Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/09/2007

TURQUIE, MEDECINE LAÏCITE ET FEMMES

C’est la rentrée. J’espère que vous avez bien profité de la détente du mois d’août, même si certains d’entre vous ont du le vivre sous la pluie. Mais je suis sûr que cela ne les a pas empêché d’inventer un art de vivre en vacances. En tout cas, alors que le mois d’août est traditionnellement un mois où la fréquentation du Blog chute, il y a eu presque 2 fois plus de visites que l’an dernier (4173 contre 2402 exactement). Merci de votre intérêt et de votre fidélité.

 

 

Dans les événements de la rentrée, l’un d’entre eux concerne directement le Blog : la Turquie. La réussite ou l’échec de l’expérience turque (un pays qui se veut très laïque gouverné par un parti qui se dit démocrate-musulman, comme la France de 1946, quand la laïcité est devenue constitutionnelle avait un président du Conseil démocrate-chrétien, on l’oublie trop souvent) est un enjeu considérable pour l’ensemble de la planète, vu l’interférence des différents problèmes. Sans nier la spécificité historique de la Turquie, où la laïcité est devenue constitutionnelle dés 1937 (9 ans avant la France), une réussite turque pourrait avoir des effets « contagieux » dans la région. Pour une fois que ce serait la ‘santé’ et non la ‘maladie’ qui serait contagieuse !

N’oublions pas que ce parti, l’AKP, est au pouvoir depuis 2002 et que le peuple turque en semble satisfait puisqu’aux élections qui viennent d’avoir lieu, il a progressé de 13% (47% contre 34) alors qu’habituellement le pouvoir use. Les minorités chrétiennes notamment  le soutiennent et, semble-t-il,ont majoritairement voté pour lui.

 

 

Il ne faut pas, en effet, être dans le premier degré : il y a un an déjà, Sophie Shihab écrivait dans Le Monde (23 9 2006) que c’était l’opposition kémaliste, le CHP, qui se veut très laïque qui s’opposait à l’abrogation de « lois liberticides ». Le nouveau président de la République Abdullah Gül, affirme qu’en « démocratie, la laïcité est à la fois un modèle qui assure la liberté pour différents modes de vie et une règle de paix sociale ». Cette laïcité garante d’un libre et pacifique pluralisme, du respect réciproque, est tout à fait l’optique de la Déclaration universelle sur la laïcité au XXI° siècle, dont je reparlais il y a 10 jours.

C’est un changement considérable puisque la laïcité turque s’est imposée historiquement de façon autoritaire par un parti unique et par l’armée. Ce changement, je le reconnaît volontiers, a de quoi déboussoler le militant turque moyen : quoi la « première dame » de Turquie, la femme du chef de l’armée porte un foulard alors qu’une des premières mesures de la laïcité turque, en 1925, a été d’imposer le port du chapeau, couvre-chef des « hommes civilisés », à la place du fez.

Mais justement cette obligation d’une tenue occidentale était liée à la croyance (elle-même issue du déclin et de la disparition de l’Empire ottoman) que LA civilisation était l’Occident et que la laïcité devait signifier une occidentalisation du genre de vie. Cela d’ailleurs, pour éviter d’être colonisé par l’Occident (le Japon, en se modernisant à la fin du XIXe siècle, servait d’exemple). On n’est plus du tout dans ce cas de figure et le problème aujourd’hui consiste à trouver des voies différentes de laïcité, qui tiennent compte de chaque civilisation et surtout de leur mélange.

 

 

Je ne me situe pas du tout, pour ma part, dans le repli identitaire. Il me semble qu’avec la globalisation/mondialisation, chaque civilisation est un peu à l’épuisement de son projet propre. Nous projeter dans l’avenir doit signifier construire un projet qui trouve son miel dans les contacts et les transferts entre civilisation. Ainsi se construiront de nouveaux équilibres. Par exemple, il faut inventer de nouveaux rapports au corps qui viendront de cette rencontre entre civilisations différentes. Et pas seulement, le christianisme, les Lumières et l’islam ; les systèmes de croyances et de pensées, les manières de vivres qui se sont développées en Asie du sud et de l’est sont également civisationnellement très riches.

 

Revenons là où cela fait mal : le port d’un foulard par Mme Gül, qui irrite tant certains militants laïques, y compris en France, au Québec, etc. Cette irritation ne doit-elle pas être dépassée. Car enfin, lui c’est lui et elle c’est elle. Mme Gül, que je sache, n’est pas présidente de la République. Est-ce bien raisonnable d’imposer à la femme du président les obligations de réserve liée à la fonction de son mari ? N’est-ce pas anti féministe ?

Oui, je sais bien, il y a des cérémonies officielles où Mme Gül va apparaître avec son foulard. Mais ne faudrait-il pas réfléchir à l’anachronisme qui impose un devoir de représentation au conjoint, sans lui donner le pouvoir et la responsabilité de la fonction ? Et, comme par hasard, il ne me semble pas qu’il y ait tout à fait le même devoir de représentation quand une femme est présidente. D’ailleurs ne peut-on pas avoir un(e) président/présidente célibataire, homosexuel, etc. Cécilia Sarkozy me semble à la fois plus sympathique et plus moderne quand elle ne va pas déjeuner avec Bush (il n’y avait même pas de homard au menu !) que quand elle « missionne » au nom du président. Pas vous ?

Par ailleurs, le devoir de réserve est à géométrie variable : le président Chirac se faisait filmer de façon très complaisante à la sortie de la messe de Bormes-les-Mimosas. Et là, à l’absence de discrétion, j’ajoute le fait que les médias courcircuitent vie privée – vie publique et qu’une réflexion actuelle (et non une position figée, passéiste) sur la laïcité est bien obligée de prendre cela en compte, si elle ne veut pas se trouver déconnectée de la réalité.

 

 

Il y a plusieurs année, quand Erdogan, le premier ministre actuel était maire d’Istanbul, j’avais donné une conférence dans cette ville où il y avait eu beaucoup de monde. Certains assistants étaient venus en avion d’Ankara. Cela m’avait étonné et on m’avait expliqué que les Turcs n’avaient pas l’habitude de débattre sur la laïcité et donc que ma venue était une occasion rare. Voilà sans doute une des raisons du déclin du parti kémaliste.

Par ailleurs, une réception avait été donnée à mon honneur. Au cours du repas, le militant laïque qui était à côté de moi, m’avait fait observer que certains convives (proches d’Erdogan) buvaient du jus d’orange et non de l’excellent vin qui était servi. « Vous voyez, ils sont contre la laïcité » m’avait-il dit ! J’avais répliqué : « Mais, laissez les donc s’abstenir de boire du vin si cela va contre leur conviction. Exigez simplement qu’ils ne vous interdisent pas d’en boire !»

L’enjeu est là : faire en sorte que l’AKP  ne déroge pas à la définition de la laïcité donnée par Gül et citée au début de cette Note. La seule critique de l’AKP qui me semble acceptable (mais je ne peux pas juger de son degré de validité) est l’accusation de placer beaucoup des siens aux postes importants. Il faut que l’AKP maîtrise sa victoire et montre l’exemple du respect (qu’elle revendique) du pluralisme.

Maintenant quelques nouvelles :

-Dans le numéro 151 de l’excellente revue Passages, en vente actuellement, vous trouverez une longue interview de votre très humble serviteur, réalisée par Alice Canabate : « La laïcité a besoin de l’hérésie pour ne pas sombrer dans le dogmatisme »

-Va paraître vers le 10 septembre, chez Librio de Flammarion (livre de poche à 2 €) une Petite histoire du judaïsme d’Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias et une Petite histoire de l’islam de Muhammad Amir-Moezzi et Pierre Lory. Il s’agit des deux premiers volumes d’une collection « Petite histoire des religions » que je dirige. L’enjeu consiste à offrir à un vaste public une approche historique et laïque de grandes religions : bouddhisme et christianisme suivront en février prochain. Tous les auteurs de cette collection sont professeurs à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes : c’est un choix délibéré: que des chercheurs eux-mêmes fassent de la vulgarisation. Les chercheurs se plaignent qu’elle est souvent mal faite, bourrée d’erreurs et de contre-vérités. Eh bien, qu'ils fassent eux-mêmes ce travail qui n’est pas facile, mais s’avère passionnant puisqu’il s’agit d’arriver à communiquer l’essentiel de ce que peut dire la science historique aujourd’hui en évitant tout jargon et en expliquant les termes techniques indispensables.

-Moi-même je publie, également vers le 10 septembre, une nouvelle édition refondue (c’est la 6ème) de mon « Que sais-je » (la célèbre collection des PUF) : Histoire du protestantisme. Pour moi, c’est l’année des « Que sais-je ? » : 4ème édition refondue de l’Histoire de la laïcité en France en février (la 1ère date de 2000, et, comme à chaque fois j'ai effecuté des modifications, celle de 2000 et celle de 2007 sont vraiment différentes), nouveau Que sais-je ?  Les laïcités dans le monde en juin et, donc, maintenant la 6ème (la 1ère date de 1987) de l’Histoire du protestantisme.

A l’occasion de ces différentes parutions (et aussi pour à une question d’un internaute sur mes convictions personnelles) , la prochaine Note du Blog sera consacrée à « Rationalité et religion ».

Médecine, laïcité et femmes

Le feuilleton de l’été a porté sur la Mort entre Médecine et Religion. Avant de finir par l’époque actuelle, je vous avais promis de faire un excursus sur la laïcisation de la médecine à la fin du XIXe et sur médecine et femme (ou, d’ailleurs, médecine et antiféminisme en fait). Les deux sujets sont liés car la laïcisation a essentiellement porté sur les infirmières. C’est ce sujet que nous allons voir maintenant. La prochaine fois, je parlerai des grandes difficultés qu’ont  rencontré les femmes pour avoir accès à la profession médiciale et des arguments machistes qui leur ont été opposé. Vous verrez le problème est plus d’actualité qu’on ne le croit au 1er abord. Reprenons donc la fin de la Note du 11 août :

Désiré Magloire Bourneville (conseiller municipal de Paris en 1876, député en 1883, rédacteur en chef du Progrès Médical de 1878 à 1906) fut le combattant de la laïcisation de l’hôpital.Il déclara en 1881 au Conseil municipal de Paris : « C’est au nom de la liberté de conscience que nous n’avons cessé de réclamer la laïcité de l’enseignement. C’est au nom de cette même liberté que nous voulons la laïcité de l’Assistance publique ».

Autrement dit : pour éviter toute pression sur les consciences, notamment sur les malades proches de la mort, il faut une neutralité religieuse de l’hôpital et, plus généralement, de l’assistance publique.

Mais, cela pose un problème : la laïcisation de l’école publique veille au respect de la liberté religieuse en s’arrêtant, outre le dimanche, le jeudi pour favoriser le catéchisme, ailleurs qu’à l’école (maintenant c’est le mercredi). L’hôpital est un lieu plus clos que l’école : comment assurer la liberté de conscience de celles et ceux qui veulent se préparer religieusement à la mort ?

Nous nous étions arrêtés là, voilà la suite :

 

 

Bourneville ne prend pas cet aspect en considération ; il est un bon exemple de la thèse de Jacqueline Lalouette : les milieux libres penseurs qui, avec des raisons incontestables (avant la République des Républicains des années 1880), s’estimaient bridés dans leur liberté de conscience, avaient tendance à confondre leur liberté de conscience avec la liberté de conscience. Cela à la fois parce que le « cléricalisme » était encore fort, mais aussi (et peut-être plus fondamentalement) parce qu’ils se situaient (au moins implicitement) dans la lignée de Voltaire où ce n’est pas être intolérant que d’émanciper un jésuite de son « fanatisme » religieux, bref où la tolérance ne saurait s’appliquer aux intolérants (ou à ceux considérés comme tels : c’est la pente dangereuse d’une elle théorie).

Outre le problème (vite résolu) de la disparition d’un certain contrôle des ecclésiastiques sur les hôpitaux (dans le cadre des tentatives de restauration cléricale, la loi de mai 1873 imposait la présence d’un membre du clergé dans la commission administrative des hôpitaux communaux, ce qu’abolit une autre loi en août 1879) on retrouve au centre du problème : la religieuse. Ces fameuses « bonnes sœurs » toujours si présentes dans l’imaginaire national que vous avez une série policière sur TF1 qui s’intitule « Sœur Thérèse.com ».

Nous avons vu le rôle ambivalent de la religieuse quant à la médicalisation au cours du XIXe siècle. Outre son activité elle-même, qui pouvait parfois (par zèle convertisseur) poser problème quant à la liberté de conscience, sa seule présence, avec son habit spécifique (on en vient toujours là : l’habit fait-il le moine ?), constituait un enjeu symbolique important dans le rapport avec la maladie et la mort : lien ou séparation avec un « au-delà » (vie ici bas ou vie tout court !).

 

 

A la fin du XIXe siècle la religieuse a un rôle d’encadrement. Les infirmiers (pour les salles où sont les hommes), les infirmières (pour celles où sont les femmes), les « serviteurs », sont sous ses ordres. Certes, les soins sont en partie donnés par les étudiants et les internes, mais les religieuses ont la responsabilité de garder les instruments, les appareils et la pharmacie, d’administrer les médicaments, elles ont, en outre, le souci de préparer à la bonne mort (rappelons que la Concordat existe jusqu’en 1905).

Il faut préciser que les infirmiers-infirmières n’avaient pas de formation. C’étaient en général des personnes émigrées de la campagne, de milieux très modestes et ayant un rôle qui tient à la fois de celui des filles de salle et des aides soignantes. Infirmières = image de la Bretonne illettrée. Un médecin opposé à la laïcisation, Armand Després déclarat à la Chambre à propos des infirmières : « Il n’y a dans les hôpitaux que des putes ou des religieuses » (Le Télégraphe, 20 octobre 1891, cité par Christian Chevandier) Charmant !!

Le 1er établissement hospitalier à se laïciser à Paris fut l’hôpital Laennec en 1878 (sœurs de St-Vincent de Paul), les derniers furent l’hôpital Saint-Louis et l’Hôtel-Dieu de Paris en 1908 (Augustines) ; mais l’essentiel se produisit de 1878 à 1888 (laïcisation de 17 hôpitaux), c'est-à-dire très parallèlement à la laïcisation scolaire.

En 1913, il ne restait que 23 religieuses (elles seront 135 juste avant la 2ème guerre mondiale). La différence est que ce qui est vrai pour Paris, ne l’est pas pour la province où des anticléricaux notoires comme le maire de Lyon, Edouard Herriot, garda les religieuses dans les Hospices civils de Lyon. Officiellement c’est parce que cela ne coûte pas cher à la municipalité, mais implicitement les raisons spécifiques du rapport à la mort jouent : le départ des religieuses des hôpitaux semblent avoir été beaucoup  plus impopulaires encore que leur départ des écoles.

 

 

Il existait aussi un problème de formation. Bourneville l’avait compris et, pour lui, le remplacement des religieuses par un corps infirmier laïque et compétent était un outil de promotion pour les « enfants du peuple ». En 1878, il ouvre des cours municipaux à la Salpêtrière pour les infirmières et à Bicêtre pour les infirmiers. On est cependant dans un modèle bien différent du modèle anglo-saxon où, dés cette époque, les infirmières sont cultivées et proviennent d’une classe sociale analogue à celle des médecins.

 

Les principaux arguments de Bourneville en faveur de la laïcisation sont les suivants :

-         il existe une crise de recrutement dans certaines congrégations religieuses

-         elle se double d’une crise de qualité dans ce recrutement depuis que les jeunes filles peuvent devenir institutrices

Dans ce cas, lui rétorque-t-on, qu’on les complète sans les chasser. Et on peut les former, tout comme le personnel laïque. Alors Bourneville évoque un triple problème

-         liberté de conscience : elles peuvent faire des pressions. Il arrive qu’une Mère supérieure soit chef de service

-         elles représentent une autorité non médicale à l’hôpital, fonctionnant selon des critères non médicaux : Bourneville leur reproche d’être peu dociles, réticentes face à des techniques nouvelles comme l’anesthésie lors des accouchements et l’emploi du thermomètre anal (pratique française ! Dans d’autres pays dans la bouche ou sous le bras),…

-         l’hôpital comme l’école est un « bastion » que la République doit conquérir (ce qui signifie que tant qu’il y a des religieuse ce ‘territoire’ échappe à la République : on est bien dans la perspective de Nicolet que j’ai commentée au début) : leur présence et leur costume sont une manifestation d’ « emprise cléricale ». Leur cornette, notamment, est à la fois un symbole de passéisme et un vêtement antirationnel pour soigner les malades. Nous allons voir à ce sujet une contradiction des laîcisateurs.

 

Bourneville se heurte à une opposition, dont le représentant le plus connu est Armand Després (surnommé « le Pansement sale » par ses adversaires), autre libre-penseur franc-maçon, chirurgien à La Charité, directeur de La France médicale et qui affirme faire passer l’intérêt des soignés avant ses propres convictions. Il écrit :

« Le mouvement anticlérical (…) a un but sérieux : détruire le clergé comme parti politique, mais il n’a jamais eu pour objet de désorganiser les hôpitaux » (Lettre au Préfet de la Seine, 19/2/1881, cité par P. Guillaume, p. 85). Il argumente ainsi :

-         honnêteté et moralité des religieuses : alors que les infirmières dérobent la nourriture des soignés, s’approprient les biens des morts et ont des mœurs « dissolues » ( les « putes » comme il disait) (argument ambivalent : disposer de femmes sexuellement disponibles ne devait pas déplaire à certains interne ou médecins !)

-         les religieuses ont une disponibilité plus grande, elles n’ont pas une famille qui les « détourne » de leur travail  (elles travaillent plus en gagnant moins !!); croyant fermement en l’au-delà, elles n’ont pas peur d’affronter la mort quand elles dispensent des soins à risque

-         elles ont peu de problèmes avec les médecins, sont « dociles » ; les conflits sont limités : elles administrent des médicaments plus que dispensent véritablement des soins. Cette répartition des tâches convient à tout le monde.

-                     elles coûtent moins chères que ne le coûteront des surveillantes laïques : la laïcisation va être hors de prix (environ 200 fr par an pour une religieuse, une infirmière laïque coûte 700 fr logée et 1800 fr non logée) alors qu’on a de gros besoins d’argent  pour mieux équiper les hôpitaux et créer des lits nouveaux.

 

Dans la Gazette des hôpitaux 109 médecins (des 163 concernés), des catholiques aux francs-maçons, signent une pétition collective en faveur des thèses de Després. Les 2 hommes menaçent de se battre en due !. Finalement Bourneville gagne à Paris et Despres en province où il n’y aura pas de laïcisation par politique volontariste, mais un lent mouvement de recul en pourcentage.

En 1907, le Conseil municipal de Paris transforme le cours du soir de Bourneville à la Salpetrière en école d’infirmières pour jeunes filles célibataires en bonne santé pourvues du certificat d’études (l’obligation scolaire est passée par là) où réussissant un examen d’entrée ; elles font 2 ans d’études. Cela doit les conduire à avoir une certaine compétence sans se prendre pour des sous médecins, mais au contraire en apprenant à exécuter avec ‘humilité’ et ‘soumission’ les ordres de ses derniers (être des « servantes » plus que des collaboratrices).

 

Elles vont d’ailleurs devoir adopter une tenue vestimentaire qui ressemble à celle des religieuses, y compris le voile tant critiqué ; une bonne infirmière doit être célibataire, dormir à l’hôpital où si elle a des enfants, il lui est recommandé de les mettre en nourrice, elle doit bien sûr enfin, avoir de faibles exigences salariales. En même temps, il n’y a plus le problème de la double appartenance. Il faut disposer donc de femmes d’une certaine compétence tout en évitant soigneusement les « empiètements de demi-savantes ». Texto.

Ces d’ailleurs une des raisons qui font que des médecins souhaitent réserver cette profession aux femmes (Commission spéciale de médecins en 1899 nommés pour élaborer un programme d’enseignement se prononce dans ce sens). Les infirmiers mettent en avant un double problème de pudeur : celle des infirmières qui vont aller dans les salles des hommes et celle des malades hommes qui vont recevoir des soins des femmes. Mais les arguments de pudeur ne sont plus alors reçus par les médecins, excepté pour s’opposer à l’accès des femmes aux professions médicales ( style d’arguments : « beaucoup de maladies propres à l’homme sont de nature à ne pouvoir ni être vue ni être étudiées par les femmes » argumente le Dictionnaire Encyclopédique des sciences médicales, et des médecins se demandent comment une étudiante en médecine pourrait examiner des organes génitaux masculins, en plus, en présence d’étudiants de l’autre sexe qui vont rire de façon graveleuse!).

.(à suivre)

Les commentaires sont fermés.