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10/01/2009

GAZA, L'IMPOSSIBLE "RECIPROCITE"

+ (après la Note) le programme complet de la rencontre sur:

Qu'est-ce qu'une société pluriculturelle?

 

Les habitués de ce Blog le savent, ce n’est pas un blog de journaliste et il n’a pas vocation à commenter l’actualité. La règle générale, pour moi, consiste à ne pas aborder les sujets où ce que je pourrais dire se trouve déjà dans tel ou tel article de la presse ; les sujets où je n’ai pas d’information particulière ou une réflexion de franc-tireur à émettre.

Mais parfois l’actualité est trop dramatique pour demeurer dans le silence et, à défaut d’un savoir particulier, il y a toujours la vie quotidienne du citoyen.

Depuis une semaine que les « fêtes » étant finies la vie sociale normale a repris, je rencontre, bien sûr, des personnes comme moi indignées de ce qui se passe à Gaza.

J’en rencontre aussi d’autres qui tentent, sinon de justifier les massacres de l’armée israélienne, du moins d’établir une réciprocité entre le lancement des roquettes (7000 en 7 ans me dit-on) et les bombardements et les tueries actuelles.

C’est ce raisonnement que je voudrais contester ici.

 

D’abord, je remarque qu’il est à géométrie variable et qu’on le sort uniquement quand l’armée israélienne massacre des civils, en 2006 au Liban, aujourd’hui à Gaza.

S’il était tenu de façon constante, il s’agirait d’un argument très boomerang : Le Hezbollah est considéré comme une « organisation terroriste » par les pays d’Amérique du Nord et une partie des organisations européennes (le Parlement par exemple) ; c’est encore plus le cas pour le Hamas.

Les personnes qui développent cet argument de la réciprocité sont-ils prêts à agir pour que ces mêmes Etats et organismes mettent Israël dans la liste des « Etats terroristes » ?

Certainement pas, et leur figure quand je leur pose la question montre qu’ils n’ont même pas pensé à cette possibilité.

C’est donc un argument ad hoc, que l’on sort quand on en a besoin et que l’on oublie dés que l’on peut l’oublier.

 

Donc l’argument ne présente pas de cohérence interne.

Très souvent, d’ailleurs, il se double d’un refus d’admettre véritablement que depuis des années la situation de Gaza est terrifiante, que ce territoire est une immense prison à ciel ouvert et que le retrait israélien, sans amorce de solution globale, a été une duperie.

Quand j’écris « véritablement », c’est qu’il j’agit d’une structure de pensée que l’on pourrait qualifier de : « je sais, mais je ne veux pas savoir » : en général mes interlocuteurs admettent cela quand je le leur dit… et 2 secondes après, ils font comme si cette réalité n’existait pas, comme s’il n’y avait pas lieu d’en tenir compte.

 

Par ailleurs, la défense de la démocratie demande, elle aussi, de la cohérence et d’avoir le courage d’affronter les « faits désagréables », selon l’expression de Max Weber.

L’arrêt du processus électoral en Algérie en 1992 a déclanché la cruelle guerre civile que l’on sait, dont ce pays ne s’est toujours pas remis. La victoire du Hamas dans des élections dont personne n’a contesté le caractère démocratique est un fait, que cela plaise ou non.

La raison de cette victoire est claire : les Palestiniens n’ont nul envie de l’établissement d’un régime islamiste, mais ils désespèrent d’un processus de paix, engagé il y a maintenant quinze ans, qui donne lieu à de pseudos accords, jamais suivis d’effets.

La première, la grande faute d’Israël consiste à ne pas avoir cherché à monter aux Palestiniens que la recherche de la paix est plus « payante » que la poursuite de la résistance.

L’occupation, avec son lot de brimades (pour employer un euphémisme), de spoliations, d’humiliations a continué. La colonisation ne s’est nullement arrêtée.

La signature, encore récente, d’accords apparaît donc de plus en plus aux Palestiniens comme une sorte d’alibi hypocrite de la part de l’occupant, pour prolonger son occupation face à l’opinion publique internationale.

Tout cela fait qu’on ne peut nullement se situer dans une logique de réciprocité : il n’y a pas, il ne peut y avoir de réciprocité entre l’occupant et l’occupé.

Et plus l’occupation dure, plus elle est insupportable et ne peut qu’être combattue.

 

Les massacres actuels montrent, en outre, une volonté de terroriser la population palestinienne de Gaza, de la « punir » de son choix électoral, de vouloir la faire plier, de mettre à genoux.

Des crimes de guerre sont commis, selon la définition qu’en donne la Convention de Genève.

Ce qui se fait à Gaza est aussi une politique de terreur (symbolique cette fois) envers la Cisjordanie.

Le message consiste à dire : si vous résistez à l’occupation, nous referons l’opération « Rempart » du printemps 2002.

Ecrire, comme le fait un surtitre de l’hebdomadaire Réforme que « l’intervention militaire d’Israël à Gaza obéit à des objectifs strictement militaires » (Catherine Dupeyron, n° du 8 janvier) est tragiquement ridicule quand des écoles sont bombardées, que des civils regroupés par l’armée israélienne elle-même sont…faut-il écrire « tués » ou « assassinés ».

 

Est-ce la crainte de paraître antisémite qui induit de tels articles ? Je ne sais. Mais le refus de l’antisémitisme, comme de tout racisme, ne doit pas conduire à placer Israël dans un sacré faste, parce qu'un horrible antisémisme met les juifs dans un sacré néfaste.

D’abord il y a loin d’une unanimité entre juifs dans cette affaire : en Israël même des femmes et des hommes courageux combattent la politique de leur pays et tentent de promouvoir une solution plus juste. Pour la France, je recommande (notamment) la lecture de la tribune qu’Esther Benbassa a publiée dans Le Monde (6 janvier 2009)

Ensuite, le refus de l’antisémitisme conduit à une règle très simple : considérer l’Etat d’Israël comme n’importe quel Etat et avoir à son égard les mêmes critères que l’on aurait à l’égard de tout autre Etat.

 Demander le respect des « règles internationales » par exemple.

Enfin, si on examine les choses froidement, le comportement de l’Etat d’Israël est désastreux pour lui-même à moyen et long terme. La façon exclusive et de courte vue dont il considère sa sécurité fait le choix de la « guerre à toujours ».

C’est un choix contraire à l’intérêt de ses habitants.

Il n’y a donc aucune contradiction, au contraire, entre le refus total de l’antisémitisme et la condamnation totale des bombardements et des massacres opérés dans la bande de Gaza.

 

RAPPEL:

QU’EST-CE QU’UNE SOCIETE PLURICULTURELLE ?

Colloque organisé par l’Association Islam & Laïcité les 16 et 17 janvier 2009 à l’Institut du Monde Arabe, 26, rue des Fossés Saint-Bernard, 75005 Paris, métro Jussieu ou Cardinal-Lemoine

Qu’est-ce qu’une société pluriculturelle ? Comment prendre en compte le caractère pluriculturel de la société française ? L’approche classique des problèmes qu’elle rencontre par la lutte contre le racisme, la xénophobie, les discriminations peut-elle être éclairée et rendue plus efficace en intégrant cette dimension de la vie sociale ? Comment les musulmans en France peuvent-ils être réellement reconnus et enrichir le vivre ensemble ?

Vendredi 16 janvier 2009 Après-midi

Choc des civilisations ? Enjeux et débats actuels

14h Accueil des participants

14h 30 : présentation du colloque, Philippe Jessu, président de l’Association Islam et Laïcité

15h-16h : « le temps des sociétés plurielles », Joël Roman, philosophe, auteur de Eux et nous, edit. Hachette.

16h-17h :  « Guerre des civilisations, guerre des religions ? », Françoise Micheau, professeur, université de Paris I, spécialiste de l’islam médiéval.

17h-18h : débat, avec la participation d’Alain Gresh, journaliste.

A travers l’histoire, les civilisations se sont constituées en intégrant à un noyau central des transferts culturels multiples. Les sociétés arabo-musulmanes des premiers siècles de l’islam et l’Europe médiévale se sont formées en mêlant les apports de populations variées, en recevant et en transformant les savoirs philosophiques, scientifiques, et techniques de l’Antiquité. Leurs contacts, leurs échanges, leurs conflits, se sont poursuivis de longs siècles. L’accélération de la mondialisation transforment profondément les sociétés et les relations internationales. Les différences culturelles, loin de s’estomper, semblent s’accroître sinon s’exacerber. Face au fatalisme de la théorie du choc des civilisations, comment penser et agir pour créer un monde plus juste ?

Samedi 17 janvier matin

Pluriculturel, interculturel, les concepts

8h45 9h15  Accueil des participants

9h15 10h15 :  « racisme et ethnicité, quelles clés pour les sociétés européennes d’immigration? » Albert Bastenier, professeur à l’université catholique de Louvain

10h15 11h15 « Multiculturalisme et intégration républicaine : contradiction ou convergence ? » John Crowley, politologue, chercheur au Centre Interdisciplinaire de recherches comparatives en sciences sociales

11h15 12h15 : «  Interculturel et laïcité : débats et perspectives au Québec », Rachida Azdouz. Professeure à l’Université de Montréal.

Comment mener la lutte contre le racisme sous ses diverses formes et contre les discriminations ? Par quelles voies peut-on œuvrer à la définition et à la mise en œuvre d’un socle de valeurs partagées permettant  de travailler ensemble à une société de citoyens respectueux les uns des autres pour l’égalité et la justice dans la liberté ? Quels concepts permettent de mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre dans les réalités sociales et culturelles qui changent dans des sociétés confrontées aux migrations et à la mondialisation ? Les modèles « multiculturalistes » ou d’ « intégration républicaine » sont-ils pertinents ? Quelles enseignements peut-on tirer des discussions au Québec ?

 

samedi 17 janvier après midi

Pluriculturel, interculturel, les pratiques

14h- 15h : « La « diversité » à l’école et ailleurs, entre fait et visée » Françoise Lorcerie, directrice de recherches au CNRS. Maison méditerranéenne des sciences de l’Homme.

15h-17h Table ronde. Pluriculturel, interculturel, les pratiques 

La Ligue de l’enseignement et le dialogue interculturel. Nadia Bellaoui, secrétaire nationale de la Ligue de l’enseignement.

La transmission du patrimoine musulman. Collectif Hamidullah Association de préservation de préservation et de promotion du patrimoine musulman.

Etre deux je. Parcours d’une double culture. Souad Belhaddad Ecrivaine, journaliste, chanteuse.

Diasporiques, une revue pour le dialogue interculturel. Philippe Lazar, directeur de la revue « Diasporiques. Cultures en mouvement ».

Face à la diversité, que veut-on faire ? A quoi sommes-nous confrontés ? Quelles problématiques, quelles actions ?

Renseignements pratiques

L’accès au colloque est gratuit. Merci de vous inscrire en envoyant un mail à l’adresse suivante : cconte@laligue.org

Pour l’internaute qui demande si les Actes seront publiés : la réponse est « oui, mais il faudra attendre environ un an.

 

 

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