30/12/2010
Meilleure Année !
L’année 2010 n’aura pas été géniale, c’est le moins que l’on puisse dire ! Et donc il faut se souhaiter mutuellement pour 2011, une MEILLEURE ANNEE.
Une année où le débat retrouve un sens de l’équilibre.
Une année où la question de la laïcité est abordée dans sa généralité. Et s’inverse la tendance du glissement de la laïcité vers la droite dure et l’extrême droite.
Une année où on n’assiste plus à une idéologisation et une instrumentalisation de la notion d’intégration. Cette notion d’« intégration » concerne tous les membres d’une société sans distinction d’origines ou de croyances.
La nécessité pour chacun de s’intégrer est due au fait qu’une société n’est pas seulement la somme des individus qui la composent, mais aussi et surtout la qualité des relations qu’ils établissent ensemble, dans leur diversité multiforme (sociale, culturelle professionnelle, religieuse,…) et qui donne de la cohésion et de la dynamique sociales.
C’est d’abord cela l’intégration : un lien réciproque entre les individus et aussi entre la société et les individus pour bâtir ensemble un avenir commun. Cela suppose justesse et justice. La société doit favoriser l’intégration de ses divers membres, comme ceux-ci tenir compte des nécessités de la vie en société, et de ce qui fait cette société dans sa singularité.
Il existe un paradoxe qu’il me semble avoir déjà indiqué, à partir d’Emile Durkheim : deux menaces guettent la société : une intégration trop faible de ses divers membres, certes ; mais aussi une intégration trop poussée générant ce que le sociologue appelle une « individuation insuffisante ».
Chacun doit pouvoir posséder sa propre individualité, ne pas être uniquement une partie du « tout social ». Et donc l’intégration ne saurait être absolue et elle ne doit pas conduire à l’uniformité. L’individualité de chacun n’est pas « soluble » dans quoi que ce soit, y compris la République et c’est, grâce à cela, que chaque citoyen peut précisément apporter une contribution originale à la République.
C’est aussi à partir d’une telle optique que l’on peut poser le problème, tant rebattu maintenant, de la « diversité » culturelle et religieuse. Deux indications :
D’abord, tout le monde , tous les Français sont inclus dans la diversité de la France d’aujourd’hui. Il n’y a pas ceux qui seraient « issus de la diversité » et les autres (issus, eux, de je ne sais quelle normalité!).
Ensuite, reconnaître l’existence, et l’importance, de la diversité signifie que l’on ne recherche ni n’exige de personne une intégration absolue à la société car une intégration intégrale serait destructrice de la personnalité de chacun et, d’autre part, serait néfaste pour la société elle-même car elle la figerait totalement.
La citoyenneté a deux face : civisme et individualité. Au milieu des bruits et des fureurs, est-on encore capable de la comprendre ?
PS: je viens d'apprendre le décès de Claude Nicolet, analyste de "l'idée républicaine" en France, dont j'avais discuté les thèses notamment dans mon ouvrage Laïcité 1905-2005, entre passion et raison. J'espère avoir le temps de reparler bientôt de quelques aspects de son oeuvre, d'une permanente actualité.
10:35 Publié dans EDITORIAL | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
"Tout le monde, chacun doit s'intégrer", sous-entendu, pas seulement les immigrés. C'est la dernière nouveauté, que dis-je carrément révolutionnaire. Ainsi, les "anciens" d'une communauté doivent désormais s'intégrer autant que les nouveaux arrivants. On va avoir du mal à savoir à quoi il faut s'intégrer et en quoi ça consiste. En l'occurrence, on comprend qu'il faut accepter les nouvelles coutumes, traditions et religions, y compris si elles bousculent les nôtres. Peut-être néanmoins qu'il faut fixer les frontières entre ce qui est intégrable et acceptable et ce qui ne l'est pas et ne le doit pas. Or, il me semble qu'en ce moment nous sommes à certains égards dans des "zones grises". Des exemples ? Le halal qui s'impose aux consommateurs non concernés, à leur insu et pour ceux qui sont avertis, parfois contre leur gré. L'occupation de parties des voies publiques pour des prières alors que toutes manifestations religieuses sur la voie publique doivent faire l'objet d'une demande auprés des autorités compétentes. Les altercations, les intimidations dans les hopitaux pour satisfaire des exigences religieuses. Des malades qui partageant une chambre d'hopital avec certains fidèles doivent supporter leurs prières et exigences. Une liberté d'expression désormais soumise à des "tabous", à des intimidations, des "fatwas", etc. Et personne, personne, capable de faire respecter strictement la loi, au contraire des entorses, des dérogations en augmentation.
Je crains fort que vos voeux d'intégration pour tous restent pieux. Intégrez-vous, chers compatriotes ! Je vous en prie, après vous !
Écrit par : gigi-3 | 30/12/2010
Une année où on n’assiste plus à une idéologisation et une instrumentalisation de la notion d’intégration. Cette notion d’« intégration » concerne tous les membres d’une société sans distinction d’origines ou de croyances.
Chacun doit pouvoir posséder sa propre individualité, ne pas être uniquement une partie du « tout social ». Et donc l’intégration ne saurait être absolue et elle ne doit pas conduire à l’uniformité.
L’individualité de chacun n’est pas « soluble » dans quoi que ce soit, y compris la République et c’est, grâce à cela, que chaque citoyen peut précisément apporter une contribution originale à la République.
Je vais partir de ça.
Ca fait un petit moment ( jamais trop tard pour bien faire )
que j'ai réalisé une chose incroyable :je suis un individu qui est la synthèse d'un grand nombre de particularismes.Et en plus, c'est instable :selon l'humeur du temps, certaines composantes sont remplacées par d'autres.Cependant, cela ne modifie en rien mon apparence.
J'aimerais que la société fonctionne de même.
Écrit par : MULOT Roger | 30/12/2010
La cérémonie des voeux répond le plus souvent à une suspension du temps et de l'espace. Le "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles" devient réalité, mais fugitivement. Hier le retour en arrière sur les retraites de ceux qui travaillent, demain la restauration de la fonction publique (?). Aujourd'hui des voeux pour que la laïcité perdure comme la République : une et indivisible, unique et universelle. Bonne année quand même.
Écrit par : Lièvre | 31/12/2010
Bonjour monsieur Baubérot!
Meilleure année et soignez votre dos!
Pour cette nouvelle année 2011, je vous offre deux impensés sur lesquels réfléchir (ça fait longtemps qu'on n'a pas lu d'impensés, je suis obligée d'en inventer moi-même, si c'est pas malheureux de voir ça!)...je suis quand même gentille hein?Peut-être qu'ils ne vont pas vous plaire de prime abord (j'en serais fort marrie!), mais ayez à l'esprit en les lisant que je suis une charmante jeune femme de 31 ans et votre plus grande admiratrice et tout s'arrangera!
Alors,impensé n°1: les inégalités territoriales.Dans notre inconscient collectif, ce mot va immédiatement désigner les banlieues de nos grandes villes françaises, n'est-ce pas?Je me demande (c'est un sujet d'impensé, c'est votre boulot après de me dire si oui ou non ou le contraire!), si l'accès aux soins, à l'éducation, aux services publics de tous ordres et surtout à la culture n'est quand même pas et de loin bien pire par exemple dans la plaine des Vosges....tiens, qui dégrade le plus les aménagements publics mis en place pour lui,le banlieusard ou le rural?Ben le rural, lui, n'a rien à dégrader,ça va plus vite comme ça (de toute façon des bourrins pareils, vaut mieux rien leur confier!)....pareil, le rural ne caillasse pas les camions de pompiers par exemple, il sait que le temps qu'ils arrivent chez lui, 3/4 d'heure seront passés et l'envie avec...le rural aussi faut dire, c'est fruste, ça a pas de patience!(je pourrais multiplier les exemples mais cela deviendrait lassant, enfin, si vous voulez constater vous même je vous invite chez moi, on rigolera bien!Mais évitez de faire une crise cardiaque une fois sur place, vue l'offre médicale dans le secteur, conseil d'amie!)....
Bon, impensé n°2, là il a plus à voir avec votre axe général en ce moment....la question est (attention le choc, c'est un impensé assez lourd), l'homme maghrébin perçu comme musulman est-il ou non le nec plus ultra de l'exclu du système, celui qu'on maltraite, qu'on caricature, dont on bafoue les droits, la figure même du bouc émissaire décrit par Girard dans son ouvrage éponyme?Est-il la quintessence de la minorité invisible et opprimée, injustement caricaturée à longueur de temps?Attention!Je ne nie pas la réalité de certains faits!!Cependant je vous propose de faire quelques petites expériences amusantes de terrain qui pourront peut-être vous apporter une touche d'espoir concernant cette catégorie de population!
Expérience n°1: prenez votre téléphone, cherchez dans le bottin le n° d'un ophtalmo (peut-être le plus proche n'est-il pas à 50 bornes de chez vous, veinard!), et dites: "Bonjour, je suis monsieur Mohammed Al Bobéri, je voudrais un rdv pour mon fils Mehdi de 5 ans s'il vous plaît".
Notez le résultat.
Recommencez en ces termes: "bonjour, je suis monsieur Jean Baubérot, je voudrais un rdv pour mon fils Paul de 5 ans.Vous pouvez me le donner en début de consultation parce que comme il est autiste c'est dur la salle d'attente pour lui?".
Notez le résultat. (au moins une fois sur deux le rdv vous sera tout bonnement refusé, mais essayez tout de même si vous avez du temps libre)
Expérience n°2: téléphonez à l'école maternelle la plus proche en disant "bonjour, je suis monsieur Mohammed Al Bobéri, je voudrais inscrire mon fils Mehdi de trois ans?"
Recommencez l'expérience sous votre vraie identité, en annonçant Paul, trois ans, trisomique (vous avez pas de bol avec vos enfants vous!)....Notez le résultat...
(tiens, au passage, on ne dira jamais à la mère d'un enfant arabe "vous l'avez fait exprès?"ou "vous avez pensé à son avenir?", ou "mais ça se voyait pas à l'échographie?", ou, pire de tout "moi je serais enceinte d'un enfant arabe j'avorterais!"...choquant, isn't it?Gageons que si on remplace "arabe" par "trisomique" ou "handicapé", là par contre la consternation devant de tels propos n'est plus aussi uniforme!)
Expérience n°3!(après c'est fini!).Il vous faut un comparse figurant la minorité ethnique opprimée et sans cesse en butte aux regards méchants d'autrui, et un mioche avec un handicap bruyant (un sourd fera bien l'affaire, ou un autiste léger, ou un dysphasique).Laissez les deux se promener dans une zone habitée quelconque et notez le résultat ...expérience menée avec un ami figurant la minorité visible et mon fils de 4 ans à l'époque...l'ami a été tout à fait bouleversé de découvrir cette réalité qu'il ne soupçonnait pas, d'après lui il a perçu plus d'hostilité en une après-midi qu'en un an dans son rôle habituel.Il m'a demandé comment je faisais pour oser encore sortir en supportant ça tous les jours.Croyez-le ou non, sortir de cet impensé l'a aussi aidé à sortir d'une forme douce de délire de persécution qui est bien entretenu par la pensée majoritaire, d'où mon post (qui ne se veut absolument pas hostile à quelque minorité que ce soit, qui voudrait simplement attirer l'attention sur d'autres oubliés de la rrrrrrrrrrrrrrrrrrrrépublique, sur des gens qui sont petits, faibles, bafoués, sans que nul ne s'en offusque vraiment...notre système actuel qui a tendance à "hypernormer" écrase aussi ces gens-là, et dans l'indifférence générale en plus!Qui ferait une pétition pour soutenir les parents d'un enfant autiste dont on refuse la scolarisation au mépris de la loi?Pas grand monde, je le crains!)
Voilà,en espérant ne pas vous avoir trop gonflé avec mes histoire, et en vous souhaitant de ne pas être disloqué par le péril d'individuation insuffisante cette année encore!
Écrit par : Mathilde | 31/12/2010
Mathilde
D'accord avec vous.Mais cela n'est pas spécifique à la France.
Il n'y a pas très longtemps, les medias ont relaté que le Canada refusait l'entrée de son territoire à un couple dont un enfant nécessitait des soins très coûteux.
Écrit par : MULOT Roger | 02/01/2011
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