Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/12/2009

La Lettre de Mouloud Baubérot à N. Sarkozy, 2ème édition

Et "Pan sur le bec" (comme l'écrirait Le Canard Enchaîné)

Ecrite à chaud, et à un endroit où je ne disposais pas de toute ma documentation, La Lettre de Mouloud Baubérot à Nicolas Sarkozy comportait quelques erreurs d’érudition, que des commentateurs m’ont fait remarquer.

Ils ont eu entièrement raison, et je médite l’adage : « Cent fois sur le métier, reprenez votre ouvrage » !

Je signale cependant que quelques critiques proviennent d’une lecture trop hâtive de ma note[1], et qu’aucune de ces quelques erreurs (comme l’indique un commentateur) ne change en quoi que ce soit la démonstration, ne remet en cause le fond de la lettre.

Au contraire, concernant la mosquée de Paris, cela en ajoute encore à la démonstration.

 

Je peux les rectifier sans rien changer de son orientation qui est de rappeler :

- que beaucoup de musulmans qui habitent en France ont une ascendance française plus ancienne que notre actuel Président.

 - que la République laïque n’a pas eu de complexe à financer la construction d’un minaret à Paris, dans les années 1920.

 

Dois-je préciser en outre que, sans préjuger de mon opinion quant à son orientation politique, je trouve très bien qu’un fils d’immigré ait pu accéder au plus haut rang de l’Etat ? Voilà, c’est fait.

 

Vu son impact, je vous livre une 2ème édition de la Lettre de Mouloud où j’ajoute aussi des précisions nouvelles.

Je serais reconnaissant à celles et ceux qui diffusent cette Lettre de remplacer la 1ère par la 2ème édition.

Un Grand Merci d’avance.

 

Cher Nicolas, Mon cher compatriote,

 

Tu as écrit une tribune dans Le Monde (9 décembre) qui a retenu toute mon attention. En effet, tu t’adresse à tes « compatriotes musulmans », et c’est mon cas, moi Mouloud Baubérot, frère siamois de celui qui tient ce blog.

Comme une lettre ne doit pas rester sans réponse, alors j’ai décidé, à mon tour de t’écrire. Après tout, toi aussi tu es mon « compatriote ». Et puis, comme je suis professeur d’histoire en terminale, j’ai l’habitude de corriger des copies.

 

Nous allons le voir, il y a plein de belles idées dans ta lettre, et je vais pouvoir te citer souvent.

Mais tu t’as commis une légère erreur de perspective, qui gâche un peu ton propos. Et comme cela vous concerne en particulier ton frère siamois et toi, permets moi de la rectifier.

 

Avant, par politesse, il faut que je me présente très brièvement. Ma famille provient de Constantine, ville française depuis 1837 et chef lieu d’un département français depuis 1848. Nous sommes donc d’anciens Français.

D’autres nous ont rejoint peu de temps après et sont devenus Français, en 1860, tel les Niçois et les Savoyards.[2] Nous avons intégré volontiers ces "nouveaux arrivants" et avons ajouté la pizza à nos coutumes alimentaires.

Et au siècle suivant, bien d’autres encore sont venus, puisqu’il paraît qu’un quart des Français ont au moins un grand parent « étranger ».

 

Certains « arrivaient » de l’Europe centrale, bien différente de notre civilisation méditerranéenne. Mais, comme tu l’écris très bien, nous sommes très « accueillants », nous autres.

Alors nous avons donc accueilli parmi eux, un certain Paul Sarkozy de Nagy-Bosca, qui fuyait l’avancée de l’Armée Rouge en 1944.

Nous sommes tellement « accueillants » que nous avons fait de son fils, ton frère siamois, immigré de la seconde génération, un Président de notre belle République.

Comment être plus accueillants ?

 

Mais faudrait quand même pas tout confondre : entre lui et moi vois-tu, c’est moi qui accueille, et lui qui est accueilli. Ne l’oublie pas.

 

Ceci précisé, je suis tout à fait d’accord avec ce que tu écris :

Moi, Mouloud, l’accueillant, j’offre à ton frère siamois et à toi-même, « la reconnaissance de ce que l’autre peut lui apporter ». Mais je demande, à « celui qui arrive,  le respect de ce qui était là avant vous »

Et, je vais y revenir, quand les Sarkozy sont devenus Français, le ciel de Paris s’ornait d’une Grande Mosquée, avec un beau minaret.

 

Je suis d’accord, moi Mouloud qui t’accueille, je dois te faire « l’offre de partager (mon) héritage, (mon) histoire [y compris en classe de terminale], (ma) civilisation), (mon) art de vivre. »

Tiens, je t’invite volontiers à venir manger un couscous avec moi.

 

Mais, naturellement, toi « qui arrive », ou toi dont c’est juste le père qui est arrivé, je te demande, comme tu l’écris toi-même, d’avoir « la volonté de (t)’inscrire sans brutalité, comme naturellement, dans cette société que (tu vas) contribuer à transformer, dans cette histoire que (tu vas) désormais contribuer à écrire. »

 

« Sans brutalité » : tu as bien raison, c’est important ça.

Nous, anciens Français, nous ne jouons pas au matamore, aux « tu causes tu causes, c’est tout ce que tu sais faire » ; nous n’aimons pas trop tout ce qui est « bling-bling ».

Nous aimons, tu le soulignes, « l’humble discrétion » et nous comptons sur toi pour être exemplaire dans ce domaine.

Nous comptons sur toi, pour, comme tu affirmes que cela doit être le cas des « nouveaux arrivants », de te « garder de toute ostentation et de toute provocation ».

 Car, toi dont le père a fui le totalitarisme, tu dois être bien « conscient de la chance que (tu as) de vivre sur une terre de liberté ».

Et cela te donne le devoir de n'en supprimer aucune. Or, quand j’apprends certaines de tes décisions, je suis inquiet à ce sujet.

 

Contrairement à moi, puisque tu n’es en France que depuis une seule génération, tu as encore beaucoup de choses à apprendre quant aux « valeurs de la République (qui) sont partie intégrante de notre identité nationale ».

Vu ta fonction, il faut que tu l’apprennes vite car « tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à cet héritage et à ces valeurs condamnerait à l’échec. »

Mais, je ne suis pas inquiet : tu es très doué

Donc, il suffit que je te précise un peu les choses, notamment sur la laïcité dont je parle souvent à mes élèves dans mes cours de terminale, et tu obtiendras une brillante note.

 

D’abord, la laïcité, ce n’est nullement « la séparation du temporel et du spirituel » comme tu l’écris. 

Cette expression, elle fleure le Moyen Age, la société de chrétienté, bref l’exact contraire de la société laïque.

Comme tu as publié ta tribune le 9 décembre, jour anniversaire de la « séparation des Eglises et de l’Etat », ta formule est particulièrement malheureuse.

Le « spirituel » et le « temporel », ce sont des notions théologiques, et cela connotait des pouvoirs.

La lutte de l’Empereur et du Pape, c’était la lutte du « pouvoir temporel » pour s’imposer face au « pouvoir spirituel ». Deux souverainetés.

En laïcité, seul « le peuple » est souverain et, en conséquence,  le seul « pouvoir » est le pouvoir politique qui émane de lui. Le pouvoir, écrit Max Weber, a « le monopole de la violence légitime » : il peut réprimer par la loi.

La religion n’est pas sur le même plan. Et peut avoir, elle, autorité, si l'on est convaincu de sa validité.

Mais elle ne doit pas disposer de pouvoir.

 

Bon, la première leçon étant apprise, passons à la seconde.

Elle concerne aussi la laïcité.

Tu fais preuve d'une curieuse obsession des minarets et tu sembles assez ignorant à ce sujet.

Pour être concret, je vais te raconter l’histoire de France en la reliant à ma propre histoire d’ancien Français, du temps où toi, tu ne l’étais pas encore.

Pendant la guerre 1914-1918, mon arrière grand-père est mort au front, comme, malheureusement, beaucoup de Français, de diverses régions : Algérie, Savoie, ou Limousin, « petite patrie » de mon frère siamois.

Mais si je te raconte cela, ce n’est pas pour me cantonner dans la petite histoire, celle de ma famille, c’est pour rappeler l’Histoire tout court.

Car nous avons été environ 100000, oui cent mille, musulmans a mourir ou a être blessés au combat pour la France.

Nous étions déjà tellement « arrivés » en France, que nous y sommes morts !

Et que les « tirailleurs maghrébins (…) se forgèrent lors de cette guerre la réputation de troupe d’assaut par excellence »[3]

Ces combats avaient lieu dans cette partie de la France appelée « métropole ». Ma famille y était venue, à cette occasion, et elle y est restée. A Paris, précisément.

Comme nous commencions à être assez nombreux, et provenant, outre la France, de différents pays, la République laïque a eu une très bonne idée : construire une mosquée, avec un beau minaret bien sûr.

Elle avait décidé, en 1905, de « garantir le libre exercice du culte » (Article I de la loi de séparation).

« Garantir », c’est plus que respecter. C’est prendre les dispositions nécessaires pour assurer son bon fonctionnement.

 

Pourquoi passes-tu tant de temps, dans ton texte, à nous parler des minarets ?

Cela n’a vraiment pas été un problème. Bien au contraire.

Et pourtant, ils étaient très laïques, tu sais, plus laïques que toi, mon cher chanoine, les rad’soc (radicaux-socialistes), les Edouard Herriot, ou Léon Bourgeois (un des « pères » de la morale laïque) qui ont pris la décision de consacrer des fonds publics à la construction de cette mosquée, de ce minaret.

 

Tu sais, j’aime bien fréquenter les bibliothèques. J’y ai trouvé un ouvrage d’un historien qui retrace l’histoire de cette construction. Et c’est fort intéressant.

« Il est a remarquer, écrit son auteur, Alain Boyer, que personne n’a soulevé à l’époque le problème de la compatibilité de cette subvention avec l’article 2 de la loi de 1905, concernant la séparation des Eglises et de l’Etat qui dispose la République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte ; il aurait pu d’ailleurs être répondu que l’Etat ne finançait que la partie culturelle, l’institut, et non pas la mosquée proprement dite, c'est-à-dire le lieu de culte. »[4]

 

« Il aurait pu être répondu» :

Donc c’est plus tard que l’on a justifié ainsi les subventions de l’Etat et de la ville de Paris. Sur le moment, on s’est contenté de trouver cette construction nullement incompatible avec la loi de séparation.

Tellement peu incompatible que non seulement elle n’a pas été évoquée, mais que le rapport de la Commission des finances présenté par Herriot (en 1920) évoque explicitement la mosquée en même temps que la bibliothèque et la salle de conférences.

« Le financement d’un lieu de culte par la République, précise l’historien M. Renard, fut donc voté en toute conscience, malgré la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat. On parla surtout de la reconnaissance de la France pour l’indéfectible loyauté de ses fils musulmans. »[5]

 

Comment conciliait-on cela avec la loi de 1905 ? On en est réduit à des suppositions.

Une me semble fort plausible, on a raisonné par analogie : en effet la conséquence de l’article 1 de la loi de 1905, de sa garantie du libre exercice des cultes avait été double :

-         d’une part la mise à disposition gracieuse (donc manque à gagner par absence de loyer!) des édifices du culte existants en 1905 et propriété publique (des milliers et des milliers !), mise à dispostion aux religions correspondantes à ces édifices (et on y a ajouté presque tout de suite le droit de faire des réparations sur fonds publics) ;

-         d’autre part, la possibilité (prévue dans l’article 2 lui-même) de payer des aumôniers pour garantir le libre exercice du culte dans les lieux clos : hôpitaux, prisons, armée, internats des lycées,…

 

On s’est dit : étant donné tout ce que l’on consent financièrement pour garantir l’exercice des cultes catholique, juif, protestant, c’est bien le moins de donner des subventions publiques pour une Grande mosquée et son minaret.

D’ailleurs le père de la loi de 1905 Aristide Briand avait dit à son propos : « En cas de silence des textes ou de doute sur leur portée, c’est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur. »

 

 

De plus, et je vais t’étonner Nicolas, les laïques, ils aimaient bien les minarets.

Lors de la détermination de la qibla (direction de La Mecque), en mars 1922, le représentant du gouvernement, Maurice Colrat, a prononcé un très beau discours. Il a déclaré notamment:

« Quand s’érigera, au dessus des toits de la ville, le minaret que vous allez construire, il montera vers le beau ciel de l’Ile de  France qu’une prière de plus, dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point jalouses. »

Et tous les dirigeants et militants laïques présents l’ont chaleureusement applaudi.

 

Ils étaient comme cela les laïques : ils assumaient, mais ne voulaient pas « valoriser » les « racines chrétiennes de la France ».

Ils estimaient, au contraire, que le pluralisme religieux faisait partie de son histoire, de son identité nationale laïque.

Et plus il y avait de prières différentes, plus ils étaient contents.

 

Le 15 juillet 1926, la grande mosquée a été inaugurée en présence de ton prédécesseur, Gaston Doumergue, le président de la République.

 

J’ai plein d’autres choses à t’écrire à propos de ton discours. Mais la bonne pédagogie veut que l’on ne cherche pas à en dire trop en une seule fois.

Pour le moment, assimile bien ces deux premières leçons.

Ecris nous vite une seconde tribune qui rectifie le tir.

Et on reviendra ensuite sur le « communautarisme » notamment, car la (en un seul mot ?) il y a aussi quelques petites choses à reprendre.

 

Ton cher compatriote

Mouloud Baubérot

 

 

 

 



 



[1] Notamment (mais pas seulement) le fait que "citoyens" pour quelques uns ou "sujets" pour la plupart, les habitants des colonies étaient de nationalité française, même s’il s’agissait d’une « nationalité dénaturée », selon l’expression de P. Weil.

Et sur cette dualité sujet-citoyen, le Blog en a déjà parlé à plusieurs reprises, notamment dans les Notes consacrées au livre de T. Shepard sur l'Algérie.

Cette Note ne pouvait pas reprendre tous les problèmes et ne prétendait nullement à une exemplarité de la conduite de la France. Au contraire, la position de Sarkozy prend place dans une longue histoire que la France n’a pas encore affrontée de face.  

[2] Un Savoyard m’a d’ailleurs écrit pour me dire qu’il ne manquait jamais de signaler qu’il était français depuis moins longtemps que les Algériens.

[3] B. Recham, in Collectif, Histoire de l’Islam en France, Albin Michel, 2006, 743.

[4] A. Boyer, L’Institut musulman de la Mosquée de Paris, Paris, CREAM, 1992, p. 26.

[5] M. Renard, in Histoire de l’islam…, 722.

13:49 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (21)

Commentaires

que dire ? c'est excellent .. mais est ce que ça servira à changer qqe chose ? on l'espère bien ..

Écrit par : beheeddine | 15/12/2009

Oui, cela change beaucoup de choses. Des positions citoyennes ET SAVANTES, telle celle de l'unique et formidable Monsieur Mouloud Baubérot :-), font réfléchir.

A force de rappeler les faits, tous les faits et rien que les faits, ceux et celles, des deux bords (musulmans-victimaires et musulmans-et-non-musulmans-islamophobes), qui cherchent a investir politiquement dans "la peur du musulman" finiront bien par comprendre que leur investissement risque de ne pas etre rentable. Et dans le cas ou ils ne le comprendraient pas, ce n'est pas plus grave. L'essentiel c'est de travailler pour que les citoyens honnetes ne deviennent pas les complices-naifs de ces investisseurs véreux.

Merci Professeur Baubérot !

Aziz

Écrit par : Aziz | 15/12/2009

Bonjour Aziz

Faut pas vous laisser impressionner par la "science" de Jean Mouloud.Les sachants en sciences "dures" sontsouvent prudents et modestes;Alors en "sciences humaines", la certitude est étonnante.Si vous regardez les débats à la télé, vous avez du être surpris, comme moi, par l'indigence des propos des économistes, sociologues, bidulologues , démographes, tous biensûr du CNRS ou de l'EHESS....La petite dernière ,beurette blonde platinée, est en sus "consultante" dans un cabinet de voyance ou spécialisé en"cultes et cultures".Elle est musulmane plus zen que zen. Entout cas, elle doit se faire du blé grâce aux religions.Les voies du seigneur sont impénètrables.
Et c'est ainsi qu'Allah est grand

Écrit par : MULOT Roger | 15/12/2009

Sur le "pouvoir spirituel", vous raisonnez en protestant. Un bon catholique vous répondra que le pape a le pouvoir de vous envoyer en enfer ou au paradis pour l'éternité dans l'au-delà, ce qui est un pouvoir bien supérieur au pouvoir du roi de vous embastiller durant le seul et court temps de passage l'âme sur la terre. Je n'ai pas l'impression que la laïcité ait changé quoi que ce soit au pouvoir du pape (et des prêtres catholiques) sur ce qui se passe dans l'au-delà. Si le régime républicain d'aventure se permettait de prétendre changer quelque chose à cela, il ne serait plus laïque.

Je ne suis pas très convaincu par vos hypothèses (certes bien préférables intellectuellement à la justification anachronique a posteriori d'Alain Boyer) sur les raisons du financement de la mosquée de Paris par la République en dépit de la loi de séparation, et j'en proposerais volontiers une autre :

La loi de 1905 est une loi de séparation de l'Église (catholique) et de l'Etat, voire des Églises (chrétiennes) et de l'État, mais elle ne constitue pas (pas encore, pas à cette époque) une loi de séparation de la Mosquée et de l'État.

Ainsi même après 1905, l'État a continué à subventionner le culte musulman en Algérie.

Franck Fregosi rappelle que dès 1830 "le pouvoir colonial s’octroyait progressivement la gestion de l’ensemble du patrimoine immobilier musulman, faisant ainsi passer le culte musulman sous sa dépendance directe, en ce qui concerne la rémunération de son personnel et l’entretien des édifices cultuels. (...) En dépit d’un décret du 27 septembre 1907 qui prévoyait l’extension des dispositions de la loi de 1905 aux trois départements d’Algérie, celle-ci restera lettre morte. Dans les faits cette situation perdurera jusqu’à l’indépendance algérienne !" (1)

Le contrôle de la religion musulmane était dans le système colonial un moyen avec lequel le colonisateur pensait pouvoir contrôler le colonisé, et dont il ne voulait pas se priver. Je pense qu'on assiste avec cette subvention de la mosquée de Paris à une continuité entre le statut du musulman en Algérie et l'adaptation de la métropole à la présence musulmane. Continuité qui perdure aujourd'hui lorsque les princes qui nous gouvernent se réfèrent aux populations issues de l'immigration maghrébine, ouest-africaine et turque comme "les musulmans" qu'il faudrait "intégrer".

Sinon j'ai beaucoup aimé cette lettre, car le renversement de perspective accueillant-accueilli fait réfléchir.

(1) Franck Fregosi, "La gestion publique de l’islam en France : enjeux géopolitiques, héritage colonial et/ou logique républicaine ?", Correspondances, n° 50, Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, Tunis, 1998 : http://www.fsa.ulaval.ca/personnel/vernag/eh/f/cause/lectures/France_gestion_publique_de_l%92islam.htm

Écrit par : Ben | 16/12/2009

"Un bon catholique vous répondra que le pape a le pouvoir de vous envoyer en enfer ou au paradis pour l'éternité dans l'au-delà, ce qui est un pouvoir bien supérieur au pouvoir du roi de vous embastiller durant le seul et court temps de passage l'âme sur la terre. Je n'ai pas l'impression que la laïcité ait changé quoi que ce soit au pouvoir du pape (et des prêtres catholiques) sur ce qui se passe dans l'au-delà. "

Fichtre, l'infaillibilité du Pape (je mets la majuscule, en "bonne catholique" non pratiquante) a de ces pouvoirs ... aux yeux de ceux qui ne la connaissent pas ! Je me demande ben ce qui est arrivé aux victimes de l'inquisition depuis que Jean Paul 2 a désavoué en faisant repentance ses prédécesseurs à ce sujet ? Dieu attendait donc le signal de Jean Paul 2 pour les tirer de l'enfer et les mettre au paradis. Qu'est-ce qu'il ne faut pas lire ici !

Écrit par : gigi-3 | 16/12/2009

@ R. Mulot

Comme de la gêne, à lire cette prose faite à la fois d’affirmations gratuites, de généralisations et d’allusions… avec un drôle de relent avec cette « beurette blonde platinée (…) consultante dans un cabinet de voyance », sans oublier la phrase conclusive.

1°) les « sachants » se disent eux-mêmes « chercheurs », et si les polémiques sont, en général, moins médiatisées, elles existent cependant dans les « sciences dures ». Les problèmes climatiques étant, si l’on peut dire, un sujet particulièrement chaud, on y voit des affrontements sévères entre géophysiciens et climatologues et un Claude Allègre ne fait pas preuve d’une « certaine modestie ».

2°) les grandes généralités péjoratives sur les « sciences humaines » gagneraient à se référer à des exemples précis, faute de cela c’est votre propos qui fait preuve d’une totale indigence. Et surtout fait preuve d’un aussi total obscurantisme. Dans un sujet que je connais un peu moins mal que les autres, l’éducation, aux imprécateurs catastrophistes (modèle Finkielkraut), je préfère des historiens (Antoine Prost, Claude Lelièvre…), des sociologues (Felouzis, Dubet, Duru-Bellat, etc.) voire un économiste comme Eric Maurin qui, eux, avec beaucoup plus de modestie que les rétropenseurs qui clament leurs préjugés, permettent de se construire une « opinion raisonnée ».

3°) l’allusion à une beurette blonde platinée n’a d’intérêt(?) que pour quelques lecteurs qui voient à qui il est fait assez bassement allusion. Elle pue le racisme si on ose appeler un chat, un chat !
Quant à l’attaque contre l’EHESS et le CNRS, elle ressort de la mode actuelle où il est de bon ton de s’en prendre aux « élites » (en fait, le vieux fond poujadiste sous une forme à peine renouvelée).

Écrit par : J. F. Launay | 19/12/2009

A monsieur Launay

J'ai lu avec intérêt votre message.
Le mien résultait d'une comparaison entre divers débats chez Taddéi :
- de très (ou trop) nombreux avec d'innombrables bidulologues
- un entre gens sérieux, dont la directrice du CNRS
Le moins qu'on puisse dire est qu'il n'y a pas photo.
Je tiens à vous dire que dans une brohcure de l'INSEE, ils se sont mis à trois pour publier un article aussi brillant qu'original sur, en gros, le rapport entre la réussite scolaire et le logement de l'élève).Sur que Bourdieu aurait été impressionné Et je vous fais grâce des délicieux Pinson/Pinson-Charlot sur les meurs et coutumes des gens riches !Deux diffusions sur le service public.
Et ne pas oublier les nombreuses officines publiant un tas d'études peu intéressantes.
Quant à me taxer de racisme pour utiliser l'expression "blonde platinée " à propos madame Dounia Bouzar, restons calme.Son billet dans "le monde" du 9 courant vaut son pesant de cacahuètes .
Pour revenir aux bidulologues, trouvez vous normal que la République paie au moins 2 personnes pour étudier la "mystique chrétienne" si je me réfère à la liste des collaborateurs d'une revue éditée par " Faton", sans oublier un éminent spécialiste du Jainisme et autres, tous membres de l'EHESS, ou de l'"EPHE" ( concession de l'Etat aux religieux).
Pour mémoire, depuis 1905, il ya ,en principe, séparation des églises et de l'Etat.

Salutations respectueuses

Écrit par : MULOT Roger | 19/12/2009

@ M. Mulot

1°) Le fait que Mme D. Bouzar soit teinte en blonde ou pas, ne donne ni n’ôte aucune pertinence à sa recherche, ou aux opinions qu’elle exprime dans Le Monde. Dire qu’elles valent leur « pesant de cacahuètes » n’est pas un argument, mais une pirouette verbale !

2°) Les débats télévisés sont obligatoirement inégaux – et souvent décevants, en fonction, non des protagonistes, mais de nos propres préjugés.

3°) La séparation de l’église et de l’état, contrairement à ce que vous sous-entendez, n’implique absolument pas de ne pas étudier les phénomènes religieux, que ce soit la mystique chrétienne, le Jainisme ou le Soufisme… ou d’autres types de convictions comme la Libre-pensée, la Franc-Maçonnerie, etc.

4°) Certains travaux peuvent avoir l’air d’enfoncer des portes ouvertes, comme ceux sur la réussite scolaire, sauf qu’ils mettent à mal les discours convenus sur l’égalité des chances, avec des études précises et non des slogans.

Écrit par : J. F. Launay | 19/12/2009

A monsieur Launay

Bon, là je suis finalement assez d'accord avec vous.Mon pb est que si je suis membre de la "libre pensée", je suis également anticlérical,considérant que l'église chrétienne a joué un rôle pour le moins déplaisant dans notre pays.Il aura quand même fallu pas mal de temps pour arriver à s'en débarrasser ( apparemment en tout cas ) et ma crainte est qu'une religion assez vigoureuse comme semble l'être l'Islam, fasse ressurgir un passé que je souhaite définitivement révolu.Personne n'est parfait.
Salutations

Bonne soirée

Écrit par : MULOT Roger | 19/12/2009

Halte à la christianophobie ! L'eglise n'a pas fait plus de tort avec son inquisition que la République avec sa révolution violente au nom de la Raison. Alors assez de ces recherches de bouc émissaire commodes, inavouées parce qu'inavouables et qui n'ont rien à voir avec la raison, mais à son adversaire, le goût de la violence et de la domination. C'est bien la ruse de cet adversaire de se parer de la raison pour assouvir ces basses passions.
N'étant pas une pédante, je ne conclus pas davantage, en laissant le soin aux "hommes de bonne volonté". Nous sommes tous tels tant que nous voyons pas dans un interlocuteur un agresseur potentiel de notre ego. Tâche des plus difficiles, tellement notre ego nous bouche la vue et le cerveau. N'est-ce pas Jean François ?

Écrit par : gigi-3 | 20/12/2009

Chère gigi3
Décidément vous m'en voulez !
Puis-je avouer que "Nous sommes tous tels tant que nous voyons pas dans un interlocuteur un agresseur potentiel de notre ego." est une phrase énigmatique.

Je ne vois rien dans l'échange, finalement positif, avec un autre interlocuteur qui motive ce message, et je ne sache pas que nous soyons à ce point familiers que vous puissiez m'agresser par mon prénom.

Alors SVP foutez-moi la paix avec vos trolls absurdes !

Écrit par : J. F. Launay | 20/12/2009

"Interpréter" l'histoire n'empêche pas de faire des fautes de français. Dommage !

Le fait de ramener tout un raisonnement à l'histoire privée d'un homme me semble inapproprié, mettre en balance des générations entières de différents pays avec UNE saga familiale, même pour le symbole, me semble vain.

De plus, insinuer qu'une personne est moins française qu'une autre à cause de son "manque d'ancienneté", c'est hiérarchiser la citoyenneté des uns et des autres et déjà exclure !

Il est facile de déraper. Pourquoi continuer sur le thème des religions qui divisent, unissons-nous autour de la réflexion de ce que doit être un citoyen, peu importe son origine, son milieu ou ses croyances.

Écrit par : MAD-DM | 22/12/2009

Cher ami hautain, vous êtes bien plaisant de me demander le sens d'une de mes phrases, et d'inviter "le troll" à ne plus s'adresser à votre Hauteur, trop humaniste et sans doute trop intelligente et savante pour moi. Comment faire, M le prof, quand on doit obéir à vos injonctions sans doute inspirées par la logique de la mécanique quantique ? Le "troll" va vous répondre : la phrase énigmatique se comprend si vous enlevez le "pas" de négation, reliquat indu d'une formulation abandonnée. Cela donne : "Nous sommes tous tels tant que nous voyons dans un interlocuteur un agresseur potentiel de notre ego".
Avec vos colères scrogneugneu, vous êtes très drôle !

Écrit par : gigi-3 | 22/12/2009

@gigi3
Tant de bêtise laisse sans voix !

Écrit par : J. F. Launay | 22/12/2009

l'essentiel est que "tant de bêtise" ne vous paralyse pas les doigts !

Écrit par : gigi-3 | 22/12/2009

Ben, moi aussi je suis protestante ( comme Mouloud lol ) mais je n'ai jamais entendu de catholiques dire que le pape avait le "pouvoir" d'envoyer les âmes au ciel ou en enfer ... donc là je ne comprends pas ...

Mouloud Beauberot, je suis Savoyarde et moi aussi, j'ai déjà dit à certains personnes que les Algériens sont Français depuis plus longtemps que "moi" ... ( enfin, mes ancêtres .. )....
et en plus de la pizza, il a fallu rajouter la "polenta" aux coutumes alimentaires françaises .....

Écrit par : Françoise | 27/06/2010

une petite précision : la citaton exacte de Boileau est
" Vingt fois (et non cent) sur le métier remettez votre ouvrage,: Polissez-le sans cesse, et le repolissez, ..." on a toujours tendance à augmenter la "peine" du travailleur

Écrit par : younes | 29/06/2010

Franck Fregosi rappelle que dès 1830 "le pouvoir colonial s’octroyait progressivement la gestion de l’ensemble du patrimoine immobilier musulman, faisant ainsi passer le culte musulman sous sa dépendance directe"

Écrit par : gites languedoc | 06/09/2010

On aura tout vu

Écrit par : plan de travail quartz | 06/09/2010

Vivant hors de France, je peux vous dire que notre président est vu comme un phénomène ! Entre Carla Brunie, son tempérament légèrement impulsif et son "omniprésence" il amuse beaucoup. Le niveau de la France ne vole pas haut, tout comme pour son compatriote Berlusconi ( Souvent ils vont de paire dans les commentaires ). Je n'ai rien contre notre cher président, je ne fais que constater. Par ailleurs, il a un petit air de Louis de Funès avec toutes ses mimiques vous ne trouvez pas ? Mais c'est un habitué, avec tous ses excès de médiatisation notre président en fait du cinéma.

Écrit par : Jeux | 20/09/2010

nice post :)

Écrit par : Dissertations Writing | 07/10/2010

Les commentaires sont fermés.