16/12/2006
LES NEO-REPUBLICAINS SONT-ILS VOLAIRIENS OU OBSCURANTISTES?
Amis internautes qui venez sur ce blog, vous êtes très sérieux, trop sérieux à mon goût puisque chaque fois que j’écris une Note ‘légère’ (mais comportant « la morale de l’histoire »), comme celle de la semaine dernière (« Miss République 2007 ou le courage d’être seule ») la fréquentation chute (relativement, mais chute quand même : environ de 200 à 150 visites par jour). Ce blog, vous le voulez intello ; et quand il montre des « signes ostensibles » d’amusement… cela ne vous plait guère.
Mais, permettez une question : comment faites vous pour le savoir ? Mystère. Que le nombre de pages consultées chute, soit (« Baubérot parle des Miss cette semaine, sans mettre de photos… je ne vais pas m’attarder »), mais les visites. Comment savez-vous que je rigole avant même d’aller sur le blog ? Il y aurait-il du bouche à oreille ? En tout cas me voila bien, moi qui espérais crever l’audimat, pouvoir vendre à TF1, comment il a dit déjà le PDG ? : « de la cervelle disponible pour espace publicitaire » (ou du décervelage….) et ainsi pouvoir passer les fêtes de fin d’année aux Bahamas, c’est complètement raté. Cela m’apprendra à préférer Miss Limousin à Kant ou Heidegger !
Pourtant, si on ne peut plus s’amuser par le moyen d’un blog…
Enfin, que ne ferais-je pas pour vous reconquérir ! Je vais donc être (ou du moins apparaître !) de nouveau sérieux, reprendre ma réflexion sur les Lumières, les néo-républicains et Voltaire (à ce propos, le philosophe aimait séduire les belles, lui qui a dit : « donnez moi cinq minutes pour leur faire oublier que je suis laid »).
Mais comme je l’ai très fâcheusement interrompue, voici le résumé des chapitres précédents : après avoir vu (Note du 23 novembre) que la loi française de séparation des Eglises et de l’Etat se situait dans la filiation des théories de John Locke sur le « gouvernement limité » et la séparation du religieux et du politique, nous avons comparé La Lettre sur la tolérance du dit Locke et le Traité sur la tolérance de Voltaire (Note du 3 décembre), pour aboutir à la question : « Voltaire est-il l’ancêtre des néo-républicains ? ». Je vous ai laissé sur ce suspens insupportable et au lieu d’y répondre, j’ai vagabondé avec les Miss[1] et vous vous êtes sentis délaissés. Desesperates Houseblogeurs !
Alors maintenant me voici au pied du mur.
Je pars du constat suivant : les néo-républicains invoquent Voltaire : pour faire passer la pilule de ses propos islamophobes Redeker se réfère à lui, Brighelli également s’affirme voltairien, ainsi que des milliers d’autres. D’ailleurs, quand la Bibliothèque Nationale organise une exposition « Lumières ! Un héritage pour demain » un « litanique et revendicateur « Voltaire, reviens ! » griffe toutes les pages du livre d’or situé dans le couloir à la sortie »[2]
Nous comprenons facilement pourquoi : on estime qu’existe aujourd’hui un « retour » de « l’obscurantisme religieux » que Voltaire a combattu sa vie durant. On veut, comme lui, combattre « obscurantisme » et « fanatisme », lutter non seulement pour la « tolérance » (le mot n’a plus si bonne presse) mais pour « l’impertinence ».
Tiens, tiens, j’ai du après avoir utilisé le terme de « tolérance » mettre une parenthèse restrictive : cela signifie-t-il que la société ayant changé, depuis le XVIIIe siècle, on ne pourrait plus tenir les même propos ? De fait, rappelez-vous la Note du 3 décembre : pour Voltaire un « athée » est aussi pernicieux qu’un « superstitieux sanguinaire ». Il est, selon lui, « bien plus utile et raisonnable » de « sacrifier aux faunes » que de se « livrer à l’athéisme ». En effet, « partout où une société est établie, une religion est nécessaire », etc.
Pouvons-nous répéter Voltaire ? Et s’il « revenait » (puisqu’on écrit « Voltaire revient ») ne serait-il pas choqué par la laïcité (fondée sur le très précieux postulat que la religion est un choix personnel et qu’une société peut être établie sans reposer sur un fondement religieux) que par certaines manifestations des religions ? La référence à Voltaire ne serait-elle pas boomerang ?Alors, on va prétendre naturellement que Voltaire était un « homme de son temps », on va trier dans ses propos entre ceux qui seraient propres aux préjugés du temps et ceux qui seraient… éternel (osera-t-on le terme ?).
Autrement dit, on va faire exactement la même chose que ce qui est fait dans les religions révélées : affirmer qu’il existe un message permanent, transhistorique au-delà de ces propos datés historiquement, et que c’est ce message qui importe.Mais si les religions révélées disent cela en cohérence interne, en rationalité interne avec ce qu’elles affirment être (des religions révélées, précisément), quelle cohérence, quelle rationalité cela peut-il avoir pour un discours laïque ?
Un discours laïque doit-il être une pâle copie d’un discours religieux ou doit-il être un discours d’un autre ordre ?
« Voltaire revient » : n’est-ce pas le type même de l’injonction religieuse ?
La laïcité prône, en séparation avec la religion (dont elle laisse la responsabilité à chacun) la nécessité d’un discours critique pour le débat démocratique. Un discours critique implique de s’interroger sur ce que l’on dit, sur son contenu et la manière de le dire. Or, vous connaissez l’adage : « Le premier poète qui compare la femme à une rose est génial »… alors que le millième ne fait que radoter un stéréotype[3] De même répéter Voltaire aujourd’hui (même en triant) c’est être (pour citer un néo-républicain) un « crétin », un sinistre crétin prétentieux.
Cela ne signifie naturellement pas que l’on ne puisse pas se nourrir intellectuellement de Voltaire, à condition de ne pas en faire un maître à penser, une référence quasi unique, de comparer Voltaire, par exemple, à Locke, par exemple à Bayle (cf la Note du 21 septembre : « A propos de Pierre Bayle »). Tiens Bayle, lui, qui vivait pourtant avant Voltaire (il est mort en 1706, il y a 300 ans) ne partageait nullement son opinion négative sur les athées. Bayle pensait qu’une société peut exister sans qu’une religion lui fournisse de fondement unitaire. On pouvait donc être de ce temps là et ne pas partager les idées, les préjugés de Voltaire.
De même (nous l’avons également vu avec Locke), on pouvait penser la séparation des religions et de l’Etat, plus que la suprématie du politique sur le religieux (c’est cela la ligne dominante du Traité de la tolérance, comme nous l’avons vu).
Donc Voltaire n’est pas un si merveilleux penseur que cela….Donc on peut prendre du grain à moudre chez Voltaire, à condition d’en prendre aussi chez beaucoup d’autres penseurs,… et à partir de là d’élaborer une réflexion personnelle. D’ailleurs, c’est exactement ce que fit Voltaire : il ne se situait pas en référence à quelqu’un d’autre, il lisait beaucoup d’auteurs, ruminait ce qu’il lisait, et se montrait ensuite inventif.
Rappelez-vous ce qu’affirmait Marx : « je ne suis pas marxiste » (la suite a montré à quel point il avait raison !!!). De même Voltaire n’était pas voltairien. Surtout pas : il était trop intelligent et caustique pour l’être.
Se dire « voltairien » signifie que l’on englobe sa pensée par celle de Voltaire, or (comme je le montre dans mon si sublime, si merveilleux ouvrage L’intégrisme républicain contre la laïcité), laisser englober son individualité, c’est cela le communautarisme. Se dire voltairien, c’est ni plus ni moins que du communautarisme intellectuel. Se dire « voltairien » c’est en tout cas nullement se situer dans la filiation de Voltaire, au contraire. Des personnes influencées par Voltaire ont fait, à leur époque, du « despotisme éclairé », mais deux siècles et de demi plus tard, en rester à Voltaire, c’est du despotisme tout court.
Un exemple, un seul qui fait qu’être voltairien aujourd’hui c’est, contrairement à Voltaire, ne pas se servir de sa cervelle, se vautrer dans la paresse intellectuelle, et vouloir imposer aux autres une pensée complètement figée.
Nous avons vu que, chez Voltaire (contrairement à Bayle et Locke) existait une certaine philosophie implicite de l’histoire, une croyance dans la marche en avant du progrès. Une part importante de son argumentation est fondée là-dessus. Ce n’est certainement pas l’aspect le plus novateur, original de Voltaire mais, du moins, à l’époque, existaient des indices qui allaient dans ce sens. Dire qu’une certaine intolérance était compréhensible au XVIe siècle et ne l’était plus au XVIIIe à cause du progrès des idées (cf Note du 23 novembre) était alors un propos qui possédait sa raison d’être (même si maintenant les historiens n’en parleront plus ainsi).
Nous retrouvons, chez ceux et celles qui se disent « voltairiens », la même croyance dans la marche en avant du progrès (du coup, le renouveau de certaines religions tend à apparaître, avant même toute attitude antidémocratique ou violente comme « rétrograde », « obscurantiste », parce que privée de significations ).
Mais, maintenant, être cette croyance, est devenu super naïf. Et vouloir faire de la croyance dans la marche en avant du progrès une croyance commune obligatoire dans le débat démocratique, c’est du terrorisme intellectuel de bas étage.
En effet, et ce n’est pas seulement Superbaubérot qui vous le dit mais toute la réflexion diverse sociologique et philosophique sur l’ultramodernité, la post-modernité, la modernité tardive, etc (la différence des termes montre les différentes manières d’aborder la chose), il s’est développé un regard critique sur cette croyance de la modernité. Voltaire tenait compte de la pensée de son temps ; les voltaire-à-rien(s) d’aujourd’hui l’ignore ou veulent l’ignorer, puisqu’ils passent leur temps à regarder vers le passé.
On voit bien d’ailleurs la contradiction : s’il y a progrès, il est complètement stupide de se réclamer d’un penseur mort il y a plus de deux siècles ! La pensée de Voltaire se voulait liée à un devenir, celle des voltairiens cautionne une nostalgie du passé, elle est passéiste.
Pour ma part, je découperai la modernité, dans son rapport au progrès, en trois phases :
- la modernité ascendante : la confiance dans le progrès est dominante et apparaît assez raisonnable car le bien être s’accentue et la société devient moins violente : le programme des Lumières de poursuite du bonheur grâce à la mise entre parenthèse sociale du ciel et à la maîtrise de la Nature a d’indéniables résultats, même s’il génère des contradictions (notamment entre son aspect universaliste et son darwinisme social pour dire les choses rapidement, qui fait que la femme, le colonisé, etc sont plus dépendants et marqués par la Nature que l’homme blanc)
- la modernité établie où les limites de la conjonction des progrès (en France, itinéraire de Brunetière à la fin du XIXe siècle : il y a « faillite partielle » de la science) puis l’ambivalence du progrès (les deux guerres mondiales) crée un dédoublement entre un bon progrès (pacifique) créateur de vie, et un mauvais progrès (guerrier) créateur de mort : Auschwitz et Hiroshima étant les sinistres, terribles symboles de ce mauvais progrès. De même sur le plan du bien être la version libérale et la version socialiste non social-démocrate s’opposent en grands récits politico-idéologiques avec des bons et des méchants.
- La modernité tardive où il y a (à mon sens) non seulement déconnection du progès « scientifico-technique » et du progrès social et moral, mais déconnection entre le progrès scientifique et le progrès technique.
Jean Paul Willaime voit le passage de la « modernité » à « l’ultramodernité » (l’équivalent chez lui de ce que j’appelle la ‘modernité tardive’) comme le « passage de la logique de certitudes à la logique d’incertitudes lié à la généralisation de deux dimensions essentielles de la modernité : l’individualisation et la réflexivité ».
Là encore, creusons un peu.
La réflexivité, rappelle Wilaime, induit un questionnement généralisé. Dans ce cadre la science se met à questionner ses propres applications techniques (renversement par rapport aux Lumières qui émergent quand la science d’amusement se met à avoir des effets techniques) : les interrogations actuelles sur le nucléaire (même civil), le réchauffement climatique, les atteintes à la biodiversité, les maladie nosocomiaques etc proviennent de débats au sein de savoirs scientifiques actuels (avec de possibles instrumentalisation idéologique, naturellement). Il y a non plus ambivalence du progrès mais véritable déconnection entre un progrès des savoirs scientifiques et un progrès technique, le second étant plus pou moins mis en cause par le premier.
Il y a un an, Télérama avait fait un très intéressant dossier (n) du 14 décembre 2005) sur ce que cet hebdomadaire nommait très significativement le «catastrophisme éclairé ». Voilà ce que Vincent Remy écrivait en introduction à ce dossier : « Devant la multiplication des désastres de grande ampleur, se développe, chez les philosophes mais aussi chez les scientifiques un « catastrophisme éclairé » qui pose le problème de la responsabilité humaine face au progrès et à ses conséquences. »
En même temps on a l’impression parfois d’un engrenage où seul un surplus de progrès… permettrait de vaincre les aspects contre-productifs du progrès. Mais on en n’est pas sûr, car il est fort plausible que ce surplus de progrès aura lui-même des aspects contre productifs.
D’où un doute : solutions ou nouveaux dilemmes ? Le nucléaire civil, mais aussi la bioéthique montre bien l’aspect dilemme, générateur d’incertitudes. La mutation de la « vérité » sociale (à la base de la société) de la vérité religieuse (et notamment des religions où la vérité est « révélée » et transhistorique) à la vérité scientifique qui est une vérité en débat et fortement historicisée où la vérité d’aujourd’hui est l’erreur de demain (on a imposé plein de radiographies obligatoires par la médecine du travail : « on ne savait pas et maintenant on sait » nous expliquent les « docteurs » clercs de la modernité triomphante. Réponse informulée : et aujourd’hui, qu’impose-t-on de nocif parce que ‘on ne sait pas encore ?)
L’individualisation : au niveau de l’institution religieuse, l’individualisation s’est déploiée dés la modernité triomphante; mais dans la nouvelle conjoncture de la modernité tardive s’instaure aussi un processus d’individualisation à l’égard d’institutions séculières, comme l’école ou la médecine, qui ont formé historiquement l’encadrement autoritaire de la recherche du progrès-bonheur (et qui ont eu d’indéniables réussites : pour prendre un exemple la diminution de femmes mortes en couche et de mortalité infantile) mais qui maintenant sont atteintes par la création d’incertitudes liée à l’avancée de la réflexivité. De là le développement de ce que l’on appelle le « consumérisme » (médical, scolaire, etc) et de revendications de type identitaires, voire religieuse à l’intérieur même de ces institutions, ce qui est une conséquence de cette prise de distance à l’égard des institutions, de cette individualisation qui atteint l’ensemble des structures institutionnelles, dans la conjoncture du « catastrophisme éclairé » où les institutions ne peuvent plus réclamé la même déférence.
Je ne dis pas que cela est « bien », mais avant de porter un jugement de valeur, il faut être capable d’analyser et de comprendre le pourquoi et le comment d’une situation. Ce que sont incapables de faire ceux qui se disent « voltairiens ». Invoquer Voltaire est un prétexte pour être dans la pure dénonciation, sans se fatiguer à analyser, et sans avoir le courage d’affronter les problèmes d’aujourd’hui. On peut alors vitupérer, jouer les fiers à bras. C’est complètement pipeau.
(à suivre : j’ai plein de futures Notes dans la tête : vous expliquer pourquoi les néo-républicains prônent en fait une religion civile, parler du rapport Machelon : j’aurais du le faire depuis longtemps, mais comme ce rapport risque de resurgir dans la campagne électorale il est encore temps d’en parler. Et puis, je viens de recevoir aujourd’hui la Lettre trimestrielle du Comité Contre l’esclavage moderne, et je voudrais aussi relayer les informations importantes que donne le CCEM sur ces nouvelles formes d'esclavage. En attendant de le faire, je donne son adresse : 31 rue des Lilas, 75019 Paris)
[1] De façon virtuelle malheureusement (pour moi). Ceci dit une des choses qui m’a toujours fasciné dans le concours de Miss France est, outre sa continuation dans une société française où s’il y avait la moindre cohérence, il ne devrait plus exister, est donc le fait que ces Miss, d’accord, sont jeunes et jolies…. Mais ni plus ni moins que mille deux cent dix neuf femmes rencontrées chaque jour dans le métro, le bus ou la rue.
[2] R. Debray, Aveuglantes Lumières, Gallimard, 2006, 22.
[3] Comparer la femme à une rose… nous ne sommes pas très loin de Miss France. Ah, ah, je vous ai bien eu, j’ai fait semblant de virer philosophe, et en fait je suis toujours obsessionnel des Miss, décidément peu sérieux !
12:20 Publié dans Les "Lumières" | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
"Comment faites-vous pour le savoir?"
Je suppose que pour beaucoup d'habitués des blogs, leur premier contact avec votre article est le flux RSS: on a le titre, voire l'essentiel du contenu, sans venir sur votre page de blog.
Pour des explications sur le RSS voir par exemple le début de cette page:
http://www.philippe-lestang.com/filsrss.htm
Merci pour votre blog!
Écrit par : Philippe Lestang | 16/12/2006
Alors alors...
1/ la note sur les miss était très drôle, je ne vois pas pourquoi ça aurait entraîné une diminution de fréquentation, mais peut-être justement que les bloggeurs étaient occupés à parler de l'élection sur le net et donc n'ont pas pris le temps de venir lire ce qu'ils pensaient être une note sur les voltairiens... Fichtre !
2/ j'ai enfin lu L'intégrisme républicain contre la laïcité. Je n'ai pas grand chose à en dire, puisqu'il n'y a pas de surprise quant à la démarche quand on est habitué de ce blog : c'est décapant sans jamais rejeter quiconque (caractéristique du discours intégriste) et certaines pointes d'humour rendent la lecture encore plus facile. Sur le fond, là non plus pas vraiment de surprise avec la reprise de certains articles de ce blog et pour l'avant-dernière partie, comme j'avais lu Laïcité 1905-2005 Entre passion et raison, je n'étais pas en terrain dépaysé. En tout cas, je crois, j'espère, que ce livre sera largement lu, car il me semble des plus utiles de s'armer intellectuellement contre une certaine pensée digne de chiens de pavlov qui éructe des slogans sanctifiés au-dessus de tout soupçon et de toute discussion, et qui ainsi exclu tout travail d'analyse et de compréhension. La démarche sociologique wéberienne est de plus en plus discréditée, on en a de plus en plus besoin. D'où l'intérêt d'un livre "citoyen" peut-être plus accessible...
Quelques questions : quel avenir pour la Déclaration Universelle de la laïcité ? En fait c'est ma question principale puisque le reste devrait réponse dans la probable future note sur la rapport Machelon. Par contre, une remarque : j'ai un peu de mal avec le passage sur les rapports entre sécularisation/laïcisation et renvoi à la sphère privée de la religion. C'est quelque chose que l'on entend à tour de bras : avec la laïcité, la religion est confinée à la sphère privée. Voilà qui me parait tout à fait erroné, et je ne suis pas certain d'avoir bien compris votre développement sur la question, peut-être ai-je lu trop vite, mais j'ai eu l'impression que la chose n'était pas assez éclairée et que la confusion persistera dans l'esprit de pas mal de monde à ce sujet.
3/ J'ai lu en parallèle Les imaginaires médiatiques d'Eric Macé, qui, pour prendre la question par un autre bout, en arrive à la même critique de l'universalisme abstrait républicain avec la question de la visibilité des minorités à la télévision par exemple : on refuse de nommer et de classer et donc finalement on valide l'hégémonie de l'homme blanc de classe moyenne, envoyant aux orties toute réflexion sur l'affirmative action...
4/ La note de cette semaine maintenant : ahhhh quel suspens, voilà, nous en sommes à bout... Comment ne pas approuver la contruction d'une réflexion PERSONNELLE se nourrissant des sources les plus diverses possibles, plutôt que de déifier une source devenue Prophète d'une nouvelle religion, d'une nouvelle glaciation idéologique. Edgar Morin aime bien donner les exemples : "Marx a dit", "Freud a dit" qui font tourner en rond ceux qui s'en réclament aveuglément. On peut y ajouter "Voltaire a dit". Cela fait donc du bien, ces tentatives de sortir de l'intelligence aveugle, sélective... Tiens si on jouait au "Voltaire a dit" ? N'a-t-il pas dit quelque chose du genre : "je ne suis pas d'accord avec vous mais je me battrais jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire" ? Soit le contraire de l'intégrisme républicain, vous voyez ce que je veux dire, comparses lecteurs de Superbaubérot
Écrit par : Achtung_seb | 16/12/2006
Cher Super Bob Héros, J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre livre sur l'intégrisme républicain ainsi que celui de Debray, Aveuglantes Lumières, qui sont l'un et l'autre de bons outils pour déconstruire l'idéologie française et son fanatisme anti-spirituel qui étonne tous nos amis étrangers.
L'entreprise de diabolisation de toutes les minorités spirituelles s'est manifesté ces jours-ci notamment à travers un reportage de TF1 contre les nouvelles églises évangéliques ainsi que le rapport à la fois assez délirant et contreversé des députés sur le danger que les prétendues "sectes" feraient courrir aux enfants !... Tant il est vrai qu'un des principaux dangers était que les enfants d'une communauté spirituelle ne connaissaient pas le non de Zidane !!! Crime contre l'esprit du marché déguisé en compétition sportive !...
Ce spectacle consternant de l'intégrisme républicain et de m'amène à vous poser une question : Que peut faire la communauté savante et universitaire dont vous être un éminent représentant pour dénoncer ces pratiques, ces préjugés, cette désinformation qui sont autant de manifestations d'une "névrose française" ?
De quels leviers, notamment institutionnels, dispose cette communauté pour réagir à cette bêtise crasse relayée par la démagogie politique et la désinformation médiatique ? Il me semble que, d'une manière générale, les spécialistes en sciences humaines, notamment les sociologues du fait religieux ont une réaction très timorée vis à vis de ces dérives politico-médiatique. Comment pouvez vous réagir, vous les tenants de l'esprit critique et de la perspective historique, à ces formes de chasses aux sorcières vis à vis de tout approche qui refuse les diktats de la pensée dominante matérialiste, économiste, consumériste et athée.
Votre franc-parler est une exception me semble t'il. J'avoue ne pas comprendre le silence de vos collègues -les clercs - qui ressemble par bien des côtés à une forme de trahison... Inhibition de fonctionnaires ? Couardise ? Pensée frigide ? En tout cas cette complicité muette face à une autre forme du fanatisme (dominant, d'extrême-centre diriez vous) ne me semble pas à l'honneur du corps universitaire. A quand une véritable réaction des élites intellectuelles contre ce spectacle désolant ?
Merci, cependant, pour votre curage dans le combat qui est le vôtre, celui de l'intelligence, contre l'obscurantisme de la pensée dominante qui comme toujours se pare du masque des Lumières comme l'inquisition jadis se parait de celui du message évangélique....
Écrit par : Olivier | 20/12/2006
au secours, jean baubérot!!!!
je remets à je ne sais quand la lecture de ces 203 pages du rapport sur les sectes...et des "commentaires".
Mais je frémis déjà , à partir d'une "lecture rapide" ( dite "globale"!), de la loi qui, au milieu de tant d'autres, va sortir de la hotte de nos pères fouettards républicains!
Stille heilige nacht...( en toutes les langues, musiques du monde) et bonnes nourritures terrestres pour passer en l'an 2007 de notre ère laîque!!!
P.S.
Un santonnier d'Aubagne déclenche une drôle de polémique théologique dans notre Provence ! Il a inventé cette année un santon de Marie avec son ventre rond. Après avoir pris, prudent, l'avis des autorités religieuses . C'est très drôle... tous les commentaires de l'AFP, dans les medias locaux!
Bref le consensus laîque ( et commercial) semble être le suivant ( sauf un curé de l'église qui fonctionne selon le rite de Pie XII) : trois santons sont conformes "aux textes", à la "maternité" de Marie, femme, humaine, à "l'iconographie" (religieuse-artistique) et à la tradition ( qui n'exclut pas des inventions d'artisans créateurs):
1/ Marie sur son âne...bien fatiguée, à la recherche d'une crèche.
2/ Marie après avoir accouché , adorant son bébé...
3/ Marie avec son "ventre rond" ( pas un "blasphème" pour notre archevêque interviewé) ... Rien à dire...
Mais il est plus prudent si on fréquente des intégristes de faire une manipulation de santons si on veut respecter l'ordre chronologique, historique et de toutes les religions.
Une véritable opération du Saint-Esprit: se débrouiller pour faire disparaître Marie enceinte de la crèche ( pendant sans doute qu'on installe tous les KDO devant la cheminée et le sapin pour faire croire au Père NOEL tous les enfants) et la remplacer par l'accouchée ... à minuit
..Et si on laisse Marie sur son âne alors qu'elle est aussi ailleurs et autrement dans la crèche il faut dire aux petits enfants que c'est une erreur dans l'animation des personnages de cette belle et tragique histoire!
En tout cas il en a déjà vendu 100 exemplaires de Marie au ventre rond , ce santonier pagnolesque, ça déclenche des tchatches devant son stand, à la télé et dans les medias...pleines d'humour...et moins offensantes pour les laîques républicain(e)s que celles d'expulsions , traques, chasses , fuites... des joseph, marie...et enfants...d'aujourd'hui...
Mes meilleurs voeux à J.B. et aux blog-blagueur(se)s!
anne-marie
Écrit par : anne-marie lepagnol | 21/12/2006
héhé c'est génial cette Marie enceinte, je trouve ces anecdotes très drôles, bien que je sois très loin des préoccupations théologiques de nos amis.
Quant au rapport sur les sectes, je n'ai qu'entendu le rappporteur à la radio alors que j'étais sur le point de m'endormir, mais j'avais été un peu étonné par ce qu'il avait dit, qui avait l'air effectivement très "père fouettard"
Écrit par : Achtung_seb | 21/12/2006
DA VICHY CODE
Le parfait scandale qu'il faut révéler au monde entier....!
L'authentique filiation secrète consitutive de l'intégrisme républicain ... l'envahissante descendance de Benito Mussolini avec Marie Madeleine est toujours à l'oeuvre dans notre République, elle rampe affamée comme des doryphores sur une pomme de terre, elle pullule comme les Gremlins.
La scène nuptiale originaire n'a rien à envier aux meilleurs films de Pasolini, Théorème ou Sodome : Anatole de Monzie fut le premier en France, durant la IIIème République , à avoir porté pour la première fois le titre de ministre de l'éducation nationale en lieu et place du ministère de l'instruction publiuqe, et Anatole de Monzie fût tout autant en diplomatie avec Benito Mussolini pour que dernier s'accorde avec Adolf Hitler en harmonie avec les Alliès. Une telle abérration s'apparente au monstre politique du MNR ou Mouvement National Républicain de Bruno Mégret, et nous rappelle aussi qu'au second tour de la dernière élection présidentielle où il était présent Jean Marie le Pen se déclara ouvertement non pas Hitlérien mais Mussolinien.
L'éducation nationale est Mussolienne, l'intérisme républicain c'est comme le nez au milieu de la figure et qu'on ne s'y trompe pas du tout : le même Anatole de Monzie est toujours l'unique référence pour l'enseignement de la philosophie en France par son texte de 1925 qui fait toujours autorité et depuis longtemps pour tous les inspecteurs, dont le Doyen, pour tous les professeurs de philosophie en France ... et est ce le même hasard si Martin Heidegger qui fut membre du parti nazi plus de vingt ans et soutenant actiment le Fürher est actuellement au programme de l'agrégation de philosophie. Non Hiroshima n'a pas eu lieu, mussolini n'et pas mort, et la seconde guerre mondiale continue dans la lutte des classes de lycées.
Je trouverai plus pertinent que Jean baubérot à propos des néo-républicains et de leur intégrisme, plutôt que d'écrire au sujet de Voltaire, que Jean Bobereau narre l'authentique DA VICHY CODE qui les caractérise.
Écrit par : Da Vichy Code | 23/12/2006
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