qui lance la pétition, assurée dés le départ d’obtenir un écho.

Mais que voulez-vous faire, quand une voix intérieure se fait impérieuse, vous poursuit de ses assiduités ?

Alors, j’ai écrit mon texte, je l’ai laissé reposer la nuit et, maintenant, je vous le soumets

 

Car, peut-être, à l’heure de l’Internet, des Blogs, d’une plus grande attention de certains médias aux initiatives de « citoyens ordinaires », de la multiplication (heureuse) de ces initiatives,  peut-on lancer une pétition de cette manière un peu folle.

Tout seul au départ, sans appui d’aucune sorte, parce que, peut-être, sa propre rage est partagée…

 

Et si une pétition, c’était comme une bouteille à la mer, un appel, désespéré et plein d’espoir, à toutes et tous, la demande à chacun de faire un geste -mettre sa signature- pour ne pas assister passivement à la capture de la France par ceux qui la défigurent.

Et si une pétition c’était se poser la question : suis-je seul à être révolté ? Il me semble que non, confirmez le moi vite et agissons ensemble…

 

Si on procédait en sens inverse de l’habitude : d’abord les citoyennes et citoyens dit anonymes, mais actifs dans leurs lieux de vie, leur métier, leurs associations, et dont la présence façonne la France jour après jour, et, ensuite, dés quelles le souhaitent, des dites personnalités, qui sont aussi des citoyens.

S’il s’agissait simplement de se lever et de dire : Assez. On en en a beaucoup supporté depuis trois ans, mais maintenant le verre déborde grave !

 

Je n’accepte pas la façon dont ce pays, mon pays, est traité par ceux qui en sont temporairement responsables. Je n’accepte pas l’invocation de ses valeurs par des discours trompeurs. Je n’accepte pas la poudre aux yeux.

Je sens monter en moi de la colère. Je crois ne pas être le seul dans ce cas. Alors, je lance une pétition à la mer, en espérant de nombreux marins, voire des capitaines, pour la reprendre à leur compte.

 

A vous de jouer, maintenant. Si elle vous plait à, au moins 51%, alors n’hésitez pas : faites vos remarques, vos suggestions, signez et diffusez largement, recueillez les signatures, formez une chaîne d’amitié et de colère avec moi.

 

Voici le texte de la pétition :

 

LA FRANCE QUE NOUS AIMONS, VOUS LA QUITTEZ

 

La France que nous aimons, c’est celle de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 affirmant : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.» (Article 1er)

 

La France que nous aimons, c’est celle d’Olympe de Gouges, qui a complété cette Déclaration en l’écrivant au féminin : « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. » (Article 1er de la Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne, 1791)

 

La France que nous aimons, c’est celle de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat (1905), qui instaure la laïcité en supprimant les « cultes reconnus » (Article 2), et en proclamant : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes » (Article 1er).

 

Cette France là, nous sommes ses « citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion » (Article 1er de la Constitution).

 

Cette France que nous aimons, vous la quittez, hier par le calamiteux débat sur l’identité nationale, aujourd’hui par trois mesures dont la cohérence profonde ne nous échappe pas :

 

- La suppression de la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) qui, depuis cinq ans, a largement démontré son utilité et a acquis une notoriété dans la population française - et au niveau international - grâce à son expertise rigoureuse, à ses actions auprès des tribunaux, des entreprises, des administrations et à ses prises de position  juridiquement fondées et souvent courageuses. Son indépendance, son autorité, son efficacité, son identification auprès des victimes  se trouvent gravement menacées par son absorption dans un  organisme généraliste de Défense des droits, où « qui trop embrasse, mal étreint », et dont l’autonomie à l’égard du pouvoir n’est nullement assurée.

 

- Un projet de loi contreproductif d’interdiction du voile intégral dans l’espace public, élaboré au mépris des avis de juristes de toutes tendances, de l’opposition du Conseil d’Etat et contre les conclusions de la Mission d’Information Parlementaire elle-même. Ce projet de loi, insidieusement, change complètement la notion d’ordre public et constitue, à ce titre, un acte « attentatoire aux libertés individuelles et démocratiques » comme l’indique le  représentant de la Fédération nationale de la Libre pensée (auditionné par la Mission d’Information Parlementaire sur le Voile intégral, 16 septembre 2009). Il poursuit : « Cela s’inscrirait dans la logique actuelle tendant à restreindre toujours plus la liberté de comportement, la population se trouvant davantage surveillée, contrôlée, fichée. »

 

- Un changement du mode de désignation des élus des collectivités territoriales qui, au mépris de l’Article 1er de la Constitution  (« la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives »),  va produire une régression sans précédent de la parité femme-homme dans les Assemblées de ces collectivités. Cette future loi montre très clairement votre hypocrisie et le peu de cas que vous faites de « l’égalité entre les hommes et les femmes », en contraste flagrant avec ce que vous affirmez par ailleurs.

 

Citoyennes et citoyens de convictions très diverses, nous vous retournons  votre formule stigmatisante (« la France on l’aime ou on la quitte ») en vous affirmant : la France que nous aimons, vous la quittez. Cette France là, nous comptons bien la défendre pour pouvoir continuer à l’aimer et à ne pas nous retrouver mentalement étranger dans notre propre pays.

 

J’ai tenté d’écrire un texte qui soit assez percutant, et en même temps capable d’être signé par un large éventail de personnes de toutes opinions, consistant mais pas trop long, se référant aux principes et concret. Ais-je réussi ?

 

Prière d’envoyer vos remarques, critiques, suggestions et votre adhésion à cette pétition à : declarationlaicite@hotmail.fr

(Ou dans la rubrique Commentaires du Blog)

En indiquant vos nom et prénom, et aussi, si possible, votre appartenance (voire responsabilité) associative et/ou votre profession et toute autre précision que vous jugeriez utile.

 

Prière de diffuser largement la pétition par tous les moyens en votre disposition.

MERCI.

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27/04/2010

La liberté de conscience des femmes

Je reprendrais le dialogue avec J.-M. Schiappa dans ma prochaine Note, en tenant compte des commentaires rédigés sur la 1ère.

Etant donné que le débat sur la dite « burqa » s’enflamme, je vous propose aujourd’hui une invité exceptionnelle : Valentine Zuber

J’avais signalé sous article dans Réforme, Plusieurs internautes sont allés consulter le site de cet hebdo, mais l’article n’est accessible qu’aux abonnés.

Ils me l’ont alors réclamé et Valentine a accepté qu’il soit republié sur le Blog.

 

Donc, voila de VALENTINE ZUBER :

 « Pour une laïcité respectueuse de la liberté de conscience, même de celle des femmes »,

 

Je voudrais réagir à la mise en cause par Max Chaleil de certains protestants qui renieraient selon lui le combat en faveur de la liberté et de la laïcité porté par leurs ancêtres depuis le XVIe siècle. En éludant le problème de la burqa ils mettraient, ce faisant, « les femmes, la religion et la démocratie » en grave danger.

Sans m’appesantir plus que cela sur le formidable et très contestable raccourci historique qui est devenu un véritable lieu commun de la mythologie bien pensante des protestants français, je crois au contraire que c’est le genre de raisonnement tenu par Max Chaleil qui est potentiellement porteur d’atteintes graves à la laïcité et à la liberté individuelle, et en particulier celles des femmes.

 

En tant qu’historienne de la laïcité, je voudrais rappeler que la laïcité française (d’inspiration protestante ou non) ne sest parée du discours féministe que depuis très peu dannées.

Dun point de vue historique, on peut même dire que le processus de laïcisation français sest presquentièrement déroulé à linsu du développement du droit des femmes. C’est ainsi que luniversalisme abstrait défendu dès la Déclaration des Droits de lHomme et du citoyen de 1789, prétendait parler de lhomme en tant quêtre humain alors quen fait il ne sadressait véritablement quà lhomme, en tant que représentant du genre masculin.

Et s’il est vrai que si la Révolution a bien accordé certains droits civils aux femmes, elle ne leur a rien lâché en ce qui concerne leurs droits politiques. On a longtemps appris sur les bancs de lécole publique française que linstauration du suffrage universel datait en France de la Révolution de1848, sans jamais préciser quil sagissait dun « universel » uniquement masculin

 

La France a dailleurs accordé extrêmement tardivement le droit de vote aux femmes (1944-45), bien après des pays comme le Danemark ou le Royaume-Uni (1915), la Belgique (1920) ou même la Turquie (1934).

Il faut dire que dans le contexte du conflit des deux France, entre Républicains et Catholiques, les femmes étaient considérées comme étant des alliées inconditionnelles de la France cléricale et donc politiquement soumises au parti de la réaction.

Ce stéréotype a longtemps perduré et la laïcité française sest partiellement construite sur la mise à lécart de la moitié de la population, celle jugée politiquement peu sûre. La laïcité française na donc en aucun cas été le garant davancées féministes pendant la plus longue partie de son histoire en France.

 

Le discours semble avoir changé depuis la fin des années soixante-dix. Et la militance féministe sest récemment emparée de létendard de la laïcité. Une partie dentre elle la fait en défendant le refus de louverture de lécole publique aux filles voilées pour tenter de les détacher de leurs mentors.

En dépit des bruyantes proclamations en faveur de lémancipation de toutes les femmes, il ne me paraît cependant pas que le discours de type laïque antiféministe ait vraiment disparu du paysage.

Et certaines féministes républicaines sen sont paradoxalement faites les courroies de transmission. Lors des grandes consultations sur la laïcité (comme lors de la commission Stasi de 2003), les jeunes filles intéressées nont pas ou très peu été entendues par les experts.

Et le discours sur lémancipation nécessaire et volontariste que la République devrait aux « faibles femmes » musulmanes menacées par leur mari, frère ou père, rappelle bien souvent les discours paternalistes et machistes des Républicains de la fin du XIXe siècle qui mettaient en cause les qualités physiologiques et morales de ces premières « faibles femmes » alors sous lemprise de leurs émotions hystériques et de leurs curés.

 

A cause de ses impensés paternalistes et idéologiques, le discours féministe républicain, dominant dans les médias en France, s’est donc inscrit à contre-courant de celui du féminisme anglo-saxon ou du féminisme musulman naissant qui prônent dabord la liberté accordée aux femmes dans leur choix de vie plutôt quune libération imposée de lextérieur par lEtat aux individus.

Discours idéologique, et donc par cela aussi peu laïque que possible, le féminisme républicain continue de réclamer une politique coercitive contre certaines femmes au nom de leur liberté, là où la laïcité prône le respect et la liberté d’expression et de croyance pour tous les individus considérés comme adultes et responsables.

Une féministe républicaine comme Elizabeth Badinter a pu ainsi proclamer sans sourciller devant la récente Mission parlementaire sur le port du voile intégral que la liberté de conscience ne pouvait pas être complètement respectée en France puisque l’Etat combattait les sectes, auxquelles elle a immédiatement assimilé le mouvement salafiste prônant le port du voile intégral par les femmes[1].

 

Ce qui se joue en effet dans ce débat, c’est l’opposition culturelle centenaire entre deux conceptions antithétiques de la liberté individuelle en matière de religion :

une conception de la liberté de type libérale qui fait de la conscience individuelle un absolu et une conception de la liberté de penser qui, en se voulant « émancipatrice », s’arroge le droit de limiter la liberté de conscience de certains individus sous le prétexte qu’ils sont aliénés et incapables de se défendre.

M. Chaleil consacre un long paragraphe dans lequel il s’imagine dans l’esprit d’une femme voilée (!!!) pour démontrer que celle-ci n’aurait aucunement  « la possibilité de décider par elle-même… ».

Que sait donc l’homme blanc chrétien occidental qu’il est de la psychologie de la femme, en particulier musulmane ?

Quand donc tous ces « défenseurs des femmes » les prendront enfin comme des individus à part entière, responsables et majeures politiquement ?

Les laisserons-nous s'exprimer à leur manière sans toujours chercher à déprécier leurs arguments, tirés d’une raison agissante qui vaut bien la nôtre ?

 

Ce n’est pas un hasard si, aujourd’hui comme hier, ce sont les femmes qui sont l’objet (et la cible) de ce discours républicain soi-disant émancipateur.

La figure stéréotypée de la femme musulmane voilée comme prototype de la victime a été popularisée par le grand débat politico-médiatique pour être ensuite instrumentalisée par le discours des féministes républicaines dont le mouvement « Ni putes ni soumises », complètement récupéré par le monde politique et non représentatif, s’est fait le porte-voix.

Mais les musulmanes mises en cause ne se sont généralement pas reconnues dans ce discours et ont commencé à réagir, en se réclamant elles aussi, de la laïcité de l’Etat comme garante de leur liberté religieuse.

 

On entrevoit depuis quelques années maintenant l’émergence d’un discours féministe musulman qui entretient des rapports à la laïcité à la fois moins passionnels que les précédents et, aussi paradoxal que cela puisse paraître, plus sécularisés.

La candidature récente aux élection régionales de la jeune femme s’affichant ouvertement de convictions musulmanes du NPA en est un écho instructif. Bizarrement, ce discours a de la peine à se faire entendre et disparaît trop souvent sous les cris indignés de ceux qui ont le pouvoir, en particulier celui des mots.

La  relecture particulièrement partisane que M. Chaleil fait de l’analyse sociologique du phénomène du voile intégral proposée par Jean Baubérot en est une illustration saisissante.

Trop souvent en effet, les médias continuent à préférer diffuser les tribunes d’indignations bien pensantes des intellectuels bourgeois désemparés devant les manifestations ostensibles d’une certaine identité musulmane qui se considère comme depuis trop longtemps bafouée par la culture dominante.

Et ils ne veulent pas prendre en compte les tentatives d’explication (qui ne sont en aucune manière des approbations) de ceux qui veulent éclairer les termes et les raisons socio-culturelles de ce débat en cours dans la plupart des grandes démocraties.

 

Les « affaires du voile islamique » successives et la récente polémique sur le port du voile intégral ainsi que le calamiteux débat sur l’identité nationale ont progressivement islamisé les termes du débat.

C’est un moment de recomposition culturelle particulièrement important que nous vivons actuellement et qui met singulièrement à l’épreuve la volonté de maintenir un débat réellement démocratique et laïque dans les pays qui s’en réclament.

En ne cessant de demander des lois, certains voudraient construire artificiellement des murs qui, comme tous les murs, ne sont jamais assez hauts pour endiguer la contestation de ceux qui se sentent écartés du débat public et niés dans leurs singularités individuelles.

 

Je crois au contraire que le principe de la laïcité française tel qu’il est magnifiquement exposé dans le premier article de la loi de séparation de 1905[2] est assez solide par lui-même pour n’avoir pas besoin de se voir préciser (et limiter) par des lois particulières et de circonstance.

Je veux croire à une laïcité moderne à la fois féministe et respectueuse de la liberté d’expression de tous les individus, qu’ils soient de genres masculin ou de genre féminin.

Et je veux défendre encore une fois l’inaliénabilité de la conscience en appelant au respect absolu de celle-ci, en tant que femme, chrétienne protestante, viscéralement attachée au principe démocratique et à la laïcité de l’espace et du discours publics.

 

 

Valentine Zuber, Maître de Conférences à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, chaire de Sociologie des religions et de la laicité », 2 mars 2010.



[1]. Rapport d’information au nom de la Mission d’information sur la pratique du voile intégral sur le territoire national, Président M. André Gérin, Rapporteur M. Éric Raoult, Députés , 26 janvier 2010. Texte : http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i2262.asp, Audition d’Elizabeth Badinter, 9 septembre 2009, p. 104.

[2] « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public».

26/03/2010

Contre Stéphane Guillon et le relativisme intellectuel

Ce matin, je me suis levé du pied droit, ce qui est mauvais signe pour un gaucher !

Du coup, j’ai un peu la rage !

J’ai discuté ces derniers jours avec quelques amis à propos de la chronique de Stéphane Guillon sur France Inter, et  c’était un dialogue de sourds.

 

Je pense que les Internautes français ont entendu parler de ce mini incident médiatique (mais, vous allez le constater, ce qu’il révèle n’est pas mince)

Pour les autres, je précise rapidement que Guillon se veut un « humoriste » et tient sur la radio « France Inter » une chronique de 5 minutes, les 3 premiers jours de la semaine, peu avant 8 heures.

 

Il arrive quelques fois à être drôle. Le plus souvent, cependant, Guillon débite des propos faciles, et assez souvent des attaques, des allusions en dessous de la ceinture, ou portant sur le physique des gens.

 (Martine Aubry en a été victime, et ce qui m’a le plus peiné c’est que, vu la popularité du pseudo humoriste, elle s’est crue obliger de prétendre que cela l’avait faite rire).

 

Lundi dernier, Guillon jouait sur du velours : sa tête de Turc était Eric Besson, le Ministre de l’identité nationale.

Et tout y est passé : son lieu de naissance et ses origines, sa vie privée, son physique, mêlé au fait -juste mais qui n’était certes pas une idée originale !- que Besson avait remis en selle le Front National.

Je soutenais à mes amis que cette chronique était nulle et que ce n’est pas parce qu’elle s’en prenait à quelqu’un dont j’exècre la politique que cela changeait la donne.

On me répondait par la litanie « liberté d’expression, liberté d’expression,…. »

 

(L’affaire est un peu compliquée -mais tout dans la vie est compliqué !- parce que le directeur  de France-Inter Hess s’est ensuite excusé auprès du ministre, et là je ne cautionne pas davantage :

La bande à Sarko, elle, est tout à fait pour « l’excès de caricature » dans certains cas, elle ne supporte pas la caricature dans d’autres.

Et que, de toute façon, le système est vicié à la base : c’est Sarko qui nomme les présidents des radio et télé du service public, ce qui est proprement scandaleux pour un pays qui se veut démocratique)

 

Reprenons le propos :

Je rétorquais : « diriez vous « liberté d’expression, liberté d’expression » devant des propos sexistes ou racistes ? »

Et là, on me répondait : « pas de relativisme culturel, pas de relativisme culturel. »

Cela m’a mit un peu en rogne.

Oui je sais, cela vous étonne beaucoup car vous me savez le plus charmant des hommes.

Mais c’est ainsi : je devais être levé du pied droit ce jour là, également !

Et comme, malheureusement, le temps était court, et qu’on en était aux stéréotypes, j’ai mis fin à la discussion en déclarant : « Fleury-Michon »

Fleury-Michon, vous savez c’est cette pub. où un personnage prétend : « Nous n’avons pas les mêmes valeurs ».

 

Quand je vous disais que l’affaire est compliquée : ce matin sur France-Inter, François Morel (comédien et humoriste, qui à la même chronique que Guillon le vendredi, et là c'est beaucoup plus fort, moyennant quoi, on en cause moins ensuite!)

Morel, donc, a indirectement défendu Guillon, avec talent, et cela m’a fait rire.

Guillon avait stigmatisé « les yeux de taupe » de Besson, il l’avait comparé à une fouine.

Morel a défendu vigoureusement ces deux animaux, injustement attaqués car ils n’ont rien fait qui soit susceptible de les comparer à l’action d’Eric Besson.

 

Première Morale de l’histoire :

1-on ne peut certes pas s’abstraire du contenu et tolérer n’importe quel contenu, sous prétexte que la personne attaquée agit de façon non estimable

 

2-surtout que le contenu n’est pas seul en cause : il y a la forme qui informe le contenu. Et par forme, j’entends quelque chose de complexe (encore !) où le talent est à prendre en compte.

(Le talent, la finesse, la malice un tantinet subtile, qui peut être méchante pourvu qu’elle soit bien envoyée, qu’elle vise juste et que ce ne soit pas du n’importe quoi, quand il s’agit d'un propos d’humoriste ou de pamphlétaire ;

La vigueur et la rigueur de pensée, le niveau argumentatif, la cohérence interne, quand il s’agit d’un discours sérieux.

Et dans tous les cas l’originalité, l’inventivité du propos)

 

3-le tout doit être corrélé au cadre dans lequel on parle (écrit, dessine, etc) :

il n’y a naturellement pas à avoir la même exigence pour des brèves de comptoir, des propos de table, et pour ce qui a beaucoup d’influence sociale, modelant les manières de penser, procure beaucoup d’argent et de notoriété à son auteur (ce qui est le cas avec Guillon).

 

Je voudrais revenir sur ce dernier point : faire dans la provoc facile, dire des trucs qui font jaser, induit des réactions outrées (là encore à géométrie variable : je ne prends pas partie contre les uns et pour les autres, j’examine)

Tout cela permet de faire parler de soi, d’acquérir notoriété médiatique… et finance.

 

Encore faut-il que sa provoc soit dans le sens du poil :

Guillon a attaqué Martine Aubry sur son physique, non pas maintenant, quand elle et ses amis ont gagné les élections régionales, mais quand le PS était au trente sixième dessous, quand tout le monde le brocardait.

En résumé : tenir des propos dégueu en hurlant avec les loups, ça peut rapporter gros.

 

Le personnage de Guillon (et ses semblables, il y en a plusieurs qui prospèrent ainsi dans notre belle République) possède un double aspect

Double aspect qui peut être symbolisé par les figures de Panurge et d’Erostrate.

Cette double figure, un sociologue belge, Claude Javeau, en parle fort bien dans un ouvrage intitulé Les paradoxes de la postmodernité (PUF, 2007)

 

Célèbre personnage de Rabelais, Panurge réussit à faire sauter par-dessus bord tous les moutons rassemblés dans un navire.

Panurge n’est pas un mouton, mais Panurge construit « le panurgisme », c'est-à-dire le comportement conformiste, suiviste, mimétique, quasi pavlovien.

Panurge méprise profondément les moutons qu’il manipule, qu’il conduit à se noyer dans la mer de l’insignifiance.

Mais le Panurge de Rabelais ne récoltait pas plein de blé pour sa construction de comportements stéréotypés. Guillon si.

Car telle est la société actuelle qu’elle célèbre les Panurge, les porte au pinacle.

C’est sans doute ce qu’on appelle « le progrès »

Ce que Condorcet croyait être la « perfectibilité » de l’homme

 

 

Citoyen d’Ephèse, au IV siècle avant notre ère, Erostrate incendia le temple d’Artémis pour voir passer son nom à la postérité.

Pour cela, il fut condamné à être brûlé vif et il fut interdit à jamais de mentionner son nom.

Manque de bol : on le trouve dans les dictionnaires ; il serait resté inconnu sans son crime.

Mais il a quand même payé sa célébrité d’un prix fort : sa vie.

Guillon ne sera pas brûlé vif, et (je l’espère !) son nom ne figurera pas dans les dictionnaires dans un siècle ou deux.

Mais il en a que faire, puisque ses bêtises lui procurent une célébrité immédiate.

Et que, contrairement à ce qui s’est passé avec Erostrate, beaucoup sont béats et téléchargent ses propos comme des malades

Et bien sûr c’est cela qui lui importe

Et il se dupe lui-même en se croyant un véritable humoriste.

 

Alors, il faut RESISTER et aux Panurge et aux Erostrate.

On peut rire de tout, si le rire est « intelligent ».

Ah « intelligent », voilà un gros mot lâché.

Les gens supportent mal que ce soit, pour vous, un critère de jugement.

Il vous accuse facilement d’être « méprisant ».

 

Moyennant quoi les Panurge et les Erostrate prospèrent

Alors, sachons que LE RELATIVISME INTELLECTUEL EST AUSSI GRAVE QUE LE RELATIVISME CULTUREL.

Que si Charlie Hebdo prétendait : « C’est dur d’être aimé par des cons » sans que l’on prétende qu’il soit « méprisant, on a encore beaucoup plus de raison d’affirmer : « C’est archi dur de vivre avec des cons…qui prospèrent et sont applaudis par les crédules»

 

Je vous l’avais dit : aujourd’hui, j’ai la rage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

11/12/2009

Le petit Nicolas ne perd rien pour attendre!

Vous êtes gentils, mais un tantinet pressants...

"Quand est-ce que tu vas réagir à l'article du mari de Carla Bruni sur l'id'nat ?" me demandez-vous.

Comme je suis fort occupé, j'ai chargé mon FRERE SIAMOIS: Mouloud Baubérot de lui envoyer une lettre.

Mais aujourd'hui il est pris toute la sainte journée

Donc, vous l'aurez demain.

M'est avis que le petit Nicolas S. ne perd rien pour attendre! 

07/07/2009

LA REPUBLIQUE, TENSION entre l'UNIVERSEL et le PARTICULIER

(Suite de la Lettre à Martine Aubry)

 

Chère Martine,

Donc, je vous disais vendredi dernier (Note du 3 juillet) que le but réel d’une Commission devrait porter sur « République et diversité » et non se focaliser sur la dite « burqa ».

Dans cette optique, l’ouvrage de Mona Ozouf, Composition française  retour sur une enfance bretonne (Gallimard), comporte un trésor que son sous-titre ne laisse pas deviner :

Je reprends le compte-rendu du livre, commencé par la Note du 15 juin.

Dans sa seconde partie, il livre trois pistes très importantes (et même plus) sur République et diversité.

Mona Ozouf est, en effet, une grande dame de la discipline historique, qui a derrière elle des décennies de travaux savants, dont elle nous livre, en quelques dizaines de pages, une synthèse lumineuse par sa clarté, dans cette seconde partie.

Seuls ceux qui, comme elle, on effectué un énorme travail dit « de première main » (c'est-à-dire, pour les historiens à partir d’archives, et pas seulement d’autres ouvrages) peuvent faire une aussi bonne synthèse vulgarisée.

 

M. Ozouf a « entamé (ses) recherches (…) par l’école républicaine » et explique que « choisir ce sujet était pour une part la dette du bon élève. Pour une autre le salut à une entreprise d’égalité. »

Ensuite, elle a travaillé sur la Révolution française, objet de sa part de la « même admiration ».

« Ils me paraissaient fascinants, écrit-elle, ces hommes qui se mettent en marche avec des ambitions immenses, et se lancent (…) dans des entreprises inouïes ».

Elle retrouvait en eux, « le credo de (son) école primaire, la foi immédiatement professée, dans l’universalité des hommes. »

 

Bref, ce sont ses convictions très républicaines qui l’ont poussée à étudier la République. Et en même temps, la recherche nécessite de ne pas coller à ses convictions, de quitter le 1er degré.

Ce qu’elle nous a dit sur les « trois lots de croyances (…) désaccordées » qui ont marqué son enfance : « la foi chrétienne de (ses) ancêtres, la foi bretonne de la maison, la foi de l’école dans la raison républicaine » a sans doute aidé à cette distanciation, nécessaire à une démarche d’objectivation. scientifique.

 

En tout cas, elle se posait des questions, elle était attentive à un paradoxe concernant la Révolution française: les Cahiers de doléances sont « tout bourdonnants » de revendications locales, les députés « élus par corps et représentation des métiers ».

Et pourtant, par une « étrange conversion », ces députés se mettent «  parler et à délibérer au nom de la nation toute entière ».

C’est « ’énigme d’une représentation qui (…) s’affranchit d’un coup de la représentativité au nom de la passion pour l’universel. » : « conversion inouïe » qui aboutit à « cette formule magique : Une et indivisible ».

« Conversion », le mot est lâché : les députés ont eu la foi du converti !

 

I COMMENT L’UNIVERSEL dit REPUBLICAIN (QUI N’EST QUE JACOBIN) EXACERBE LES PARTICULARISMES :

 

A partir du paradoxe qui vient d’être énoncé, Mona Ozouf a, des années durant, scruté de multiples archives pour comprendre ce qui s’est passé lors de cette période révolutionnaire.

Je ne peux donner tous les résultats qu’elle expose clairement : lisez le livre.

J’indiquerai simplement qu’un engrenage s’instaure, lors de la Révolution (et ses conséquences perdurent jusqu’à aujourd’hui) dans « la réduction vigoureuse du multiple à l’un ».

Réduction de l’universel à la France, équivalence faite entre l’Etat et la Nation, et enfin concentration de l’universel sur Paris.

 

Et là, s’instaure une coupure au sein même des révolutionnaires, de ceux qui avaient participé au processus qui induisait les deux 1ères réductions.

Les archives montrent que la province, ceux que l’on appelle les Girondins veulent simplement protéger l’Assemblée Nationale contre la « surenchère » et la pression indue des foules de la capitale.

Il n’existe « pas l’ombre d’une tentation séparatiste, et même pas d’affirmation de la singularité régionale. »

 

Mais les Montagnards transforment « le conflit entre la province et Paris en une lutte de la particularité contre l’unité. »

Pour Robespierre : « Ce n’est point une cité de six cent mille citoyens » qui est accusée mais « l’espèce humaine, (…) l’ascendant invincible de la raison universelle. »

Le glissement est net.

La Montagne absolutise sa position au nom de l’universel. Entre nous, cela ne vous rappelle-t-il pas des faits très récents ?

Cette confusion entre la particularité parisienne et l’universel va, en fait, M. Ozouf le montre clairement, aboutir à ce qui était dénoncé (à tort) au départ : une insurrection plus ou moins sécessionniste.

On a produit ce que l’on dénonçait. Là encore, des comparaisons avec le présent s’imposent.

 

Ainsi on produit de la division par hantise de la division. On fabrique de la fragmentation en considérant que « toute appartenance » comme « une prison ».

Ainsi « l’Etre Un fabrique de la scission, la passion d’unir ne se comprend pas sans son versant d’exclusion »

Et les députés de la Montagne n’apportent pas de réponse vivable à l’interrogation anxieuse, trouvée par Mona, dans des archives : «Jusqu’à quel point nous convient-il de cesser d’être béarnais pour devenir français ? »

L’historienne montre « l’infinie variété des cas de rébellion à l’organisation de la vie révolutionnée » effectués par les Français dans leur vie quotidienne.

Les mille et une manières de « la résistance des hommes à la rêverie de l’homogène »

 

Le résultat, est donc le « lien paradoxal » de « l’œuvre révolutionnaire » avec ce qu’elle prétend combattre :

« en pourchassant les particularismes, elle les révèle ; en simplifiant brutalement l’espace français, elle le complique à l’infini ; en combattant la différence régionale au nom de la raison, elle invente le régionalisme. »

Car « c’est l’ambition de transparence qui multiplie les zones d’ombre, c’est la pureté révolutionnaire qui fait les impurs. »

Cela ne s’applique pas qu’aux radicalismes religieux

 

Mona Ozouf conclut « qu’il y a plusieurs manières de définir la république. » :

 

- Celle où l’on croit que « l’égalité des êtres (provient) de leur similitude : des être semblables ne peuvent que concourir identiquement au bien collectif. » L’unité est, là, « autoritaire et étatiste, imposée d’en haut et identique pour tous. »

 

- Celle qui « se méfie des rituels qui fabriquent une fausse unité émotionnelle », qui accorde de l’importance « à toutes les médiations destinées à enrichir la délibération entre les citoyens » ; celle où l’unité est « une résultante qui se fabrique de bas en haut », où l’opinion publique s’enracine « dans la liberté des sujets. »

Son patient et long travail d’archives lui a fait comprendre « que les résistances à une république jacobine étaient apparues à l’intérieur même du projet républicain. »

 

II QUE LA REPUBLIQUE LAÏQUE N’A PAS ETE A DOMINANTE JACOBINE :

 

Ce fait est connu des historiens professionnels, mais soigneusement caché au grand public, même cultivé : l’établissement de la laïcité, en France, s’est effectué par le refus du jacobinisme, en choisissant la seconde conception de la République.

Et aussi… par l’admiration de l’Angleterre !

 

Mona Ozouf se focalise sur 2 aspects qu’elle a étudié de première main : Jules Ferry et les dits « hussards noirs de la République » (= les instituteurs et institutrices de l’école laïque).

Elle estime que se construit là, un « nouveau républicanisme ».

 

Jules Ferry récuse à la fois « Robespierre et Bonaparte ». Ce sont, pour lui, « les deux héros négatifs de l’histoire de France », ceux qui ont éteint « la possibilité de cette république autre ». Et Ferry admire « les libertés locales anglo-saxonnes ».

L’idéal de Ferry « est qu’il puisse enfin exister en France, face à l’Etat, le contrepoids d’une société autonome, riche, comme en Angleterre. »

La « cascade des lois libérales » prises dans les années 1880 (presse, « la plus libérale du siècle », réunion, et l’élection du maire démocratisant la vie locale) ont pour but de favoriser « ces aiguillons de la sociabilité que sont, en Angleterre, le club, le journal, l’association. »

Bref, il faut « tenter de faire vivre (…) un système de discussion et de réunions libres absent du paysage français. »

 

La liberté peut conduire à la « scission ». Mais Ferry « n’est jamais prêt à la sacrifier à l’unité des esprits.» Il tente « acrobatiquement » de « construire l’ordre durable d’une République unifiée sur une liberté qu’il tient pour principielle. »

Pour Ferry : « les hommes doivent être laissés libres d’errer, car la liberté, fût-elle payée par l’erreur, est plus désirable que le bien »

 

Et se sont, en fait, les différents fondateurs de cette « République transactionnelle » (Gambetta) qui se situent, de façon majoritaire, dans cette optique. M. Ozouf montre que la loi sur les syndicats de 1884 « contredit les principes du pur républicanisme »

Elle constitue une « rupture décisive » en reconnaissant « l’existence entre l’Etat et l’individu, d’intérêts collectifs qui surplombent les intérêts individuels. »

 

Sans doute parce qu’elle ne veut parler que de ce qu’elle a étudié de 1ère main, Mona Ozouf ne consacre qu’un paragraphe à la loi de 1905. C’est un peu dommage, car cela aurait renforcé sa démonstration.

En effet, « la solution conciliante de Briand et Jaurès » qui rompait avec « la politique de Combes, la plus républicaine au sens strict » va tout à fait dans le sens que ce qu’elle indique.

L’article 4 del laoi de 1905, objet d’un vif conflit interne entre républicains, et enjeu majeur possède 2 caractéristiques :

-         il a été trouvé dans la législation anglo-saxonne (américaine et écossaise)

-         il applique à la religion cette prise en compte d’intérêts collectifs que la loi de 1884 reconnaissait aux syndicats.

C’est pourquoi, d’ailleurs « aux libres penseurs radicaux qui souhaitaient ignorer les communautés de fidèles, ces groupements intermédiaires », Briand et Jaurès, qui avaient, eux,  une culture syndicaliste, ont opposé « toute une diversité vivante impossible à ignorer. »[1]

J’ai été frappé de constater l’impossibilité du Parti socialiste, en 2005, a comprendre l’héritage fabuleux dont il disposait à propos de 1905.

Son incapacité à s’approprier le sens de l’action de Briand et Jaurès en 1905, et s’en servir pour les problèmes d’aujourd’hui.

C’est le genre d’erreur à ne pas perpétuer, Martine.

 

Mona Ozouf n’évacue pas le problème où la III république est restée marquée par un certain jacobinisme : celui de « la violence faite aux langues régionales. Elle en parle, aussi bien à propos de Ferry qu’à propos des « hussards noirs ».

Elle montre « le soupçon, hérité de la Révolution, que ces parlers locaux, poches d’archaïsme, sont une arme aux mains des prêtres »

Et la « certitude » des hussards noirs « qu’ils s’appuyaient sur les humbles calculs des familles, sûres que le français était un passeport pour la ville, l’emploi, une vie moins dure . »

 

Mais elle monte que cet aspect, si important soit-il, ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt.

Les hussards noirs, de façon dominante, « n’avaient pas la folie de croire que (l’enfant) peut apprendre dans une indifférence superbe à ses attaches et à ses intérêts propres. »

Institutrices et instituteurs tentaient de faire parvenir l’enfant « sans secousses du proche au lointain, du vécu au pensé, de l’esprit de clocher à l’orgueil de la patrie. »

Pour eux, « l’unité française restait le but ultime, mais une unité bien tempérée puisqu’elle s’obtenait non par la disparition mais  par la composition des diversités. »

 

III AUJOURD’HUI DOIT-ON CONFONDRE REPUBLIQUE ET JACOBINISME ?

 

Analysant des événements récents, Mona Ozouf conclut que « la République n’a jamais tout à fait intériorisé les lois libérales qu’elle a elle-même fait voter »

(il suffit d’ailleurs de constater l’usage réducteur au seul niveau socio-économique, et, en conséquence, extrêmement péjoratif, qui est fait actuellement en France du terme de « libéral »)

Elle continue en affirmant : « Les « républicains » continuent de méconnaître la profonde transformation du modèle légué par la Révolution française et d’associer le républicanisme à sa forme autoritaire. »

La « République absolue »a historiquement fait faillite. Le « jacobinisme n’est voué à se réaliser qu’au prix de la terreur. »

La « République absolue » a aussi engendré (comme Jules Ferry l’avait compris) le Bonapartisme. Pourtant, « son impérieuse image a scellé pour longtemps le destin des particularités ».

 

Aujourd’hui encore « les Français peinent toujours à reconnaître la tension entre l’universel et le particulier, présente pourtant dés l’origine et au cœur du républicanisme. »

Ils n’ont toujours pas compris « le lien qui unit l’abstraction et l’inhumanité. »

Du coup l’historienne fait un « constat de défaite » du jacobinisme, qui s’accompagne d’une « victoire dans l’ordre de la mémoire et des symboles », d’un « imaginaire du jacobinisme » qui perdure et porte en lui d’autres défaites.

Il existe un « surmoi jacobin » profond, dont la France n’arrive pas à se défaire.

On croit fortement (La Révellière-Lépeaux le constatait déjà en son temps) qu’une « République une et indivisible (même si le « une » a été enlevé des Constitutions de la IV et Ve République, il subsiste tel quel dans l’imaginaire) est la condition sans laquelle il ne saurait y avoir jamais de liberté. »

« Axiome faux » et « calqué sur celui de l’Eglise romaine. », du moins du temps de la chrétienté.

 

Du coup, la France incarne « un local très particulier, affublé des oripeaux de l’universel » et « en tout Jacobin sommeille un communautariste qui s’ignore », enfermé qu’il est dans « son bloc de certitudes. »

Or ces « communautaristes qui s’ignorent » prospèrent idéologiquement en brandissant, « l’épouvantail du « communautarisme », un  mot capable de déchaîner les passions, et qui offre l’avantage d’être facile à stigmatiser. »

« Les journaux, rappelle-t-elle, sont pleins de ces stigmatisations hâtives » où de pseudo penseurs mêlent « l’amalgame », la « condescendance » et « paradoxalement la peur » : « Qui la croirait aussi fragile, cette nation si constamment, si délibérément, une et indivisible ? C’est pourtant elle dont on annonce pour bientôt la balkanisation. »

 

Au lieu des propos incantatoires de ceux qu’elle appelle « les intégristes républicains d’aujourd’hui », il faudrait entreprendre une démarche de connaissance : « explorer les raisons qui poussent les hommes à rechercher la protection et l’abri du groupe. »

Elle en donne 2 :

-         « L’insertion communautaire est parfois tout ce qui reste d’humain dans les vies démunies »

-         « L’individu invité à s’affranchir triomphalement de ses appartenances y est souvent ramené sans douceur par le regard d’autrui, renvoyé à sa communauté, sa race ou sa couleur. »

Elle fait, en outre, « observer que des intégrations réussies ont pu s’opérer avec le concours des groupes particuliers » et donne l’exemple des « associations de Bretons ou d’Auvergnats de Paris. »

On pourrait ajouter l’Eglise catholique et le Parti Communistes, du temps où ces organisations étaient à la fois hostiles à la République (laïque pour l’une, capitaliste pour l’autre) et puissantes

 

Et retrouvant, après ces décennies de recherche, les interrogations de son enfance « entre l’école et la maison », Mona Ozouf nous demande : « faut-il penser qu’entre l’obligation d’appartenance et la revendication d’indépendance nulle négociation ne peut s’ouvrir ? Qu’entre les attaches et la liberté il y a une invincible incompatibilité ? »

En fait, dit-elle, « chacun de nous abrite en lui l’une et l’autre de ces exigences. »

Alors que « le discours intégriste des universalistes repose sur l’illusion d’une liberté sans attache », « l’individualité » libre, « la signature de l’individu sur sa vie » provient de la « pluralité de ces attaches ».

Dans une société démocratique moderne, « aucune appartenance n’est exclusive, aucune n’est suffisante à assurer une identité. »

 

Le « foisonnement même » des appartenances les dé-essentialise et « ménage pour chacun d’entre nous la possibilité d’une déprise ; car cette part non choisie de l’existence, nous pouvons la cultiver, l’approfondir, la chérir ; mais nous pouvons aussi nous en déprendre, la refuser l’oublier. »

Et Mona Ozouf de conclure que la « narration (par chacun de sa propre histoire) est libératrice. »

« Cette histoire, nous disent les communautaristes, est faite de notre appartenance à la communauté. A quoi les universalistes répondent qu’elle n’a rien à voir avec l’appartenance. »

Et Mona d’affirmer crânement : « Je ne crois ni les uns ni les autres. Ni les universalistes, parce que la vie est tissée d’appartenances. Ni les communautaristes parce qu’elle ne s’y résume pas. »

 

Quel souffle, né d’un laborieux et rigoureux travail. Je ne vous avais pas menti en vous annonçant (Note du 15 juin) « une belle leçon de République ».

Cela valait la peine de s’y attarder un peu, non ?

Surtout que, Chère Martine, vous avez annoncé au quotidien Le Monde, que les socialistes allaient proposer un POST-MATERIALISME.

Alors là, c’est un rude travail que vous entreprenez. Dans quelques jours, en conclusion de cette missive, je vous en parlerai un peu.

 

 



[1] Cf ; mon ouvrage : L’intégrisme républicain contre la laïcité (éd. de l’Aube, 2006). Je suis frappé de constater qu’alors que M. Ozouf n’a probablement pas lu cet ouvrage, elle aboutit, in fine, en parlant d’aujourd’hui, à utiliser l’expression d’« intégrisme républicain » (cf. ci après)

30/06/2009

LE "DERAPAGE" D'ELISABETH BADINTER

 

D’ici 3, 4 jours, je vous donnerai la fin de la Note sur l’ouvrage de Mona Ozouf : Composition française. Sa seconde partie s’avère de grande actualité au moment où se met en place une Commission parlementaire sur la dite burka.

Mona Ozouf, je le rappelle, donne une remarquable synthèse (dans cette 2ème partie) de ses travaux sur le républicanisme.

Et la Commission ferait bien de réfléchir de façon critique (au sens de la critique historique) sur le républicanisme français, avant de foncer dans un fondamentalisme républicain.

 

Mais tout de suite, je voudrais PROTESTER vigoureusement devant des propos inacceptables que j’ai entendus hier soir à l’émission Mots croisés de France 2.

Vive le débat démocratique, et il est normal que des opinions très différentes sur la dite burka s’expriment. Là n’est absolument pas le problème.

 

Mais, par deux fois, Elisabeth Badinter a déclaré que les femmes qui portent la burka n’ont « plus rien d’humain ». Si ce propos déniant l’appartenance à l’humanité à des femmes n’est pas raciste, j’aimerais que l’on m’explique ce que c’est que le racisme.

.D’ailleurs Dominique Voynet, qui est partisan d’une loi, l’a relevé  et l’a heureusement contesté. Mais l’animateur aurait du le faire.

E. Badinter m’a rappelé Georges Frèche traitant les harkis de « sous hommes ».

Ce genre de propos est nauséabond.

 

Quel mépris de grande bourgeoise, figée dans ses glaciales certitudes, que de prétendre que des humains ne le sont plus, à cause de la manière dont il s’habille, quels que soient les problèmes que posent cette manière.

Quel déclin intellectuel d’en arriver à de tels propos.

Je trouve cela indigne de « notre République », dont on se gargarise.

Il fallait que le dise. C’est fait.

 

Petit rappel: E. Badinter avait déclaré a propos de la loi sur la parité (avant qu'elle soit votée): "Laissons entrer le particularisme dans la définition du citoyen et nous vivrons une sinistre cohabitation de ghettos différents. Je ne veux pas du communautarisme". Depuis près de10 ans, nous vivons donc dans cette sinistre cohabitation, dont la meilleure preuve est que le taux de femmes à l'Assemblée Nationale est passée de 10% à un peu plus de 16%. Sinistre, en effet....