Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/02/2010

UN MULTIRECIDIVISTE CHEVRONNE!

Après l’invocation sacrale de la laïcité contre une candidate NPA, Ilham Moussaïd, voici l’invocation faussée de la sécurité contre un candidat PS, Ali Soumaré :

L’instrumentalisation des valeurs va bon train dans la République dont Sarko est le roi !

 

Vous allez me dire qu’il ne s’agit pas de la même chose, puisque pour Ali Soumaré, il y a eu diffamation.

OK, mais supposer a priori que le port du foulard signifie que l’on croit en une pseudo infériorité de la femme, n’est-ce pas indirectement diffamatoire ?

 

Revenons a Ali Soumaré : Les élus UMP ont tiré plus vite que leur ombre ; c’est le résultat d’une propagande sécuritaire qui vise à l’auto-intoxication.

 

Il ne faut pas se laisser prendre au piège :

-         de même que pour le foulard, le contraire de l’imposition est le libre choix et non l’interdiction ; de même le contraire du « tout sécuritaire » n’est pas l’angélisme ou la dénégation, mais l’art d’articuler sécurité et liberté

-         de même qu’il aurait été utile de pouvoir débattre, dans de toute autres conditions, de l’identité nationale, de la citoyenneté, et de leurs mutations actuelles, de même le droit à la sécurité des personnes et des biens est très légitime.

 

Seulement voila, une véritable politique de sécurité-liberté est une politique non spectaculaire, non médiatiquement visible : il s’agit de produire du NON-EVENEMENT ; d’assurer que rien de fâcheux ne se passe. Il s’agit d’apaiser.

 

Là, on veut inquiéter (hou là là, les socialos, ils vont chercher des « multi récidivistes »…) Il s’agit aussi, de façon permanente, de « faire du chiffre ». Ce n’est certes pas ce que souhaitent la grande majorité des policiers.

(Et là encore, il y a un piège à éviter, celui qui consisterait à croire que l’on peut se passer d’une police démocratique)

Mais une police démocratique, cela relève d’une politique globale, qui n’est certes pas celle suivie actuellement.

Quand cela conduit à interpeller une adolescente de 14 ans, et à la transporter menottée et en pyjama au commissariat, l’opinion se réveille. Surtout qu’il s’agit d’une jeune fille de la classe moyenne.

Le parent moyen peut s’identifier, et s’inquiète.

 

Mais il ne s’agit que la face émergée de l’iceberg, et une des évolutions les plus inquiétantes de ces dernières années est cette diminution, multiforme, des libertés publiques, créant les conditions d’un régime autoritaire.

 

On se gargarise de la « République », on ferait mieux de se soucier un peu plus du fait que la Constitution qualifie al République de « démocratique ».

 

En vrac, quelques rappels, sur des domaines où je ne suis certes pas spécialiste, mais où je tente de m’informer comme citoyen.

On va voir que, sur le problème des libertés publiques, c’est le pouvoir qui est « multirécidiviste chevronné »

 

-         la suppression du juge d’instruction : « pourquoi pas ? » disent certains juristes , « mais en tout cas pas au profit du parquet, car là on est dans la régression de la démocratie. »

-         la manière dont les gens de l’UMP ont eu des pièces confidentielles (et dont certaines concernait un homonyme mineur) qu’ils n’auraient jamais du avoir : dangereuse collusion entre police, justice et pouvoir!

-         les gardes à vue : ailleurs en Europe, les libertés de la personne suspectée (mais présumée innocente) sont beaucoup plus respectées : est-ce à dire que les policiers n’arrivent pas, dans ces autres pays, à faire leur travail sérieusement, à mener leur enquête ?

-         les prisons françaises, les plus pourries des pays démocratiques européens, semble-t-il. Avec, en tout cas, le record d’Europe des suicides. Là encore, comment font les autres,

-         etc, etc. Vous avez certainement d’autres exemples en tête

 

 Les médias sont devenus le filtre de toute réalité. Nous devrions savoir, par leur intermédiaires, comment cela se passe ailleurs (respect des droits dans les gardes à vue, nettement moins de suicides, etc).

Mais puis que nous parlons de media : connaissez-vous un autre pays démocratique où le chef de l’Etat nomme lui-même les responsables des chaînes radio et télé publiques ?

 

Et à ce propos, pourquoi Pierre Joxe s’est retrouvé tout seul au Conseil constitutionnel quand il s’est agi d’avaliser ou de refuser cette dangereuse mesure ? (cette nomination par le chef de l’Etat)

Puisqu’on vient de nommer 3 nouveaux membres, c’est le moment de soutenir l’initiative de Joxe : réclamer le droit à ce que l’opinion dissidente d’un membre du Conseil Constitutionnel soit publiée et que chacun puisse juger sur pièce.

 

Cela comporterait 2 avantages importants :

-         d’abord mettre chaque membre devant ses responsabilités : aujourd’hui on ne connaît pas les positions de chacun. Joxe, en transgressant ce tabou, en révélant qu’il s’est retrouvé seul dans des moments décisifs, montre le conformisme de ses collègues ;

-         ensuite, connaître l’argumentation du ou des minoritaires permet de faire rebondir le débat dans la société, au lieu de recevoir tout cru les décisions du Conseil.

 

Jean-Louis Debré (le président du Conseil Constitutionnel) a laissé entendre qu’il réfléchissait à la question.

Est-ce la mise en route du processus ou une façon de débotter en touche ?

Ce serait pourtant un premier pas

(Un second serait de réviser le processus de nomination de ces Messieurs (au pluriel)/dame (au singulier). Tiens, les gens qui nomment les membres du Conseil, auraient-ils un « tchador’ dans la tête ?

 

On va me dire que la question du Conseil Constitutionnel ne passionne pas les foules.

Certes. Mais la vérification de la constitutionnalité, c’est pourtant le CADRE de la démocratie, puisque ce que c’est à l’intérieur de cet espace constitutionnel que les majorités politiques peuvent faire et défaire les lois.

C’est grâce à cela que la démocratie, ce n’est pas seulement le gouvernement de la majorité, c’est aussi le respect des droits de tous, majoritaires ET minoritaires.

 

J’ai bien peur que si rien n’est fait en ce sens, on subisse de plus en plus un pouvoir multirécidiviste et très chevronné quant aux atteintes aux libertés publiques !

 

 

14:47 Publié dans ACTUALITE | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

J'ai déjà traité de ce sujet intrinsèque à la notion de laïcité.

Écrit par : Pierre Sarlat | 25/02/2010

Les commentaires sont fermés.