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21/10/2009

Mon audition à la Commission "Voile Intégral"

Voici le texte intégral de la déclaration que j'ai prononcée, ce matin, 21 octobre, devant la Commission Parlementaire sur le "voile intégral".

 

 

Mesdames, Messieurs les membres de la Mission d’Information,

 

Je voudrais d’abord vous remercier de m’avoir invité à m’exprimer devant vous.

Comme vous avez pu le lire sur mon curriculum vitae, je suis historien et sociologue de la laïcité et, précision qui ne figure pas sur le cv, j’ai fondé la première (et à ce jour unique) chaire de l’enseignement supérieur consacrée à ce sujet.

Cela me conduit à étudier, entre autre, les relations entre politique et religion, les représentations sociales et leurs significations symboliques, dans une perspective sociologique et historique ;

l’histoire n’étant pas seulement l’étude du passé, mais de l’historicité d’une société, des traces historiques présentes dans l’aujourd’hui et des changements qui s’opèrent dans le temps. L’historien s’intéresse aussi au devenir social.

Mon propos consistera donc à vous donner une position citoyenne, fondée sur un savoir universitaire, malheureusement forcément très allusif dans le temps imparti.

 

Votre Commission travaille sur un sujet complexe, qui met en jeu de nombreux éléments.

Le savoir disponible sur le voile intégral montre que celles qui le choisissent le relient à une contestation, une prise de distance maximale, un refus de la société.

Une société qui refuserait d’être critiquée ne serait plus démocratique, pour autant le voile intégral n’est certainement pas la bonne manière de mener une mise en question.

 

 

Partons d’un constat : Le port du voile intégral provient de plusieurs raisons, conjointes ou non.

Il peut signifier, explicitement ou implicitement, que la société est ressentie comme une menace, dont il faut se protéger au maximum.

Il peut constituer une façon d’affirmer, avec une visibilité hypertrophiée, une identité radicale face à ce qui est perçu comme une uniformisation sociale, un primat de la logique de l’équivalence sur des valeurs morales et religieuse.

Il peut manifester une volonté de « retour aux origines », liée à une lecture littéraliste de textes sacrés, séparer le « pur », c'est-à-dire ceux qui seraient les vrais croyants, et « l’impur », l’ensemble de la société.

Il peut également être une manière extrême de retourner un stigmate face à des discriminations ressenties.

 

Enfin, puisque le voile intégral est un vêtement de femmes (des hommes ayant d’autres signes distinctifs), ce voile intégral conteste le fait que, dans les sociétés démocratiques modernes, les rôles masculins et féminins doivent être interchangeables.

D’autre part, il refuse radicalement ce qui apparaît comme l’hypersexualisation de la femme liée à la communication de masse, à l’importance de la marchandisation dans les sociétés modernes.

Ces dernières raisons sont sans doute encore plus importantes quand le voile intégral est subi.

 

Mais, même choisi, le voile intégral se fourvoie.

Ainsi, un refus du risque d’uniformisation sociale conduit, là, à porter un uniforme intégral. Cela est fort différent du fait de manifester son identité par tel ou tel signe : par le port du voile intégral, on englobe sa personne dans une seule identité, on gomme, autant que faire se peut, ses autres caractéristiques personnelles, on efface son individualité.

Plusieurs personnes que vous avez auditionnées ont insisté, à juste titre, sur l’importance du visage, le visage est une présentation de soi à autrui, une façon de conjuguer l’appartenance à la société, la relation à l’autre et l’individualité.

 

Pour autant le voile intégral n’est pas la seule dérive allant dans ce sens, ainsi l’addiction au virtuel peut être considérée de manière assez analogue.

De même l’hypertrophie accordée par certains aux « racines » permet une séparation symbolique avec d’autres peuples engagés avec nous dans la construction de l’avenir.

 

Par ailleurs, le souci de la pureté se manifeste aujourd’hui de façons multiples, dans diverses croyances religieuses et non religieuses.

Une certaine façon de mettre en avant la laïcité participe même de cette logique.

Et, vous le savez, le refus d’accorder aux femmes les mêmes possibilités de rôles sociaux qu’aux hommes, est l’objet de nombreuses stratégies souvent implicites et subtiles, d’autant plus efficaces.

 

La recherche souvent exacerbée de l’identité, le désir parfois quasi obsessionnel de purification sont des réponses, qui aboutissent à des impasses, voire à des caricatures de ce que l’on prétend combattre.

Il s’agit donc de fausses réponses à des difficultés, voire des souffrances réelles rencontrées par beaucoup de personnes dans la société d’aujourd’hui.

Le voile intégral en est un signe particulièrement visible, mais très minoritaire.

 

La laïcité est régulièrement invoquée face au voile intégral. Les exigences de laïcité sont, en fait, très différentes suivant les secteurs de la société.

Permettez moi d’effectuer brièvement quelques rappels qui, indirectement ou directement, concernent notre sujet.

 

La première et la plus forte exigence de laïcité concerne la République elle-même, qui doit être indépendante des « religions et des convictions » philosophiques particulières, n’en officialiser aucune, assurer la liberté de conscience et l’égalité dans l’exercice du culte.

L’application de ces principes connaît toutefois, en France, certaines dérogations.

Ainsi, en Alsace-Moselle, malgré l’article 2 de la loi de 1905, il existe 3 « cultes reconnus » : catholicisme, judaïsme, protestantisme.

 

Les lois de séparation elles-mêmes, votées de 1905 à 1908, prévoient une mise en pratique accommodante, puisque (entre autres) elles autorisent la mise à disposition gratuite et l’entretien d’édifices du culte existant alors.

Mais l’islam n’était pas présent dans l’hexagone. Et, sans intention discriminatrice, la République peine pourtant à réaliser l’égalité entre religions, au détriment de l’islam.

Malgré certains progrès,  elle est encore loin d’y parvenir.

 

La seconde exigence de laïcité concerne les institutions où des actes de prosélytisme ne sont pas autorisés.

Dans son Avis de 1989, le Conseil d’Etat interdisait un port ostentatoire de signes religieux à l’école publique qui serait lié à des manifestations de prosélytisme, mais tolérait un port ne s’accompagnant pas de comportements perturbateurs.

 

 

La loi de mars 2004 est allée plus loin, pour l’enseignement primaire et secondaire, mais -significativement- pas pour l’Université où les personnes sont majeures.

Elle a donc introduit une dérogation, dont les effets se sont avérés ambivalents puisque cela a notamment induit un processus de création d’écoles privées à « caractère propre » musulman.

On peut être attaché à la liberté (républicaine) de l’enseignement et s’interroger sur les conséquences paradoxales d’une loi « de laïcité » dont un des  effets consiste à favoriser l’enseignement privé confessionnel.

Cela montre en tout cas que les conséquences d’une loi ne sont jamais univoques et que certaines n’ont pas été, sur le moment, forcément totalement prévues.

 

Un troisième secteur de la société est l’espace public de la société civile, qui est à la fois un prolongement de la sphère privée et un lieu de débat, de pluralisme, de grande diversité d’expressions.

Là, l’exigence principale de la laïcité consiste à assurer la liberté. Liberté et pluralisme dont nous avons une conception plus large qu’il y a 50 ans.

Est-ce à dire, pour autant qu’il n’y aurait aucune exigence de laïcité dans cet espace public de la société civile, et dans la sphère privée ?

Je ne le pense pas.

Le Préambule de la Constitution donne les principes qui forment l’idéal de notre république, parmi lesquels l’égalité des sexes.

Chacun sait bien qu’il y a une distance entre réalité idéale et  réalité empirique.

L’objectif consiste à agir sans cesse pour réduire cette distance. Comment le faire ? Il est nécessaire d’opérer une distinction entre l’irréversible et le réversible.

 

L’irréversible atteint l’individu dans sa chair, dans son être même.

Il induit une sorte de destin.

La puissance publique doit empêcher, autant que faire se peut, l’irréversible de se produire pour que les individus qui le subiraient ne se trouvent pas marqués à vie, pour qu’ils puissent avoir librement des choix personnels.

L’excision constitue un exemple-type d’irréversible.

La loi peut contraindre et réprimer.

 

Pour le réversible, le respect de la liberté individuelle est une priorité, priorité limitée seulement par un trouble manifeste à l’ordre public démocratique ou par une atteinte fondamentale aux droits d’autrui.

Le réversible, concerne l’extérieur de la personne : ainsi, quelque couverte ou découverte qu’elle soit, il s’agit non pas d’elle-même mais d’une image qu’elle donne à voir à un moment précis.

Les vêtements, on les met et on les ôte, ils ne vous collent pas à la peau.

On peut changer d’avis et décider de se vêtir autrement si l’on est convaincu que ce changement est souhaitable.

 

Depuis longtemps, la sagesse des nations a émis un constat d’une portée sociologique indéniable : « l’habit ne fait pas le moine ».

Cela nous invite à ne pas nous montrer mimétiques : ce n’est pas parce qu’une personne s’enferme dans un uniforme intégral, qu’il s’agisse d’une carmélite ou d’une musulmane, qu’il faut porter sur elle un regard identique, un regard qui dissoudrait son individualité dans son uniforme, sa tenue.

Il faut, au contraire, séparer son être et son paraître.

Il faut agir avec la conviction que, comme toute personne humaine, elle possède de multiples facettes, et peut activer celles que, pour une raison où une autre, elle met actuellement sous le boisseau.

Et, comme au billard, cet objectif ne s’atteint pas en ligne droite.

 

Entre le permis et l’interdit, existe le toléré, où l’on combat par la conviction et l’exemplarité,  où l’on agit au cas par cas, pour veiller à ne pas être à terme contreproductif.

Pour ce qui est réversible, réglementer, quand certaines nécessités de la vie publique l’exigent, est beaucoup plus approprié que légiférer.

Améliorer le dispositif social pour lutter contre des tenues subies est également important.

Mais une loi qui conduirait celles qui subissent le port du voile intégral à ne plus pouvoir se déplacer dans l’espace public induirait une situation pire que la situation actuelle.

Et, pour le voile intégral choisi, contraindre irait le plus souvent à l’encontre de convaincre, or il s’agit essentiellement de convaincre.

 

Pour ceux qui veulent convaincre et sont bien placés pour le faire, je pense notamment à l’immense majorité de nos concitoyens musulmans opposés au voile intégral, le pouvoir coercitif de la loi risquerait fort de se révéler un allié désastreux.

N’étant pas comprise, s’ajoutant à une situation la plupart du temps difficile, cette coercition augmenterait fortement un ressenti victimaire, dont nous savons qu’il a, par ailleurs, ses raisons.

Ce ressenti victimaire, et c’est là une raison fondamentale d’être à la fois résolument contre le voile intégral et contre une loi, dépasserait très largement le petit nombre de celles et ceux qui sont favorables au port de cette tenue.

 

Il faut se montrer très attentif au fait qu’une éventuelle loi serait la seconde loi qui, au niveau du symbolique, quoique l’on en dise, semblerait viser l’islam, même si ce n’est pas du tout ce que vous souhaitez faire.

Une telle dynamique législative créerait un engrenage dont il serait très difficile ensuite de se défaire.

L’idée fausse qu’une société laïque est «antimusulmane » se renforcerait auprès de beaucoup de musulmans, et notamment de  musulmanes aujourd’hui opposées au port du voile intégral. 

 

Inversement, les éléments antimusulmans de la société française ne se priveraient pas d’y voir un encouragement et de donner une interprétation extensive de cette nouvelle loi, comme certains l’ont déjà fait, malheureusement, pour la loi de 2004.

La spirale infernale de la stigmatisation, des discriminations au prénom ou au faciès, et de la radicalisation manifesterait que rien n’est résolu, au contraire.

Une troisième loi apparaîtrait à ce moment indispensable à certains.

Mais cela ne ferait qu’empirer les choses.

Alors une quatrième loi serait réclamée...

 

Un tel scénario catastrophe n’a rien d’invraisemblable. Il s’est déjà produit, juste après l’affaire Dreyfus, avec la lutte anticongréganiste.

Radicalisant les positions en présence, chaque mesure en appelait une autre plus forte. Ce combat se prévalait des valeurs de la République, de la défense de la liberté, de l’émancipation citoyenne.

Les colloques qui ont eu lieu cent ans après ces événements montrent que le jugement des historiens, quelle que soient leurs orientations par ailleurs, est tout à fait différent.

Ce désir de « laïcité intégrale », c’est ainsi qu’on la nommait à l’époque, risquait d’entraîner la République à sa perte et ne pouvait avoir des résultats émancipateurs.

Et les historiens ont loué Aristide Briand d’avoir changé le cap, d’avoir rétabli une laïcité « de sang-froid ».

La ‘laïcité roseau’ est plus solide qu’il n’y paraît, plus apte à affronter des tempêtes qu’une pseudo ‘laïcité chêne’, qui séduira par son aspect massif, alors que cet aspect constitue précisément sa faiblesse.

 

Déjà, d’après le travail de terrain que j’ai pu effectuer, la nomination d’une Commission, dont le titre cible uniquement le problème du voile intégral, a rendu plus difficile son désaveu par des musulmans.

Elle a engendré un effet systémique où se manifeste parfois une solidarité entre victimes.

Elle a, enfin, alimenté des craintes de rejet.

Certes, votre Commission aura sans doute à cœur de proposer des mesures plus générales mais le précédent de la Commission Stasi, et la déception de certain de ses membres face à la suite unilatérale qui lui a été donnée, peuvent faire redouter une fâcheuse répétition.

Certains ne manqueront pas de dire qu’il aurait été plus utile de rechercher la réalisation des propositions de la Commission Stasi que de les oublier et de se focaliser sur la seule question du voile intégral.

 

Pour renforcer la relation de confiance qui doit exister entre la République et ses citoyens musulmans, pour isoler l’extrémisme et, ainsi mieux le combattre, il me semble que vous devriez, dés maintenant, prendre l’initiative audacieuse de transformer votre Commission en Commission de réflexion sur l’ensemble des problèmes liés à la diversité de la société française.

Si cette diversité n’est pas un fait totalement nouveau,  son ampleur est le signe d’une mutation de notre société, comme d’ailleurs d’autres sociétés démocratiques modernes, dans un contexte international troublé.

Il n’est pas surprenant que cela s’accompagne de tensions, de tâtonnements, d’incertitudes et même de craintes.

Aux représentants de la nation de tracer des voies d’avenir.

 

Je vous remercie de votre attention. 

 

 

Je pense vous donner la semaine prochaine des commentaires sur la discussion qui s'en est suivie et qui a été, disons, assez sportive! (en tout cas très révélatrice de l'idéologie quasi consensuelle des Parlementaires, membres de la Commission). 

 

 

Commentaires

Cher Jean,
Oui, j'aimerais beaucoup avoir des détails sur le débat qui s'est ensuivi, et j'aimerais aussi avoir vos propres réactions à l'intervention devant la commission (je crois que c'était la première à passer) de mon amie Dounia BOUZAR.
Je vous signale que je publie dans les prochains jours un livre d'elle, "Allah a-t-il sa place dans l'entreprise ?", qui aborde des sujets brûlants dont on parle peu en général, sous prétexte que le privé n'est pas soumis comme les services publics au principe de neutralité. Je vous l'envoie, vous me direz ce que vous en pensez - d'un même qu'un prochain livre de la même, en janvier, "La république ou la burqa. Les services publics face à l'islam manipulé".
En parlant de publications, j'ai un reproche à vous faire, cher ami : je découvre votre blog avec délice, mais proteste vigoureusement contre l'absence, dans votre bio-bibliographie, du livre excellent que j'ai publié de vous, "La Laïcité expliqué à M. Sarkozy et à ceux qui lui écrivent ses discours". Bon sang, il s'agissait d'une polémique de début de règne à laquelle vous apportiez des élements très pédagogiques, mais c'est bien toujours d'actualité !
Au plaisir de vous lire, maintenant régulièrement
Jean Mouttapa
A toutes fins utiles, j'ai un petit blog où il est question de politique et religion, et de dialogue entre les cultures et religions
http://jeanmouttapa.blog.lemonde.fr

Écrit par : MOUTTAPA | 24/10/2009

Désolée de vous le dire, ce qui d'ailleurs ne peut vous étonner de ma part, mais je préfère de loin la déclaration de Leila Babès, d'origine algérienne pourtant, qui ne craint pas "la stigmatisation de l'islam" qui semble légitimer votre tolérance et votre prudence excessives à l'égard de ce que cette sociologue qualifie d'"une des plus dégradantes coutumes" à l'encontre des femmes.
Je souscris entièrement à sa conclusion :

"La France peut-elle raisonnablement autoriser le purdah, et la burqa, ce symbole de mutilation intégrale de la femme ? "


L'amalgame allusif que vous faites dans votre texte entre port de la burka et certaines "addictions virtuelles" m'a laissé pantoise, j'ai cru reconnaître une allusion à la comparaison que vous avez faite entre mes interventions sous pseudo et la burka. A se demander si vous plaisanteez ou si votre charité unilatérale vous aveuglerait. Pourtant vous ne pouvez ignorer des propos tels que ceux de Leila Babès qui elle ne peut être soupçonnée d'être "antimusulmans". Je trouve cette argumentation qui fait toujours appel au soupçon du racisme pour se conforter, comme si elle n'était pas suffisamment soide par elle-même, déloyale, pire, péchant par une addiction à l'air du temps. Réfléchissez vous-même au poids que peut représenter la position d'une sociologue algérienne comme Leila Babès. Le poids de souffrance, de stigmatisation des femmes qui veulent vivre une vie humaine et non pas d'éternelle subordonnée, quand ce n'est pas d'esclave de naissance. Un jour, ce seront vos positions qui passeront pour trop tolérantes à l'égard de l'intolérable. Ce ne sont pas les quelques préjugés sexistes qui résistent au sein de notre société qui peuvent servir de caution morale à des pratiques d'enfermement et d'apartheid sexuel. Jouer les indignés à propos de l'apartheid contre les Noirs d'Afrique du Sud et tolérer celui à l'encontre des femmes symbolisé par le voile intégral montre bien que les femmes ne font pas partie dans l'esprit de nos "moralistes" de la pleine humanité.

Écrit par : gigi-3 | 24/10/2009

En attendant, voici la séance :

http://www.assemblee-nationale.fr/13/commissions/voile-integral/voile-integral-20091021-1.asp

Écrit par : sami | 25/10/2009

Monsieur,

Je viens de visionner votre intervention. Je l'ai trouvé juste, équilibrée et pleine de bon sens. C'est ce qui n'a pas plu.
Votre intervention n'a pas plu car elle a touché juste, elle a révélé la violence, l'ignorance des membres et du but de cette commission (mis à part la parlementaire qui vous a questionné sur les accommodements). Elle a surtout battu en brèche tous les arguments et révélé les paradoxes de vos détracteurs.
Merci ce fut très instructif. Sur la laïcité mais aussi sur (certains) représentants de la nation.
Mes amitiés.

Écrit par : Othmane | 25/10/2009

Bonjour Monsieur Baubérot,
J'ai également visionné votre intervention et surtout le débat qui a suivi. J'hésite entre hilarité et consternation devant la caricature que donne à voir cette commission d'information (s'y trouve-t-il quelqu'un ayant l'intention de s'informer sur autre chose que ce qu'il sait déjà?) Ces messieurs enflés et sûrs d'eux-mêmes jouent à la démocratie sans la moindre idée de la nécessite de reconnaître son ignorance avant d'apprendre quelque chose de nouveau. Et ils auraient pu apprendre beaucoup grâce à vous, si ils avaient eu un peu de curiosité intellectuelle. Ce qui les aurait certainement aidé à prendre une décision mieux réfléchie et du coup vraiment responsable, comme naîvement je m'imaginait que s'attachaient à le faire les membres éminents de notre "représentation nationale". Ce mépris pour l'histoire (un hobby pour intellos illuminés vivant hors du monde, qui ne saurait concerner les décideurs de terrain ayant des choses plus sérieuses à faire, non mais) est-il généralisé ou seulement le fait de quelques rares spécimens rassemblés pour une obscure raison dans cette commission? Vous avez visiblement servi d'alibi en tant que "professeur respectable et nécessaires" (mais tout de même, n'en profitez pas pour remettre en cause leur idéologie!) Leur conviction est inébranlable (ils sont là pour sauver la France de la barbarie, honte à vous de vouloir les faire dévier d'un si noble but).
Je vous admire de faire du si bon travail dans ces conditions. Mais rassurez-moi, vous qui êtes plus familier que moi du fonctionnement de nos" nobles institutions démocratiques": On y trouve aussi des gens sérieux pour rattraper des balourds pareils, n'est-ce pas?
En tout cas, félicitations pour la profondeur de votre démarche de connaissance qui éclaire avec grand bonheur l'humble, mais néanmoins curieuse, citoyenne que je suis.
Amicalement.

Écrit par : céline aimon | 26/10/2009

D'accord avec votre analyse. Mais j'ai l'impression qu'il y a un travail énorme d'explication à faire.

Écrit par : Vieux singe | 27/10/2009

Moi aussi, comme d'autres internautes, je suis assez effarée par la manière dont les députés ont réagi à votre intervention, qui était très équilibrée. Ils ont fait comme si on n'avait pas le droit de tenter de comprendre pouquoi il existe des burqas en France. Alors pouquoi s'appellent-ils "Mission d'information"...? Comprend ne signifie nullement approuver
Bravo aussi quand vous leur avez dit que la France avait réussi à éviter le Mac Carthisme, alors que le stalinisme menaçait les valeurs de la République. Et quand vous leur avez parlé des discriminations.
A ce propos, il y avait-il des députés socialistes? Si oui, pouquoi n'ont-ils pas approuvé vos propos? Si non, pourquoi sont-ils absents?
Une dégouttée des politiques (mais pas de la politique)

Écrit par : Josée Fadour | 27/10/2009

Les propos antiintellectualistes primaires des députés, après votre prestation, ont été effrayants. Dans ces conditions l'hyperparlement apparaît aussi dangereux que l'hyperprésident. La démocratie est la victime des 2.
A quand une France qui respecte la devise républicaine? Là il n'était question ni de liberté, ni d'égalité, ni de fraternité. Seulement d'amalgames.
Députés, combattez les extrêmistes salafistes hommes par une véritable politique d'intégration et cessez d'embêter les femmes.

Écrit par : Un enragé de la République | 27/10/2009

"Cela nous invite à ne pas nous montrer mimétiques : ce n’est pas parce qu’une personne s’enferme dans un uniforme intégral, qu’il s’agisse d’une carmélite ou d’une musulmane, qu’il faut porter sur elle un regard identique, un regard qui dissoudrait son individualité dans son uniforme, sa tenue"

Sainte Thérèse de Lisieux était carmélite, elle n'est jamais représentée avec "le voile intégral". Etrange, non ? Sans doute l'Eglise catho commet-elle un viol de son image en exposant son visage ? Il en est de même pour l'autre Thérèse d'Avila, pas de voile intégral dans ses représentations. Suffit de rechercher sur google, le voile intégral, inconnu au bataillon dans l'iconographie pieuse et laïque, excepté Belphégor. J'ai fait une recherche dans les Evangiles qui pourrait justifier une telle "pudeur" de nos carmélites. J'ai trouvé quelques versets qui répondent très bien à ceux du Coran. Dans l'évangile de Matthieu, Jésus répond à des pharisiens venus l'interroger sur la répudiation, (après avoir condamné la pratique de cette dernière), celui qui convoite la femme de son voisin, ferait mieux de s'arracher l'oeil plutôt que de commettre l'adultère. Tiens, pas de "voile intégral" ou "partiel" préconisé aux femmes de la part de Jésus, au contraire, il recommande aux hommes eux-mêmes respect et "modestie" à l'égard des femmes. Alors, les carmélites portent le voie intégral dans leur carmel ? Certes, mais la tenue grand guignol n'est pas de mise dans les images pieuses qui les représentent. Comment est-ce possible !

Écrit par : gigi-3 | 27/10/2009

Cher, très cher monsieur,
Je raffole de vos papiers.
Pour ce qui est du voile, peut me chaud sauf que lorsqu'une occidentale, ou, voyons voir, une non-porteuse de quoi que ce soit, une...normale disons le mot, se retrouve en pays musulman, elle est contrainte, je dis bien contrainte, de se plier aux lois locales, ce qui n'est que normal au sens légaliste international. Dans les pays du Golfe, on voit jusqu'où cela mène.
Voile d'accord, mais contrepartie, jusques et y compris dans la construction des églises, juste retour des choses pour les pays dits chrétiens où existent des mosquées.
Mais la besogne, il est vrai, sera sans fin et d'une énormité qui passe la raison.
Ceci dit, créer des commissions pour stigmatiser les marginalités, car c'est, en fin de compte, leur but réel qui consiste à rassurer tous les frileux à l'égard des différents et des différences, bien d'accord avec vous: soit il faut les dissoudre, sans dissoudre les intolérants qui les meublent, soit il faudra naturaliser ces individus en chercheurs de Vérité...VASTE ET ETERNEL PROGRAMME.
Pour ma part, journaliste depuis 43 ans et...plus que sympathisant des Témoin de Jéhovah (ce qui aggrave mon cas), je partage votre sentiment à l'égard de tous ces faux derches qui gouvernent notre vie dans ce qu'elle a de plus prosaïque (en tapant dans notre portefeuille en particulier) mais surtout dans ce qu'elle peut avoir, intellectuellement, spirituellement et moralement d'être une tentative de résistance à l'asphyxie orwellienne croissante.
A bientôt de vous lire, toujours avec autant de plaisir;
Trés amicalement.
Maurice CARON

Écrit par : caron | 28/10/2009

Car le port du voile intégral, ose-t-on affirmer sans rire, c’est une affaire de liberté individuelle qui ne concerne que celles qui en acceptent la sujétion. Je refuse cet argument : car dans une société libre, la seule liberté qui doive être refusée, c’est précisément le refus de la liberté. Dissimuler son visage, c’est refuser toute possibilité d’échange, toute relation sociale, c’est contester à la société toute utilité et toute légitimité.

Écrit par : deguisement | 24/12/2009

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