04/04/2005
Avril laïque
POUR UN AVRIL LAÏQUE
Allez, vous prendrez bien un peu de laïcité en consultant régulièrement ce blog (plus de 50 Notes à découvrir ou redécouvrir..) alors qu’on en a pas fini de vous parler du pape malade, agonisant, mort, enterré, du futur pape…jusqu’à l’ « habemus papam » et tutti quanti.
Bien sûr, il s’agit d’un événement d’actualité et le passer sous silence serait anormal, mais nous vivons actuellement, à propos du catholicisme, cette hypermédiatisation qui se manifeste dès qu’un événement sort de l’ordinaire, cette information « en boucle » qui confond connaissance et répétition, réalité et vision de la face émergée de l’iceberg, voyeurisme et explication.
Une fois encore notre société joue le double jeu : d’un côté elle se prétend rationnelle, de l’autre elle dégouline d’émotionnel.
Une information laïque sur la mort du pape n’aurait certes pas été l’ignorance de l’événement mais la capacité de prendre un peu de distance,
d’abord en ne versant par dans une papolatrie qui n’est pas le fait de la majorité des catholiques ;
ensuite en parlant d’eux, justement, les catholiques, de leur foi et de leurs doutes, de leurs espoirs et de leurs questionnements, de leurs convictions et de leurs contestations : il n’y a de pape que parce qu’il y a des « fidèles » qui ne sont ni passifs ni routiniers ;
enfin en parlant des mutations actuelles du catholicisme qui ne sont pas minces (2/3 des prêtres français ont plus de 60 ans, de plus en plus de tâches sont faites par des laïcs, en particuliers des diacres, en augmentation : le diacres peuvent être mariés mais doivent être des mecs, pour être « figure » du Christ, comme si l’important dans le Christ c’était son zizi. Il me semble pourtant que c’est tout autre chose et certainement la grande majorité des catholiques en France en tout cas en sont d’accord) ; là encore les changement internes du catholicisme ne se réduisent pas à l’action du pape, c’était l’occasion de le rappeler.
Mais ainsi conçue, l’information est-elle jamais laïque ? Le combat pour le rationnel (par pour une raison absolutisée, figée, intemporelle dont ses dévots philosophes ont très logiquement fait une déesse sous la Révolution) est plus nécessaire que jamais. Le lien social aujourd’hui n’est d’ailleurs même pas fondé sur de l’émotion partagée mais sur une émotivité frelatée, produite en masse et exhibée sans pudeur.
Notre blog continue son entreprise de guérilla intellectuelle contre cette société étouffante, qui se croit libre comme pense l’être un ivrogne. 3816 visites (au 3 avril) depuis sa création fin décembre. Bientôt la 4000ième visite. Vive l’inconnu(e) qui franchira ce cap.
Les nouveautés de la quinzaine, outre cet édito plus fourni que d’habitude (et je vais continuer dans ce sens), sont
-dans la rubrique « Laïcité française », une Note sur « le précédent de 1882 », histoire de mettre notre grain de sel un an après le vote de la loi du 15 mars 2004 sur les signes religieux à l’école publique.
-dans la rubrique « Emile Combes » (qui semble être la plus visitée) la suite : « Le projet Combes de séparation ».
Quelques nouvelles de l’Université de printemps sur la laïcité (cf photo ci dessus) qui a eu lieu à Villlefavard (Haute-Vienne): elle s’est fort bien passée, avec 50 à 80 participants suivant les séances (près de 150 pour le magnifique concert). Les exposés étaient à la fois de haut niveau et de forme vulgarisée (place particulière a été faite aux images dans certains exposés, complété par une très intéressante exposition), les questions et remarques ont été fournies et pertinentes, la nourriture agréable et l’excursion réussie avec le soleil au rendez-vous (cf phot o ci dontre, prise lors de la visite du musée de Chateauponsac).
Enfin, pour les « mordus » parisiens, deux rendez-vous :
- le 7 avril à 13heures, soutenance d’habilitation de Jérôme Grévy (« Les formes du conflit République laïque/Eglise catholique ») à Sciences-Po
- le 18 avril de 9h à 18h30, Journée d’Etudes consacrée à la Laïcité et l’Outre-Mer : la loi de 1905 est très diversement (ou pas du tout) appliquée Outre-Mer, cela risque être un impensé de la séparation. Pour y remédier l’Ecole Pratique des Hautes Etudes et l’Institut Européen en Sciences des Religions se sont associés à l’Université française de Polynésie. La journée aura lieu à l’IESR, 14 rue Ernest Cresson, 75014 Paris (en faut il faut entrer par le porche qui est APRES le 14 quand on vient de Denfert, et là, c'est au fond de la cour).
Et pour terminer une bonne nouvelle : en avril les jours seront de plus en plus longs, et je vous promets qu’il en sera de même en mai. N’est-ce pas sympa ?
17:40 Publié dans EDITORIAL | Lien permanent | Commentaires (0)
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