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19/01/2011

Tunisie entre inquiétude et espoir.

Comme beaucoup d'entre vous, je suppose, je suis avec beaucoup d'attention et d'empathie les événements qui se produisent en Tunisie. Je l'ai indiqué à plusieurs reprises: le Blog n'a pas pour mission d'être un commentateur universel, et sur ce sujet je ne suis pas spécialiste. Je lis, et bien sûr, déjà avant les derniers événements, ce que ces spécialistesi peuvent dire et je vous y renvoie. Je me contenterai donc d'un fort bref commentaire.

D'abord pour souligner l'aveu d'Alain Juppé reconnaissant que la politique officielle française a sous estimé (et c'est vraiment un euphémisme!) l'absence de démocratie dans ce pays et la façon dont les habitants en ont souffert. Cela, a-t-il indiqué, parce qu'il y avait une certaine laïcité, une certaine émancipation des femmes, un certain développement  économique. Autrement dit, il est une façon de se référer à ces principes et/ou valeurs CONTRE la démocratie, alors qu'il faut relier, en un même combat, laïcité, droit des femmes, progression du niveau de vie et démocratie. Bien sûr, cela est plus facile à dire qu'à faire. Mais je trouve que dans l'aveu de Juppé, il y a une leçon forte et sur laquelle il n'a pas été assez mis l'accent.

(à ce propos, cher Monsieur Mulot, je n'ai jamais écrit d'ouvrage s'intitulant la République ou la laïcité contre la démocratie, et un tel titre ne me viendrait jamais à l'idée. Je pense que l'ouvrage auquel vous faites référence, mais dont vous semblez n'avoir qu'un souvenir très confus et, à mon avis, très inexact, est celui-ci: L'intégrisme républicain contre la laïcité, paru à l'Aube en 2006: c'est une perspective fort différente: c'est l'instrumentalisation que je critique)

Ensuite, pour dire qu'il serait utile de relire, de regarder ce que pouvaient écrire ou montrer les médias sur la Tunisie AVANT les événements, avant le départ de Ben Ali. C'est comme l'affaire du Médiator: on nous dit maintenant: "On savait depuis des années..." Mais pourquoi alors l'info ne déferle que maintenant? Bien sûr, pour la Tunisie, il y a eu l'indication, en tout cas dans une partie de la presse écrite, d'emprisonnements, de grèves de la faim. Mais le malaise subsiste, chez moi en tout cas. je trouve qu'il a de plus en plus deux sortes d"'infos": celles sur lesquelles on revient en boucle et donc qui restent en mémoire. Les infos-événement en quelque sorte; et... toutes les autres, noyées dans le flux et qui n'engendrent ni la même émotion ni la même mémoire.

Enfin, je viens d'entendre ce matin, que des Agences de notation ont baissé la note de la Tunisie, vu le risque "d'instabilité". Sans commentaire, parce qu'il y aurait trop de commentaires à faire sur ce capitalisme contre l'humain dont on a l'impression qu'il règne sans partage. A cause de cela, et aussi parce qu'il est très difficile de sortir de décennies de dictature, l'inquiétude est là, mais aussi quand même l'espoir.

PS: Je signale (et j'y reviendrai) la parution:

-le 13 janvier, de l'ouvrage que j'ai écris avec Micheline Milot aux éditions du Seuil: Laïcités sans frontières.

-le 18 janvier, de l'ouvrage que j'ai écris avec Raphaël Liogier aux éditions Entrelacs: Sacrée médecine. Histoire et devenir d'un sanctuaire de la Raison.

Bonne lecture.

Commentaires

Tout à fait d'accord avec vous, Jean.
La Tunisie il n'y a pas si longtemps était un pays bien car en bons termes avec la France(entre autres) et dès que le vent a tourné la presse française se rend brusquement compte que la Tunisie c'était autre chose que les plages de Hammamet !!

Écrit par : leila | 19/01/2011

(à ce propos, cher Monsieur Mulot, je n'ai jamais écrit d'ouvrage s'intitulant la République ou la laïcité contre la démocratie, et un tel titre ne me viendrait jamais à l'idée. Je pense que l'ouvrage auquel vous faites référence, mais dont vous semblez n'avoir qu'un souvenir très confus et, à mon avis, très inexact, est celui-ci: L'intégrisme républicain contre la laïcité, paru à l'Aube en 2006: c'est une perspective fort différente: c'est l'instrumentalisation que je critique)

Effectivement, la nuance est d'importance !Toutes mes excuses pour cette erreur involontaire.Pour le reste, j 'ai tjrs un pb avec la structure de cet ouvrage .Et aussi j'ai du mal à digérer un passage sur Camus pour qui j'ai beaucoup d'admiration.Mais je n'ai lu que son théâtre et ses romans ( y compris "la chute" qui est un récit ).Je sais aussi qu'il avait un rapport particulier à l'Algérie ( c'est un pied-noir ), mais je n'en connais pas la nature.
Quant à la Tunisie, il ya effectivement des choses étonnantes dans le domaine de l'information ( ou de la désinformation ).

Écrit par : MULOT Roger | 19/01/2011

Les divers gouvernements ont été fort complaisants, au minimum, pour le régime Ben Ali.

Cependant, pour peu que l'on connaisse ici des Tunisiens, on savait depuis longtemps que le régime était de nature policière et dictatoriale.

Mais bien sûr, ceux qui ne voyaient la Tunisie que sous l'aspect "vacances à bas prix" ne voulaient pas le savoir, peut-être.

Écrit par : Catherine Robin | 20/01/2011

Mais bien sûr, ceux qui ne voyaient la Tunisie que sous l'aspect "vacances à bas prix" ne voulaient pas le savoir, peut-être.

Bonjour,
D'accord avec vous bien sûr, c'est difficile de dire autre chose.
Pensez vous que les "clercs" qui ont des palais dans ce pays ignoraient la réalité ?Ca ne les empêche pas de la ramener : aucune pudeur !

Écrit par : MULOT Roger | 20/01/2011

bonjour,
donc, si "on a minimisé", pourrait on s'attaquer au phénomène égyptien dés maintenant afin de ne pas avoir les mêmes "surprises" ou "découvertes" ?
mais non bien sur, on ne va tout de même pas aider les peuples colonisés à s'émanciper ?!?

je ne donne pas cher de notre honneur et de notre courage. quelles ont nos valeurs aujourd'hui ?
que doit on écrire sur nos mairies ?
peut on encore se pavaner dans les "droits de l'Homme" ?

mais chuuut... fashion Marine arrive, et c'est un autre débat...

Écrit par : haqqtiviste | 20/01/2011

Monsieur Mulot, bonjour,

Il faudrait examiner le cas de ces "clercs" un par un. Car il y en a sans doute parmi eux qui ont aidé, ici, les Tunisiens exilés ?

Pour les autres, effectivement ... Mais j'avoue avoir été assez choquée par les images des touristes faisant leur petite gym dans l'hôtel, sans aucun intérêt, apparemment, pour ce qui se passait dehors.
Ces gens qui n'avaient d'autre souci que de ne pas voir leur vacances trop gâchées, franchement !

Enfin, je suis partiale sur le sujet, car je n'aime pas faire du tourisme dans les pays "pauvres". C'est un truc qui me met trés mal à l'aise. Donc j'ai peu voyagé, vous vous en doutez !

Écrit par : Catherine Robin | 20/01/2011

Mme Robin
Nous avons un point commun : je ne suis jamais allé en vacances dans nos anciennes colonies.Mais je suis casanier !
Quant aux clercs, voui, ma non tropo.
Cordialement

Écrit par : MULOT Roger | 20/01/2011

Je suis loin de partager le mépris à l'égard des "vacances à bas prix" même si mes dernières en Tunisie remonte au début des années 90. Pour les gens à revenu modeste ou moyen, elles permettent de connaître les populations locales dans leur pays, ce qui n'a pas de prix. Rester chez soi n'est pas la panacée qu'on imagine, tant au point de vue de la connaissance des autres que du seul point de vue du bonheur de vivre.
Pour en revenir à la note, une chose m'a fait sursauter, mais pour qui me connait maintenant, rien de surprenant, c'est la désinvolture de la remarque de l'auteur concernant le critère de la condition des femmes, qui certes n'est pas infondé mais qui a quelque chose d'un peu indécent. Mr Baubérot, parler ainsi des droits des femmes est un manque d'égard que l'on ne fait plus à l'égard de toutes autres catégories d'êtres humains. Cela reste sur l'estomac comme auraient dit nos grands-mères respectives presque voisines. On a l'impression, fausse sans doute, que les femmes ne sont qu'une sorte de cheptel que l'on transporte dans des bétaillères, avec plus ou moins d'égards , selon son bon coeur et sa prédisposition à la ssensiblerie. Mr Baubérot, les femmes sont des êtres humains comme vous, comme les hommes, elles ont tout dans le cerveau pour ça, même si ailleurs, elles diffèrent. Si vous en étiez aussi persuadé que moi, vous ne parleriez pas avec aussi peu d'égard à leur dignité et leur amour-prore. Cela dit en toute amitié.

Écrit par : gigi-3 | 21/01/2011

Jee signale 2 sujets intéressants dans "le Monde" du vendredi 21 janvier.
Un entrefilet en p 11
rappelle qu'un débat auquel devaient participer S Hessel et Leila Shahid, à l' ENS le 18 janvier a été annulé pour "raisons de sécurité".
nous informe qu'une conférence à l'école des beaux arts de Marseille, sur Jean Genêt, les 20 et 21 janvier, à laquelle devait participer Leila Shahid a également été annulée pour " raisons de sécurité"
Bien que mme Shadhid ne me soit pas sympathique, je pense qu'on est dans un cas manifeste d'obstacle à la liberté d'expression.
En p 19 de ce journal, il ya un billet de Henri Pena-Ruiz sur le thème : le FN et la laicité. A LIRE !!
Je le confesse, je suis un fan de cet homme là.Dans mes rêves les plus fous, je le vois président de la LP, à la place de Marc Blondel.

Écrit par : MULOT Roger | 21/01/2011

Bonjour M. Baubérot

Il n'est pas que les journalistes qui travertissent les réalités en sélectionnant les informations à divulguer en fonction de l'actualité. Il y a aussi les professeurs d'université, et notamment les dits spécialistes de la laïcité.

En effet, depuis quelques années que je lis certains parmi ces experts décrire le régime tunisien de laïque. Plus, ils/elles se plaisent à rendre compte, comme ils disent, de la laïcisation des régimes arabes. J'ai même lu un auteur qui voyait l'avancée de la sécularisation et de la laïcisation au sein même du royaume saoudite.

Je crois que les spécialistes de la laïcité feraient mieux de cesser de voir la laïcité partout et de se mettre à étudier ses usages. Un régime autoritaire, comme celui de la Tunisie mais aussi de l'Algérie, du Maroc, etc., ne peut tout simplement pas être considéré laïque, sauf si l'on accepte de façonner un nouveau concept : la laïcité postcoloniale.

Celle-ci, à l'instar de la laïcité coloniale à la française dont elle est née, instrumentalise des principes, mais ne les appliquent jamais lorsqu'ils risquent de mettre à mal la logique profonde du régime et/ou de l'État. La France vota la loi de séparation en 1905, au moment où l'Algérie était terre française. Et pourtant, l'État français, appuyé en cela par les anti-cléricaux les plus farouches, refusa d'accorder au culte musulman son indépendance. On ne peut comprendre cela que si on comprend que la laïcité n'est pas seulement des principes-finalités (liberté et égalité) et des principes-moyens (séparation et neutralité). Elle est, ou plus justement elle englobe, une raison d'être. C'est cette raison d'être qui fait que la notion peut-être noble et mérite qu'elle soit défendue et promue, ou vile et mérite qu'elle soit critiquée et honnie. Et j'insiste, il ne suffit pas de dire qu'elle la notion peut être instrumentalisée par des régimes qui n'y croient pas. Cela va de soi de toute notion ou idée. Mon point est ailleurs : la notion de la laïcité elle-même, c'est-à-dire sa définition même, devrait être revue. Il faut que la définition même puisse rendre obligatoire l'interrogation de les usages de la laicité, et cela n'est possible que si elle fait de la raison d'être un élément constitutif de la notion. La laicité, ce n'est pas liberté et égalité via la séparation et la neutralité. Elle est plutôt liberté et égalité via la séparation et la neutralité mais au bénéfice d'un projet politique. En fonction de ce projet, la laicité change de forme, voire même de signification.

Les régimes arabes ne sont ni laïques ni engagés dans un processus de laïcisation. Les journalistes, mais aussi les universitaires, se trompent et trompent leurs lecteurs lorsqu'ils disent le contraire.

Aziz D.

Écrit par : Aziz | 21/01/2011

Madame Gigi, vous vous faites beaucoup d'illusions sur ces touristes low cost qui selon vous rencontreraient les populations locales.

Les formules low cost sont des formules en hôtels club, avec excursions éventuelles organisées, en groupe.

Non, ils ne "rencontrent pas les populations locales", en dehors du personnel hôtelier et des vendeurs de souvenirs. Ils ne voient rien, ou pas grand chose. Et je dirais que ça les intéresse pas, en général. Les vacances c'est sacré, non ? Pas fait pour s'interroger sur le régime politique du coin ....

Le tourisme en ce sens est un leurre, bien souvent, pour ce qui est de la connaissance des populations locales.
On connait les populations de pays étrangers en s'immergeant dans le pays, durablement, en parlant la langue dudit pays de préférence. Pas en passant une semaine dans un hôtel, dans une région touristique.

Le simple fait d'être un "touriste", de toute façon, fausse le plus souvent les rapports avec les gens du cru, surtout dans les pays pauvres.

Personnellement, je fais trés peu de "tourisme", hormis quelques week-end dans des capitales européennes. En revanche, je connais bien la Grèce pour y avoir une maison dans une île depuis plus de 20 ans, y passer tous mes étés, et en parler la langue. Pays que j'ai découvert en 73, avec un Grec. Ce qui était déjà trés différent comme approche, par rapport à l'état de "touriste".

Lorsque j'ai mis les pieds en Grèce pour la première fois, c"était encore sous le régime des Colonels. Comme en Tunisie, il fallait faire attention à ce qu'on disait en public, à cause des mouchards de la Police. Mes amis grecs, étudiants en France, avaient tous quelqu'un de leur famille qui avait été, ou était, prisonnier politique.

Je suis persuadée que pour commencer à connaitre un minimum un pays, il faut au moins s'y balader hors des zones touristiques, et avec quelqu'un du pays.

Donc, non, les touristes en Tunisie ne voyaient rien, et ne voulaient surtout pas savoir quel était l'envers du décor.

Quant au procès d'intention que vous faites à M. Baubérot relatif à la condition féminine, c'est quasi insultant pour lui !!
Où avez-vu dans son propos un manque d'égard et de respect de leur dignité ??

Oui, la lutte contre l'intégrisme et l'émancipation des femmes en Tunisie ont été utilisés comme écran pour dissimuler que des valeurs fondamentales n'étaient pas respectées. Et brandies par les gouvernements étrangers pour occulter la nature dictatoriale corrompue du régime Ben Ali.

En quoi est-ce pour autant méprisant pour les femmes ?

Quant à votre "en toute amitié" à son égard, laissez-moi rire. Plutôt hypocrite.

Écrit par : Catherine Robin | 21/01/2011

"En revanche, je connais bien la Grèce pour y avoir une maison dans une île depuis plus de 20 ans, y passer tous mes étés, et en parler la langue. Pays que j'ai découvert en 73, avec un Grec. Ce qui était déjà trés différent comme approche, par rapport à l'état de "touriste"."

Certes très chère amie, mais tous les français n'ont pas les moyens d'aller se faire voir en Grèce comme vous.Et à vous suivre, il faudrait pratiquer la langue d'un pays pour pouvoir en parler .Vous avez fumé la moquette ou quoi ?Faut-il maitriser le russe pour lire Tolstoi, Lermontov et autres ? Faut-il parler breton pour séjourner à Quimper (pardon : kemper ) ?
En plus, quid des immigrés qui ne parlent pas français ? Vous les virez ???

Écrit par : MULOT Roger | 21/01/2011

Monsieur Mulot. Vous avez une vision fantasmatique de ce que peut être une maison en Grèce ... Rien de particulièrement luxueux, juste une maison de village dans une île peu touristique. Qu'allez-vous imaginer ! Une villa avec yacht devant ? Et du reste, les gens qui ont les moyens de prendre des vacances en famille dépensent souvent beaucoup plus que nous en un mois pour 15 jours de vacances en location ou à l'hôtel ! Bref, rien de plus que ceux qui ont une résidence secondaire. Sauf qu'elle est un peu loin, la mienne ...
Maintenant, si vous comparez avec les gens qui de toute façon ne peuvent pas du tout partir en vacances, évidemment !

Vous n'allez quand même pas nier que l'on appréhende mieux un pays si on en parle la langue ? Je vous parle des gens, de la vie quotidienne. Pas de la littérature.

Pourquoi parlez-vous de "virer" les immigrés qui ne parlent pas français ?? Quel rapport avec mon propos ? Bien sûr, qu'ils comprendront mieux la France et les français s'ils parlent un minimum notre langue ! Ca me parait une évidence, enfin ! Pas à vous ?

Bref, tout ça pour dire que le "tourisme", neuf fois sur dix, reste extrémement superficiel et biaisé, pour ce qui est de "connaitre" un pays. En dehors des paysages et monuments diveres. C'est tout.

Écrit par : Catherine Robin | 21/01/2011

Mme Robin
Je dois dire que vous m'avez fait peur, d'où ma réaction un peu vive.Mais vous me rassurez .
Quant à mon allusion aux immigrés ne parlant pas français,, c'était un détournement de vos propos.Un jeu quoi .Le pb est que d'autres nous lisent.
Cordialement

Écrit par : MULOT Roger | 21/01/2011

Bonjour M.Baubérot,

Simplement pour vous dire que j'entamerai la lecture de votre ouvrage sur la médecine avec un enthousiasme non feint (sitôt que j'aurai pu me le procurer!).Merci pour votre travail en tout cas!

Sur le tourisme de masse dont il est question dans les derniers commentaires, et en nous éloignant un peu de l'actualité tunisienne....Je suis, entre autres choses, d'origine espagnole (quelle snob je fais!).L'autre jour, dans un sursaut de masochisme sans doute, j'ai regardé,et là ma crédibilité va en prendre un coup, "les Charlots font l'Espagne".Stupéfaction et affliction devant les pantalonnades des 4 abrutis sous le soleil franquiste...en entendant des répliques comme "et en plus ça vient travailler chez nous", j'ai pensé à mon père et mon grand-père, qui, à l'époque de la sortie du film, devaient trouver ça très amusant, même s'il fallait serrer les dents, etc.Vraiment, en pensant à ce tourisme de masse, ces gens qui venaient "dépenser leurs pesetas loin des usinas" sans une pensée pour la population locale qui en 1972 souffrait encore sous le joug franquiste (la démocratie ne reviendra de façon certaine qu'en 1982, pour mémoire, alors qu'une tentative de coup d'état militaire a encore ébranlé le pays le 23 février 1981),mon premier réflexe a été, je l'avoue, un réflexe de dégoût... cependant, en allant plus loin....ce même tourisme de masse, premièrement a donné un coup d'accélérateur spectaculaire au développement économique du pays (ce qui n'est pas rien!Aujourd'hui on peut porte un patronyme espagnol sans être cataloguée "Conchita", en France...L'Andalousie n'est plus dépeuplée par l'émigration massive qu'elle a connue de façon constante pendant des décennies, non plus...c'est loin d'être anodin cela), deuxièmement, et là c'est plus insidieux, a contribué, par la seule présence de ces touristes pourtant peu politisés, à la modernisation des moeurs.Certes les touristes ne se mêlaient sans doute pas plus qu'aujourd'hui en Tunisie aux populations locales (je ne sais pas pour la Tunisie, je n'y suis jamais allée, mais en Espagne il semble qu'ils n'y étaient pas trop trop incités non plus...née en 79, je n'en ai pas d'expérience directe, mais on m'a rapporté [on c'est mon papa^^] que la guardia civil veillait ), mais les Espagnols, eux, voyaient ces touristes, même de loin.Pas besoin de discuter avec eux pour voir qu'ils semblaient plus riches, plus joyeux, ni pour voir que les femmes portaient des pantalons ou même des shorts (O_O), et allaient à la plage dans des tenues indécentes (voire même carrément inconcevables!je parle bien sûr du point de vue "autochtone" et non de mon propre fond!).Insidieusement, ce tourisme "bête" a aussi joué un rôle dans la démocratisation du pays! (et peut-être même parce qu'il était bête!Bête et innocent.Les gardes civils n'allaient point endiguer le flot de bons Allemands venus se faire rôtir sur la Costa del Sol, et montrant par leur simple présence les vertus de la prospérité économique et d'une vie démocratique dont beaucoup d'Espagnols eussent sans eux ignoré l'existence et qu'ils n'allaient pas tarder à envier et à vouloir imiter!)...tout ça pour dire que le touriste "moyen" (on dirait que je suis mieux en disant ça!en fait je suis juste jalouse parce que j'ai pas de sous pour aller faire l'andouille à droite et à gauche!), peut-être qu'il n'est pas bien au fait de la situation locale, peut-être qu'il s'en fout même, mais en attendant sa présence pourrait bien avoir un impact tout de même (je suis une incurable optimiste!).Que le touriste, lui, en reste à une vision superficielle, c'est finalement son problème à lui!

Cordialement à tous ceux qui m'auront lue, en espérant n'avoir été désobligeante avec personne.

Écrit par : Mathilde | 22/01/2011

Mme Robin, les vacances "low cost" ainsi dédaignées par quelqu'un qui ne les a jamais pratiquées par principe, c'est un peu léger tout de même. Mais c'est bien dans vos habitudes me semble-t-il. Certes, une immersion complète vaut mieux qu'une immersion superficielle, mais j'ai des souvenirs précis d'attitudes, de réactions, de rencontres avec des autochtones qui m'ont marquée. Notamment avec des femmes tunisiennes faisant le ménage dans ces hotels clubs dont vous parlez. Certes le contact est superficiel, mais comme il est avec n'importe quel inconnu dans une rue française. La rareté du contact est ce qui le rend parfois si précieux, votre description dédaigneuse du tourisme de masse aligne allégrement les poncifs sur le peuple forcément débile et abruti dans ses appétits de fanrniente, et de "sea, sex and sun" (pardon pour les chastes oreilles). Pourtant, que je sache cette vulgarité de la fête débridée n'est pas le fait du populo mais a toujours existé dans les hautes sphères qui ont l'air de vous faire fantasmer.
Pour ce qui est de mon impression ou peut-être plutôt de ma susceptiblilité à l'égard de ce que dit Mr Baubérot quant à "une certaine émancipation des femmes" pas suffisante c'est vrai pour juger de la démocratie d'un pays, il me semble que la question des femmes est aussi grave que celle de la démocratie, parce que ce sont des êtres humains et qu'encore l'humanité "supérieure" de nos élites ne semble pas en avoir pris pleinement conscience. Pour moi, la démocratie sans l'égalité des droits pour les femmes n'est pas une démocratie pour la moitié de l'humanité. Qu'elle le soit pour les hommes, je veux bien l'admettre. Mais moi, je me place au plan du respect de mes droits en tant qu'être humain. Et je vois que ces droits sont considérés comme étant d'un niveau d'exigibilité inférieur à ceux de la démocratie pour les seuls hommes. J'ai perçu cette différenciation implicite sous les propos de Mr Baubérot depuis que je fréquente son blog. Il n'est d'ailleurs pas le seul, toute la gauche sans exception en fait autant y compris les femmes politiques par crainte d'être insultées.
Quant à votre soupçon d'hypocrisie à mon endroit, dois-je comprendre qu'il suffise de ne pas être du même avis sur des sujets imortants pour être des ennemis mortels ? J'apprécie Mr Baubérot car déjà il me laisse m'exprimer, ce qui est une preuve de générosité et que ses positions me paraissent largement inspirées par l'esprit de sa religion, à mon avis mal comprise, si j'ose me permettre. Non que je sous estime les qualités intellectuelles de Mr Baubérot, mais parce que je le soupçonne de s'en remettre un peu trop à la Providence sans le dire et pas suffisamment sur la responsabilité humaine.

Écrit par : gigi-3 | 22/01/2011

Mathilde,

Je vois ce que vous voulez dire. Malheureusement, je n'y crois pas, au tourisme qui aurait un impact sur la démocratisation d'un pays. Disons qu'au mieux cela donne du boulot aux "autochtones". Souvent bien mal payé, d'ailleurs, pour être compétitif.

Ne regrettez pas de ne pas avoir les moyens de ... Dans tourisme, il y a "tour". On fait un petit, ou grand, tour. On voit. Et puis quoi ? Rien ou pas grand chose. On a "fait", selon l'affreuse formule qui personnellement me hérisse, le Mexique, le Sénégal, le Maroc, la Chine, etc.... On a fait. Voilà. C'est tout.

Lisons de la (bonne) littérature étrangère. Et voyageons en chambre. On apprend beaucoup d'un pays, de sa société, via les romans. Bien plus que via les Agences de voyages ... Vous penserez que j'exagère. Un peu. Mais à peine.

Non, décidément, je n'aime pas "faire du tourisme". Car ce n'est pas voyager. Un Nicolas Bouvier voyage. Il ne fait pas du tourisme.
Vous avez peut-être lu "L'usage du monde", de N. Bouvier, entre autres ?

J'arrête là. Ce n'est pas le sujet du blog. Juste un tout petit rapport avec la Tunisie, en tant que destination de vacances de plus d'un million de Français chaque année ....

Écrit par : Catherine Robin | 25/01/2011

Le « bourguibisme », avec ses outrances, ses errements, a quand même laissé en héritage un statut de la femme le plus égalitaire du Maghreb et, sinon la laïcité (l’Islam reste la religion d’état), du moins une séparation de fait de la religion et de l’état (les tribunaux civils sont les seuls admis, des lois sur le divorce et l’avortement divergent du dogme musulman…). Bourguiba a même demandé aux travailleurs tunisiens de ne pas respecter le Ramadan pour le bien de l’économie. Sans la justifier, si on ajoute un développement économique certain, cela explique la cécité sur le régime de Ben Ali.
Cécité relative comme le note l’article : la presse écrite et quelques émissions de télés, notamment au moment d’élections « bananières », mais aussi d’arrestations arbitraires ou de soulèvements populaires ont donné des informations (même Le Figaro s’est interrogé sur la dernière réélection de Ben Ali).
Cécité des touristes attirés par des prix sans concurrence ? Certes, mais le mépris hautain de certains, outre que sont oubliées des réalités triviales car économiques (comme en France d’ailleurs, le Tourisme joue un rôle important dans la balance commerciale) et d’emplois, ne vise que le tourisme à bas prix. Qui oserait jeter l’anathème sur le tourisme hautement culturel qui nous fait découvrir l’Egypte des pharaons, Petra en Jordanie, les « villes impériales » du Maroc, (et, pourquoi pas Carthage, El Djem, Kairouan ?) etc., dans des pays peu démocratiques ou franchement dictatoriaux. Et ceux, pas tous pipols ou politiques qui ont acheté en Tunisie sont-ils plus condamnables que la dame qui dit avoir acheté un logement en Grèce du temps des colonels ? Quant on sait que beaucoup de Tunisiens parlent un français remarquable mettre en avant la nécessité de posséder la langue du pays est un peu vain.
Et ce qui a été remarquable fut d’entendre, après la chute de Ben Ali, tous ces prophètes de l’après coup jouer les donneurs de leçons ! (http://deblog-notes.over-blog.com/article-mam-la-tunisie-les-prophetes-et-le-syndrome-khomeini-65820831.html)

PS La France est, à juste titre, qualifiée d’ancienne puissance colonisatrice, mais il faut quand même rappeler que, grâce à Mendès-France, la décolonisation (la fin du protectorat) s’est faite sans guerre, il y a largement un demi siècle.

Écrit par : J. F. Launay | 29/01/2011

Et ceux, pas tous pipols ou politiques qui ont acheté en Tunisie sont-ils plus condamnables que la dame qui dit avoir acheté un logement en Grèce du temps des colonels ?
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M. Launay, je n'ai rien acheté du tout au temps des Colonels !! J'ai acheté en 89.

J'ai connu la Grèce à l'époque des Colonels, à la fin, car je vivais à cette époque avec un Grec. C'est tout.

Je n'ai pas particulièrement de "mépris hautain". Je n'aime pas "faire du tourisme". Qu'il soit low cost ou high cost. Ce que je reproche au fait de "faire" du tourisme, c'est en l'occurrence la même chose.

Écrit par : Catherine Robin | 01/02/2011

Merci, merci, merci, pour tout Monsieur Baubérot.
Marie

Écrit par : marie bastin | 10/03/2011

Salut. Je souhaitais juste débuter en disant que j'adore ton blog !
En tout cas ce billet déroge pas à la règle, à savoir cool !
Malheureusement j'ai un lèger problème, le menu a l'air décalé sur mon navigateur (sous windows).
Ps : sache qu'en tout cas, je viendrai lire tes posts.

Écrit par : www.ac-panneausolaire.fr | 24/10/2012

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