03/12/2010
REALITE ET ACTUALITE: NE PAS CONFONDRE!
De nombreuses réactions aux dernières Notes, dans les « Commentaires » et, encore plus hors des Commentaires pour la dernière. Cela dans un Blog qui, malgré son aspect un peu austère, continue de surfer au dessus des 10000 visites mensuelles (10553 en octobre ; 11252 en novembre)..
Une précision : je laisse beaucoup de liberté aux personnes qui réagissent régulièrement par des commentaires. Une limite toutefois : ne pas se servir de mon Blog pour attaquer des personnes. Sinon, je serai obligé de prendre du temps pour le modérer. Et, du coup, il y aura moins de Notes.
Ceci dit, avant de passer au vif du sujet d’aujourd’hui, critique m’a été faite par Gigi III, il y a quelques semaines, de ne pas avoir parlé du massacre qu’ont subi des chrétiens irakiens, il y a quelques semaines. La question était : cela ne concerne-t-il pas la laïcité ou autres sujets traités par le Blog ?
Bien sûr que si. Et la situation actuelle des chrétiens du Moyen-Orient est un sujet que j’ai abordé notamment à la fin de ma Petite histoire du christianisme (Librio, 3€ ! A réclamer dans les grandes surfaces).[1]
Encore une fois le Blog est un libre vagabondage. Il n’a pas vocation a commenter toute « l’actualité » liée à la laïcité. C’est selon la disponibilité, l’humeur, le sentiment d’avoir quelque chose à dire que l’on ne trouve pas ailleurs. Etc.
Sur les chrétiens du Moyen-Orient, une Note aurait tenté de dire l’ambivalence de leur situation, car ce sont des communautés très anciennes, qui, historiquement, ont été des minorités protégées, et dans une large mesure, instrumentalisées par des puissances occidentales. Celles-ci s’en sont servies pour intervenir dans la région.
Alors bien sûr, cela ne diminue en rien l’aspect inacceptable de la tuerie qui a eu lieu. Mais voilà, si j’avais rédigé une Note à ce sujet, j’aurais du intégrer cet aspect parce qu’à ma connaissance, les médias ne l’on pas fait.
Mais cela aurait pu être compris à contresens. Encore une fois cela n’excuse rien, cela simplement contextualise un massacre qui, comme tous les massacres, n’aurait jamais du être.
Cet exemple « d’actualité » nous ramène à ma dernière Note et aux réactions que j’ai reçues, malheureusement hors « Commentaires » pour la plupart.
Certains ont contesté la différence faite entre « réalité » et « actualité ». Comme si l’actualité ne se fondait pas sur des réalités : allais-je nier le 11 septembre, moi aussi ; prétendre que quand un journal rapporte qu’un incendie a fait 6 morts, ces morts sont pure invention ? Naturellement non. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit.
Désolé pour M. Mulot, internaute qui a trouvé ma Note compliquée, je tente d’être le plus simple possible sur un sujet où ce n’est pas facile de l’être. Là je vais donc faire très basique, voire anecdotique. Prendre les choses à ras de terre.
Au départ, il y a ce que l’on peut appeler la « réalité empirique » : tout ce qui se passe dans le déroulement du temps et dans l’ensemble de l’espace : des oiseaux qui font leur nid ou qui se gèlent de froid, des feuilles qui tombent, au Monsieur pressé qui évite de peu une vielle dame s’étant brusquement arrêtée pour chercher son ticket de métro, à la jeune fille dont je me dis « elle est réchauffée, celle là », parce qu’elle porte une jupe au ras des fesses et qu’il fait froid, au blouson de cuir avec plein de pins de ce jeune homme que je remarque, en passant, puis oublie.
Rajoutons une femme à foulard qui fait ses courses, avec un bambin dans un landau pour compléter le tableau : vous l’avez compris il est possible d’allonger indéfiniment cet inventaire à la Prévert. A chaque seconde, existe une réalité empirique infinie dont personne ne peut rendre compte dans sa totalité.
Dans cette réalité empirique infinie, existent ce que les sociologues appellent des « interactions ». L’exemple du Monsieur qui évite de bousculer la dame en est un exemple : dans le tissus urbain, du métro à la rue, on passe son temps à éviter de se cogner les uns aux autres. Mais existent naturellement bien d’autres types d’interactions, où on entre en contact, se parle, s’embrasse, etc.
Des millions et de millions chaque jour dans chaque grande ville. Et on ne va pas en faire toute une histoire. Selon quel critère, un pan de cette réalité empirique inépuisable devient-elle Médiatique ? L’importance de « l’événement ». OK, mais que considère-t-on comme « événement » dans cette réalité infinie, et selon quels critères de jugement ? Et comment va-t-on le traiter, quel éclairage va-t-on lui donner ? Et que va-t-on laisser dans l’ombre ?
Je me souviens deux anecdotes, parmi cent autres, qui concernent la Sorbonne à l’époque où j’avais des responsabilités universitaires.
Première anecdote : un incendie s’était déclaré, les journalistes et photographes avaient accouru : « Où sont les morts ? » Heureusement, il n’y avait pas de morts, juste des blessés légers. Eh bien cela ne faisait pas l’affaire des journalistes : « On nous a dérangé pour rien » disaient-ils furieux.
Outre que j’ignore qui était ce « on », nous avons tenté de leur dire que, puisqu’ils étaient là, ils pourraient peut-être s’intéresser à la vétusté de certains parties de la Sorbonne, qui rendaient un autre incendie possible, ou interviewer des étudiants, pour mieux connaître leurs problèmes. Ils « rentabiliseraient » ainsi leur venue. Eh bien non. Toute la réalité quotidienne de la Sorbonne ne présentait aucun intérêt, n’avait aucune importance.
Autre anecdote. Un journaliste que je connaissais un peu me croise lors d’une rentrée universitaire et il me demande où sont les files d’étudiants de Paris IV qui attendent désespérément de s’inscrire.
Or, je connaissais bien le Président de Paris IV et savait qu’il avait pas mal travaillé pour éviter justement ces interminables files d’attentes. Cela, semble-t-il avec succès, puisque le journaliste ne trouvait pas de file dans la galerie habituelle. J’explique cela au journaliste. Mon chef de rubrique va être très mécontent si je ne lui rapporte pas une photo choc me dit-il.
Je tente de le convaincre : Justement, la photo choc est de montrer l’absence de file, les étudiantes et étudiantes qui s’inscrivent dans le calme et d’expliquer pourquoi il en est ainsi.
Eh bien non, encore une fois. Le journaliste est reparti bredouille et furieux.
Je suppose que ces 2 anecdotes ne vous étonnent pas. J’en ai plein d’autres en réserve, du même tonneau, notamment une dernière que je vais vous raconter, maintenant que je suis lancé. Une chaîne de télé veut m’interviewer à la Sorbonne. La chaîne obtient l’accord du recteur et c’est un véritable commando qui arrive et immobilise toute une galerie, empêchant étudiants, professeurs et administratifs de circuler normalement. Déjà j’étais très gêné de cette perturbation imposée à la collectivité.
On me présente la journaliste qui va m’interviewer. Là, je tombe sous le charme : elle est vraiment très belle, a un côté très super-woman qui me plait bien. Alors, allons y, tant pis pour la gêne !!!
Hélas, quand viennent les question, cela devient calamiteux : elles sont d’une bêtise… Plus stéréotypées que cela, tu meurs. Et j’avoue (on est entre nous !) que je me suis tenu des propos assez machos, style : Non ce n’est pas possible d’être aussi belle et aussi bête. Et bien sûr, j’étais furieux de penser cela, mais dédoublé en moi-même.
En plus, il est très difficile de répondre rapidement (dans l’intervalle de 2 questions, quelqu’un indiquait que telle réponse avait duré 1 minutes 56, alors qu’il fallait faire 1minute 30 de moyenne par réponse ; donc j’étais prié de ne pas dépasser la minute en réponse à la question suivante !) à des questions stupides. Il faudrait commencer par dire : « Ce n’est pas ainsi que le problème se pose… ».
Donc mes réponses elles-mêmes n’étaient vraiment pas brillantes, et c’est un euphémisme !
Enfin, je reconnaissais des collègues et étudiants parmi les personnes qui, faute de pouvoir passer, s’agglutinaient derrière les caméras, et n’en perdaient pas une. J’avais « super honte » !...
… Et hâte que l’on en finisse avec ce cauchemar. Ouf, effectivement, l’interview s’achève, les cameramen commencent à défaire leur installation et à dégager le terrain. Et à ce moment là, ma super-woman s’approche de moi et me dit tout de go : « J’ai lu vos livres, cela m’a intéressé mais je voudrais bien savoir pourquoi vous déclarez ceci, cela,.. ». Bref elle se met à me poser de véritables questions intéressantes, à engager un débat pertinent.
Très intéressé, je tente de répondre et une discussion s’engage, tandis qu’elle ne tarde pas à se faire engueuler par le reste de l’équipe : « Alors, tu viens, c’est fini le baratin. On n’a pas que cela à faire ! »
Effectivement, tout ce petit monde s’éloigne, me laissant complètement déstabilisé et me disant : « c’est stupide : elle n’est absolument pas bête, mais elle a fait semblant de l’être. »
Quelques éléments de morale de l’histoire (qui ne vous apprendront rien. Le seul problème c’est ensuite on gobe quand même l’actualité au 1èr degré, en la confondant avec la réalité, en oubliant à quel point cette actualité est réductrice et mise en scène, orientée) :
1ère anecdote : l’instant est privilégié au temps, l’événement au contexte qui le produit, le spectaculaire aux problèmes quotidiens. Si la réalité n’a pas un aspect plus ou moins sensationnel, elle n’existe pas médiatiquement, elle est invisible.
2ème anecdote : la réalité est souvent constituée de « non-événements », fruit d’un travail, justement pour construire ce non-événement, qui fait que les choses se passent bien.
Toutes les interactions qui ne deviennent pas des incidents sont des actions créatrices de non-événement. Parfois il s’agit d’un travail long, difficile, inventif : cela n’est pas pris en compte.
3ème anecdote : supposant a priori le téléspectateur plus ou moins débile, on lui sert des débilités et on lui fait croire que c’est ainsi que doivent se poser les problèmes. On l’emprisonne dans des stéréotypes, et on le fascine : à la réflexion, il n’est pas neutre que la journaliste ait été une belle et élégante femme. Et moi, au départ, naturellement, j’étais tout autant séduit qu’un autre.
Cela rejoint ce qu’écrit R. Simone sur l’hypertrophie du voir.
Je l’ai dit, j’ai été très basique dans cette Note. Il faut varier les genres. J’ai quelque chose d’un peu plus sophistiqué à dire sur Noirs Désirs, là encore un petit décryptage que je n’ai pas trouvé dans les médias. Cela va donner une petite Note complémentaire dans quelques jours.
En attendant : Bisoux-bisoux.
[1] Puisque je suis dans l’autopublicité, je signale aussi que vient de paraître la 3ème édition, actualisée, de mon « Que sais-je ?, », paru en 2007, Les laïcités dans le monde. Ne m’oubliez pas dans vos cadeaux de Noël !
17:41 | Lien permanent | Commentaires (18)
Commentaires
Merci pour votre allusion à mes difficultés de comprèhension.
Je disais aussi que cette dictature douce était probalement accentuée par les NTIC. et les medias du genre télé.
Une bête anecdote : je viens de voir un sujet où un brillant journaliste demande à un SDF s'il a froid ce matin.Réponse du gars : ben oui !!
Ca énerve.Dèjà que les trémolos saisonniers sur le sujet .....
Écrit par : MULOT Roger | 03/12/2010
Bonsoir monsieur
Je vous remercie d'avoir noté mes difficultés de compréhension.
Je disais aussi que la dictature douce ( pour ce que j'en ai compris pour l'instant ) était accentuée par les NTIC et un media comme la télé.
Puisqu'on fait dans l'anecdote, en voici une.Je viens de voir à la télé un sujet dans lequel un brillant journaliste demande à un SDF s'il a froid ce matin.Réponse du gars, un peu étonné : ben oui.
Ca énerve. Dèjà que les trémolos saisonniers ....
Écrit par : MULOT Roger | 03/12/2010
J'aime beaucoup l'anecdote sur votre interview par Wonder-Woman, c'est très drôle (et touchant d'une certaine manière !). Ca m'a fait penser aux histoires de David Lodge !
Écrit par : Marlowe | 04/12/2010
Les communautés chrétiennes irakiennes ont été "instrumentalisées par les puissances occidentales", donc, cela permet de "comprendre" la tuerie dans une église, sans l'approuver, précisez vous. Je n'ai pas lu votre Librio sur les chrétiens en Islam mais honnêtement, si c'est du même tonneau, je n'en ai pas envie. Ce genre de contextualisation que vous jugez bon d'apporter (comment la minorité chrétienne pakisanaise ou égyptienne sont-elles actuellement instrumentalisées par les puissances occidentales ?) ne fonctionne sous votre plume que pour les musulmans mais jamais pour leurs victimes qui aimeraient aussi, en premier lieu, bénéficier de la "compréhension" des belles âmes comme la vôtre. Je dis cela sans trop d'ironie, je sais que je ne suis pas aussi "généreuse" de coeur que vous, par exemple, je suis plus adepte, en politique et socialement, du donnant-donnant. Question de dignité, conséquence d'ailleurs du commandement chrétien "aimes ton prochain comme toi-même" et certainement pas ne te suicides pas par charité. Mr Bauberot, je me mets dans la peau de ces malheureux "protégés" - comme la chrétienne pakistanaise condamnée à mort pour "blasphème" - plus aisément que dans celles de leurs "protecteurs" et victimes de l'instrumentalisation, selon vous, des puissances occidentales.
A propos de "non-événement", il y a aussi les événements qui sont jugés "gênants" pour "le vivre -ensemble" tels que les "histoires" des minorités chrétiennes, ainsi appelées par les bien pensants au coeur sensible en fonction de leur idéologie.
Écrit par : gigi-3 | 07/12/2010
0gigi,
Votre réaction est compréhensible.Cependant, la religion catho est souvent associée au colonialisme.
Un exemple : j'ai lu , il y a longtemps et le ne sais plus où, que Charles de Foucauld faisait du renseignement pour notre armée ( il avait été officier )L'auteur de l'article expliquait son assassinat par ce rôle.Vérité ou mensonge, je n'ensais rien.
Et une des caractéristique de la manipulation, c'est qu'elle est, en principe, subtile.Je vous signale qu'on parle de manip à propos de Wiki machin.
Écrit par : MULOT Roger | 08/12/2010
Mr Mulot, que les musulmans chez eux voient dans les chrétiens aussi autochtones qu'eux sinon plus autant de suspects en puissance de sympathie avec les puissances occidentales devrait être dénoncé aavec la même fermeté que les persécutions soi-disant exercées en occident par des minorités musulmanes venues s'y refugier en quittant volontairement leurs pays ancestraux. Le colonialisme passé a bon dos et s'il sert à justifier en douce les persécutions subies par des minorités chrétiennes, il faudrait leur faire accueil en priorité plutôt que que d'accueillir ceux qui les persécutent et qui eux ne sont soupçonnés de rien par les mêmes gouvernements ouo population d'origine. On pourrait donc imaginer que ce joli monde espionne en toute bonne foi en pays occidental au profit de leurs pays d'origine ou en tout cas conservent l'état d'esprit qu'ils prêtent en toute légitimité à leurs minorités chrétiennes (selon nos intellos antiracistes). Ce genre de raisonnement ressemblant fort à une justification manié à outrance peut se retourner contre les belles consciences qui en usent et abusent pour fermer les yeux sur les responsabilités de certains. Que le père Foucault ait correspondu avec l'armée n'a rien d'anormal et de contraire à la loyauté à l'égard des "indigènes" locaux. Il ne s'agissait sans doute que de signaler des tribus se préparant à une opération militaire assez coutumière dans la zone saharienne, les fameuses "razzias" pour se disputer la possession d'un puits par exemple, comme on peut le voir dans le film Lawrence d'Arabie. Cela ne fait pas du père Foucault un traître. Je sais bien qu'il y a des soi-disant "historiens" tels que Christian Blanchard qui voient le colonialisme comme une entreprise systématique génocidaire. A croire qu'à certaines époques des gens mutent et deviennent des sadiques assoiffés de sang et que ce phénomène ne se passe que dans le monde occidental, ailleurs, les gens sont gentils et si par hasard, ils s'en prennent à des minorités religieuses, ils ont raison de leur faire la peau sans trop se soucier si leurs soupçons sont fondés.
Quant à Wiki machin, wiki leaks sans doute, je n'ai fait qu'oui-dire sur le sujet, étant peu intéressée par les révélations qui me paraissent forcément "manipulées" car de toute évidence quelqu'un à eu intérêt à laisser échapper telles infos plutôt que telles autres. De toute façon nous sommes tous manipulés et manipulateurs dans la mesure où nos medias biaisent en choisissant les infos qu'ils vont communiquer et nous-mêmes sommes plus ou moins menteurs en omission ou en action.
Écrit par : gigi-3 | 09/12/2010
Gigi,
J'ai lu attentivement votre message.Je n'ai aucune envie de polémiquer.Pour moi, un attentat aveugle est inacceptable, contrairement à des actions ciblées du genre "action directe ".
Concernant l'Afrique et en particulier les élections en Côte d'ivoire, il y a matière à réfléchir.
Hier soir, je zappais tranquillement, et je suis arrivé sur le dernier sujet de l'émission de Taddéi.Je n'aime pas en général car c'est trop consensuel.
Surprenant, mais le dernier sujet " les élections en C d'ivoire " m'a intéressé.
Les 2 "africains " présents et 2 autres intervenants se déclarant " connaisseurs des us et coutumes africaines " considéraient que G'babo était l'élu légitime, et non pas le "rebelle " du nord, en fait candidat des pays colonisateurs ou néo-colonisateurs.Ces personnes mettaient en cause des instances onusiennes.
Vous comprendrez que dans ce contexte, il m'est difficile de me faire une opinion.Cependant, j'ai envie de faire confiance aux "africains".
Pour en revenir à Ch de F, même s'il ne faisait qu'observer des mouvements de clans, il n'est pas impossible que ça lui ait attiré des inimitiés conduisant à son assassinat.Cela n'est pas sur, et n'enlève rien à sa spiritualité.
Écrit par : MULOT Roger | 09/12/2010
Je me demande pourquoi gigi parle des musulmans. En permanence. Et ce qq soit le sujet. Je trouve le blog intéressant mais les commentaires vraiment déplaisants à lire.
Écrit par : misafir | 09/12/2010
Misafir
déplaisant vous même et vous pourriez argumenter
Écrit par : MULOT Roger | 09/12/2010
Oui déplaisant pour moi ce qui évidemment n'a aucune importance.
Disons que sur un blog consacré à la laicité et la diversité culturelle, je m'attendais à lire des intervenants un peu plus "ouverts" sur ces questions.
Écrit par : misafir | 09/12/2010
Misafir
Quelle est votre conception de la laicité ?Et aussi de la république.
Écrit par : MULOT Roger | 09/12/2010
Je ne sais pas s'il est très pertinent que chacun ait SA conception de la laïcité et de la république.
D'après ce que j'ai compris la laïcité repose sur deux critères indissociables : la liberté de conscience et la neutralité de l'Etat.
La république quant à elle exige des individus qu'ils ne soient que citoyens puisque les appartenances culturelles et religieuses sont reléguées à la sphère privée. Les débats récents en France nous ont montré que la sphère privée se limitait au domicile. Si les appartenances culturelles et religieuses ne sont libres d'expression qu'entre 4 murs, il y a un léger problème.
Mais nous sommes hors sujet monsieur. Si nous ne discutons que des sujets qui nous préoccupent (exemple la présence musulmane en France pour gigi), sans nous préoccuper de la problématique posée par chaque topic cela peut devenir déplaisant pour les lecteurs.
Bien cordialement,
Écrit par : misafir | 10/12/2010
Misafir
Quant à la laicité,j'en connais au moins 2 : celle de la Libre Pensée, assoc dont je suis membre et celle de mr Baubérot.
La LP est pûtot "stricte" ( certains diront crispée ) .Mr Baubérot est partisan des accomodements raisonnables comme au Canada.Pas nous : nous reprenons les props de V Hugo : l'état chez lui, l'église chez elle.Nous essayons de nous opposer au financement des religions par des fonds publics. Malheureusement, en France de très mauvaises habitudes ont été prises en faveur de la religion catholique qui bénéficie de fait de nombreux avantages.
J'aimerais connaître la conception des islamistes en matière de laicité et de république, rien que pour rire.
Notez que je ne parle pas de l'Islam : j'ai vu hier soir sur fr2 une émission intéressante qui évoquait assez bien cette question.
Quant à la république, il y a de nombreuses conceptions.Personnellement, je suis jacobin et la multiplication de minorités de plus en plus "séparatistes" ou commmunautaristes m'inquiète .J'ai l'impression d'un retour à la féodalité.On a quand même osé officialiser l'existance d'un "peuple corse" !!! Je persiste à considérer qu'il y a un peuple français, composé de groupes divers.
Cordialement
Écrit par : MULOT Roger | 10/12/2010
Je suis d'accord, dans l'ensemble, avec vos propos sur la laïcité.
Quant à "la multiplication de minorités de plus en plus "séparatistes" ou commmunautaristes", je pense, en toute sincérité, que vos inquiétudes trouvent leur fondement dans votre vision jacobine de la république qui à mes yeux est un communautarisme comme un autre.
Écrit par : misafir | 10/12/2010
A Misafir
Bien, je n'ai pas d'arguments à vous opposer, et d'ailleurs, nous ne sommes pas adversaires.
Celà dit, j'ai quand même qques remarques à formuler sur la notion de république.
1- En France
- le contraire du jacobinisme, c'est le libéralisme , au sens des XVIII è et XIX è xiècles ( cf les voix de la liberté de Winnock ".Tocqueville aussi.
- pendant la période révolutionnaire, il y a eu des choses étonnantes : pas de droit de vote pour les domestiques, qid des femmes et des esclaves ( s'il y a eu abolition, je ne suis pas certain qu'elle ait été assortie de la citoyenneté ), suffrage censitaire, à l'instar de la "république romaine" où les 3, 4 et 5 èmes classes ne votaient jamais
-aux états unis, dont la constitution est antérieure à la nôtre, les indiens n'avaient pas le droit de vote (sauf à remplir des conditions irréalisables ) et les esclaves encore moins
2- Ailleurs
- de ce point de vue, le soit disant débat Jefferson / Madison est surréaliste : tous deux, très amis, étaient issus de familles de planteurs de tabac de Géorgie, etat sécessionniste par la suite, et peu préoccupés par l'esclavage et le sort des indiens
Vous voyez bien que la notion de république est très variée
Cordialement
Écrit par : MULOT Roger | 10/12/2010
A Misafir
Au début de mon message, Tocqueville semble tomber du ciel.Mais je citais aussi Chateaubriand et Fromentin .
Se reporter au livre de Winnock en cas de besoin !
Cdt
Écrit par : MULOT Roger | 10/12/2010
Au même
Jefferson et Madison, il me semble que c'était la Virginie ( d'anciens souvenirs de fumeur de "blondes" me reviennent.Mais cela ne change rien au propos.
Cdt
Écrit par : MULOT Roger | 10/12/2010
Oui c'est vrai, la notion de république est diverse.
Les républicains français sont assez "crispés s'agissant des minorités qui sont suspectées, selon vos propres termes, d'être soit séparatistes, soit communautaristes .
Oublions le séparatisme puisque cette volonté n'existe pas véritablement en France et attardons-nous sur le communautarisme. Les minorités nouvelles sont régulièrement accusées de porter atteinte aux valeurs de la république. Leur tort : vouloir préserver et transmettre à leur descendance leur langue, leur culture, leur religion etc...
Mais vous-même Monsieur Mulot, n'êtes-vous pas un peu communautariste (le communautarisme du groupe majoritaire dont parle M. Baubérot dans sa dernière note) lorsque vous niez l'existence du peuple corse ou lorsque vous vous inquiétez de la montée des particularismes des nouvelles minorités ?
Je comprends très bien le désir de créer une certaine homogénéité mais doit-on le faire au détriment des la diversité culturelle des citoyens français ?
Écrit par : misafir | 10/12/2010
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