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20/07/2010

L’islam doit-il peu ou prou bénéficier d’une reconnaissance officielle ?

J’ai reçu dernièrement ce mel à propos de ma Note du 28 juin :

« La laïcité doublement bafouée ».

 

« J'ai oublié tout à l'heure de te parler d'un texte de ton blog - l'inauguration d'une mosquée par Fillon. Tu es meilleur connaisseur que moi de la loi et de la tradition laïque, et je ne conteste rien de ce que tu dis à ce sujet, ni des arguments d'actualité que tu avances.

 

Néanmoins, l'argument du "depuis 1905, on n'a jamais..., on ne doit pas" n'est pas de ceux que tu mets en avant d'habitude. Personnellement, dans un premier temps, j'ai trouvé négative la démarche de Fillon. J'ai un peu changé d'avis en entendant les condamnations habituelles des républicains purs et durs; d'autre part, politiquement, on peut évaluer s'il avait à perdre ou à gagner...

Par rapport à "la France anti-mosquées", assez nombreuse, il n'était pas gagnant. Voir aussi le récent "apéro pinard - saucisson" (ou quelque chose de ce genre-là), où l'horreur des mosquées qui se déversent dans les rues a été beaucoup évoquée.

Bref, si j'osais, je dirais que c'était un geste politique d'accommodement raisonnable - pour combler la faiblesse concrète et juridique des lieux de culte musulman. Mais l'accommodement raisonnable ne concerne peut-être en aucune façon le symbolique, et ne peut être "accommodé à titre personnel" par quiconque? 

 

L'inauguration d'un lieu de culte est certes symboliquement importante, mais sauf erreur, en province, n'est-ce pas devenu la règle, s'il s'en inaugure un, que le député, le maire, le sénateur et peut-être même le préfet apparaissent?

Bref, n'est-ce pas un de ces arrangements silencieux que le XX° siècle a permis? Est-ce plus ou moins grave que le fait de reconnaître dans les cultes  des "fondations" où l'on peu faire des dons qu'on peut signaler sur la feuille d'impôts?

 

Finalement, où est la ligne de partage non négociable de la laïcité française? Les subventions directes et des privilèges de la République (collation des grades universitaires par exemple)?

 J'ai parfois l'impression que la faiblesse des religions - et bien sûr en premier lieu du catholicisme - réoriente d'elle-même la situation politico-religieuse..., à la fois les laïcisations et les non laïcisations. C'est comme si tout un terrain se déplaçait et recomposait les lignes de partage reçues...

 Mais bien sûr, c'est juste un avis. »

 

Cette interrogation est pertinente. Cependant, je garde ma position, en tentant de mieux l’expliquer :

 

Les pouvoirs publics ne doivent pas être indifférents en matière de liberté de religion : « La république assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes. »…Ainsi commence la loi de séparation des Eglises et de l’Etat.

Donc si j’étais sûr qu’il s’agit de solenniser l’intérêt de la République pour « le libre exercice des cultes », le fait qu’elle doit en être le garant, OK à une condition :

Qu’à ce moment là, Fillon aille aussi voir la Fédération nationale de la Libre Pensée, pour solenniser l’intérêt de la République à assurer la liberté de conscience.

 

Mais ce n’est pas de cela qu’il s’est agi. Plutôt de rendre un peu officiel un islam considéré comme convenable, au même moment où le même Fillon dépose, contre l’avis du Conseil d’Etat et de nombreux juriste, un projet de loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public.

Comprenez moi bien, je  me sens beaucoup plus en affinité avec des musulmans qui sont engagés dans un travail de réinterprétation des textes (qui a d’ailleurs sa légitimité en islam),  par rapport à certaines tradition, qu’avec des formes plus radicales de l’islam.

Le désir exacerbé de pureté des femmes qui portent le voile intégral, comme le même désir de la part de ceux pour qui un aliment n’est jamais assez casher, tout cela me semble conduire à des impasses.

Mais on ne libère pas les gens malgré eux.

Et si l’Etat  doit veiller à ce que les religions respectent la laïcité, il n’a pas à leur imposer de normes de comportements.

Or, la laïcité est « doublement menacée », selon ce que j’avais écrit fin juin, aussi bien quand on change la notion d’ordre public (cf. l’inquiétant exposé des motifs) pour interdire une pratique religieuse radicale qui ne menace pas autrui, que quand (par compensation) on se situe dans l’ambiguïté (soutien à la liberté de culte ou caution politique d’un certain islam).

 

L’islam n’a besoin ni d’être officialisée, ni d’être stigmatisé. Il a besoin de liberté. La liberté sera le meilleur cadre pour que le débat interprétatif, actuellement court-circuité par l’attitude et de l’Etat français, et des pays dont sont issus (parfois depuis plusieurs générations) certains musulmans français, puisse avoir lieu tranquillement.

Enfin, bien sûr, ce n’est pas la seule condition. Il faudrait que cesse l’occupation de la Palestine, qu’il y ait une détente au Moyen-Orient, etc.

La France ne possède pas toutes les clefs. Mais elle doit tout faire, pour ce qui la concerne, pour créer un climat propice au libre débat. Et d’abord réellement considérer les musulmans français, comme des adultes libres et responsables.

Et invoquer plus sobrement les « valeurs de la République », en tentant de réduire l’écart entre le discours et la pratique. Or actuellement, on est dans l’inflation verbale sur les dites valeurs, et dans leur mépris pratique.

 

Voila, en gros, ma position. J’espère que cela clarifie les choses..

 

 

PS : la France n’est pas la seule à croire que « l’habit fait le moine ». L’Iran la bat de plusieurs longueur. Voici ce que m’envoie un autre ami :

« Je te fais suivre l'article sur les coupes de cheveux homologués par le ministre iranien de la culture.
L'article parle du festival de la Pudeur et du voile organisé fin juillet en Iran. »’

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jOTF_EdBJ0jgN1WAnd-x2YGuwWqA

Commentaires

En vous lisant, c'est chaque fois la même chose. C'est clair pour un sujet compliqué qui suppose de la nuance et en même temps de l'intransigeance dans les principes. Je me sens un peu dans la position de Daniel Cordier qui durant l'été 1940 écoutait de Gaulle et s'émerveillait de trouver dans la bouche du général une explicitation limpide de sa pensée. Bravo !

Socialiste, j'ai également trouvé une certaine clarté dans le propos synthétique de mon camarade Jean-Jacques Urvoas : http://www.urvoas.org/2010/07/16/explication-de-vote/

Écrit par : hugues | 20/07/2010

Que vient faire le "conflit moyen oriental" dans les affaires de l'islam de France ? S'l faut attendre le règlement de ce conflit, qui n'est qu'une nouvelle mauvaise excuse dont les belles âmes de gauche ont le secret, autant attendre la saint glinglin et en même temps l'aveu que nous, occidentaux, sommes pris en otage par la communauté musulmane et leurs théologiens. Pour un spécialiste de la laîcité, vous êtes bien conciliant de voir ainsi votre objet d'étude devenir un moyen de pression et de chantage. Ce n'est pas avec un esprit aussi conciliant que l'on traite les citoyens, en principe à part entière, en individus "libres et responsables", ainsi que vous vous flattez de les considérer. La laicité ne se négocie pas. Quant à votre "naïveté" qui vous fait dire que les femmes portant la burka sont en recherche de "pureté" alors qu'il ne s'agit que de marquer agressivement leur identité, elle est à relier avec la polygamie que ces femmes acceptent, bon gré, mal gré, par nécessité religieuse, et surtout, au mépris des lois républicaines. De plus en plus, des femmes de polygames commencent à sortir de leur résignation, ce qui n'est possible que si des gens réputés intelligents continuent à soutenir, au lieu de les relativiser, les droits humains. Or, vous êtes comme beaucoup de vos confrères compères, plus virulent pour soutenir les dérogations à ces droits humains que ces derniers que vous ne défendez que du bout des lèvres. La liberté religieuse dans un pays laique ce n'est pas d'accepter les dérogations aux principes d'égalité entre les citoyens. Votre argument selon lequel on ne rend pas les gens libres malgré eux n'est qu'un cache sexe pour déroger en toute bonne conscience au principe d'égalité entre les sexes, pour faire perdurer mine de rien un patriarcat qui vous arrange bien. S'il en était autrement, vous raisonneriez de même à propos des discriminations en fonction des ethnies et des cultures, réelles et plus souvent imaginaires, que l'on a baptisées en grande pompe et solennellement en "racisme", le mal absolu du 21ème siècle. Alors que la préférence communautaire a toujours existé depuis toujours. Il a fallu et il faut manipuler les esprits au point de les rendre complètement hébétés pour les persuader que quand ils préféraient les leurs à des étrangers, ils étaient des racistes et des génocideurs potentiels. Mais la manipulation des esprits risque d'être plus dangereuse que le mal qu'elle a voulu éviter. Car, "racisme" ou pas, les musulmans sont mieux avec les musulmans, les catholiques, mieux avec les catholiques et les athées, mieux avec les athées, etc. Aujourd'hui on poursuit en justice un charcutier qui a refusé un apprenti musulman pour discriminations raciales. Nous sommes en bon chemin pour aller vers des conflits du style moyen oriental ou du Kosovo. A force de prendre le peuple pour des chiens (à présent de grands esprits tels que Esther Benbassa les appelle "souchiens) de Pavlov, ne pas s'étonner si lesdits chiens méprisés, privés de leur territoire par des méthodes subreptices de culpabilisation et de diabolisation, prennent le parti du pire (pas celui du PIR, vos protégés).

Écrit par : gigi-3 | 23/07/2010

Décidément avec cette Mme Gigi troisième du nom, on n'est jamais déçu, même après une longue interruption.
Elle nous recrache son FDS, comme de le dire. Sans souci du principe de non contradiction : que vient faire le Moyen-Orient énonce-t-elle d'abord pour en conclusion nous menacer de conflits style moyen-oriental ou du Kosovo. L'assimilation des deux est d'ailleurs assez peu fondée.
Et quelle vision très communautariste d'une société où "les musulmans sont mieux avec les musulmans", les catholiques avec les catholiques, les athées avec les athées !
Parler, à deux phrases d'intervalle, d'égalité (à imposer s'il le faut) et de "préférence communautaire", contraire plus qu'à l'évidence à l'affirmation que tous les êtres humains sont libres et égaux en droit, montre une utilisation des mots sans bien en comprendre leur sens.
Il n'y manque pas la victimisation hargneuse, voire haineuse, des "chiens méprisés, privés de leur territoire par des méthodes subreptices de culpabilisation et de diabolisation" prêts au pire.

Quant aux "souchiens" - terme dont elle se délecte masochistement, né du fameux FDS, sa bible - je préfère "souchiais", des souchiais bien crédules parfois http://deblog-notes.over-blog.com/article-sauciflard-pinard-et-jobards-53762147.html

Écrit par : J. F. Launay | 26/08/2010

Launay, restez poli ! Je sais, vu le contenu de votre blog, que c'est une quasi impossibilité pour vous. Si vous aimez pratiquer la chasse aux sorcières, sachez que selon votre "raisonnement", vous seriez coupable de contradiction. Je suis votre égale en dignité, n'est-ce pas ? A moins qu'il y ait des exceptions à vos nobles principes ?

Écrit par : gigi-3 | 27/08/2010

Débat très intéressant et je suis d'accord pour dire que l'islam a besoin d'abord et avant tout de liberté

Écrit par : site de rencontre musulman | 14/10/2010

votre blog est très interressant,par la thématique qu'il aborde!

Écrit par : muondo | 23/01/2011

L'islam doit être reconnu coz il ya beaucoup de la religion populaire. Mais, je ne suis pas d'accord dans une partie de leur «culture» comme ce que mes amis de Custom SEO Solutions parlé. Nous avons des compréhensions différentes des religions et même si elle ne s'applique pas à chacun d'entre nous, ils ne leur sont applicables.

Écrit par : Custom SEO Solutions | 08/11/2012

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