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14/12/2010

La laïcité lepénisée

A force de dire qu’il suffit de prononcer le terme « laïcité » pour que tout soit dit, à force de refuser que, comme la république ou la démocratie, la représentation de la laïcité représente un enjeu social, la machine à décerveler a fait son œuvre.

La laïcité était un marqueur d’une identité de gauche, elle a glissé de plus en plus vers la droite dure, avec en prime quelques nostalgiques du stalinisme ou d’ex-gauchistes en déroute. Maintenant, Marine Le Pen peut s’autoproclamer championne toutes catégories de la laïcité, puisqu’on a faussé son sens.

Depuis des années, je tente de dénoncer cette dérive. La réponse est souvent de me prêter des positions que je n’ai pas pour pouvoir mieux ne pas entendre ce que je cherche à dire.

Mais, maintenant, l’heure est peut-être, pour toutes et tous, à prendre conscience de ce qui menace réellement la laïcité : son emploi fallacieux pour sortir du cadre démocratique.

 Il est grand temps de remettre les compteurs à zéro, et de cesser d’interdire, à coup d’oukases, un libre débat sur ce qu’est la laïcité, comment elle se concrétise et s’actualise. Ce libre débat, sans excommunication, serait la meilleure réponse à ce développement de la capture de la laïcité.

La loi de 1905 a été le fruit d’un mûrissement de 3 ans, où diverses conceptions de la laïcité, de tel ou tel de ses éléments, se sont confrontés. Son élaboration, sa maturation montre qu’il est stupide, et démocratiquement dangereux, de croire qu’il suffit (pour parodier de Gaulle) « de crier ‘laïcité’, ‘laïcité’ en sautant comme des cabris », pour être un promoteur de la laïcité.

On n’est plus à la vaine querelle : adjectif ou pas adjectif.

On est dans une situation où il faut réaffirmer le lien entre laïcité et démocratie.

Et si on est d’accord que ce lien est fondamental, alors il faut ne plus surfer sur des affaires médiatiquement construites, il faut être dans une délibération de fond.

Il faut ne pas céder à la peur de l’autre car l’intelligence s’arrête là où la peur commence.

 Dans ce débat, j’indique à nouveau ce qui est pour moi le fond de l’affaire : depuis 20 ans, une certaine interprétation implicite de la laïcité se prétend être « la » laïcité. Et cette interprétation rompt avec la laïcité telle qu’elle s’est construite de 1882 à 1946, en passant par 1905.

Au lieu de concerner au premier chef l’Etat, on prétend que la laïcité concerne avant tout l’individu, ou du moins certains individus. Résultat : l’Etat laïque fait du surplace, voire recule… et on  se sert du mot « laïcité » pour stigmatiser une partie de la population de notre pays.

Certes la laïcité implique pour chacun le respect de l’autre, et le respect d’un ordre public démocratique qui permet la coexistence de tous. Mais c’est avant tout un attribut de l’Etat : indépendant à l’égard des religions et des convictions particulières, séparé d’elles, l’Etat peut ainsi être un arbitre impartial.

 Quand on vous dit « laïcité », ne prenez pas ce mot comme un terme magique ; demandez de quoi il est question.

Plus que jamais, relisez La Fontaine : le chêne est impressionnant, mais il entraîne vers des catastrophes. Le roseau semble trop fragile. Il résiste aux bourrasques.

 

 

  

20:04 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (28)

Commentaires

Et bien alors comment se fait-il que ce principe soit si souvent évoqué et si peu compris ?

Pour la majorité des gens, le principe de laïcité est une sorte de philosophie de vie.

Écrit par : misafir | 14/12/2010

Et combien de temps faudra t il encore pour que les organisations issues des combats pour la construction d'un état laïque retrouvent le courage de lire la vérité, de la dire puis de la combattre quand elle ne correspond pas aux principes et aux valeurs de la république ? Nous ne sommes plus sûrs que Laïcité rime avec Démocratie. Cette contradiction explique le "succès" des propos tenus par la vice présidente du FN et l'augmentation forte des avis favorables. Cela devrait inciter les partis de gauche à rectifier les choix stratégiques. Mais...

Écrit par : Lièvre | 15/12/2010

Désolée, une fois de plus, de ne pas être d'accord avec vous. Votre terme "lepénisation de la laîcité" qui reprend "la lepénisation des esprits" n'est qu'une façon de diaboliser ceux, très nombreux, qui n'en peuvent plus de ces "occupations illicites" de la voie publique et qui se demandent jusqu'à quelles dérives la liberté religieuse de certains croyants va mener notre pays. Vous avez sans doute raison en ce qui concerne la laicité, affaire de neutralité de l'Etat à l'égard des religions. Je ne suis pas sûre néanmoins que le citoyen n'ait pas son mot à dire quand la piété des uns encombre les voies publiques, au mépris des lois communes. Quand l'Etat ou les autorités locales ne font pas leur boulot, et ce quels que soient les partis qui gouvernent, le simple citoyen peut ruer dans les brancards en voyant que ses libertés fondamentales sont, même temporairement et partiellement, remis en cause, en l'occurrence, liberté de circuler, de s'habiller à sa guise, droit à la sécurité, à la tranquilllité pour les riverains, etc. La laicité, simple neutralité de l'Etat par rapport aux religions ne doit pas empêcher les autorités à faire appliquer les lois et respecter les droits fondamentaux.
Outre, les prières sur la voie publique, il y a aussi le halal qui gagne du terrain et qui envahit subrepticement les assiettes des non croyants, lequel halal engraisse des contrôleurs religieux. Et tout cela en bafouant allègrement les lois sur les conditions d'humanisation de l'abattage des animaux de boucherie. Et vous trouvez que la laicité n'a pas son mot à dire dans cette progression de plus en plus angoissante d'une religion dans l'espace public. Premettez que je ne sois pas de votre avis, et je ne suis pas la seule. Si vous ne voulez pas que les esprits soient "lepénisés", il faudrait que les intéressés respectent la discrétion dans laur foi, comme dans les autres religions. Sinon, où allons-nous ? Je ne suis pas sûre que l'intelligence rime avec l'absence de peur, c'est-à-dire d'anticipation à partir de tendances lourdes d'un groupe d'individus. Les marxistes dans la Russie impériale n'étaient pas majoritaires quand ils ont pris le pouvoir. Si vous voulez convaincre, il faudrait des arguments plus solides autres que vos propres croyances ou une résignation inavouée à un ordre européen abandonné à la loi des plus déternminés.

Écrit par : gigi-3 | 15/12/2010

Bonjour,
Suivant régulièrement votre blog, je serais curieux de connaître votre avis sur l'analyse que donne Mélenchon de la denrière sortie de Le Pen et de la laïcité (analyse que je trouve fort juste pour ma part).
http://www.jean-luc-melenchon.com/2010/12/madame-le-pen-est-lagent-coagulant-du-systeme/
Bonne continuation..

Écrit par : Frederic | 15/12/2010

A mr Baubérot

Ca mérite réflexion.
Dans la mesure où je suis membre de la LP, je n'apprécie pas votre notion "d'accomodements raisonnables".
Et cela d'autant plus que je reproche au système loi de 1905, tel que je le comprends, des accommodements inacceptables avec les cathos et les autre cultes présents à l'époque.
Si j'avais une proposition d'actualisation, ce serait de supprimer tout financement aux cultes par le biais d'assoc diverses et variées.
Or, non content d'aller dans ce sens, les pouvoirs publics vont laisser s'installer en faveur de l'Islam une situation comparable à celle de l'église catho vers 1900.
Un comble !!!

Écrit par : MULOT Roger | 15/12/2010

Bonsoir Roger,

Je crois qu'on ne peut tout simplement pas mettre fin aux avantages dont bénéficie le culte catholique et notamment la prise en charge de l'entretien des églises par les budgets municipaux.

Les citoyens français de confession musulmane qui financent le culte catholique grâce à leurs impôts sont tenus de financer sur leurs deniers personnels le culte musulman. De fait, l'application du principe de laïcité créé de l'inégalité entre les citoyens français. Les accommodements raisonnables ont pour seul objectif de rétablir l'égalité entre les citoyens.

On ne peut pas être un républicain convaincu (liberté, égalité, fraternité) et accepter qu'une partie des citoyens français soit discriminée par les effets du principe de laïcité.

Écrit par : misafir | 15/12/2010

Bonsoir Misafir,

Votre message est très pertinent.
Je dirais malheureusement !
Et je persiste : il faut modifier le dispositif " 1905 " en interdisant tout financement , direct ou déguisé, aux religions.
Le pb actuellement, c'est que mon discours peut sembler viser l' Islam (que je ne connais pas, et que je ne souhaite pas connaitre : ce que je sais de la religion catho est sans intérêt pour moi ) ).Mais il vise aussi, et au 1er chef le catholicisme.
Dans le me ...r actuel, il est vrai que les musulmans subissent une "double peine ".

Écrit par : MULOT Roger | 15/12/2010

Ne pas oublier que les églises sont souvent anciennes et ont une dimension patrimoniale en plus d'être des lieux de culte. Ce que ne sont pas les mosquées à construire. Les français sont attachés à leurs églises et leurs clochers, sans être pratiquants le plus souvent. L'islam n'est pas une religion historique à la différence des confessions juives et chrétiennes. Il doit s'en faire une raison et faire son trou, à l'instar des autres nouvelles religions qui s'acclimatent et laissent le temps au temps pour se faire accepter. Les bras de fer avec la volonté majoritaire sont contre productifs, c'est ce que certains n'ont toujours pas compris. Le bouddhisme par exemple n'est pas une religion historique en France ni en Europe, pourtant on ne voit pas des fidèles bouddhistes occuper la voie publique pour des prières. Je ne pense pas que les réfugiés chinois soient plus riches que les immigrés musulmans.

Écrit par : gigi-3 | 15/12/2010

Gigi, la position que vous défendez a pour effet de pérenniser une situation d'inégalité. Que les Français soient attachés à leurs églises, quoi de plus normal. En revanche, l'Etat doit être neutre et traiter de manière égale tous les cultes. Basiquement laïcité = neutralité de l'Etat, égalité en droit et liberté de conscience. Non ?

Le plus intéressant, de mon point de vue, est de savoir dans quelle mesure les vrais défenseurs de la laicité comme M. MULOT accepteront de faire rimer la laïcité avec des valeurs que les libres penseurs ont tjrs défendu comme par exemple les principes d'égalité et de non discrimination mais aussi le pluralisme et la promotion des identités culturelles.

En bref, comment défendre la laïcité sans se compromettre avec les promoteurs d'une "laïcité lepénisée" ? Je pense qu'il y a nécessité pour les défenseurs de la laïcité de se repositionner pour ne pas apparaître trop hostiles aux religions et peut-être aussi de résister à leur volonté d'"émanciper" par voie législative.

Écrit par : misafir | 15/12/2010

Misafir, je comprends bien votre point de vue, mais comme je vous disais, on ne peut mettre l'islam et ses désirs d'égalité avec le catholicisme qui est une religion qui a un patrimoine historique qui déborde las seuls croyants. L'islam est une religion qui nous affriment en choeur nos élites de tous poils n'est pas plus pratiquée dans sa communauté d'origine que le catholicisme en France. Quand on objecte que le ramadan est pratiqué à hauteur de 70 pr cent, les porte parole musulmans assurent qu'il s'agit d'un comportement plus culturel que proprement cultuel dans beaucoup de cas. L'islam serait donc en perte de vitesse nous assurent de bons sociologues tels que Todd ou d'autres. En outre, les stats ethniques sont interdites donc il est difficile d'évaluer avec précision l'islam, religion majoritaire dans l'immigration extra-européenne. Il faut savoir que la cathédrale de Strasbourg qui a une valeur historique considérable et pas seulement pour les catholiques pratiquants, ne peut être restaurée dans sa totalité et que des parties menacent ruine. L'Etat et à présent la ville de Strasbourg n'a pas les moyens de l'entretenir, alors qu'elle a participé ai-je entendu à la construction d'une immense et luxueuse mosquée, ostentatoire. Je ne sais Misafir s'il vous a pas échappé que notre pays connait une crise trés grave qui menace de devenir gravissime. Le peuple français n'a pas les moyens d'offrir aux 6 millions de musulmans des mosquées rivalisant en luxe, ostentation et munificence à ses propres églises et cathédrales, dont certaines comme la cathédrale de Strasbourg ne sont plus suffisamment entretenues faute de moyens. Payer pour des salles de prières confortables, discrètes, pourquoi pas, je ne s'y suis pas opposée, mais certainement pas pour des bâtiments qui manifestement cherchent à rivaliser avec nos églises anciennes. Les nouvelles églises et cathédrales qui se sont construites récemment le sont en un style discret, à la mesure des moyens décents que la pratique d'une religion qui doit rester discrète, sans volonté affichée de se faire remarquer, en parfaite résonnance avec la laicité où la religion n'a plus le premier rôle ni même un rôle d'autorité importante sinon décisive. Je suis désolée de vous le dire aussi franchement mais tant que l'islam ne s'imprègnera pas de ces principes républicains et laîques, en adoptant une discrétion et un refus de toute ostentation, perçue à tort ou à raison comme agressive.

Écrit par : gigi-3 | 16/12/2010

Bonsoir Misafir

Vous me faites bien de l'honneur en me qulifiant de" vrai défensur de la laicité ". D'une part j'ai de plus en plus de mal à résister aux sirènes de l'anticléricalisme, d'autre part, il y a plusieurs conceptions de la laicité, en oubliant une éventuelle version lepéniste.

Par ailleurs, au risque de radoter, je persiste à penser que le pb c'est le statut privilégié de l'église catho.
S'il pouvait se concevoir dans le contexte de 1905 ( cpte tenu des rapports de force, un compromis était inévitable ), les choses ont changé, et le dispositif pourrait être revu . A la baisse ( j'entends par là suppression ) de tout finacement aux cultes, dans tous les domaines.
Quaht à la question des églises , la question est délicate. Difficile de reconnaitre à certaines un côté patrimonial.Mis pas à ttes : il y a des constructions du XIX qui pourraient être détruites. Oh ,pardon, je voulais dire " déconstruites ".Il y a d'ailleurs qques cas.Dans une petite ville ,les cathos ont du choisir entre 2églises.
Sachez que ma petite ville ( 50000 h ) possède : 2 églises pour le centre ville et 3 ou 4 églises de quartier.Les 2 premières sont à caractère patrimonial. Les autres ......
Par contre il n'y a tjrs pas de mosquée, alors qu'il semble y avoir une communauté musulmane non négligeable, d'ailleurs concentrée sur un quariter.
Autre chose. On a été gâtés à la télé hier soir : burqa chez Tadéi et chez Calvi. Avec en prime l'affaire de la crèche.
Il serait temps que les pouvoirs publics reprennent l'ensemble de la question, au lieu de procéder au cas par cas, en fonction de l'actualité.

Cordialement

Écrit par : MULOT Roger | 16/12/2010

Mr Mulot, la libre pensée ne peut exister que par rapport aux religions. Si vous parvenez à les éradiquer, ne risquez-vous pas de vous sentir orphelin ? A quoi vous et vos collègues pourraient vous consacrer à l'avenir ? Je pense donc que votre activité n'est qu'un passe-temps ludique du genre sado-maso pour pimenter un peu la vie mais que pour rien au monde vous ne voudriez tuer votre poule aux oeufs d'or existentielle. Couper tout subside au culte catho, soit. Mis à part le concordat alsacien, d'ailleurs, je n'ai pas connaissance que l'Etat ou les communes financent le culte catho, sauf pour entretenir l'immobilier religieux. Le problème de la démolition d'une église du 19ème siècle trop coûteuse à entretenir et ne présentant pas un grand intérêt artistique s'est également posée dans ma commune. Après réflexion et hésitation, l'ancienne église a été maintenue. Ces églises du 19ème siècle ont l'avantage de ressembler à des églises mais le grave inconvénient d'être souvent surdimensionnée, pour le chauffage notamment et la hauteurs de leurs voûtes. Je suis néanmoins d'accord pour dire que désormais les religions, toutes les religions sans exception doivent fonctionner aux frais de leurs fidèles. Comme au temps des églises primitives. La foi serait au moins plus authentique et moins affaire de conventions. Chaque fois que j'ai assisté à un mariage à l'église, j'ai été frappée par le désintérêt total de l'auditoire à l'homélie aussi bien qu'à l'office, y compris les mariés qui ont l'air presque honteux d'être là. Mieux vaut arrêter une telle comédie qui ne satisfait personne.

Écrit par : gigi-3 | 17/12/2010

Bonsoir Gigi3

Je vais vous rassurer : je ne souhaite pa éradiquer les religions. J'aimerais seulement qu'elles soient invisibles dans l'espace public.Et là encore, je suis hérétique par rapport à la LP.Pour moi, l'espace privé, c'est le domicile et ce qui pourrait y être assimilé. J'ai bien du mal à comprendre que la rue, les magasins, le lieu de travail ne fassent pas partie de l'espace public défini par le dispositif loi de 1905 : on y rencontre des gens de ttes origines et convictions.
Sur ce point, une décision de justice m'interpelle.Il s'agit du licenciement d'un jeune homme qui portait un bermuda. Dans ce cas, il faut admettre qu'un employeur peut avoir des exigences vestimentaires concernant ses employés.Personnelement j'ai expliqué à une de mes employées que le " haut " découvrant le nombril n'était pas une tenue de travail adaptée à la réception du public. Refoulement ????

L'entetien des églises pose de nombreuses questions.Dans ma petite ville, les églises de la périphérie sont des années 50, sans aucun intérêt.Faut-il les détruire ? les reconvertir à un autre usage ?
Vos dites qu'il n'y apas de financement public de l'église catho. Et les subventions , genre cathédrale d'Evry, par le bon Jack ?Et l'enseignement catho ?Laissez moi vous dire que si les établissements cathos fonctionnaient sans aucune aide publique, comme celui que j'ai fréquenté de la 6ème à la 1ère, il y aurait beaucoup moins de monde chez eux.Et du coup, l'état aurait un gros effort à faire en faveur du public.Mais ça me semblerait plus républicain.
Garantir la liberté des cultes pas de pb. Les financer : NON.
Cordialement

Écrit par : MULOT Roger | 17/12/2010

Bonsoir Mr Mulot, je vous ai un peu taquiné par rapport à votre "hobby", je n'attendais pas de votre part une réponse "rassurante" me doutant bien qu'en homme raisonnable, vous n'êtes pas un adepte des solutions extrêmes. Au point où en est arrivé notre société de "désenchantement du monde", c'est-à-dire de désintérêt pour la spiritualité, le questionnement sur le sens de la vie pour s'absorber dans le matérialisme et l'hédonisme, le tout favorisé par l'arraisonnement du monde par la technique comme le disait Heidegger, à quoi sert en effet d'entretenir des cultes sur les deniers publics ? Pour ce qui est des exemples que vous donnez de participation de l'Etat aux frais des écoles sous contrat de l'enseignement libre, vous vous souvenez sans doute de la mobilisation gigantesque qu'avait suscité le gouvernement socialiste voulant adopter les mesures que vous préconisez. Aujourd'hui, aucun gouvernement n'aurait le courage de retenter la chose, sauf si l'électorat se montre prêt à un changement d'avis.
Il en va de même avec l'exemple que vous donnez de la cathédrale d'Evry. Les exigences de traitement à égalité présentées par d'autres religions sont l'occasion pour un changement d'attitudes et une clarification sur cette politique de financement des cultes dans la période de crise que nous allons connaître et dont nous n'avons vu que les débuts. Il importe que la visibilité des religions dans l'espace public soit en conformité avec la discrétion requise par la laicité, afin de couper court à tout soupçon de visée hégémonique. L'église catholique a certes un avantage matériel par rapport aux autres religions plus récentes ou simplement minoritaires. On ne peut aller dans un désir d'égalité à lui enlever ses avantages matériels pour les distribuer aux autres, ce qui serait vécu et perçu par les tiers comme une vexation. Je pense toutefois que l'éventualité encore timidement évoquée de céder des églises désertées à d'autres cultes ne manquera pas de se poser prochainement. Il vaut mieux peut-être en effet en arriver là que de construire de nouveaux lieux de culte qui ne feraient que grever davantage les budgets communaux.
Pour les limitations à la liberté vestimentaire dans le travail, il me semble qu'un patron ou un responsable peut juger bon qu'en fonction de la clientèle, certaines tenues ne sont pas souhaitables. Par exemple, en effet, des tenues un peu trop sexy, mais dans ce domaine tout est relatif. Je me souviens par exemple avoir regardé une émission religieuse du dimanche sur fr2 où une journaliste allait interwiewer le cardinal Poupard avec un décolleté trés profond, la même journaliste le même jour interwiewait ensuite un jeune prêtre dans une église de Rome après avoir recouvert ses épaules avec un châle qui néanmoins ne cachait pas son décolleté. Le jeune prêtre n'avait pas l'air pourtant tenté par le spectacle et gardait un visage serein et enthousiaste, tandis que Mgr Poupard, ai-je trouvé, affiché une mine un peu chagrine. Je ne vous cache pas que le manque de respect de cette journaliste m'a indignée au-delà de toute expression. Si je désapprouve le voile musulman, ce n'est pas pour tolérer de telles marques d'irrespect à l'égard de prêtres dans leurs lieux de culte.
Cordialement.

Écrit par : gigi-3 | 17/12/2010

Au sujet des édifices religieux de notre patrimoine et entretenu grâce à l'argent de tous, j'apprécierais qu'ils servent à tous pour leurs cultes divers. Je me doute que ce ne serait pas aisé pour certains cultes de prendre possession de l'espace qui est souvent organisé pour la religion catholique. Mais ce serait intéressant. Et voir en même temps: bouddhistes, mulsumans, juifs, temoins de jehova, pratiquants de hare krishna, scientologues ... partageant un même espace et ayant à faire ensemble, au moins le suns à côté des autres seraient intéressants. Il y a aussi athés et agnostiques mais qui n'ont pas de cérémonie, alors pourraient s'y faire les conf/débats sur la laïcité, ce qu'est l'athéisme ...
Cela a l'air provoc comme cela et c'est fort dommage que ce ne puisse être au moins envisageable et réfléchi ensemble.

Écrit par : Marianne | 21/12/2010

Au sujet de la dérive sur la laïcité, dérive qui existe aussi au sujet du féminisme et certainement d'autres termes, c'est intéressant de voir à qui le crime profite ;-)

Écrit par : Marianne | 21/12/2010

J'utilise la rubrique commentaires pour demander à M. Bauberot l'autorisation de reproduire son article sur notre blog.
Merci de votre réponse.

Écrit par : Différences-larevue | 21/12/2010

J'utilise la rubrique commentaires pour demander à M. Bauberot l'autorisation de reproduire son article sur notre blog.
Merci de votre réponse.

Écrit par : Différences-larevue | 21/12/2010

Monsieur Baubérot,
je rebondis sur votre déclaration (à laquelle j'adhère totalement) : "Mais c’est avant tout un attribut de l’Etat : indépendant à l’égard des religions et des convictions particulières, séparé d’elles, l’Etat peut ainsi être un arbitre impartial." pour demander votre analyse sur la "constitutionnalité" de l'action du gouvernement de modifier le cadre juridique et légal en vue d'introduire la finance islamique en France. La République ne reconnaissant et ne subventionnant aucun culte, cette action ne peut-elle être considérée comme un non-respect du principe de non-reconnaissance ? Merci d'avance. GT

Écrit par : Guy Trolliet | 21/12/2010

Bonsoir Marianne
Je vois mal ttes les religions cé lèbrer leurs culltes ensemble.
Dites nous donc à qui le crime profite : j'ai hâte de savoir, car il y a plusieurs versions.

Écrit par : MULOT Roger | 22/12/2010

Reste à savoir si "la laïcité lepénisée" est pire ou meilleure que "la laïcité baubérotisée"...

Écrit par : Djamila GERARD | 23/12/2010

mme Gérard

Bonne question, mais un peu fermée, car il y a aussi la laicité version LP, et sans doute celle des francs maçons et j'en oublie.
La version Le Pen est purement circonstancielle rt donc sans intérêt.

Écrit par : MULOT Roger | 23/12/2010

Monsieur Mulot, vous avez raison pour les Francs-Maçons, il y a longtemps qu'ils ont renoncé à leur idéaux laïques. Ceux de gauche sont infiltrés par les islamogauchistes, ceux de droite sont pour la "laïcité ouverte" (donc la non-laïcité) à la Sarkozy.
Pour Marine Le Pen, je n'ai à redire si j'en crois ses discours, puisqu'elle n'hésite pas à dénoncer aussi le "confessionnaliste" catholique dans lequel elle pense que Bruno Gollnisch veut enfermer le FN et... la France. Et puis ce n'est pas à elle qu'on peut reprocher de financer illégalement des lieux de culte avec l'argent public !
Je ne vois donc pas en quoi elle aurait "faussé le sens" de la laïcité, comme l'affirme Monsieur Bauberot, qui lui est tout de même partisan du voile islamique dans les écoles de la République...

Écrit par : Djamila GERARD | 23/12/2010

Monsieur Baubérot,

Quant à la laïcité, personne ne peut vous contester sérieusement ce que vous en écrivez. Mais ce que je vous reproche c'est votre manque de courage intellectuel et votre manque d'engagement citoyen.

Vous et moi, vous Mouloud-Jean et moi Mohamed-Pascal, nous ne sommes pas tenus par la neutralité de l'Etat lorsque nous constatons que les voiles, tous les voiles, pauliniens et coraniques, sont sexistes et séparatistes des êtres humains.

Le voile islamique nous crient à la figure : celle qui me porte n'épousera que des musulmans ou des convertis bien circoncis. Vous l'entendez et vous faites la sourde-oreille.

Notre devoir est de dire non au vivre à part et à l'écart, même si ce séparatisme, ce sexisme et cette ségrégation des hommes en fonction de leurs croyances sont dictés par la religion de mes deux parents.

Voilà où votre devoir de citoyen laisse à désirer. Voilà où votre science manque de conscience.

La religion de mes parents n'est pas sacrée, alors que leur dignité l'est.

Écrit par : Pascal Hilout, né Mohamed | 28/12/2010

Monsieur Hilout,

Le voile ne fait que crier, comme vous dites, une chose qui, même si elle n'est pas manifestée de façon visible, est bien réelle, et ne concerne pas que les musulmans : on épouse son/sa semblable, 8 fois sur 10.

Dévoilez la musulmane qui portait volontairement son voile. Et puis après ? Vous croyez que pour autant elle épousera un athée ?

Vous croyez qu'il suffit de décréter, comme ça, le mélange, pour qu'il se fasse ? Ceux qui veulent rester entre eux y resteront, que ça vous plaise ou pas. Vous n'y pouvez rien.

En tout état de cause, ça n'a rien à voir avec une conception X ou Y de la laïcité. Les gens, catholiques, musulmans, juifs, de gauche, de droite, végétariens, amateurs d'animaux, de musique, etc... ont une tendance toute humaine à former couple avec qui ils se sentent des affinités. Qu'elles soient de nature religieuse n'est pas plus blamâble, sur le fond, que d'être ensemble passionné d'opéra ou de chevaux.

Je veux bien vous faire plaisir et "dire non au vivre à part", etc... Et ensuite ? Ben, j'ai dit non, la belle affaire. C'est cela qui décidera un catholique fervent à épouser une athée, à votre avis, au nom du "vivons ensemble" ? Un peu de réalisme. Il faut un minimum de "valeurs" pour former un couple durable, élever des enfants. Que l'on trouve ça ridicule ou pas, la religion, pour beaucoup, fait partie de ces "valeurs".

Que vient faire là-dedans un quelconque "devoir de citoyen" ? Le devoir du citoyen est de laisser chacun vivre selon ses affects et ses convictions, même si on ne les partage pas, il me semble.

Écrit par : Catherine Robin | 29/12/2010

Monsieur Beaubérot,

Je ne pense pas que les chrétiennes libérées de leurs voiles en sont encore à être aussi chrétiennes et que donc elles en sont encore à épouser uniquement des chrétiens. Enlever le voile a des conséquences que vous n'envisagez point !

L'émancipation, ça existe et c'est notre devoir de citoyens que de disserter de sa possibilité.

De plus vous faites semblant de penser que les systèmes de pensées et les comportements sociologiques sont à mettre sur le même pied d'égalité.

Les amateurs de musique épousent des amateurs de musique non pas parce le Saint Livre de Musicologie le leur prescrit, mais parce qu'ils fréquentent le même conservatoire et vibrent au diapason.

Si la musulmane se met en bikini, il est fort probable qu'elle rencontre un homme en maillot et qu'elle chante avec lui : "Toi et moi dans le même bermuda, c'est l'amour !"

Moi, j'ai une préférence pour les bikinis et même pour la beauté divine du nu, des Vénus et Apollon. Je n'aime pas les voiles. C'est une préférence esthétique et éthique, de la liberté et non des interdits. Cette esthétique et cette éthique est mieux exprimée par Modigliani que par le voile intégral de ma mère.

Écrit par : Pascal Hilout, né Mohamed | 29/12/2010

Catherine Robin, votre théorie n'explique pas pourquoi Bourguiba avait interdit le voile aux Tunisiennes après avoir réformé le code de la famille. Si vous aviez ouvert le Coran vous auriez pu y lire que les femmes doivent être bien couvertes en présence d'hommes étrangers à leur famille. Et d'ailleurs s'il ne s'agissait que de mariage endogamique, seules les jeunes filles seraient concernées. Or le voile est également obligatoire pour les femmes mariées.
Vous n'avez pas de problème dans votre entreprise à propos du ramadan. Vos collègues jouissent d'une excellente santé. Mais il n'est pas si difficile à concevoir qu'un individu d'âge moyen a du mal à tenir toute la journée sans boire ni manger, surtout quand il se trouve au milieu d'autres qui boivent et se nourrissent sans se priver. Pour résister sans mauvaise humeur à cela, subir l'hypoglicémie en prime, c'est clair vos collègues musulmans sont des modèles de stoicisme. Si seulement c'était crédible !

Écrit par : gigi-3 | 30/12/2010

La "lepénisation" gagnerait-elle la Halde soi-même ? quoi qu'il en soit, voila qu'elle commence à se poser des questions sur le voile dans les entreprises privées et ses perturbations du vivre ensemble.

http://www.lefigaro.fr/vie-entreprise/2011/02/06/09008-20110206ARTFIG00210-voile-islamique-malaise-dans-les-entreprises.php

Voilà, si je ne me trompe, qui ne prêche pas pour votre paroisse, Mr Baubérot...

Écrit par : gigi-3 | 07/02/2011

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