04/06/2006
LAÏCITE ET LIBERTE DE PENSER
Voici d’abord la prose de Prochoix.
" Jean Baubérot : faux défenseur de la laïcité
Jean Baubérot est le seul homme de la commission Stasi à ne pas approuver la loi contre les signes religieux à l’école publique.
Ce qui est bien logique puisqu’il milite depuis des années — sous couvert d’objectivité scientifique — pour l’assouplissement de la laïcité française vers une laïcité à l’anglo-saxonne, jugée « plus ouverte » aux religions.
Ce qui l’amène notamment à réclamer la reconnaissance de certaines sectes évangéliques comme étant de "nouveaux mouvements spirituels". Conformément au souhait du département d'Etat américain faisant la guerre à la législation anti-secte de la France.
A l'occasion du 9 décembre 2005, il a publié dans le journal Le Monde une déclaration signée par 212 universitaires de 29 pays se présentant comme un appel pour un "renouveau laïque" mais qui est en réalité l'occasion d'une très subtile redéfinition du principe de laïcité : Article 4 : "Nous définissons la laïcité comme l'harmonisation, dans diverses conjonctures sociohistoriques et géopolitiques, des trois principes indiqués : respect de la liberté de conscience et de sa pratique individuelle et collective ; autonomie du politique et de la société civile à l'égard des normes religieuses et philosophiques particulières ; non discrimination directe ou indirecte des êtres humains".
Signé : Prochoix.
1ère remarque : Damned, je suis dévoilé ! J’ai pourtant longtemps trompé mon monde, aussi bien les professeurs de « l’Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sorbonne » (comme nous disons, pour frimer un peu) quand, fort distraits sans doute, ils m’ont élu, il y a seize ans, titulaire de la 1ère chaire sur la laïcité, j’ai aussi trompé la direction du CNRS quand elle m’a nommé, quatre ans plus tard, directeur du Groupe de Sociologie des religions et de la Laïcité, lors de sa création, j’ai enfin trompé une bonne centaine de collègues français et étrangers qui m’ont demandé depuis lors d’aller faire des cours et des conférences sur la laïcité dans leurs universités ou centres de recherches (je vous épargne la liste qui va de Vancouver et Los Angeles à Tokyo et Kyoto… et pas en traversant le Pacifique). Abuser tant de monde, de gens…qui ne se sont pas aperçus que l’ « objectivité scientifique » dont je me parais n’était qu’un leurre, il faut quand même le faire ! Avouez que Prochoix aurait pu admettre que je suis un véritable artiste dans mon genre.
Malgré cet oubli, 2ème remarque, je m’écrie très sincèrement : Merci Prochoix, grand merci. Vous affirmez être au service « des libertés individuelles » et refuser « l’essentialisme, le racisme, l’intégrisme et toute idéologie totalitaire ou anti-choix ». Ces objectifs sont tellement les miens que nous avons fait un petit brin de route ensemble[1]. J’aurais donc pu, sait-on jamais, un soir d’extrême fatigue, me laisser impressionné par telle ou telle de vos affirmations. Maintenant, je suis totalement vacciné grâce à la façon dont vous avez insinué que je suis (quoi au juste ?) : Le complice inconscient ? L’allié conscient? L’agent patenté ? Autre chose encore ? du…Département d’Etat américain. Chaque fois que vous ferez une affirmation péremptoire que je ne pourrai pas vérifier, je m’en souviendrai. Car le procédé que vous utilisez, vous ne l’avez certes pas inventé. Il est usé jusqu’à la corde, mais il marche toujours. C’est l’amalgame insidieux. En Amérique, cela a donné ceci : "X ou Y (intellectuel américain) est contre l’intervention américaine en Irak, conformément à la position de Jacques Chirac et de la France qui font la guerre à la défense du monde libre par l’Amérique ». Avec une telle manière de raisonner, Prochoix aurait pu tout aussi bien écrire : « telle ou telle personne de gauche ou d’extrême gauche a voté non au référendum européen, conformément à Le Pen… ». Le rapprochement est absurde naturellement. Et pourtant c’est ainsi que Prochoix raisonne, et des badauds applaudissent !
Ainsi, l’enjeu de ce type d’attaque dépasse, et de très loin, mon cas personnel. Et c’est pourquoi cela vaut la peine de décrypter l’ensemble de cette fiche car elle manifeste une façon de raisonner typique d’un discours absolutiste, ou pour parler comme Prochoix et les médias, d’un discours intégriste.
Troisième remarque : relisons donc ensemble cette petite fiche.
- « faux défenseur de la laïcité » :
dés le départ, les dés sont pipés : la laïcité se trouve réduite à un combat idéologique opposant les ‘bons’ (Prochoix, vrai défenseur de la laïcité) et les ‘méchants’ (dont les plus pernicieux sont, naturellement, les « faux défenseurs de la laïcité », chevaux de Troie au service de ses ennemis). Avec Prochoix, aucun espace possible pour « l’objectivité scientifique », présentée un peu plus loin comme un masque, aucun espace pour une réflexion critique sur la laïcité, une analyse rationnelle de la laïcité où l’on prendrait un peu de recul.
- « J. B. est le seul homme de la Commission Stasi à ne pas approuver la loi contre les signes religieux à l’école publique. »
Passons sur la désignation « homme » alors que la Commission était composée de personnes des 2 sexes, passons sur le fait que d’abord nous étions 3 à ne pas avoir approuvé et que 2 personnes sont revenues sur leur vote, quelle est la signification de cette phrase : Que la Commission Stasi aurait du voter unanimement,…comme un seul homme ? Qu’un point de vue « dissident » (pour parler comme ces horribles anglo-saxons) est illégitime ? Qu’on n’a pas le droit d’être minoritaire ? Que la moindre réserve face à cette loi ne peut qu’avoir des raisons peu honorables ? Le propos n’est pas clair, alors voyons la suite :
- « Ce qui est bien logique puisqu’il milite depuis des années — sous couvert d’objectivité scientifique — pour l’assouplissement de la laïcité française vers une laïcité à l’anglo-saxonne, jugée « plus ouverte » aux religions »
Là tout devient clair : manifester une réserve face à la loi sur les signes dits ostensibles, ne pas avoir été dans l’unanimisme ne peut être en aucun cas une option dans un débat pluraliste. Non, ce n’est « logique » que si l’on est un mauvais esprit qui milite de façon masquée, insidieuse (« sous couvert ») pour anglo-saxonniser notre douce France. Horreur !
A noter que le « plus ouverte » se trouve entre guillemets, comme s’il s’agissait d’une citation, ce qui est faux (j’ai indiqué la critique que je fais à la notion de « laïcité ouverte » dans une Note du 15 janvier 2005 ; consultez les Archives du Blog).
Ne quittons pas top vite ce passage : il n’a pas fini de nous édifier. Car, figurez –vous, en lisant un mauvais livre, j’ai trouvé ce passage, digne d’un demi faux défenseur de la laïcité : sur le fait d’interdire ou de ne pas interdire les signes dits ostensibles à l’école publique « on avait parfaitement le droit d’hésiter entre ces deux options. Moi-même j’ai longuement réfléchi… » Et quelques lignes plus loin : « débattre de l’opportunité ou non d’une loi était non seulement légitime mais nécessaire ».
De qui sont ces propos qui fleurent l’hérésie et vont sûrement provoquer une fiche vengeresse prochainement sur le site de Prochoix ? Question à 10000 € : quel est le nom de l’auteur (e) ?
L’auteure est…la rédac’chef de Prochoix, Caroline Fourest elle-même[2] La première citation, en son entier est « Moi-même j’ai longuement réfléchi avant d’être sûre que la réaffirmation du principe de laïcité dans sein de l’école publique mettrait un coup d’arrêt aux ambitions de certains groupes intégristes. » (ainsi, la phrase commence en parlant de réflexion, elle continue dans la pure langue de bois). Alors on comprend tout : on « avait le droit d’hésiter », on pouvait réfléchir, mais depuis que Caroline Fourest est « sûre » du bon Prochoix, le doute n’est plus permis, n’est plus admissible : il ne peut « logiquement » qu’être le fait d’un pernicieux complice des anglo-saxons que notre moderne Jeanne d’Arc va bouter hors du beau Royaume de France.
Ouf, nous avons eu chaud. Nous voilà rassurés. Que nenni : à la relecture, une nouvelle horreur apparaît. Prochoix -traître à la couronne (laïque)- emploit une expression ignominieuse : il est question, en effet,d’une « laïcité à l’anglo-saxonne ». Est-ce dieu possible : on pourrait écrire cela sans que son ordinateur explose de colère ! Cette formule n’est-elle pas blasphématoire ? Prochoix aurait-il passé à l’ennemi anglo-saxon ? Au secours. Help
Les certitudes les plus établies s’écroulent !
Ah, non : Merci : de Do Rémi une voix céleste me rassure, en relisant le texte de manière « très subtile », je remarque qu’il y a « LA laïcité française » -l’universelle- et « UNE laïcité à l’anglo-saxonne » (comme il y a une laïcité mexicaine, turque, québécoise, etc.), sottement particulariste (tellement particulariste qu’il y en a même plusieurs car la situation est loin d’être identique en Angleterre, au Pays de galle , aux Etats-Unis, etc.).
Mais rassuré, je ne le suis qu’à moitié : est-ce bien absolument sûr que pour Prochoix la France est la seule et unique détentrice de la laïcité ? Est-il bien certain qu’elle est universelle à elle toute seule ? J’espère que la suite va me donner la certitude à laquelle j’aspire.
- « Ce qui l’amène notamment à réclamer la reconnaissance de certaines sectes évangéliques comme étant de "nouveaux mouvements spirituels". Conformément au souhait du département d'Etat américain faisant la guerre à la législation anti-secte de la France. »
J’ai déjà commenté ce passage. Deux précisions complémentaires.
1) si l’on veut connaître d’un peu près le courant évangélique, on peut consulter le Blog d’un chercheur au CNRS : Sébastien Fath, auteur de plusieurs ouvrages sur la question.
2) par ailleurs, ma position n’a jamais consisté à défendre tel mouvement plutôt que tel autre, mais à réclamer la liberté pour tous et le droit commun pour ceux qui en abusent (cf. . la Note du Blog où vous trouverez mon intervention à la MIVILUDES). Là encore, c’est une tactique éprouvé : au XIXe siècle la droite réactionnaire qui accusaient les défenseurs de la liberté de la presse (là encore, ils disaient : liberté et droit commun pour les abus), insinuaient que ces défenseurs voulaient cautionner en fait tel ou tel ou tel journal qui sentait un peu le souffre.
- « A l'occasion du 9 décembre 2005, il a publié dans le journal Le Monde une déclaration signée par 212 universitaires de 29 pays se présentant comme un appel pour un "renouveau laïque" mais qui est en réalité l'occasion d'une très subtile redéfinition du principe de laïcité : Article 4 : "Nous définissons la laïcité comme l'harmonisation, dans diverses conjonctures sociohistoriques et géopolitiques, des trois principes indiqués : respect de la liberté de conscience et de sa pratique individuelle et collective ; autonomie du politique et de la société civile à l'égard des normes religieuses et philosophiques particulières ; non discrimination directe ou indirecte des êtres humains".
Enfin, cette fois tout doute est écarté : que 212 universitaires de 29 pays signent ensemble une « Déclaration universelle sur la laïcité » (naturellement Prochoix ne donne pas le titre) ne peut être qu’une hérésie d’autant plus dangereuse qu’elle est « très subtile ». Et pour bien montrer à quel point le « principe de laïcité » est en grand péril et l’ennemi anglo-saxon a fait des émules, citation est donnée de l’Article 4 (le plus horrible des 18 Articles de la Déclaration, sans nul doute).
Et là, moi qui suis, je l’avoue au confessionnal de Prochoix, totalement ignare en matière de laïcité, je demande très humblement, à genoux, que Prochoix et ses grandes prêtresses m’expliquent, me disent ce qui est le plus horrible dans l’horreur très subtilement antilaïque : La liberté de conscience ? L’autonomie du politique ? La non discrimination ? Les trois ? J’avoue que j’hésite et, tel l’âne de Buridan, n’arrive pas à me décider.
En plus, je suis vraiment nul, car avant de lire Prochoix, j’aurais eu bêtement tendance à me réjouir : à estimer positif que plus de 200 universitaires de près de 30 pays prônent la laïcité, alors que certains en font une ‘exception française’. Stupidement, j’aurais trouvé cela fort intéressant. Grand bêta que je suis : « le principe de laïcité » ne peut pas être explicité par des étrangers ! On n’a nullement à écouter ce qu’ils peuvent dire. On ne peut rien apprendre d’eux. Leurs propos ne peuvent être que la « redéfinition » pernicieuse d’un « principe » (au singulier) établi une fois pour toute de façon intangible et ad aeternam. Ainsi donc, j’ai bien la réponse à ma question : la France est universelle à elle toute seule et quand des étrangers se mêlent à parler de laïcité, ils ne peuvent le faire qu’en tant que « faux défenseurs de la laïcité ».
J’allais partir totalement rassuré et jurant désormais que je n’aurai jamais d’autre choix que ceux que me dicteraient Prochoix. Et tout à coup, j’ai été terrassé par une profonde inquiétude : Corneille avait écrit : « Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes trois mille en arrivant au port. » Six fois plus. Eh bien, là, c’est bien pire : au début du texte Jean Baubérot est tout seul comme « faux défenseur de la laïcité », et, par un prompt renfort, quelques lignes plus loin, il est devenu 212 universitaires de 29 pays. Help ! Help ! Help ! Caroline-Jeanne : nous sommes cernés, et pas seulement par les anglo-saxons : voilà que des personnes de 29 pays se déclarent laïques…. On n’est plus chez nous ! Issons le drapeau du national-universalisme et boutons ces étranges étrangers hors de la laïcité franco-française.
PS:si le commentaire mis immédiatement après que la Note ait été rédigée (un dimanche à 23 heures: à croire que le Blog est surveillé en permanence!) émane bien de Prochoix, l'illustration de mes propos continue: ce commmentaire, outre quelques mensonge, montre en effet l'interdiction formelle de réfléchir, par exemple à l'évolution des rapports public-privé depuis un siècle. Mais foin de la réflexion, achetez plutôt des teeshirts!
[1] Il est cependant inexact de dire, comme le prétend le commentaire signalé, que j’aurais été « membre de Prochoix ». J’ai participé (comme personnalité invitée), à une de ses conférences de presse.
23:40 Publié dans Le Grand Bétisier de la Laïcité | Lien permanent | Commentaires (9)
17/08/2005
Bêtise versus démocratie
Merci à Odile, à Pierre et Guillaume de leurs commentaires sur le dernier « grand bêtisier de la laïcité ». Pierre et Guillaume approuvent, Odile critique : c’est donc à elle que je vais tenter de répondre. Elle n’a pas lu l’article de F. Venner et donc ne veut pas se prononcer sur la véracité de ma démonstration, pourtant précise. Elle me reproche l’expression « espèce d’imbécile » et le fait même de parler de « bêtise », ce qui lui semble contraire au « débat démocratique ».
En fait, j’ai écrit « espèce d’imbécile (que j’espère) heureuse » et l’expression « imbécile heureux » n’est pas dénuée de tendresse. Je croyais précisément avoir maîtrisé ma colère en l’utilisant et en incitant F.V. à se reprendre. En effet, j’assume pleinement le diagnostique de « bêtise » car le problème n’est nullement une divergence de contenu. J’ai des divergences avec l’ouvrage d’Henri Pena-Ruiz Dieu et Marianne et cela n’empêche pas de le mettre dans ma bibliographie. A ce niveau, le « débat démocratique » est bien sûr souhaitable et je le mène volontiers.
Mais le propos de F. Venner se situe à un tout autre niveau. Pour elle, si l’on ne partage pas sa conception de la laïcité on se situe obligatoirement dans la perspective d’une « nouvelle laïcité », « c'est-à-dire, précise-t-elle, d’une laïcité à l’anglo-saxonne » où « le lobbying exercé depuis des années par les intégristes chrétiens américains et des sectes (trouve) un terrain favorable » (sic !!). Et, après cet amalgame injurieux et calomniateur, deux personnes sont citées comme exemple de cette optique diabolique : Nicolas Sarkozy et moi-même (resic !!)
Pour justifier un propos aussi aberrant, F.V. manie allègrement d'autres amalgames, des insinuations et mensonges. Je pense que cela principalement à de la bêtise. Mais si tout cela est maîtrisé, si les mensonges sont conscients, c’est aussi grave, non ? Nous ne sommes pas dans un possible « débat démocratique » mais dans une FORME de pensée qui, soit par bêtise (mon interprétation) soit par mensonges conscients constitue une menace pour la démocratie. En effet, comment débattre dans de telles conditions (comme l'ont perçu Pierre et Guillaume). C’est cela l’important et c’est à cause de cela que je poursuis, moi, le « débat démocratique », avec Odile et d’autres lectrices ou lecteurs du blog.
J’aurais voulu reproduire l’article que j’incriminais, les droits de propriété ‘intellectuelle’ m’en empêchent. Mais, Odile, de toute façon, la vérification aurait été partielle. Certes, on peut se rendre compte, à lire l’article, qu’il contient amalgames et insinuations non démontrées. Mais il faudrait pousser plus loin pour connaître les mensonges. Je vais donc être encore plus précis, me concentrer sur le passage où F.V. me met en cause à propos d’un colloque tenu à l’UNESCO en janvier 2001. La preuve de ce que j’avance : tout simplement le compte-rendu de ce colloque international, publié par la revue Conscience et Liberté (n° 61 et 62, 2001)[1]. En 8 lignes de moins de 50 signes chacune, on trouve 5 mensonges !
- le colloque, selon elle, était « entièrement consacré à contester les lois antisectes ». Mensonge : ce colloque a traité de sujets très variés : la liberté religieuse depuis les apports du Conseil œcuméniques des Eglises et du Concile Vatican II, Christianisme et islam, la jurisprudence européenne sur la liberté de religion, etc. Pour ma part, je suis intervenu à la séance « L’Europe occidentale et les religions historiques » et donc sur un tout autre sujet (où je traitais notamment de la liberté des convictions non religieuses et de laïcité). La question des « nouvelles convictions » (aspect beaucoup plus large que les dites sectes) a été abordée par E. Poulat (EHESS) et Fr Champion (CNRS) a traité la question (qui comporte plusieurs aspects) : « sectes et démocratie »[2]. Le mensonge veut faire croire qu’il s’agissait d’un colloque militant pro-secte alors que ce colloque a effectué un diagnostic analytique d'ensemble sur la situation européenne quant aux droits de l’homme et à la liberté de religion, avec une nette prédominance d’exposés d’universitaires. A lui seul, ce mensonge déconsidère tout ce qui est dit sur moi, mais il est loin d'être le seul.
- le titre du colloque était, prétend-elle, « Convergence spirituelle et dialogue interculturel ». Mensonge qui, bien sûr, fait croire à une manipulation : un colloque « entièrement consacré à contester les lois antisectes » avec un titre qui n’a rien à voir avec le contenu du colloque !! Le titre du colloque était : « Droits de l’homme et liberté de religion : pratiques en Europe occidentale », ce qui correspond exactement aux différents sujets traités (le titre qu’elle donne est, en fait, le nom d’un programme de l’UNESCO, dans lequel le colloque était inscrit) et montre que, contrairement à ce qu’elle prétend, on est à l’opposé de la perspective : « la « liberté religieuse » enterra toutes les autres ».
- Je serai, selon elle, un des « représentants français » de l’Association internationale pour la Défense de la Liberté religieuse (AIDLR). Mensonge : le « représentant » d’une association est un salarié ou un bénévole qui travaille pour cette association et est mandaté par elle, qui agit en son nom. Ce n’est pas mon cas. Je suis un des 6 membres français de son « Comité d’honneur (avec un membre du Conseil Constitutionnel, un membre de l’Institut, 2 autres universitaires et un avocat). En apparence, cette confusion n'est pas grave, sauf qu'ainsi elle insinue que je suis sous la coupe de cette association, fort honorable au demeurant mais qu'elle vient de calomnier en insinuant, ce qui est beaucoup plus grave, qu’elle fait partie « des ONG affiliées à la droite religieuse américaine, c’est à dire à des organisations aussi puissantes que la Scientologie ». Pur mensonge, pure calomnie, mais « calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose » : on insinue le doute, et on fait en quelque sorte que les victimes de vos calomnies doivent prouver leur innocence[3].
- J’aurais, d’après elle, « coorganisé pour cette ONG » le colloque dont il vient d’être question. Mensonge : le colloque était coorganisé par l’AIDLR et l’UNESCO avec la participation du Comité des droits de l'homme de l'ONU et « la participation du Groupe de sociologie des religions et de la laïcité, EPHE-CNRS ». Il s'agit donc d'un laboratoire de recherche d’un Grand Etablissement de l’enseignement supérieur et du CNRS qui avait une responsabilité scientifique. Mais, bien sûr, il ne faut surtout pas donner cette information au lecteur/lectrice pour pouvoir le (la) tromper sur la nature et le contenu du colloque. F.V. ne cite AUCUNE institution universitaire (courageuse mais pas téméraire !)
- Je serais, affirme-t-elle, « le seul « sage » à avoir voté contre le rapport Stasi ». Dernier mensonge : j’ai voté le rapport Stasi dont je suis un co-rédacteur (cf. les Notes sur la Commission Stasi) et 25 des 26 propositions qu’il contenait. Je me suis abstenu, par contre, et j’ai été le seul à le faire, sur un second vote qui concernait la proposition de loi sur les signes ostensibles[4]. Il est clair que sans ce dernier mensonge F.V. ne pourrait m’accuser d’être le « chantre » (sic) d’une "laïcité à l’anglo-saxonne" prétenduement communautariste !
Comme on le voit les mensonges s'emboitent les uns les autres pour faire croire à des abérrations, et le comble c'est que que je pense qu'il s'agit de BETISE c'est à dire que F.V. se trompe elle-même (en même temps qu'elle trompe ses lecteurs) et se met dans une situation où elle croit à ses mensonges.
En effet, ce cinquième point, la négation des 166 pages du rapport Stasi, la réduction des 26 propositions à la seule proposition de loi sur les « signes ostensibles », la confusion entre un vote contre et une abstention (même si celle-ci manifestait une opposition) me semble révélateur de la façon dont F. Venner travaille (si je puis employer cette expression !) : elle a une idée préconçue où quiconque n’est pas d’accord avec elle est forcément un suppôt de l’intégrisme et des sectes, elle sait tout à l’avance et ensuite elle illustre son a priori aberrant en prenant la réalité comme un réservoir d’exemples, susceptibles d’être tordus à volonté pour illustrer cette idée préconçue (au lieu d’étudier, d’analyser la réalité en ces multiples facettes), sans aucunement se soucier d’exactitude, de véracité des faits.Ce que j’ai appelé trop gentiment des « glissements » dans ma précédente note forment, en fait, un ensemble de mensonges permettant insinuations et calomnies.
Mais où F.V. prend-elle ses informations? Pourrait-elle, si elle avait la moindre aptitude à la recherche, les manipuler de façon aussi monstrueuese? Pour elle, il suffit d'utiliser des gros mots: "droite religieuse", "intégrisme", "secte": plus besoin de penser, plus besoin d'analyser les choses. C'est ce que j'ai appelé, dans une autre note : "penser télé". C'est même une carricature de la "pensée télé"!
Odile, comment dialoguer démocratiquement dans de telles conditions ?
Et aussi quel crédit accordé aux propos de F. Venner quand elle parle de l’islam ?
Et enfin, comment croire en la justesse d’une cause qui a besoin de tels mensonges pour être défendue ?
Or, au départ, F.V. défend de ‘bonnes’ causes : la laïcité, la démocratie, les droits des femmes. Ces causes sont salies quand elles sont prônées de telle façon.
Clemenceau dénonçait, en 1904, la bêtise, de ceux qui : "Pour éviter la congrégation, (faisaient) de la france une immense congrégation" . Remplacez "congrégation" par "intégrisme et "secte" et vous aurez la bêtise de F.V. et de tous ceux qui veulent mettre la France au garde-à-vous!
Notes:
(1) Lisez ce n° de Conscience et Liberté. Vous y apprendrez plein de choses intéressantes
[2] Je vous recommande l’ouvrage (portant le même titre) qu’elle a dirigé et qui comporte des analyses d’universitaires de nombreux pays (publié au Seuil).
[3] En 2001, le Comité d'honneur de l’AIDLR était présidée par L. Senghor. Depuis 2002, il est présidé par Mary Robinson, Haut Commissaire des Nations-unies pour les droits de l’homme. Son expert américain le plus consulté, Jérémy Gunn vient de publier un ouvrage (que je vous recommande chaudement) où il montre que la liberté religieuse aux USA n’inclut pas véritablement la liberté des athées (ce qui est l'exact contraire des accusations de F.V. contre l'AIDLR!! (Dieu en France et aux Etats-Unis,quand les mythes font la loi, Berg International, 2005). .
[4] Pourquoi une abstention et pas un vote contre ? Pour être rapide, disons que, contrairement à Mme F. Venner, je ne pense pas que la réalité se trouve divisée entre le absolument noir et le absolument blanc. Dans cette affaire complexe, j’ai jugé que les raisons pour lesquelles on voulait proposer une loi (défense de l’égalité homme-femme, de l’école, de la laïcité) étaient bonnes mais que le contenu de la loi proposé ne plaçait pas le marqueur au bon endroit (ce sont de comportements qu’il faut interdire et non le port de signes). Par ailleurs, que FV. daigne lire mon ouvrage Laîcité 1905-2005 entre passion et raison, elle pourra constater que jamais il ne question de "nouvelle laïcité", pour la bonne et simple raison que je pétends prôner une laïcité qui se situe dans la filiation de celle des pères-fondateurs (Buisson, Ferry, les auteurs de la loi de 1905,...)
12:35 Publié dans Le Grand Bétisier de la Laïcité | Lien permanent | Commentaires (1)
29/07/2005
DU NOUVEAU DANS LE BETISIER
Les pires tchadors...
FIAMMETA VENNER, REINE DU BETISIER
Charlie Hebdo est le successeur d’Hara-Kiri, qui, dans les années 60, s’intitulait le « journal bête et méchant ». Il s’agissait en fait de ridiculiser la bêtise ambiante. Mais sans doute Fiammeta Venner a-t-elle pris au pied de la lettre ce slogan car elle a publié, dans Charlie Hebdo, un article, méchant (ce qui n’est pas grave) et bête (ce qui l’est beaucoup plus).
Elle y dénonce comme anti-laïque, « le lobby de la liberté religieuse » (« le lobby », car bien sûr, pour elle, tous ceux qui défendent la liberté religieuse forment un vaste ensemble organisé, coordonné, ayant une action commune et défendre la liberté religieuse, n'est-ce pas , c'est contraire à la laïcité!). Cela commence par la dénonciation d’une association catholique « L’aide à l’Eglise qui souffre » qui défend un pasteur incarcéré un mois en Suède « pour s’être dit dans ses sermons indigné par la tolérance montrée par son pays vis-à-vis des homosexuels et des lesbiennes ». Sans doute la Suède, qui est un pays démocratique et respectueux de la liberté d’expression n’a pas mis ce pasteur en prison sans de très bonnes raisons et les propos étaient-ils réellement homophobes. Mais déjà je me demande si Mme Venner lit le suédois, si elle a lu les semons incriminés et si elle est vraiment apte à trancher de façon péremptoire sur cette affaire.
Mais il ne s’agit que de broutilles, d’un petit hors d’œuvre. La suite est beaucoup plus probante : Mme Venner procède par glissement, par association d'idées sans aucune, mais alors aucune rigueur. La défense du « dogme intégriste » lui fait penser aux Etats-Unis où elle dénonce pêle-mêle la scientologie, la droite religieuse américaine, G. Bush et l’ »International Religious Freedom Act » de 1998, sans dire qu’en 1998 c’était Clinton qui était au pouvoir et que c’est lui qui a insufflé la politique américaine de défense de la liberté religieuse, politique qui est soutenue par des gens qui n'ont rien à voir avec la droite religieuse. Puis, toujours par association d’idées, elle attaque une autre association qui n'a rien à voir avec la première mais sur laquelle elle met implicitement tout ce qu'elle a écrit, l’Association Internationale de Défense de la Liberté Religieuse qui serait donc vraiment néfaste puisqu'elle dénonce le fait que cette association est « tellement influente » qu’elle comprend dans son comité d’honneur Mary Robinson, Haut commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme.
Autrement dit Mary Robinson se fait forcément avoir ; elle ne peut pas considérer que l’AIDLR fait du bon travail, que la liberté religieuse fait partie des libertés et qu’elle vaut la peine d’être défendue, elle ne peut pas exercer son "prochoix"! Non, forcément il y a de la manipulation quelque part, d’ailleurs le président du comité est le suppôt des sectes, l’intégriste bien connu Léopold Senghor, auquel s’adjoint d'autres intégristes : André Chouraqui, Jean Roche de l’Institut et plus de 10 professeurs d’université de différents pays.
Parmi ces professeurs, F. Venner en choisit un pour déverser sa vindicte, votre serviteur : outre le fait d'être un diabolique membre du comité d'une association aussi horrible que l'AIDLR, « En 2001, dénonce-t-elle, il coorganisait pour cette ONG un colloque à l’UNESCO (« Convergence spirituelle et dialogue inter culturel ») entièrement consacré à contester les lois antisectes ». Et elle continue, toujours par glissement sur l’ »approche ouvertement pro-secte » qui serait celle de N. Sarkozy.
Passons sur le fait que le colloque s’intitulait « Droits de l’homme et liberté de religion : pratiques en Europe occidentale », encore que si elle ne connaît même pas le titre du colloque ! Passons aussi sur le fait qu'elle parle "des lois antisectes", comme si chaque pays en avait.
Je « coorganisais » donc, mais avec qui ? Des sectes abominables sans doute ! Ne le répétez pas, il s’agit et de la secte UNESCO, bien connue pour son intégrisme radical (ce fut le directeur général, M. Matsuura qui ouvrit la rencontre) et du Vice-président du Comité des droits de l’homme des Nations Unies (qui lui succéda à la tribune), autre association gangrenée jusqu’à la moelle. Naturellement, pour jeter le trouble dans l’assistance, les titres des séances étaient très manipulateurs. Ainsi pour ma part j’ai parlé au cours de la séance consacrée à « L’Europe occidentale et les religions historiques », formulation qui a fait que des esprits nettement moins subtils que celui de Mme Venner n’y ont pas vu l’emprise sectaire. D’ailleurs, comble d’hypocrisie et de fausseté, la question des "sectes" n’apparaît jamais dans mon exposé. Cela est la preuve irréfutable de ma culpabilité maniputatrice! Il y a eu , par açilleurs, deux séances sur les "pratiques nationales" où s'est notamment exprimé Margiotta Broglio, professeur à l'université de Florence et celui qui a modifié le concordat italien en 1984 pour enlever, notamment, la mention du catholicisme "religion d'Etat" (manifestement un coup du Vatican!).
Mais, victoire, il a bien été question des sectes dans ce colloque et en ont traité des gens aussi pernicieux qu’Emile Poulat, de l’EHESS, Jean-Paul Willaime, de l’EPHE et Françoise Champion du CNRS. Autres dangereux membres du "lobby".
A propos du CNRS, (dont, effectivement, non pas moi comme personne, mais le Groupe de sociologie des religions et de la laïcité comme laboratoire, coorganisait le colloque) au secours, qu’est-ce que j’apprends? F. Venner serait boursière du CNRS. Non, détrompez-moi vite, cela ne se peut. Celui-ci a été qualifié par une association anti-secte de Centre National de Recrutement des Sectes (propos rapportés par une journaliste allemande qui n'en croyait pas ses oreilles!). Sûrement notre reine du bêtisier l’ignorait et, maintenant qu’elle le sait, elle va renvoyer au dit CNRS, avec le mépris qui s’impose, le montant de sa bourse.
D’ailleurs, par quelle aberration prétend-elle être "post-doctorante", c'est-à-dire rechercher un emploi dans cette université dont tant de membres font partie du diabolique « lobby de la liberté religieuse », manipulé par les intégristes et les sectes ? Vraiment, c’est à n’y rien comprendre.
Madame, reprenez-vous: votre place n’est pas à l’université, figurez vous qu’elle est peuplée d’has been, qui ne racontent pas n’importe quoi et qui (si si cela leur arrive) vérifient ce qu’ils disent. Votre place est bien davantage dans une belle publication qui s’intitule Choc : elle est très gourmande du genre d’articles que vous rédigez. Et sachez que la presse de caniveau paye beaucoup mieux que l’université.
PS : je signale à l’honorable F.V. que j’ai collaboré à l’organisation Prochoice, il lui faut donc aussi démissionner de la direction de la revue française de cette association puisqu’il s’avère que, selon ses critères, celle-ci est infiltrée par un intégriste sectaire.
La bêtise de F. Venner prêterait à rire si elle n’était pas, malheureusement, représentative d’une pensée où il faut être ou intégriste, ou pro-secte ou manipulé pour avoir un regard critique sur les lois françaises de 2001 (sur les sectes) et de 2004 (sur les signes religieux). DU COUP AUCUN DEBAT POSSIBLE ; AUCUNE PENSEE CRITIQUE ADMISE, que dis-je AUCUNE PENSEE TOUT COURT puisque tout l'article fonctionne sur un mode d'évidence, de reprise des stéréotypes qui traînent dans beaucoup de poubelles médiatiques. Pas de libre examen, pas de prochoix !!!
Mais, espèce d’imbécile (que j'espère) heureuse, ouvre les yeux, enlève tes boules quies et regarde un peu le monde : l’attitude dominante française est critiquée par des gens qui sont depuis longtemps des défenseurs des droits de l’homme et qui ont beaucoup plus de titre de noblesse que toi dans ce combat. Cela ne signifie pas naturellement, qu’il faut être forcément d’accord avec leur critiques mais qu’il faut la prendre en considération, y réfléchir, en débattre sereinement, être capable de sérieusement argumenter, DE VERIFIER CE QUE L’ON ECRIT, au lieu de publier des crottes qui étouffent toute pensée et de dire des mensonges. Je t’assure, reprends toi, ta bêtise me rend trop triste. Et tu sais, Fiammetta, les pires tchadors sont ceux que l'on a DANS sa tête.
12:35 Publié dans Le Grand Bétisier de la Laïcité | Lien permanent | Commentaires (5)
19/02/2005
GRAVE DERIVE SECTAIRE
DU TRAVAIL POUR LA MIVILUD
JEAN-PIERRE BRARD MEDAILLE D’OR
DU GRAND BETISIER DE LA LAÏCITE
Le matin du dimanche 6 février 2005, Jean-Pierre Brard, député-maire apparenté communiste est intervenu dans différents lieus de cultes protestants, AU MOMENT MÊME OU SE TENAIENT LES OFFICES RELIGIEUX, sous le lamentable prétexte de vérifier le respect des normes de sécurité des bâtiments, Deux communautés protestantes haïtiennes ont dû interrompre leur culte et quitter les lieux sur le champ et deux autres ont pu poursuivre l’office religieux, notamment grâce à l’intervention de l’aumônier général des prisons de la Fédération Protestante de France qui, fort heureusement, était présent.
Depuis le maréchal de Mac-Mahon et la crise du 16 Mai sous la Troisième République c’est, à ma connaissance, la première fois en France que des cultes sont ainsi troublés par un représentant de la puissance publique. Et les Haïtiens qui ont du arrêter de prier ont déclaré que cela leur rappelait, de façon douloureuse, des brimades qu’ils avaient subi a Haïti, alors qu’ils croyaient pouvoir, en France, être à l’abri grâce aux règles de la démocratie.
L’argument de la sécurité est un argument misérable. La sécurité se vérifie, naturellement, en dehors des offices religieux. Quand j’étais président de l’EPHE, il y a eu vérification de la sécurité des locaux, cela s’est fait, bien sûr, quand les cours n’avaient pas lieu, alors même que ce genre de vérification est beaucoup plus difficile puisque des cours avaient lieu de 9h à 20h du lundi au vendredi, ainsi que le samedi matin. Rappelons que l’article 32 de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat puni d’un emprisonnement de 6 jours à 2 mois de prison quiconque aura retardé, empêché ou interrompu l’exercice d’un culte.
Il y a là un abus de pouvoir de la part d’un député, profitant de son immunité parlementaire. Et on peut se demander si ce communiste aurait traité ainsi des bourgeois du XVIe arrondissement.
On sait comment le stalinisme interprétait la liberté religieuse. Il est désolant de constater qu’un députés de la République semble avoir gardé certains habitus qui présentent une analogie avec des schèmes idéologiques que l’on pouvait croire révolus. J’ai la plus grande estime pour Mme Marie-George Buffet, dont la déposition, devant la Commission Stasi a présenté une conception de la laïcité avec laquelle je me sens en forte affinité. J’espère qu’elle saura désavouer cet acte insoutenable.
Plus généralement, je suis inquiet devant le peu de réactions et des autres religions, des partis politiques et des milieux laïques.. Ainsi dans le dernier n° de l'hebdomadaire Réforme (17-23 février, 2005), Bernard Stasi tient des propos surprenants pour tenter de défendre M. Brard, surprenants sur la loi de 1905 qu'il ne semble pas bien connaitre et surprenants sur le protestantisme en parlant d'"Eglise protestante", alors qu'une caractéristique fondamentale du protestantisme est sa pluralité d'Eglises. Que c'est décevant!
Peut-on impunément, en 2005, porter aussi manifestement atteinte à la liberté religieuse sans susciter l'indignation? Jusqu'où ira-t-on: l'intolérance se développe et personne n'est épargné; ainsi on a fait des ennuis à quelqu'un qui souhaitait se faire refaire sa carte d'identité et qui portait, sur sa photographie, un col romain!
Nous nous trouvons là devant une dérive sectaire incontestable. Il faut que la MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) se saisisse du dossier et nous montre que son action n’est pas unilatérale. Il en va de sa CREDIBILITE.
15:05 Publié dans Le Grand Bétisier de la Laïcité | Lien permanent | Commentaires (6)
15/01/2005
RENTREE LAÎQUE
Après "Rentrée laïque", vous trouverez une présentation du "GRAND BETISIER" et une Note sur La laïcité à l'hôpital;
RENTREE LAÏQUE
(Jean Baubérot)
(29 août 2004)
ou la laïcité peut-elle pratiquer le grand écart sans péril ?
(l’intérêt de ce petit texte me semble double : il se réfère aux cérémonies du 60eme anniversaire de la Libération de Paris et à la façon dont elle se sont déroulées, ce que nous avons maintenant tous oublié ; il parle de la rentrée scolaire AVANT l’enlèvement des 2 journalistes en Irak et la revendication des ravisseurs, événement qui a complètement changé la donne)
il y a quelques jours le « Treize heure » de France Inter recevait le président du syndicat national des proviseurs. Celui-ci déclara la laïcité incompatible avec tout signe de reconnaissance religieuse à l’école. Mais le bandana n’est pas forcément un signe religieux ? demanda la journaliste. Non aucun bandana fut-il répondu d’un ton sans réplique. La journaliste enchaîna alors sur la commémoration de la Libération de Paris : une grande messe venait d’avoir lieu à Notre Dame, en présence de Jacques Chirac et avec un message du pape Jean-Paul II. Un autre sujet? Cette journaliste le croyait car elle ne posa aucune question au champion de la laïcité assis côté d’elle. Et ce dernier ne fit pas le moindre commentaire critique.
Va pour la grande messe : il y en eu bien une en 1944 (encore que ce concordisme me semble très douteux et d’un point de vue citoyen et du point des religions elles-mêmes : la laïcité ne serait-elle pas une double neutralité ? Celle de l’Etat à l’égard des religions et celle des religions à l’égard de l’Etat). Mais quel aveuglement devant les contradictions de cette laïcité à géométrie variable. A l’étranger, je vous l’assure, cela ne passe pas inaperçu.
Il y a un siècle, la situation était analogue mais inverse. Un rapport officiel consacré à l’Algérie critiquait le laïcisme de certains instituteurs et louait «le désir bien naturel à un peuple croyant de s’assurer que sa religion ne courrait aucun danger dans les écoles ». Les instituteurs devaient « témoigner le plus profond respect » pour « le Coran symbole de la doctrine religieuse et monument par excellence de la littérature » arabe. Une école où « la concorde s’établit facilement entre l’enseignement laïque et l’enseignement religieux » se trouvait citée en exemple. Quel était l’auteur de ce texte ? Emile Combes. Oui, celui-là même qui fit voter la loi de juillet 1904 interdisant l’enseignement à tout congréganiste. Et cette loi fut populaire : les congrégations, disait-on, menacent la République. Un siècle après les historiens vous expliqueront pourquoi la République n’était en rien menacée.
Anticipant l’exclusion, des familles musulmanes ont déjà inscrit leurs filles au Centre national d’enseignement à distance ou prévu l’arrêt de l’école pour celles qui ont 16 ans ou plus.En cette rentrée 2004 la chasse aux bandanas risque d’être ouverte car les consignes données sont rigoureuses, contrairement à ce qu’avaient cru des membres naïfs de la Commission Stasi. Une laïcité ostensible n’est-elle pas une laïcité contreproductive ?
10:30 Publié dans Le Grand Bétisier de la Laïcité | Lien permanent | Commentaires (1)
08/01/2005
Dans le Bétisier...
LE GRAND BETISIER DE LA LAÏCITE
En choisissant – volontairement – un titre provocateur (« Le grand bêtisier de la laïcité »), il ne s’agit pas de polémiquer contre qui que ce soit (sinon contre la bêtise qui gît en chacun d’entre nous), ou de rejeter telle ou telle conception de la laïcité. Il s’agit de prendre des exemples d’erreurs historiques ou juridiques, d’idées reçues, de contresens, d’impensés, de contradictions, voire (malheureusement) de pratiques contraires à la liberté de religion ou simplement à la dignité humaine (cf l’exemple donné le 8.1.2005 sur l’hôpital)… comme des analyseurs à décrypter permettant de tenter d’expliquer le plus clairement possible pourquoi et en quoi il s’agit de stéréotypes, de représentations erronées, auxquelles la fameuse méthode Coué a donné une apparence de légitimité.
Parfois, d’ailleurs stéréotypes ou erreurs ou fausses pratiques laïques peuvent contenir une part de « vérité », être (comme l’enfer !) pavé de bonnes intentions. Simplement ce qui constitue une partie d’une réalité plus complexe, plus dialectique est présenté ou vécu comme la totalité du réel, le rendant formé d’un seul bloc. Tout un pan de la réalité est ainsi rejeté dans l’impensé et on n’a plus, alors, les moyens de comprendre ce qui se passe ou s’est passé réellement, ou on aboutit à des résultats inverses de l’objectif poursuivi. Bref, avec humour, on pourrait aussi intituler la rubrique : « la laïcité pour les nuls », si ce genre de titre n’était pas déjà pris par une célèbre collection.
PREMIER EXEMPLE DU BETISIER:
Dans l’ouvrage d’Isabelle Levy LA RELIGION A L’HOPITAL (Presse de la renaissance, 2004, p. 196), ouvrage qui insiste sur les règles de laïcité à observer dans ce lieu, on trouve le passage suivant qui dénonce des pratiques qui, manifestement, confondent bêtises et laïcité :
« Dans une consultation pluridisciplinaire, les rendez-vous de gynécologie sont donnés systématiquement avec des médecins de sexe masculin lorsque des patientes manifestent le désir de consulter de préférence une femme »
« Dans un hôpital de l’Ile de France, les rasages pubiens féminins sont confiés systématiquement à l’aide soignant de l’équipe de garde, les soignante lui laissant volontiers ce « plaisir » au détriment du ressenti des patientes (indépendamment de toute appartenance religieuse) vivant ce soin avec un certain malaise »
« Il n’est pas rare que l’on pénètre dans les salles d’examen des hôpitaux publics « comme dans un moulin », parfois pour demander un renseignement non urgent, rechercher un collègue, voire lancer une invitation à partager un déjeuner, etc au mépris de l’examen en cours (quels que soit l’âge et le sexe du patient à moitié dénudé) et du travail du médecin.
A propos de ce dernier point, j’ai eu effectivement un témoignage fiable d’un patient : 3 personnes étaient venues parler au médecin qui lui faisait un toucher rectal : une pour demander le nom d’une station de métro et deux pour demander s’il déjeunait à tel endroit.
« De telles situations sont inacceptables et pourtant elles perdurent » commente Isabelle Levy. J’AJOUTE QUE DE TELLES SITUATIONS SONT SIGNIFICATIVES D’UN CLERICALISME MEDICAL QUI N’EST PAS MOINS ANTILAÏQUE QUE LE CLERICALISME RELIGIEUX.
13:15 Publié dans Le Grand Bétisier de la Laïcité | Lien permanent | Commentaires (2)