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30/09/2007

Catherine KINTZLER, Patrick CABANEL ET L'APPROCHE LAÏQUE DU RELIGIEUX.

Fidèles (et infidèles aussi !) internautes, surfeurs sur le Blog, je reprends la Note du 8 septembre sur l’Approche laïque des religions. Quoi vous ne l’avez pas apprise par cœur et vous seriez incapables d’avoir la moyenne en cas d’interro’ écrite. Qu’à cela ne tienne, étant d’un laxisme indécrottablement post-soixante huitard, je vous signale que la Note est toujours dans le déroulé du Blog et que vous pouvez donc vous rafraîchir la mémoire, si votre douche matinale n’a pas suffi.

Or donc, je vais continuer cette Note, laissée aussi inachevée que la symphonie du même nom, en commençant par revenir au problème général de l’approche laïque de la religion, où je vous parlerai un peu de celle qui serait ma « meilleure ennemie » (on a une vision divergente), Catherine Kintzler, sauf que je ne la considère absolument pas comme une « ennemie » mais l’ai en grande estime parce qu’elle effectue, de livre en livre un véritable travail intellectuel sur la laïcité, tenace et qui constitue une pièce essentielle d’un débat sur le sujet. Et ensuite, j’illustrerai mon propos en vous présentant un ouvrage de Patrick Cabanel

Enfin, pour récompenser ceux qui m’auront lu jusqu’au bout, je vous raconterai la meilleure blague que je connaisse sur ce que l’on appelle « l’inculture religieuse ». Dévots, culs bénis de la laïcité ou de la religion s’abstenir.

Donc, le 8 septembre, j’avais expliqué que, pour avoir cette approche laïque des religions, il ne faut surtout pas faire d’une laïcité identitaire, très proche d’une religion civile à la Rousseau « LA » laïcité.

D’autres critères me semblent importants. Il s’agit de (et là je complète mon propos d’il y a 3 semaines) :

1-Ne pas avoir une approche essentialiste de la religion. « Monsieur islam » n’existe pas : c’est le titre d’un livre de Dounia Bouzar. Il ne s’agit pas de nier le fait qu’une religion trouve une unité dans son fondement (le Coran pour l’islam), mais de dire que ce qui intéresse l’historien, l’anthropologue, le sociologue, et plus généralement celui qui a une démarche de connaissance, c’est les mille et unes façon dont chaque religion a été vécue et interprétée, dans des temps et des espace différents. Ainsi il n’existe pas une charia qui serait intemporelle et non spatiale. Mais on peut dire la même chose pour le catholicisme, le protestantisme, le judaïsme, etc

L’approche croyante peut insister, et c’est tout à fait son droit, sur l’unité du fondement. Mais il lui est impossible d’ignorer la diversité d’approches de cette unité. Le fait que l’on croit à une vérité ne signifie pas qu’on l’a totalement trouvée. On la cherche, sinon les ouvrages de théologies eux même, les prédications, etc n’auraient pas de sens.

L’approche laïque sera attentive à la diversité des manifestations historiques, géographiques, sociales, intellectuelles, au pluralisme multidimentionnel de chaque religion qui a ses écoles de pensée, ses variations dans le temps et l’espace, mais aussi ses débats internes dans un lieu et à un moment précis de l’histoire et les influences réciproques qui existent entre religion et société. Bref, elle ne pourra pas prétendre que l’islam c’est ceci, le christianisme c’est cela. Elle ne pourra pas avoir un discours figé.

2-Ne pas faire du réductionnisme dans un sens ou dans l’autre. Cela signifie qu’on ne réduira pas des faits sociaux (le récent conflit en Irlande du Nord) à un fait uniquement religieux, et en même temps on ne réduira pas la dimension religieuse de ce fait à n’être qu’un masque d’autres choses (le politique, le socio-économique). Il ne faut mettre le religieux ni dans le tout, ni dans le rien. En revanche, étudier les interactions est toujours une entreprise passionnante.

3-Une société n’est pas théocratique dés l’instant où elle ne connaîtrait pas un régime strict de séparation de la religion et de l’Etat. Il faut rechercher les éléments de laïcité que l’on trouve dans beaucoup de processus historiques et sociaux. On peut notamment être attentif à la laïcité de la société civile qui se cherche ou existe dans un certain nombre de société de pays peu ou pas laïques.

Cela est d’autant plus important que si les Etats/nations ont joué un rôle laïcisateur important (et ambiguë : on verra ce que écrit Cabanel du « gallicanisme » et d’autres formes de « nationalisme religieux »), maintenant l’avenir me semble être au développement d’une laïcité par le bas, d’un rôle consistant et laïque de la société civile.

Et c’est là que je voudrais vous parler un peu du travail de Catherine Kintzler (elle a aussi un Blog, que je vous recommande ; il est fort intéressant si, tout comme le mien d’ailleurs, on ne le lit pas de façon passive mais l’on s’en sert pour penser).

 

Elle estime que« trois composantes se conjuguent pour former le concept de laïcité ». La première s’applique à la société civile, « lieu de coexistence des libertés, ce qui suppose la tolérance », « la liberté privée » d’adopter la religion de son choix ou de n’en avoir aucune et un « droit commun » qui règle cette coexistence des libertés. C’est, pour elle, la « version faible » de la laïcité ».

Une seconde composante relève de la puissance publique qui, garante de la tolérance civile, ne peut jouir de la même liberté religieuse que les citoyens, car « si l’Etat et ses représentants avaient le droit de manifester une ou des croyances, ils feraient de cette ou de ces croyances une affaire publique. » La puissance publique est donc tenue à la « réserve » pour que les libertés puissent exister du côté de la société civile.

 

Et il existe une troisième composante, spécifique à l’école où le clivage entre fonctionnaires (soumis au devoir de réserve) et usagers (disposant de la liberté) ne peut pas jouer. D’abord l’école est « obligatoire », ensuite les élèves sont, pour la plupart, des « mineurs » et « leur jugement n’est pas formé ». L’école laïque doit donc « exiger la même réserve de la part de tous ceux qui s’y trouvent », maîtres et élèves, car elle n’a pas pour tâche « d’ouvrir l’enfant à un monde qui ne l’entoure que trop », « d’adapter », « d’épanouir » mais « d’émanciper » et d’offrir « à tout enfant le luxe d’une double vie : l’école à l’abri des parents, la maison à l’abri du maître. ». Il faut « écarter » à l’école « tout ce qui peut faire obstacle au sérieux de la libération par la pensée » pour  « libérer » celui qui se trouve englobé par une croyance (il n’y a  « pour lui qu’un livre, qu’une parole ») et faire « qu’il renoue ensuite, s’il le souhaite, avec sa croyance, mais qu’il le fasse lui-même, par conclusion, et non par soumission »[1]

Le désaccord ne porte pas sur le fait même que l’on puisse distinguer 3 composantes. J’accepte volontiers de partir de cette hypothèse. Il ne porte pas non plus sur le devoir de réserve de la puissance publique (qu’on ne peut d’ailleurs réduire à l’Etat), ni sur le fait que les institutions aient un fonctionnement spécifique. Non, sur tous ces points, je suis en accord avec Catherine Kintzler. Mais à partir de là, j’ai une  objection.

Son point de départ est le suivant : Pourquoi la laïcité de la société civile, « lieu de coexistence des libertés » serait la « version faible » de la laïcité ? Catherine Kintzler estime elle-même que le devoir de réserve de la puissance publique a comme objectif de permettre cette coexistence des libertés. Et quand elle affirme que le but de l’école est d’émanciper, et explique en quoi cela consiste, c’est bien pour que les individus deviennent libres, maîtres de leurs convictions, et puissent être des « majeurs » dans la société civile.

Mais alors à aller d’une « laïcité faible », coexistence des libertés de la société civile, à une laïcité plus forte où les « représentants de l’Etat » sont tenus à un devoir de réserve face à des citoyens qui n’y sont pas tenus, puis une laïcité encore plus forte à l’école parce que, là, tout le monde serait astreint à un devoir de réserve, c’est faire du devoir de réserve, de la neutralisation, de la mise entre parenthèse de ses convictions le critère premier de la laïcité. C’est oublier plus ou moins le but, l’objectif pour privilégier le moyen.

Personnellement, je dirai que la « laïcité forte » est celle de la société civile, celle du libre jeu de la liberté de conscience. Et que cette laïcité forte, cette laïcité de la société civile, est la laïcité des fins. La laïcité de la puissance publique et celle de l’école sont, elles, des laïcités de moyens.

Oui, le but premier de la laïcité, tous ses pères fondateurs l’ont affirmé, c’est la liberté de conscience. D’un côté Catherine Kintzler me semble en être bien d’accord, de l’autre son propos me paraît aller dans le sens d’une laïcité autoritaire. Elle me répondra que je confonds « autoritaire » et « autorité ». Que l’autorité du maître n’est pas autoritaire en ce sens qu’elle n’est ni arbitraire ni dominatrice, mais au service de l’émancipation.

C’est un vieux problème. Auguste Comte pensait que la science pouvait réconcilier autorité et liberté car apprendre aux enfants que 2 + 2 = 4 n’est pas contraire à la liberté de conscience. C’est un fait objectif et prouvé.

Je ne suis pas anti positiviste, et je trouve que parfois, on jette l’enfant avec l’eau du bain. Mais, outre que l’on sait maintenant que 2+2+4 n’est valable qu’à l’intérieur d’un certain système, je pense moi (et quand je dis « je pense », je veux signifier par là qu’il ne s’agit pas d’une simple opinion spontanée mais du résultat d’un travail historique et sociologique) qu’autorité et liberté sont toujours en tension, sans solution miracle pour concilier les 2 de façon fixe, stable, définitive. Le glissement de l’autorité à l’autoritarisme guette toujours ceux qui sont investis de l’autorité, notamment de l’autorité du savoir.

 

 

Cela parce qu’il est de la structure même du savoir d’être faillible, et donc quand on transmet un savoir, on ne sait jamais s’il est toujours valide. Ensuite, parce qu’un savoir s’intériorise en faisant sens. Et le donneur de sens a toujours peu ou prou tendance à devenir un leader charismatique, à créer un nouvel englobement, et non pas à ouvrir à un « univers où il y a des livres, des paroles », un « univers où le vrai est valeur d’examen ». Le maître a toujours tendance à croire que sa parole est au dessus des autres paroles. Et l’élève a toujours la tentation de devenir disciple. Et ce n’est pas en devenant un disciple que l’on s’éveille au libre-examen.

Le maître a donc besoin d’avoir, non pas un individu passif en face de lui, mais quelqu’un qui le questionne dans tous les sens de ce terme. Ce n’est pas parce que l’élève est (le plus souvent, pas toujours) un « mineur » qu’il ne dispose pas, lui aussi, et progressivement bien sûr, un certain savoir, une observation de ce qui l’entoure, une connaissance d’autodidacte, et aussi… le résultat de ce que lui on dit d’autres maîtres les années précédentes.

 

 

De même que personne n’est dans l’objectivité absolue, pas même le maître, personne, pas même un élève, n’est dans l’inobjectivité absolue, et totalement englobé par une croyance et un livre qui l’empêcherait de s’apercevoir qu’il existe d’autres croyances et d’autres livres.

Preuve en est d’ailleurs que les « religions du livre » c'est-à-dire celle qui se réfèrent à des écrits révélés : Bible hébraïque, Bible chrétienne, Coran,… ont produit des bibliothèques et des bibliothèques de livres pour interpréter, commenter, débattre de leur livre de référence. LE Livre produit toujours DES livres. Même dans les approches très orthodoxes de la religion, il y a toujours eu matière à débat.

La conception de l’école de Catherine Kintzler me semble supposer une vision particulièrement essentialiste de la religion, qui n’en est pas une approche laïque. Elle me semble aussi construire une sorte de lieu  – sanctuaire : l’école où des clercs auraient déjà, eux, totalement réussi leur émancipation, seraient à la limite infaillibles et pourraient forger la personnalité intellectuelle de l’élève comme s’il était un nez de cire. Approche quasi religieuse de la laïcité.

Ce n’est pas la totale mise entre parenthèse de ce qui constitue (déjà) leur individualité, que le maître doit demander à l’élève. Il a à lui apprendre à savoir faire de la gymnastique intellectuelle. C’est une telle gymnastique intellectuelle qui permet à l’élève, puis à l’adulte de vivre dans un univers où « le vrai est affaire d’examen ».

Catherine Kintzler ‘pointe ‘ un problème essentiel, et lui donne une solution avec laquelle je ne suis pas d’accord : le rapport entre institutions et société civile. L’occasion se présentera de réaborder ce sujet.

4- Cette laïcité par le bas est un élément essentiel de la recherche d’un « pacte laïque international ». On sait que j’ai construit la notion de « pacte laïque » à la fin des années 1980 (cf mon ouvrage Vers un nouveau pacte laïque en 1990). Cela a donné des boutons à plus d’un. Mais plusieurs (dont la Commission Stasi dans son rapport, meilleur que sa proposition de loi) ont repris l’idée. Une des citations que j’ai faite de Cabanel le montre. Et, l’économiste et l’historien libanais Georges Corm, dans son ouvrage La question religieuse au XXI° siècle, Géopolitique et crise de la postmodernité (La Découverte, 2006) conclut par un chapitre intitulé : Vers un pacte laïque international ?

Effectivement, ce n’est pas une laïcité exception française qu’il faut rechercher ou « préserver » des impuretés du dehors. Il faut prendre le grand vent du large et construire ensemble un pacte laïque international. C’est plus difficile, mais comme la peinture à l’huile, c’est bien plus beau que la laïcité-exception-française-peinture-à-l’eau 

Une autre fois je  tenterai de cerner ce que pourrais être ce pacte laïque international.

Maintenant, pour illustrer cette approche laïque, je vous présente un livre tout frais tout neuf : Entre religion et laïcité la voie française : XIXe-XXIe siècle, de Patrick Cabanel paru aux éditions Privat à Toulouse. Pour les Parisiens, j’en ai vu une pile chez Gibert, au 2ème étage. Je pense qu’on le trouve aussi à La Procure et (Paris et Province) dans les FNAC. Cela sans oublier les libraires sympas des « petites » librairies qui ne demandent qu’à le commander si jamais ils ne l’ont pas.

Ce livre est à la fois une approche laïque et de la religion et de la laïcité.

L’auteur commence par nous présenter 5 siècles (des guerres de religion à maintenant) où la « question religieuse » a abouti à diverses solutions. Belle mise en perspective qui ouvre ensuite, dans la première partie à des dossiers soit larges (la confessionnalisation catholique de la rue au XIXe siècle et sa laïcisation entre 1879 et 1914) soit précis (comme la « crise des inventaires » en 1906, dont il a été déjà question dans ce Blog, mais peu lors du centenaire de 1905).

Mais je ne vais pas vous donner la table des matières. Après avoir quand même particulièrement recommandé la dernière partie sur les « difficultés et paradoxes à l’exportation », je vais insister sur deux chapitres qui concernent la séparation, les chapitres 3 et 9, car ils sont très « parlant » pour aujourd’hui.

 

 

Le chapitre 3 insiste sur le fait que la séparation de 1905 a « été un choix tardif de la République », alors qu’elle l’avait inscrit sur son programme dés le départ. Pourtant elle « n’en voulait pas, quinze mois encore avant sa promulgation ». Ce n’est pas un hasard : « La tradition républicaine était à l’inverse du « séparatisme » que nous lui croyons naturel (…) Comme la monarchie très chrétienne, comme l’Empire de Napoléon, la République aimait (aime ?) à contrôler l’Eglise, quitte à en payer le prix au sens le plus matériel (…) ce qui l’inquiète, ce sont les religions complètement libres d’aller et de venir, surtout si leur centre est à l’extérieur du pays .» Ca c’est au début du chapitre, ensuite vient la (brillante) démonstration.

Bon sang, mais c’est bien sûr : toutes celles et ceux qui se gargarisent du mot « RRRRééépublique », ils sont ainsi : officiellement républicains séparatistes ; en fait républicains impériaux et/ou monarchistes, inquiets d’une véritable liberté de religion, de conscience. L’idéologie rrrééépublicaine cache mal, en fait, une idéologie nationale : le « gallicanisme », commun à la Monarchie absolue, au Ier Empire et à une certaine vision de la République. Cabanel traduit, avec justesse, « gallicanisme » par « nationalisme religieux ».

 

 

Après ce 1er paradoxe, Cabanel en en énonce un second : « la République n’en a pas moins réalisé la séparation » et l’a considérée comme « un des chapitres décisifs de son œuvre. Contre l’idéologie nationale-républicaine, il faut en appeler à la République, celle qui (parfois) se montre fidèle à ses principes et tient ses promesses.

Surtout que, troisième paradoxe, si la République « a manqué imposer une séparation très dure », elle a su finalement « ciseler un texte étonnamment ouvert ».  Oui, les projets de 1903 et 1904 étaient durs  (Cabanel parle de « mauvaise tentation »)et les débats qui ont eu lieu de l’automne 1904 au printemps 1905 ont fait faire à la République un chemin étonnant.

De cela, on peut tirer comme conséquences :

1° que la République n’est pas infaillible en matière de laïcité, on peut, on doit même parfois, la contester

2° qu’elle s’est montrée capable, en matière de laïcité, de se rendre compte qu’elle allait à une impasse, de faire machine arrière pour repartir du bon pied.

3° que, dans les défenseurs intrépides de la séparation, il y en a qui, en fait, se sont arrêtés aux projets de 1903-1904 ou en ont la nostalgie. Ils lisent la loi de 1905 en la tirant le plus possible vers les projets antérieurs.

4° de fait, les mauvaises habitudes ont parfois repris le dessus : une des mes étudiantes a trouvé, il y a quelques années, une note du Bureau des cultes du Ministère de l’Intérieur, datant de 1921, où il est écrit que la loi de séparation est « anti laïque », car trop libérale.

5° comme Cabanel le montre, les projets durs de 1903- 1904 (cf aussi  son très intéressant chapitre « Enigme du combisme et colère de Péguy ») n’étaient pas sans raison : l’affaire Dreyfus avait montré un visage antisémite et nationaliste du catholicisme dominant. De même, il ne faut pas être angélique et demander aux gens d’être des saints : les attentats qui ont lieu depuis 20 ans, même s’ils instrumentalisent l’islam au profit d’autres causes et sont des actions d’ultra minoritaires, créent une situation difficile.

 

 

Mais la séparation, face au danger ressenti, a été une œuvre de sang froid. Cabanel écrit : « la république à peine sortie de l’affaire Dreyfus a su dépasser les tentations de la haine qu’elle portait au cléricalisme et au péril qu’il faisait peser, à ses yeux, sur la France et la liberté ».

Il parle, à propos de l’article 4 de la loi de 1905 (dont il a été plusieurs fois question dans ce Blog) d’un « coup de génie conciliateur » et ajoute : que cet article, c’est « reconnaître la validité partielle des arguments de l’autre, c’est signer, même si on est le seul à le faire officiellement, un vrai « pacte » laïque »..

La laïcité, aujourd’hui, aurait bien besoin d’un « coup de génie » analogue.

Naturellement, la République, malgré sa personnification en belle Marianne, est une entité abstraite. Et donc, c’est parce que certains -Aristide Briand en tout premier- n’ont pas craint d’affronter l’idéologie républicaine (et dite « laïque ») dominante de leur temps que la séparation a pu être réussie.

Je serai moins long sur le chapitre 9, mais j’indiquerai qu’il montre de façon précise et en détail en quoi la loi de séparation, dés l’article 2 aboli les cultes reconnus sans les ignorer pour autant. Il n’y a pas de reconnaissance officielle, mais une reconnaissance au sens de connaître et de respecter. Mais il montre aussi que la dynamique de la loi permet d’ajouter d’autres cultes, au fur et à mesure qu’ils s’implantent en France et qu’ils regroupent un nombre consistant d’habitants de notre pays. Et il en est de même sur l’application « à la douceur » de la loi de 1905. Peut être Cabanel se montre-t-il optimiste, quant à la situation présente. Mais il trace une voie qui peut nous sortir de certaines impasses actuelles.

Vous êtes toujours là ? Ok : blague promise –blague due :

c’est l’histoire de 2 petites filles, de 5, 6 ans, mettons Véronique et Laura, qui jouent à la poupée et, en même temps, discutent. Véronique glousse et dit à Laura : "tu sais, mon grand frère ; il a trouvé un préservatif dans une église."

Ah que c’est drôle ! Les 2 petites filles gloussent ensemble.

Le soir venu, Laura dit à sa mère : « Tu sais maman, Véronique, elle m’a raconté une histoire, mais je n’ai pas bien compris. Dis, c’est quoi une église ? »

Votre dévoué

Jean Baubérot



[1] C. Kintzler, La république en question, Minerve, 1996, 83ss.

Commentaires

Est-ce un résumé de votre intervention au colloque du CICNS ? Si non, quels ont été vos propos lors de ce colloque tenu le jour-même de cette note ?

Charles Chasson

Écrit par : Charles Chasson | 01/10/2007

Je n'ai lu que pour la blague, très drôle !

Non je plaisante, cette note d'un grand clacissisme baubérien est stimulante par les temps qui courent. A propos (pas tant que ça d'ailleurs), je pense que l'initiative du Conseil de l'Europe (ECRI), invitant les pays européen à bannir le "profilage racial" ET (important) à collecter des données ethniques dans le but de lutter contre les discriminations vous aura intéressé. Garde-fous contre le racisme et idéologie totalisante, mais en même temps volonté démocratique (au sens de Debray) de voir et penser la diversité contre une vision républicaine de l'individu abstrait ???

Personnellement, je doute beaucoup que le "coup de génie" vienne d'ici-même, soit franco-français, encore faut-il que l'on laisse une chances aux idées extérieures de s'infiltrer et de se confronter, alors même qu'il me semble que la société se referme de plus en plus sur elle-même (dénonciation hystérique de l'immigration, résurgences protectionnistes, lutte contre "l'Europe cheval de Troie de la mondialisation", etc.). Difficile. D'ailleurs, après avoir vu La Question humaine de Nicolas Klotz, qui fait quelque part référence aux films de Fritz Lang des années 30, je me retrouvé "confirmé" dans mes craintes que ce début de siècle ressemble aux années 30 : je m'efforce de me démentir, mais il faut reconnaitre que ce n'est pas forcément facile. La meilleure réponse que j'y trouve pour le moment, c'est de parler autant que possible d'événements de "métèques", de ce qui se passe ailleurs, ce qui se pense, ce qui se fait, ne pas s'enfermer !

Écrit par : Achtungseb | 04/10/2007

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