18/08/2008
CHINE ET TIBET
Conférence de Raphaël Liogier
A la Ferme de Villefavard (Haute-Vienne), Samedi 23 août à 16 heures.à La Ferme de Villefavard (Haute-Vienne, canton de Magnac Laval, à 10 Km de la N20), sortie 23) et, pourquoi pas, rester le lendemain, dimanche 24 pour le concert avec l'ensemble de cuivres de Paris (tout renseignement complémentaire sur ces questions: 0555766992). A visiter également (au même endroit) l'exposition: Achitecture réelle, architecture révée.L’histoire de la Chine et celle du Tibet sont inextricablement liées. Le poids politique des deux pays était comparable durant tout le Moyen-Âge. Le Tibet avait cependant, dès le XIIème siècle, la réputation d’une terre spirituelle perchée aux confins des hauteurs himalayennes. Le lamaïsme, auréolé de mystères, acquit dès ces temps anciens une profonde originalité parmi les autres courants bouddhistes. Les Mongols et leurs khans sanguinaires nouèrent, à cette époque reculée, des relations privilégiées avec la pacifique spiritualité tibétaine, relations qui se politiseront peu à peu. L’avènement de la dynastie mongole des Yuan en Chine (1271-1368) marque le début de rapports étroits entre le Tibet et l’Empire du Milieu, qui se relâcheront cependant à partir du milieu du XIVème, et ce jusqu’au XVIème siècle, au moment où s’établira cette étrange relation de chapelin-protecteur entre les deux empires. C’est aussi à cette période qu’apparaît la dynastie politico-spirituelle des dalaï-lamas.
Les revendications politiques de Tenzin Gyatso, l’actuel dalaï-lama, quatorzième réincarnation de la lignée, se rattachent à cette histoire complexe, au même titre que les contre arguments chinois, mais avec bien sûr des interprétations différentes de part et d’autre. Le dalaï-lama actuel, personnage exceptionnel, à la fois moine de haute spiritualité, philosophe moderniste et fin stratège, a réussi en deux décennies de patiente lutte non-violente, à fragiliser, aux yeux de l’Occident, la position chinoise au Tibet.
Nous verrons lors de cette conférence, qu’à travers la question du Tibet, s’affrontent aujourd’hui deux modèles de mondialisation, deux modèles de ce que l’on peut appeler « l’hypermodernité » : celle du néo-libéralisme dont la Chine est devenu une des puissance émergente majeure, qui repose sur la globalisation économique, et celle d’une nouvelle culture individuelle doublée d’une responsabilité citoyenne émergente dont le dalaï-lama est devenu un emblème majeur, et qui, elle, repose sur l’universalisme humanitaire. Entre histoire ancienne et modernité immédiate, entre spiritualité et politique, intérêts économiques et développement durable, se joue peut-être l’avenir non seulement des lointaines montagnes de l’Himalaya mais aussi celui de notre monde le plus proche, notre avenir finalement...
Raphaël Liogier, jeune et très brillant professeur de sciences politiques à l’Université d’Aix-Marseille est le directeur du Laboratoire « Observatoire du religieux » à cette université. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment Le bouddhisme mondialisé. Une perspective sociologique sur la globalisation du religieux (Ellipse, 2004), Etre bouddhiste en France aujourd’hui (avec B. Etienne, Hachette-Pluriel 2004) et tout dernièrement A la rencontre du DaLaï-Lama (Flammarion 2008).
Dans ce dernier ouvrage, il retrace l’itinéraire du Dalaï-Lama, figure plus célèbre que véritablement connue. Moine contemplatif dont l’autorité spirituelle est mondialement reconnue, intellectuel curieux et science et de technologie qui dialogue avec des savants, leader politique représentant un pays occupé, autant de visages pour cet homme qui n’hésite pas à pourfendre les archaïsmes féodaux de sa propre tradition, en défendant d’anciennes croyances.
14:15 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Cher Jean Baubérot
Que se passe-t-il ? Après votre article « LES FAUX CULS DE LA LIBERTE D'EXPRESSION ET LA TURQUIE » (06/08/2008), assez contestataire, avez-vous voulu montrer votre capacité à être consensuel ? Quelques remarques :
1) J’ai trouvé votre réaction « turque » absolument légitime et salutaire. Elle pouvait également être illustrée par les réactions des mêmes « charlatans de la liberté d’expression » lors des affaires Siné et Dieudonné.
2) « Les Mongols et leurs khans sanguinaires nouèrent, à cette époque reculée, des relations privilégiées avec la pacifique spiritualité tibétaine » : la contradiction est manifeste. Quand, à la même époque, Philippe-Auguste rencontre la « pacifique spiritualité » cathare, il préfère déclencher l’extermination de ses fidèles. Quel qualificatif lui attribuez-vous ? Attention aux « deux poids, deux mesures », et à la représentation caricaturale de l’autre.
3) Le dalaï-lama, « devenu un emblème majeur… d’une nouvelle culture individuelle doublée d’une responsabilité citoyenne émergente » ! Seuls les « gogols de l’intellect applaudiront, ravis » ! Les autres savent qu’on leur bourre le mou avec le mythe d’un Tibet heureux agressé par des Chinois « sanguinaires » (voir par exemple http://jean.dif.free.fr/Images/Tibet/Chrono/Chrono.html), n’ont pas été convaincus par l’agitation de Sa Sainteté et de ses partisans avant les Jeux, et sont loin d’être prêts à se prosterner devant elle.
4) Cela étant, si Baubérot cautionne, sans y être contraint, et qu’il persiste après un temps de repos (bien mérité), je ne peux qu’être intéressé par l’affrontement entre la « globalisation économique » et « l’universalisme humanitaire ». Donc si le texte de la conférence de Raphaël Liogier peut-être consulté, merci de nous en informer.
Et qu’allez-vous nous sortir pour la venue de Benoît XVI en septembre ? Bon sang, quel suspense ! Bien cordialement.
Écrit par : Pierre DELMAS | 25/08/2008
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