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22/07/2009

LE BLASPHEME DU BIKINI

La République est en danger, et la torpeur de l’été fait que l’indignation ne s’enfle pas comme cela devrait être. Pourtant nos valeurs rrrépublicaines les plus chères se trouvent en grave péril.

J’en appelle à un sursaut de la conscience nationale. Sinon, ne vous y trompez pas, le Moyen-Age et son obscurantisme sont de retour.

L’heure est gravissime.

J’avais déjà constaté, les années passées, quelques signes avant-coureurs dans mon Limousin natal. Mais, naïvement,  je croyais que cela tenait au fait que ma région, et ses lacs, font partie du plus profond de la France profonde.

Pensez, il faut que je monte dans mon grenier pour pouvoir passer un coup de fil sur mon portable. C’est dire si nous sommes loin de la brillante civilisation des Lumières.

Mais, le mal a gagné jusqu’à la région française lumineuse par excellence, notre Côte d’Azur.

 

C’est Le Parisien du 22 juillet qui nous l’apprend, avec le gros titre que cela mérite : « Le monokini, c’est fini ! »

Titre accompagné d’un sous-titre qui l’explicite : « Bronzer seins nus n’est plus à la mode. Sur les plages, les jeunes femmes remettent définitivement le haut. Leurs mères ou grands-mères avaient moins de pudeur… »

« Définitivement » Houlà là. C’est plus grave que vous le pensiez, non ?

Et tenez-vous bien, c’est « l’envoyé spécial » du quotidien « sur la Côte d’Azur » qui l’affirme, après une longue et éprouvante enquête.

Le pôvre, il a même l’œil tout sale, n’ayant pu se le rincer depuis plus d’une semaine.

 

A la plage branchée du Gaou Benat, près de Bormes-les-Mimosas, où, il y a quelques années, « 50% » des femmes étaient « topless », il n’y en a plus que… « 2% ». Et encore, il s’agit surtout de « quadras, quinquas et sexagénaires ». Celle que le journaliste a rencontrée et interviewée avait 79 printemps.

Je ne voudrais pas déroger au politiquement correct, je suis prèt à vous jurer sur la tête de mes doctorants que je crois profondément qu’une femme qui sourit est très belle, cela à tout âge.

Et, vrai de vrai, je le crois.

Cependant, tout à fait entre nous, si vous me promettez de ne le répéter à personne, je mettrais une toute petite nuance : les femmes qui me sourient et que je trouve très belles, en général, sont… habillées.

Oui, je sais, je suis un horrible.

 

Mais, cessons de parler de moi.

Vous savez ce qu’elles ont déclaré aux journalistes, les petites effrontées de 18, 20 ans, sans même enlever leur maillot de bain deux pièces pour la photo : « Avoir les seins à l’air, ça fait dépassé » ; « il n’y a que les vieilles qui font ça aujourd’hui » ; les seins « c’est une partie du corps qui est intime, je n’ai pas du tout envie de la montrer à tout le monde. »

M’enfin, n’importe quoi. Cette jeunesse ne respecte plus RIEN.

Non, rien de rien.

Elles ne respectent rien

Et même certaines disent :

« Effacé, oublié.

Je me fous du passé »

 

Plus aucune règle, vous dis-je. Elles n’ont aucune pudeur.

Car c’est bien la peine que, nous, féministes, nous ayons fait voltiger notre soutien-gorge après Mai 68. Que nous nous soyons battues pour nous dénuder. Que nous nous soyons libérées en nous exhibant.

Elles osent maintenant prétendre à ce satané journaleux que, pour être « bien dans leur corps », elles n’ont « pas besoin de le montrer ».

Auraient-elles l’infâme culot de ne pas suivre les chemins que nous avons choisis, que nous avons balisés pour elles ?

Nous nous sommes battues pour qu’elles puissent nager à poil, et les voila qui ne trouvent rien de mieux que de garder leurs maillots ; ah l’impudeur, l'irrespect de la jeunesse, j’vous jure !

Ces péronnelles n’ont pas 30 ans. Et vous savez quoi ? Au lieu de penser comme nous, ELLES PRETENDENT INVENTER UN AUTRE FEMINISME QUE LE NOTRE, LES GARCES.

Elles osent même affirmer que nous sommes devenues des « vieilles » !

Vieilles, nous ? Impossible : nous n’avions pas 25 ans en Mai 68 ! Et nous n’avons pas arrêté d’avoir les mêmes idées depuis lors. Nous n’avons changé en rien.

 

« Définitivement » qu’il a écrit le Monsieur. C’est bien ce que l’on va voir. On va les calmer, nous, ces excitées. On a des relations. On n’est plus les pétroleuses d’il y a quarante ans.

On va leur apprendre à se libérer. A ne pas rester dans l’esclavage du maillot de bain.

On va les émanciper malgré elles.

Mesdame, Messieurs les députés, vite, je vous en supplie, concoctez nous une de ces belles, de ces sublimes lois dont vous avez le secret.

Pour le respect de la laïcité et du monokini sur les plages de la République.

Yes, you can.

 

 

 PS: Effectivement, les commentateurs de ma Note du 16 juillet ont eu raison de le souligner, je suis encore plus nul que je ne le croyais en matière d'autopromotion et j'ai oublié de  signaler aux fidèles blogueurs, ma participation à l'émission d'A. Finkelkraut du 18 juillet. Ca a été un peu sportif, non? Merci en tout cas à celles et ceux qui ont mis un commentaire sur le blog ou m'ont envoyé des mels à ce sujet. Et j'ai rougi de plaisir en lisant des compliments sous la plume de plusieurs !

 

 

2ème PS: Si vous voulez en savoir plus (et sérieusement cette fois) sur l'ambivalence des seins nus à la plage, je vous recommande l'enquête sociologique publiée en 1995 chez Nathan par J.-Cl. Kaufman: Corps de femmes, regard d'hommes. Sociologie des seins nus (en poche : Pocket, 1998).

Ceci dit, qu'on ne s'y méprène pas: la dame de 79 ans a autant le droit de montrer ses "seins qui tombent" (cf Le Parisien) qu'un Monsieur du même âge son ventre enceint de 8 mois.  C'est simplement pour dire que les temps changent, que j'en ai un peu par dessus la tête des personnes qui disent: "mais nous, nous avons combattu pour ceci ou cela" et qui voudraient que les nouvelles générations les imitent, soient dans la répétition. Eh bien non, autre temps, autres combats et façons de vivre.

 

16:58 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (5)

Commentaires

Monsieur Baubérot, j'adore!

Toujours le mot pour (sou)rire. Sur ce, je retourne à ma plonge sur restaurant de plage où les dames à demi-nues ont effectivement un certain âge.

Écrit par : Tammouz | 24/07/2009

Bonjour monsieur,

Votre message est certes plein d'humour.J'y vois cependant un lien avec la burqa et celà m'étonne.
Une prècision : je ne suis pas adhérant à un mouvement féministe et je connais très mal ce combat.
Ceci dit, je pense que les seins nus des 68 ou post68tardes avaient une signification politique et/ou sociale, alors que le phénomène de ces dernières années relève de la mode.Comme dit le journaliste, c'est out.Quant au fait que les dernières adeptes soient reletivement âgées, ça mérite peut-être réflexion. Et je suis bien d'accord avec vous, c'est leur droit.

Je reviens sur mme Badinter et son comportement vis à vis du projet de loi sur la parité. Je ne suis pas certain qu'elle soit à blamer :
- une parité concèdée par le sexe dominant a un côté humiliant ( et minimaliste)
- une parité obtenue par l'action, c'est difficile, mais plus satisfaisant
En tout cas, la route est longue.

Salutations Roger Mulot

Écrit par : MULOT Roger | 26/07/2009

Halte à la Halde ! Les "vieilles" est péjoratif envers les aînées ! Le jeunisme s'affiche donc frileux, c'est tout simplement une nouvelle fashion, les magazines féminins font toujours autant recette et jamais on n'a vu autant de femmes décolletées, de tous âges. Pas de panique, donc. J'ai vu des "vieilles" seins nus, je les admire pour leur candeur. Ne soyons pas choqués parce que leurs seins sont flétris, au contraire, elles sont sublimes dans leur genre en faisant un pied de nez au diktat de la beauté qui asservit encore les femmes de leur plein gré. Pourquoi ne pas cacher ces seins qui ne valent plus d'être exhibés ? Pour la liberté. La vraie liberté de ne pas plaire mais de se faire plaisir. Beaucoup de mâles sont souvent choqués par ces exhibitions qu'ils vivent comme des insultes. Seules les femmes jeunes devraient montrer leurs appas, les autres devraient se cacher car elles ne méritent pas le regard, elles ne sont plus comestibles.
En vérité, en ces temps de burka, ces femmes aux seins flétris sont rafraîchissantes et nous rappellent une époque où la pudeur combattue n'avait pourtant rien d'extrême.

Écrit par : gigi | 31/07/2009

Elle a raison Gigi !!

Roger Mulot

Écrit par : MULOT Roger | 11/08/2009

Merci Roger !

Écrit par : gigi-3 | 11/08/2009

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