23/03/2007
CANADA ET FRANCE, multiculturalisme et laïcité
Cheres Amies et chers Amis,
C'est le sprint pour mon nouveau "Que sais-je?" (cf. la Note sur 7 mars dernier), mais je ne saurais vous abandonner et donc, comme les compromis font partie de la vie, je vous livre une Note,... sous forme de notes que j'aurais voulu retravailler avant d'en faire une Note du blog (vous suivez j'espère...). Donc, excusez la forme un peu relaché, moi qui d'habitude est un français aussi soutenu et académique que le défunt San Antonio.
Votre Jean Baubérot
PS: si j'ai écrit des bêtises, je compte sur les internautes canadiens (et autres) pour me l'écrire, gentiment bien sûr!
2ème PS: quand il y a du bleu, cela signifie que j'ai délibérément et honteusement piqué l'info à Wikipédia.
Canada et France semblent être 2 modèles opposés : le multiculturalisme d’un côté et la laïcité républicaine de l’autre(et vu du Canada, les Etats-Unis sont un pays démocratique libéral et non un pays multiculturel ; cf le débat entre Bissoondath et Gwyn d’un côté, Will Kymlicka de l’autre. Ce dernier écrit, qu’aux USA on « met l’accent exclusivement sur l’identité et les valeurs communes » et l’on « s’oppose à toute reconnaissance ou affirmation des différences culturelles », p. 37).
Pourtant Canada et France se sont unis pour être, à l’UNESCO, les co-parrains d’une Déclaration sur la diversité culturelle (contre les Etats-Unis et Israël). Ce qui n’empêche pas de parler de « modèles » différents.
Par ailleurs, Canada et France étant 2 pays démocratiques, il existe en leur sein des débats internes ; mais le débat est tjrs plus ou moins préformaté.
Et, sauf méconnaissance de ma part, la comparaison est peu faite (ou alors elle se limite au Québec, et si le Québec est intéressant, c’est dans la mesure où il est Canadien et francophone, avec des relations compliquées à l’ensemble du Canada, et à la France aussi d’ailleurs)
Bref rappel historique sans aucune prétention sur le Canada :
On parle d’Irlandais venus entre le VIe et le Xe siècle, de Vikings au XIe, qui s seraient mêlés aux Iroquois. Plus systématique à partir du XVe siècle : Jean Cabot, vénitien au service du roi d’Angleterre arriva à une « terre neuve » (1497), où pèchent ensuite des Bretons (français), anglais, espagnols, portugais, etc. Ephémère colonie portugaise au Cap Breton en 1520s. (cf le chauffeur de taxi !). Verrazano, florentin travaillant pour François Ier se rend compte que c’est ni l’Asie ni l’Afrique, il établit une carte où « Nova Gallia » (1529). Puis voyages de Jacques Cartier. Découvertes du Saint Laurent, rencontres avec des Indiens (Les Iroquois expliquent à Cartier comment se prémunir du scorbut, qui commençait à les décimer). Mais échec d’établir une colonie permanente (entreprise Roberval Cartier) ; guerres de religions détourne France du Canada.1608 : Samuel de Champlain, géographe et explorateur fonde la (future) ville de Québec ; alliance avec les Hurons-Wendats et guerres contre les Iroquois.
1627, création de la Compagnie de la Nouvelle France par Richelieu.
Quand Champlain meurt en 1635 : 200 habitants sur le St Laurent qui en majorité s’intéressent à la traite des fourrures. Fondation cette année là du collège de Québec par les jésuites (en 1634 : Trois Rivières) ; 1645 : fondation de la Compagnie des habitants qui réunit dirigeants politiques et économiques.
En 1663 : 2500 habitants dont des communautés religieuses. Louis XIV (Colbert) organise le gouvernement de la colonie qui a une forte autonomie et une grande mobilité sociale dans un système seigneurial souple. Arrivée de « Filles du Roy », pour contribuer à peupler la colonie. Adoption en 1664 de la Coutume de Paris. Importance des communautés religieuses inspirés des idéaux réforme catholique qui contribuent à coloniser le St Laurent et évangélisent des Indiens, facteur de continuité quand la métropole délaisse la colonie. Nouvelle guerre contre les Iroquois en 1665.
En même temps : Français et Anglais s’installent tour à tour sur la façade maritime (Nouvelle Ecosse), finalement = Acadie (Arcadie= Pelloponnèse ?) La Nouvelle France voulu contrôler le commerce des fourrures et pour cela s’étendre et confiner les Anglo-américains à la côte Atlantique : extension de la vallée du Saint Laurent jusqu’à la Nouvelle Orléans, et à l’Ouest aux Rocheuses et au Nord à la baie d’Hudson (aujourd’hui : Les Métis, descendants de paysans bretons et d’indiennes, sont venus avec leur curé qui croyait les conduire vers une terre d’abondance et se sont révoltés contre lui quand ils ont vécus les difficultés climatiques).
Mais en 1700, colonie anglaise comptaient 275000 habitants et les Franco-canadiens étaient 15000.
En 1760 : 85000 (dont 76000 dans vallée St Laurent) et colonies anglo-américaines : plus d’1M1/2Non seulement les français émigrent peu mais vallée du St Laurent a rigueur climat, éloignement des grandes voies maritimes etc
Acadie = les Anglo-américains, après l’avoir +sieurs fois conquise et perdue, occupent définitivement l’Acadie en 1713 (Traité d’Utrecht). Ils demandent un serment d’allégeance et ne l’obtenant pas (divers offres), le gouverneur Moncton déporte la majorité de ses habitants francophones en 1755 (« Grand Dérangement »), bcp périrent. Après Traité de Paris, ils peuvent alors s’installer en Louisiane (colonie française) et ensuite revenir en Nouvelle Ecosse, à condition de ne pas être trop nombreux dans le même endroit.
Guerre de Sept Ans (1756-1763)
Conquête anglaise en 1759 de la ville de Québec : Article 6, libre exercice de la religion jusqu’au traité définitif
1760 capitulation de Montréal = toute la Nouvelle France est aux mains des troupes anglo-canadiennes et l’acte de capitulation comporte 55 articles dont les articles 27 à 35 concernent les questions religieuses = liberté religieuse accordée, sous réserve du jugement du roi sur certaines questions. Proclamation Royale : la Nouvelle France devient « Province of Québec » où Colonie de Québec. (1760). C’est la 15ème colonie après les 13 originelles de l’Amérique anglaise et la Nouvelle Ecosse.
Perte pour la France de l’axe Chicago Détroit Montréal : les grands lacs et la vallée du Saint-Laurent : commencement de la fin de l’hégémonie française au profit du monde anglo-saxon (selon certains historiens).
Les élites partent (environ 2000 personnes) sachant que les postes importants seront occupés par des Britanniques et pour les hommes d’affaires qu’ils ne pourraient plus prospérer sous le régime colonial anglais. Le peuplement anglais est lent (pour des raisons identiques à celles qui avaient limité le peuplement français). Donc les cadres de l’Eglise catholique constituent un interlocuteur, d’autant plus que clergé habitué au régalisme de la monarchie absolue française
L’Acte de Québec (1774) voté par le Parlement de Londres est muet sur l’établissement d’une religion, reconnaît la liberté de culte des catholiques abolit le serment du Test (avant les futures Etats-Unis), pour permettre leur accès aux fonctions publiques. Alors que les lois britanniques interdisent toute hiérarchie catholique sur les terres de la Couronne, l’ancien évêque est reconnu « surintendant » de l’Eglise catholique ; cela lui permet d’exercer la plupart de ses fonctions. Par contre, pas d’assemblée élective car la population anglo-catho aurait dominé l’assemblée. Donc sorte de répartition politico-religieuse avec relations de l’ordre de la transaction. Gouverneur et Conseil. Au fur et à mesure de leur présence sur le territoire, d’autres groupes religieux se voient reconnaître la liberté de culte.
Du coup, lors de la guerre d’indépendance le clergé prend partie pour les Britanniques quand les Américains envahissent le Québec (1775-1776). La participation de la France à la guerre d’indépendance put soulever des espoirs d’un retour de celle-ci dans la vallée du St Laurent, mais les Français qui avaient conservé la Guadeloupe et les îles à sucre, et St Pierre et Miquelon pour pouvoir pécher, avaient renoncé au Canada, ces « arpents de glace » selon Voltaire.
Arrivée de réfugiés loyalistes au Sud du Québec va amener une population britannique dans cette région. À la fin de la révolution américaine, près de 50 000 loyalistes de l'Empire Uni immigrent au Québec, en Nouvelle Ecosse, à Terre Neuve. Comme ils ne sont guère les bienvenus en Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick se détache de cette colonie pour les accueillir.
L’Acte constitutionnel de 179 sépare le Québec en deux provinces, le Haut Canada, protestant et anglophone et le Bas Canada, catholique et francophone conserve la liberté de culte. Il y a « ni religion d’Etat, ni séparation » mais « le choix de la neutralité.»[1]
Une série d'accords mène ensuite à de longues périodes de paix entre le Canada et les États-Unis, n'étant interrompus que par de brefs raids opérés par des insurgés politiques. L'absence de pouvoirs réels du parlement du Bas Canada, les difficultés sociales et le sentiment de minorisation des francophones mènent à la révolte des patriotes. Sous la direction de Louis Joseph Papineau, ils déclarent l'indépendance de la république du Canada. Cette volonté d'autonomie est violemment réprimée par l'armée britannique. Plusieurs patriotes sont pendus, certains sont déportés en Australie, et d'autres doivent s'enfuir aux Etats-Unis
1840 : Le Canada Uni fusionne les deux Canadas en une seule colonie quasi-fédérale, abrogeant une partie des droits octroyés aux Canadiens français
Entente en 1846 pour retenir le 49e parallèle Nord comme frontière séparant les États-Unis de l'Ouest de l'Amérique du Nord britannique, le gouvernement de Grande-Bretagne crée en 1858 la colonie de la Colombie-Britannique (ruée vers l’or). Dès la fin des années 1850, les dirigeants canadiens entament une série d'explorations vers l'Ouest, avec l'intention de prendre le contrôle de la Terre de Rupert ainsi que de la région Arctique. La population canadienne croît rapidement grâce à un taux de natalité élevé ; l'immigration massive de l'Europe vient contrer l'effet de l'émigration vers les États-Unis, particulièrement celle des Canadiens Français migrant en Nouvelle-Angleterre. En 1867 : Création de l’Etat canadien par l’union du Canada uni avec Nouvelle Ecosse et Nouveau –Brunswick : 4 provinces (par retour en 2 désormais Québec et Ontario). Naissance du Canada moderne comme dominion britannique. Rejoint l’Ontario et la Colombie britannique par extension vers l’Ouest, avec la révolte des Métis, dite Rébellion de la Rivière rouge. Manitoba entre (de force) dans le Canada en 1870. Etc. Il s’agit alors d’un Etat semi colonial aux frontières fluctuantes, détenant une juridiction interne mais n’ayant pas sa propre politique internationale et ne pouvant pas accorder la citoyenneté ni modifier sa constitution (qui est du ressort du Parlement britannique) La création de l’Etat canadien en 1867 l’a été à partir de la représentation ethnoculturelle comme fruit d’une négociation entre 2 peuples canadien anglais [dominant] et canadien français [dominé], dispersé sur l’ensemble du territoire [pas complètement exact]. Les peuples autochtone en étaient alors exclus,
Processus d’indépendance à l’égard du Royaume Uni surtout de 1931 et 1946 (politique internationale) à 1982 ; Encore now le Canada est officiellement une monarchie constitutionnelle dont la souveraine est la Reine Elisabeth II, représentée par un gouverneur (une femme haïtienne québécoise, qui a fait des déclarations affirmant que les Québécois ne se souciaient pas assez des autres Canadiens en septembre 2006, qui ont fait scandale au Québec)
Origine de la diversité « ethnoculturelle » du Canada, et du fait de l’importance de la représentation en terme « d’ethnicité » (contrairement à la France ; mais évolution de l’utilisation de ce terme : maintenant il fait place à la subjectivité : à chacun de dire à quelle ethnie il veut appartenir, mais on peut se demander si la représentation sociale fait bien place à cet aspect subjectif et personnel) : le fait que 2 catégories de population habitaient ce territoire avant la venue des Britanniques : les peuples autochtones et le Canadiens français, premiers colonisateurs. On été incorporés au Canada à la suite de la colonisation et (pour les second) de la Conquête britannique et sans leur consentement : ces groupes sont des « minorités nationales » qui se perçoivent eux mêmes comme des « nations » au sein du Canada, des peuples dont l’existence est antérieure à celle de l’Etat canadien lui-même.
Cependant ces 2 « nations » n’ont pas la même puissance, la même situation ni le même statut.
Les Canadiens francophones dont les Québécois forment + de 80%, mais minorités dans le Nouveau Brunswick et au Manitoba (11% population de Winnipeg). Le Canada a 32,6 M d’habitants dont un peu plus de 8M sont francophones.Les Canadiens francophones (qui, pour la plupart, sont dans la position ambivalente d’anciens colonisateurs devenus colonisés ; les Métis étant dans une position doublement ambivalente) ont obtenu en 1969 que le Canada soit officiellement bilingue (et le multiculturalisme va suivre en 1971); cela est valable pour tous les emplois d’Etat et tous les services de l’Etat. Le respect de cette disposition est une lutte constante pour 3 raisons :
- d’abord si le pourcentage de francophones est consistant (environ 25%), il diminue (en 1991, 27M dont 7M de francophones). Le Québec est celle des 10 provinces où le taux de natalité est le plus faible (cf l’Espagne, l’Italie, des pays de culture catholique a sécularisation accélérée récente)
- ensuite parce que les francophones sont essentiellement concentrés au Québec et que si le Québec défend bec et ongle ses spécificités, il me semble que ses rêves séparatistes contribuent à faire qu’il n’a peut-être pas la politique francophone à l’échelle du Canada qu’il pourrait avoir en lien avec les autres minorités francophones (en tout cas reproches effectués par des membres de ces minorités ; en même temps c’est ces tendances séparatistes qui poussent le Canada à faire attention à ce que l’anglais n’est pas un monopole. Complexe !). Mais tendance à la territorialisation des langues officielles : moins d’anglophones au Q (8%) et attraction forte du français auprès des immigrants avec volontarisme politique pour imposer le français et tendance de l’anglais à s’imposer partout ailleurs.
- enfin parce que le Canada le plus dynamique est anglophone : Toronto et l’Ontario, Vancouver et la Colombie britannique, Calgary et l’Alberta. D’où l’attirance pour ces nouveaux centres. Le Nouveau Brunswick est la seule province bilingue mais des jeunes francophones y sont attirés par le boom de l’Alberta.
Les Québécois ont également obtenus un fédéralisme moins centralisateur.
Les Autochtones (3,5% se disent Indiens dans le recensement de 2001 ; cela englobe-t-il les 3 « peuples autochtones » Amérindiens, Inuits, Métis ?): Citoyenneté en 1950 (Inuit) et 1960 (Amérindiens). Avec la Constitution de 1982 ont obtenu la reconnaissance de certains droits et notamment le fait de pouvoir négocier comment réaliser ces droits avec le gouvernement (Winnipeg : terres qui revenaient aux Métis par un traité du XIXe siècle et sur lesquelles une partie de la ville de Winnipeg est construite : négociations à ce sujet).
Plusieurs langues autochtones ont un statut officiel dans les Territoires du Nord-ouest; l'inuktitut est la langue de la majorité de la population au Nunavut et l'une des trois langues officielles de ce territoire.
Depuis le XIXe siècle (développement après la création de l’Etat), arrivée de vagues successives d’immigrants, d’abord européens (irlandais, allemands, ukrainiens, etc) puis, progressivement depuis XXe aussi Asiatiques et Africains, d’Afrique du Nord et d’Afrique Noire. Actuellement le Canada a le niveau d’immigration le plus élevé du monde occidental. La citoyenneté pour les résidents blancs en 1946, étendue aux minorités noires et asiatiques en 1948. Jusqu’aux années 1960, modèle d’immigration reposant sur une « conformité anglophone », avec restriction pour l’immigration chinoise. Changement en 1971 avec l’adoption du multiculturalisme.
Selon O. Nay (p545) : 10 groupes officiellement reconnus au Canada : Noirs, Chinois, Philippins, Japonais, Coréens, Latino-Américains, Insulaires du Pacifique, Indo-Pakistanais, Asiatique du sud-est, Arabes et Asiatiques de l’Ouest)
Actuellement de grandes villes canadiennes comportent un fort pourcentage de personnes nées à l’étranger : Toronto 43,7%, Vancouver 45,4%, Ottawa 21,8% Montréal en a moins (18,4%). Le Canada dans son ensemble = 16%, Les Etats-Unis 8% (la France cela doit être moins dans la mesure où on en est à la 2ème voire 3ème génération). (prendre ces statistiques comme ordre de grandeur JB)
Vancouver : 48,5 % de personnes formées de « minorités visibles »[2] dont 85% proviennent d’Asie, notamment des Chinois d’HongKong quand il y a eu le processus de remise à la Chine.
Le Canada continue à accepter une immigration de grande ampleur (considérée comme un facteur essentiel du développement collectif), mais avec 3 caractéristiques qui distinguent le Canada de l’UE et de la France en particulier :
- la possibilité d’un contrôle qui vient du fait que le Canada est bordé par 3 Océans et une double frontière avec les Etats-Unis et que pratiquement personne ne cherche à franchir illégalement la frontière entre les USA et le Canada, pour immigrer. Il n’y a donc pratiquement pas de porosité des frontières.
- le critère des besoins du marché de l’emploi est utilisé par la politique de l’immigration pour déterminer le niveau d’entrée. La moitié des immigrants est choisie selon le niveau de scolarité, l’expérience professionnelle, la connaissance de l’anglais ou du français, l’âge. On pose 5 questions et il faut avoir une certaine note. Rappel qu’en France le problème de l’immigration sélective a soulevé une question qui ne fait pas partie du débat social au Canada : est-il légitime d’attirer régulièrement de la main d’œuvre qualifiée dans les pays occidentaux ? Par contre on trouve dans le débat social les notions « d’intégration équitable » (fondamental dans la pensée de Kymlicka par exemple) et surtout d’ « accommodement raisonnable » (qui est une obligation juridique) et de « discriminations indirectes » (commence à arriver en France par l’intermédiaire du droit européen) qui sont des expressions socialement absentes en France et l’ouverture de la fonction publique aux immigrés (alors que le monopole national dans ce domaine est une constante de la politique républicaine française, juste abolie now pour les universitaires étrangers).Dans années 1990, 40% des immigrés âgés de 25 à 54 ans détenaient un diplôme universitaire et 23% des canadiens de naissance du même âge (il faudrait affiner la comparaison en la spécifiant au niveau des villes car logique que le paysan du Québec ou du Manitoba ne possède pas de diplôme universitaire)
- enfin, le Canada n’a pas d’anciennes colonies ou protectorat mais est lui-même un ancien Etat colonial (ce qui implique d’autres problèmes) et (jusqu’au 11 septembre) le Canada était loin des zones de conflit. Ce n’est pas le cas de la France, vue du Canada : Marseille est aussi près de l’Algérie (où guerre civile des années 1990) que Toronto de Québec et la France est plus prés du Proche Orient que Montréal de Vancouver. Mais depuis le 11 sept influence de la situation états-unienne, des discours de Bush et des infos telles qu’elles sont propagées par les médias.
Selon le recensement de 2001, 34 groupes ethniques regroupent chacun au moins 100000 personnes.
Au contraire des minorités nationales les immigrants ont fait le choix de venir au Canada et de s’y installer, au contraire des Canadiens francophones, ils doivent apprendre une des deux langues officielles (qui n’est pas forcément leur langue maternelle) pour pouvoir avoir des emplois et être autonomes dans la vie courante. Ils jouissent de tous les droits excepté le doit de vote ; ils ont le droit de devenir citoyen canadien après 3 ans de séjour et 80 % le font avant la fin d’une décennie de résidence au Canada
La politique multiculturaliste :
Cf. notamment Denise Helly, « Le multiculturalisme canadien : de la promotion des cultures immigrées à la cohésion sociale 1971-1999 », Cahiers de l’URMIS, n°6, 2000 et « Canadian Multiculturalism : Lessons for the Management of Cultural Diversity ? », Canadian Issues, Summer 2004, 5-9.
En 1971, adoption, à l’instigation du premier ministre Pierre Trudeau d’une politique de multiculturalisme comportant 4 objectifs :
- Reconnaissance de l’existence de groupes culturels et appuyer le développement culturel de ces groupes ethnoculturels, y compris par financement public
- réduire les barrières ethnoculturelles pour aider leurs membres à surmonter les difficultés qu’ils rencontrent pour participer pleinement à la société canadienne
- favoriser les rencontres entre groupes en vue de développer la tolérance à la différence culturelle
- aider les immigrants récents à acquérir au moins une des 2 langues officielles :
« Le multiculturalisme dans le cadre du bilinguisme » était d’ailleurs le titre officiel donné par Trudeau à sa politique. Autrement dit, le multiculturalisme n’était pas le fondement mais une construction sur une fondation culturelle bilingue. Selon certains, multiculturalisme était un mauvais terme et il aurait mieux valu parler de « polyethnicité » (Jean Burnet, 1975) ; Trudeau parlait également de « renforcer l’unité canadienne et encourager sa diversité culturelle » (« encouraging cultural diversification »)
Deux programmes sont établis en 1971
- Ethnic Liaison : préservation et partage des héritages culturels et de la compréhension de tous les canadiens, avec deux volets : la transmission des langues ancestrales et le financement du fonctionnement d’institutions et d’association ethnoculturelles
- Canadian Identity pour augmenter la participation des immigrés aux institutions canadiennes et renforcer leur identification au Canada.
A partir de 1977-1979 priorité est donnée au financement d’activités multiculturelles ponctuelles plutôt qu’au fonctionnement d’institutions ethnoculturelles.
1982 : Rapatriement de la Constitution du Royaume Uni (dont le parlement avait seul le droit de la modifier) au Canada. Le Québec refuse officiellement de s’y associer mais les décisions prises le concernent quand même.
Charte canadienne des droits et des libertés de la personne dans le préambule de la Constitution La Charte place les droits avant la souveraineté populaire comme principe fondateur du lien sociopolitique au Canada.
(à suivre)
[1] M. Milot, Laïcité dans le nouveau monde, Le cas du Quebec, 2002, 51.
[2] Définition de Statistique Canada : minorités visibles = « personnes autre que les Autochtones qui ne sont pas de race blanche ou qui n’ont pas la peau blanche »
19:50 Publié dans MONDE ET LAÏCITE | Lien permanent | Commentaires (3)
15/03/2007
CLERICALISME MEDICAL ET LAÏCITE
Dramatique, dramatique chers Zamis et Zamies du Blog. Le 26 février je vous avais laissé (une fois de plus) sur un suspens insoutenable : après vous avoir expliqué que, dés avant l’invention du terme de « laïcité » et de la famille sémantique l’accompagnant (l’Etat laïque, le laïque comme partisan de la laïcité, etc), il y avait déjà, au sein de toute société où la religion était une institution à caractère englobant (cad ayant la prétention de donner à la société entière une conception du monde, un sens à la vie collective, etc) un pôle clérical (qui voulait donner des normes à cette société selon la dite conception du monde) et un pôle laïque (qui, lui, voulait pouvoir bénéficier de ce qu’on appelait les « secours de la religion », se servir de la religion comme ressource à certains moments de la vie, mais voulait aussi avoir son quant à soi religieux).
Le processus de laïcisation est, disais-je génialement (vous me connaissez, la modestie est ma qualité principale), le passage, au niveau d’une société donnée, de la dominante cléricale à la dominante laïque. Mais il ne s’arrête pas là à cause d’un paradoxe de ce processus. Quel est ce paradoxe ? Et là, comme un bon auteur de romans policiers, j’indiquais : « à suivre ».
La suite devait arriver la semaine suivante. Mais la vie est pleine d’imprévus. Il y a eu ensuite la Charte de la Ligue de l’enseignement, des Francas et d’autres organisations laïques, que j’ai répercutée sur ce Blog. Mon « Que sais-je ? » m’absorbe, comme je vous l’ai raconté dans la dernière Note… et mon paradoxe. Eh bien, j’ai oublié tout simplement ce que je voulais dire.
Impossible de m’en souvenir.
Non, n’en profitez pas pour m’enfoncer, pour raconter partout que l’Alzheimer me guette, m’a déjà trouvé… Quand même. Un peu de pudeur. Mais voila, quiconque retrouve mon paradoxe (il doit être bien caché quelque part) est prié de me le rapporter et il aura 0,10 € de récompense. Sympa, non.
D’autant plus sympa que je n’ai quand même pas tout oublié. Je peux vous donner quelque chose qui doit ressembler au signalement du paradoxe. Ce paradoxe était une formule brillante (n’en doutez pas) pour typifier ce que je vais maintenant vous dire.
En gros le problème est le suivant : donc le processus de laïcisation est schématiquement le passage de la dominante de la polarité cléricale à la dominante de la polarité laïque. Mais c’est plus compliqué. Nous l’avions déjà vu le 26 février (relisez la Note : je mettrais votre tête à couper que si vous aviez une interrogation écrite sur son contenu vous sècheriez lamentablement) tout le problème est celui du « transfert » dans la sécularisation et de la limite de la laïcisation qu'opère ce transfert. Car il y a toujours, même dans les sociétés sécularisées, de l’encadrement par des système de sens, par des systèmes de socialisation qui proposent-imposent des systèmes de normes idéales sacralisées(cf la définition que l’OMS a donné de la santé et les normes d’apprentissage de l’"école-sanctuaire") à partir d’une confiance dans le progrès.
Le gouvernement démocratique a besoin de la socialisation effectuée par les institutions séculières, considérées comme porteuses de progrès, comme les royautés de droit divin avaient besoin de la socialisation faite par la religion. Mais la mutation laïque opérée est la suivante : ces institutions ne sont pas considérées comme donnant des normes transcendantes, venues du dehors, mais comme des œuvres, des constructions humaines et choisies par eux au présent : on pourrait appliquer analogiquement ce que Renan dit de la nation, il y a (de façon bien sûr complètement implicite, et aussi parce que le fait que la société fonctionne ainsi pousse à répondre « oui ») un « plébiscite de tous les jours » = la légitimation de cet « avant tout » institutionnel est la validité de l’objectif poursuivi et la capacité de l’institution à atteindre cet objectif (il y a cpdt un 3ème critère par lequel l’anticléricalisme au sens large et pas forcément conscient pour les acteurs s’engouffre : croire que les agents institutionnels sont humainement sans faille : « Les gynécologues n’ont pas de sexe », titre Elle, 16 décembre 06)
Donc il y a, à la fois un transfert de sacralisation (d’ailleurs le sens originel de sécularisation = transfert d’une propriété religieuse à une propriété séculière) et, dans ce transfert, une perte de sacralité qui s’effectue : on passe d’une sorte de sacralité par essence, substantive (elle vient du dehors) à une sacralité + fonctionnelle, même si elle cherche à s’essentialiser.
Et donc, de nouveau nous trouvons une double polarité : la polarité laïque tend à utiliser de façon fonctionnelle la médecine, l’école, etc (On parle de « consumérisme médical », de consumérisme scolaire »), alors que la polarité cléricale (le médecin, le prof, etc) est elle substantiviste c'est-à-dire croit que les normes médicales et les normes scolaire doivent s’imposer tout le temps à tous, qu’elles font partie de l’ordre naturel des choses.
Mais en fait, si la polarité du clerc est substantiviste, c’est parce qu’il fonctionne plus facilement si ses normes s’imposent tout le temps à tous. Plus facile de travailler à l’hôpital pour un médecin si lui-même et les patients sont persuadés qu’il « n’a pas de sexe » pour reprendre le propos de l’hebdo Elle. De même c’est plus facile de travailler si lui-même et ses patients pensent qu’il est omniscient et qu’il ne peut pas se tromper dans son diagnostic. Le médecin sait bien qu’il est un individu sexué (avec un inconscient en plus), il sait bien qu’il n’est pas infaillible, etc. Mais, pour que l’institution fonctionne sans problème, soit la plus opérationnelle possible, il faut faire « comme si ».
Valabréga, médecin anthropologue, a décrypté cette relation médecin-malade en indiquant que le médecin se considérait et voulait qu’on le considère comme « un homme qui n’est pas un homme tout en étant un homme » (La relation thérapeutique, Flammarion, 1962). Cette représentation vient de loin, parce qu’elle est celle du chaman.
Nous ne nous sommes pas éloignés du rapport de la Charte de la laïcité, puisque le problème sous jacent à ce rapport et à la Charte, qui veut réaffirmer la laïcité à l’hôpital est précisément le problème des femmes (musulmanes dit-on) qui ne veulent pas se déshabiller devant un homme médecin pour avoir un examen médical.
Bien sûr, quand un médecin examine un patient, normalement il est dans une logique professionnelle et ne pense pas à la bagatelle. Il ne s’agit pas de faire du moralisme ou de faux procès. Pourtant, on peut penser qu’il est exactement de même des personnes chargées de palper les voyageurs dans un aéroport. Pourtant là, significativement, on mettra des hommes pour palper les hommes et des femmes pour palper les femmes (supposant d’ailleurs que tout le monde est hétéro ; comme quoi, il y a toujours de la croyance dans un fonctionnement social). Or là encore, il n’y a aucune raison de soupçonner à priori que ces personnes ne sont pas dans une logique professionnelle. Et pourtant, il y a un petit soupçon social et l’idée que ce sera moins désagréable pour l’usager s’il est palpé par une personne de son sexe.
Pourquoi raisonner de façon différente (et aussi péremptoire) dans le cas des agents d’aéroport et dans le cas des médecins ? Tout simplement parce que les premiers ne sont pas des clercs tandis que les second le sont. Autrement dit, un médecin n’est pas simplement perçu comme un professionnel, mais il est investi d’une aura sacrée qui le désexualise davantage qu’un membre d’une autre profession. La médecine est un sacerdoce !!!
Par ailleurs, on estime que les patients ont été socialisés à cette perception sacrale de la médecine et qu’ils ne sont pas perturbés par le fait d’être examinés, même intimement, par une personne d’un autre sexe que le leur.
La médecine n’a pas toujours été aussi asexuée, même si elle a toujours eu plus ou plus un aspect parareligieux (« santé » et « salut » sont des mots qui ont la même origine). Laennec a inventé le stéthoscope par ce qu’il s’est rendu compte qu’un contact direct avec la poitrine de ses patientes les gênait. C’était une époque où on était moins dans le moule d’une socialisation à l’autorité médicale et où les femmes ne se déshabillaient pas facilement devant un médecin. Et quand on fait de l’histoire de la médecine, on s’aperçoit qu’il y a eu toute une stratégie liée à la montée en puissance de l’institution médicale, et à la sécularisation-transfert dont je parlais tout à l’heure pour changer les choses.
Au XIXe, quand l’être humain « normal » était un homme, les médecins ont été parmi les professions qui ont le plus résisté à l’ouverture de leur métier aux femmes. Et là, les médecins ne se privaient pas de mettre en avant l’argument de « pudeur » qu’ils récusent aujourd’hui : une femme ne pouvait être médecin car cela l’obligeait à voir des choses (ce que les Romains appelaient les « parties honteuses ») qui offenseraient sa « pudeur ». Plus généralement la médecine, dans sa période ascendante, s’est traduite par une dépossession des femmes sur leur propre corps et sur des actes importants de leur existence. Cela a été particulièrement vrai pour l’accouchement : le fait que la médecine permette qu’il se produise dans de bien meilleures conditions ne supposait pas le passage des matrones aux médecins accoucheurs hommes (avec les sages-femmes comme subalternes). Mais la médecine a longtemps fait croire que les femmes seraient moins capables de s’approprier le savoir que les hommes.
A l’époque, on était plus prés du sacré en étant un homme qu’en étant une femme (c’est toujours vrai dans le catholicisme et certaines autres religions). A propos, aujourd’hui, combien de « Grands patrons » en médecine sont les femmes ?
La socialisation à la médecine n’a pas comporté seulement le fait pour les femmes de s’habituer à se déshabiller pour être examinées par des hommes, elle a été beaucoup plus globale, notamment elle a conduit à ne pas discuter la compétence du médecin, ses instructions, les normes qu’il donne. Cela a été particulièrement valable (encore une fois) pour les femmes, les futures mères et les mères. La justification de ce contrôle du corps des femmes a été d’indéniables succès (la forte diminution de la mortalité en couches par exemple) mais cela est allé bien au-delà : par exemple des consignes péremptoires et contradictoires suivant les époques et les médecins sur l’allaitement. les exemples sont multiples et je vous fais confiance pour en trouver vous-même. Il y a dans le médical de la compétence et du sacré, du savoir et du symbolique.
Nous sommes dans une situation nouvelle où la croyance dans les "bienfaits" du progrès se trouve en déclin.
Dans l’ambiguïté naturellement, le « consumérisme médical » cherche à trier, à mettre en concurrence compétences et savoir ; mais aussi à considérer le médecin comme un être humain et à pouvoir aussi le choisir en fonction de cela. Cela s’appelle de la désacralisation. Ce qui ne signifie pas, bien sûr, que le patient-laïc ait toujours raison face au médecin-clerc, qu’il faille le sacraliser à son tour. Mais voila, c'est une continuation du processus de laïcisation , avec ses 'bons' et ses 'mauvais' côtés.
Bref, le Haut Conseil à l’Intégration n’a visiblement effectué aucune analyse de l’institution médicale et de son rapport au sacré. Il y en a marre d’ailleurs de tous ces Docteurs es ignorantus qui parlent à tort et à travers de la laïcité sans avoir effectuer les analyses nécessaires pour pouvoir en parler avec compétence. Ca c’est du cléricalisme : se croire autoriser par essence à avoir une parole docte et qui fait autorité sans effectuer le travail intellectuel nécessaire.
Et si les femmes (dites musulmanes, mais sont-elles seules en cause ?) par leur demande de disposer (autant que faire se peut) de médecins femmes, désacralisaient l’institution médicale, si elles étaient des représentantes du pôle laïque face au pôle clérical ?Cela y est : j’ai peut-être retrouvé mon paradoxe (ou alors j’en ai trouvé un autre!)
Chao, à la semaine prochaine.
12:35 Publié dans LAÏCITE, MEDECINE, ECOLE | Lien permanent | Commentaires (4)
07/03/2007
D'un "Que sais-je?" à l'autre....
Je voudrais signaler aux honorables et honorés internautes, fidèles navigateurs que des vents favorables conduisent vers ce site, la parution, fin février, de la 4ème édition (15eme mille, sans compter les traductions) de mon « Que sais-je ? », Histoire de la laïcité en France. La 3ème date de l’automne 2005. Les changements ne sont donc pas très considérables mais quand même : la bibliographie a été actualisée, dans la rédaction même, il a été tenu compte des parutions faites depuis la précédente édition, notamment sur la séparation des Eglises et de l’Etat, et aussi… de la remarque d’un internaute qui avait critiqué le fait que je ne mentionnais pas nommément la Libre-pensée dans les tendances actuelles de la laïcité. J’ai trouvé la remarque pertinente et j’en ai tenu compte.
Par ailleurs, parfois un paragraphe a été modifié, un autre ajouté grâce à une meilleure utilisation de l’espace,... Grâce à cela aussi, 2 pages ont pu être ajoutées au chapitre VI (« L’établissement de la laïcité »), en enlevant seulement ¾ de pages au chapitre II.
Eh oui, la rédaction d’un « Que sais-je ? », c’est se battre constamment pour avoir un phrasé compréhensible, tout en enlevant (et à chaque édition j’en enlève) les mots, les expressions qui (finalement) n’ajoutent rien ou pas grand-chose, trouver des tournures de phrase plus courtes, etc. Cela pour pouvoir donner plus d’informations et d’analyse et clarifier les passages qui, selon les retours obtenus, ne l’étaient pas assez.
Si l’on compare la 1ère édition (parue en 2000 sous le titre : Histoire de la laïcité française) et cette 4ème édition, c’est à la fois le même livre et un autre livre. Il y a eu, en effet, des changements très substantiels, notamment dans la 3ème édition de 2005. Maintenant, si vous courrez chez votre libraire, regarder bien la date : veillez à ce qu’il ne vous donne pas un des derniers exemplaires de la 3ème mais bien un de la 4ème, pour bénéficier des tous derniers changements.
D’un « Que sais-je ? » à l’autre vous ai-je annoncé en titre : je vais rendre à la fin du mois le manuscrit d’un autre « Que sais-je ? » qui doit paraître à l’automne. Son titre est tout un programme : Les laïcités dans le monde. Comme cette rédaction s’ajoute à tout le reste de mon travail de chercheur et d’enseignant, je n’ai malheureusement pas le temps de mettre sur le Blog cette semaine la suite du feuilleton commencé le 10 février.
Ne pleurez pas, séchez les larmes de vos beaux yeux : cette suite va venir au milieu de la semaine prochaine, mercredi 14 j’espère, jeudi 15 au plus tard. J’y pense, j’y pense.
Et pour me faire pardonner, quelques infos sur ce prochain « Que sais-je ? » : il ‘part’ du XVIe siècle et ‘débouche’ sur le temps présent avec une triple démarche : historique, philosophique, sociologique.
Le lecteur/la lectrice pourra donc suivre la construction progressive de la laïcité et plus l’ouvrage ‘avance’ dans le temps, plus l’aspect intercontinental prend de l’importance. Mais, même au début, je tente de dépasser les frontières de l’Europe.
Le problème pratique de la rédaction d’un « Que sais-je ? » est le suivant : je calcule le nombre (approximatif) de signes que doit avoir chaque chapitre pour arriver au nombre de pages prévues (rappelez vous : le tout c’est 122 pages + la biblio + la table des matières) ; puis je découpe chaque chapitre en paragraphes qui doivent faire chacun entre 3000 et 4000 signes. Ensuite, je rédige tel ou tel paragraphe, sans me préoccuper (dans un 1er temps) du nombre de signes. En général cela aboutit à… 12000, voire 15000 signes. Une première coupe est relativement facile. Mais après c’est vraiment galère… Les choix sont déchirants. On enlève un truc qui n’a pas paru vraiment important. Mais on dort mal car on ne peut pas s’empêcher de penser que quand même, cela l’est. On en rajoute donc une partie le lendemain. Mais cela veut dire qu’il faudra réduire ailleurs…Au total, des paragraphes prévus vont sauter : il n’est pas possible de tout dire. Le passage à la réalisation est toujours une blessure par rapport au projet. Mais le projet n’est que virtuel. Il faut l’acte pour le réaliser. Bref, quand vous lisez un « Que sais-je ? », ne tirez pas sur le pianiste…
Enfin, c’est la loi du genre. Mais voila, du coup, une Note ultra courte cette semaine. Promis, ce sera mieux la semaine prochaine.
Chao, portez vous bien, faites de beaux rêves, et à bientôt.
19:10 Publié dans Ouvrages de Jean Baubérot | Lien permanent | Commentaires (0)